Finalement le fameux dialogue national s’est ouvert à la date prévue. Je dois participer comme représentant des médias. À l’ouverture je tenais à y être, mais mon badge n’était pas prêt. Je me suis abstenu à contrecœur, mais je savais qu’il allait y avoir tout le gratin politique, politico-militaire, amis et diplomates. Et je sentais que quelque chose allait se passer...
Faute d’y être, je synchronise la radio. Oui lors des pareils évènements je préfère la radio pour sa magie et sa force à laisser l’auditeur imaginatif.
J’entends… « nous invitons….la parole est au président de la commission de l’union africaine Moussa Faki….etc ». Je roulais dans mon vieux tacot, mon frère était assis à mes côtés.
Moussa Faki commence les préliminaires de son discours. Rien de saisissant sauf qu’il annonce éprouver du plaisir. Soudainement le contenu se densifie, des mots forts et bien ciselés me scotch à l’antenne. Il regrette l’absence des plusieurs acteurs politiques, sociaux et politico-militaires. Et appelle, comme il le mentionne, les uns et les autres au dépassement pour s’inscrire dans la logique d’inclusion et de réconciliation véritable. Par cette phrase Faki semble s’être déjà dépassé, préparé à dire la vérité.
Il y est allé à toute allure, avec franchise et dit, il ne lit pas, son discours plein d’émotion. Égrenant les ruptures, les trahisons, les revirements, les combines dont il a été témoin et acteur de ces décennies de querelles tchadiennes. Des disputes sans fin qui ont lassé les Tchadiens, les ont lessivés. Et qui ont fini par croire qu’il n’y a plus rien à faire pour ce pays. Surtout que les mêmes acteurs, les mêmes « querelleurs » s’apprêtent à continuer avec la même méthode. Ils ne semblent pas vouloir lâcher malgré les ravages du temps.
« Il est profondément regrettable de constater qu’après trois décennies nous nous retrouvons dans les mêmes, voire pires conditions de tension et de recours à la violence pour tracer nos trajectoires politiques et pour écrire l’histoire de notre pays », dit-il.
Je ne connais pas l’homme. Je ne l’ai jamais rencontré ni échangé avec lui, mais son discours m’a ému, m’a touché, pas comme journaliste, mais comme fils de ce pays. Il a le mérite Faki d’avoir pu nommer les choses. Il l’a fait dans une double identité celui du président de la commission de l’Union africaine et celui d’enfant du Tchad qui a trop souffert de voir les dirigeants de son pays s’enfoncer dans la misère abyssale de l’orgueil, de la mauvaise gouvernance, du communautarisme, du clanisme érigés en système politique. J’ai voulu écouté cette intervention comme journaliste, mais aussi vite le citoyen tchadien que je suis a pris le dessus sur le journaliste que je voulais resté.
Je suis toujours au volant de ma voiture. J’ai presque oublié vers quelle direction je devrais aller tellement ce discours m’a emporté. Subitement je me retourne vers mon frère. Et lui dit, presque d’une voix tremblotante de joie.
Moi : « Moussa Faki a livré un grand discours. Un très grand discours. Il a mis la barre haut. Il vient de voler la vedette à tous. Il a été à la hauteur des enjeux ».
Mon frère : silence d’abord, « oui, mais on verra… »
Moi : « Le discours est parfait. Il a préparé ce moment, il y a longtemps, je crois. Il a certainement écrit son discours lui-même ».
Mon frère : « J’ai de la misère avec ces gens-là » (voulant signifier que Faki était un maillon fort de l’ancien système qui a pourri le pays ».
Moi : « Oui je comprends. À César ce qui est à César. Le discours est dense et senti. Le président de la transition à une pente raide à remonter. Il doit faire plus. Pourquoi pas annoncer sa non-candidature et celles des autres membres du gouvernement et du Conseil militaire de transition (CMT)? ».
