« 15 jours donnés aux forces vives sont insuffisants », Dr Évariste Ngarlem Toldé

Juil 16, 2021

Le Premier ministre de transition, Pahimi Padacké Albert, a fait, le 13 juillet, une communication relative au futur Dialogue National Inclusif (DNI). Le politologue Évariste Ngarlem Toldé décrypte le message de cette sortie médiatique.  

Selon le politologue, Dr Évariste Ngarlem Toldé, dans la communication du Premier ministre de transition, il a trois remarques à faire.

Première remarque. Pahimi Padacké Albert a dit que le dialogue national inclusif est la meilleure voie, sinon la seule voie pour terminer la transition en cours. Pour lui, ce DNI qu’il préfère appeler conférence nationale souveraine dont parle le PM ne peut pas être la fin de la transition. La période de transition ne commencera qu’avec la conférence nationale souveraine ou le dialogue national inclusif, dit-il.

Deuxième remarque. Le PM demande aux forces vives d’envoyer la liste de leurs représentants pour constituer le comité d’organisation. Mais le politologue s’interroge, « c’est de quelles forces vives parle le Premier ministre de transition ? Ce sont les forces vives de N’Djaména ou de l’ensemble du territoire national ? Et quels sont les moyens qui sont mis à la disposition de ces forces vives de s’organiser ou de se rencontrer ? Comment les syndicats, les leaders religieux, la société civile, les partis politiques, etc. peuvent-ils désigner leurs représentants sur l’ensemble du territoire en moins de 2 semaines. Et quels sont les mécanismes qui sont prévus pour que  cela soit possible dans un laps de temps ». Sur le temps accordé pour la mise en place du comité, le politologue estime qu’il est insuffisant. « Les 15 jours donnés aux forces vives de la nation, les partis politiques, les leaders religieux pour envoyer la liste de leurs représentants sont insuffisants. Le Tchad compte combien d’associations, de partis politiques, de syndicats. Ce n’est pas facile de dire, mais c’est difficile de le faire. Car, on n’a pas de moyens », déclare Dr Évariste Ngarlem Toldé.

Troisième remarque. Le Tchad a une période de transition de 18 mois. D’après lui, les choses devront commencer par le dialogue national inclusif. « Voilà que nous avons écoulé trois mois, et c’est maintenant qu’on met en place un comité d’organisation, on demande aux gens de s’organiser. Tout cela fait que les Tchadiens ne se retrouvent pas dans cette préparation. Car c’est de cette préparation que dépendra la réussite de la tenue de cette conférence nationale souveraine ou de ce dialogue national inclusif », affirme l’ex-journaliste.

Le politologue soutient qu’on ne peut pas aller dans un dialogue national inclusif tant que la Charte de transition n’est pas amendée. Il souligne que la démarche qu’entreprend le gouvernement de transition ne peut pas aboutir à un vrai dialogue puisqu’il n’y avait pas eu au préalable de concertation, de consensus. Pour Dr Évariste Ngarlem Toldé, le gouvernement de transition devrait d’abord trouver un facilitateur. C’est le facilitateur qui essayera de préparer la conscience des parties, consolider les uns et les autres, suggère-t-il. « Quand vous voyez ce qui se passe, vous avez la rage. C’est ce qui se pousse les uns et les autres à se révolter. Et par rapport à cette situation, je peux dire que la réaction de la coordination des actions citoyennes Wakit Tama est légitime. Car, on ne concerte pas les gens et on veut leur imposer les choses », constate-t-il.

Il conseille au gouvernement de transition de considérer la coordination des actions citoyennes Wakit Tama comme un partenaire. « Si on le considérait comme un partenaire, peut-être que cette coordination pourra accompagner la transition en place à trouver les moyens pour l’organisation de ce dialogue national, à l’aider dans ses démarches », conclut-il.

Allarassem Djimrangar
Koumassen Juste

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