Mon frère : « Tu es toujours égal à toi-même, naïf et idéaliste. Bon, ton avis, toi le journaliste, que cache ce discours? ».
Moi : « Cela cache à peine un positionnement. C’est aussi le discours d’un potentiel candidat tout court ou un « candidat-recours » ».
J’arrive à destination, mais ce discours m’est resté dans la tête. Un peu fâché, je me suis dit à moi-même. Je n’écris rien parce que le discours est bon, mais son porteur n’est pas fiable. J’ai résisté, mais c’était malhonnête comme journaliste de ne rien écrire. Voilà je n’ai pas pu m’empêcher d’écrire cette chronique, parce que ce discours est véridique, émotif et courageux dans cette phase de transition. J’ai décidé de l’écrire tardivement à main levée. Il fallait que je dise simplement, à travers cette chronique….
…bravo Faki.
Aux dernières nouvelles, dit-on, la galactique de l’ex-régime n’a pas apprécié le discours. Elle reproche à Faki d’avoir même refusé de remettre son discours au protocole. Balivernes. C’est son discours, son œuvre, il en fait ce qu’il veut. Et donne à qui il veut.
Selon des sources proches de la présidence de transition, nuitamment Moussa Faki a été sollicité pour aider. Aider qui? Pour faire? Dans quel but? Faki, disent les mêmes sources, déclina l’offre en l’accompagnant des mises en garde.
Il a raison, Faki. Il l’a déjà souligné dans son discours « …les Tchadiens ont montré une incomparable capacité d’endurance et de résilience. Ils aspirent plus que jamais à être gouvernés autrement. Ils veulent enfin vivre et s’épanouir dans un État où le travail, la justice, l’abondance, la quiétude, la tolérance et la joie seront désormais leur quotidien…. »
Merci Faki.
Bello Bakary Mana
Après le lancement du dialogue national inclusif souverain par le président tchadien de transition le 20 août dernier, les premiers débats ont eu lieu, cet après-midi 24 août 2022 au Palais du 15-janvier à N’Djamena.
Les travaux qui ont repris 72 heures après l’ouverture officielle du dialogue ont porté sur la présentation de la synthèse des rapports de pré-dialogue et le projet du règlement intérieur par le Comité d'organisation du dialogue national inclusif (CODNI). Le ministre d'État Acheick Ibni Oumar a planté le décor en souhaitant la bienvenue aux participants venant du Tchad profond et ceux de la diaspora. Il rappelle le caractère souverain et sans tabou des débats au cours de ces assises. La parole a été ensuite donnée au rapporteur général de CODNI, Mahamat Limane. Il présente la synthèse des rapports du CODNI et ensuite le projet du règlement intérieur. Quelques questions de fond et de logique ont été posées par les participants.
Les premiers couacs n’ont pas tardé. Le président du parti MPTR Brice Mbaimon Guedmbaye un des leaders de l'opposition politique a quitté la salle après qu’il s’est vu refuser une motion. Pour ce dernier, la lecture de la synthèse des rapports du CODNI ne figure pas dans le programme d'aujourd'hui qui, doit exclusivement examiner que le règlement intérieur. Le leader politique relève que cela lui parait rocambolesque et la journée lui semble être perdue. « Je ne peux pas rester là pour suivre la lecture, demain on verra la suite, voilà la raison qui me fait quitter la salle », argue-t-il.
Le ministre a donné dix minutes de pause aux participants. Juste après, il déclare que les travaux sont suspendus et vont reprendre demain matin à 9h précises. Des murmures se font entendre dans la salle. Mais le ministre évoque un problème technique dû à la mauvaise qualité sonore des installations.
De l'avis de M. Djividi Boukar, président du parti Démocrate et Socialiste, c'est une bonne chose que les travaux soient suspendus. Il y a eu trop de cacophonies ce matin, dit-il. La preuve selon lui est que, les travaux qui doivent démarrer à 14h, ont connu un retard de deux heures. « Voyez-vous que les gens sont déjà fatigués et le président du CODNI nous demande d’aller lire attentivement à la maison le projet du règlement intérieur. Ce qui nous permettra d’en avoir une bonne connaissance pour aller vite demain dans les débats », confie-t-il.
Mme Allamine Amina Atché est membre du Comité technique spécialisé (CTS). « Je crois que dans toute organisation, démarrer tout au début c'est pas évident. Mais à mon avis les uns les autres s'activent pour que les choses aillent pour le mieux. C’est déjà un avant-goût avec la présentation de la synthèse des rapports du CODNI. D'ici-là, le projet de règlement intérieur aussi a été présenter et compte tenu de problème techniques, le président du CODNI demande qu'on suspende pour reprendre demain matin. Cela va permettre à chaque participant d’appréhender le projet de règlement intérieur et proposer des amendements s’il y a lieu. Tout ira pour un Tchad meilleur, on le croit, Dieu est grand », assure-t-elle.
Moyalbaye Nadjasna
Dans le cadre du Dialogue Nationale Inclusif et souverain (DNIS) où la cérémonie d’ouverture s’est déroulée le 20 août dernier. Les travaux ont été repoussés quelques jours avant de reprendre. A ce sujet la rédaction d’Ialtchad presse à échangé avec quelques politico-militaires et participants.
La suspension des travaux des assises du dialogue national inclusif et souverain (DNIS) pour des raisons officiellement techniques, a fait réagir beaucoup de leaders de toutes les entités de la société. Malgré que les travaux reprennent ce mercredi après-midi, certains pensent que ce serait l’occasion de mettre tous les problèmes et trouver de solutions pour faire décoller le pays.
Pour Dr Baptiste Jean Pierre, participant et représentant de la communauté tchadienne au Mali, concernant le report du Dialogue il espère que cet après-midi ils vont réellement rentrer dans le vif du sujet avec l’adoption du règlement intérieur et la désignation du présidium si les choses se déroulent normalement. « Nos attentes sont celles de toute la diaspora tchadienne. Il faut que les choses changent et tout faire afin que la population tchadienne qui a souffert pendant plusieurs années reparte sur les bons pieds », espère-t-il. Selon ce dernier, pour qu’un pays se développe il faut la paix.
Dans le même registre, Oumar Al Mahadi Bichara, Président du Mouvement du Salut National Tchadien(MSNT), la suspension du dialogue serait due à un cas de covid19 détecté, le problème technique et d’organisation. Pour être franc, l’absence des acteurs comme Wakit Tamma, certains politico-militaires, les Transformateurs suppose le président du MSNT. Selon lui, ce dialogue ne sera pas inclusif tant que ces acteurs pré cités ne participent pas. Il confie que certains sages seraient en train de négocier avec ceux qui désistent à revenir à la table de négociation.
Adelmanane Khatab, Président du Front pour le Salut de la République (FSR) fustige que le CODNI a failli à sa mission, car beaucoup de choses ne semblent pas marcher. L’opposant souligne que les choses ne sont pas mises dans leur contexte. « Je suis optimiste et je pense qu’avec ce qu’on a fait à DOHA avant de rentrer au pays, je ne pense pas que le dialogue accouchera d’une souris », dit-il.
De l’avis de Takilal Ndollasem, Président pour FPR, ils ont donné comme raison le Covid19. « Les travaux vont commencer à 9h ou 14h je ne vois pas le problème puisque nous sommes prêts depuis des années et si on peut résoudre le problème du Tchad qui dure plus de 60 ans » explique l’activiste et opposant. Pour lui, le DNI est inclusif et c’est vrai que quelques organisations ne sont pas là », affirme Takilal. Pour lui, quelques soient les divergences où qu’on est il y aura toujours une solution, les travaux doivent commencer tout en laissant la porte ouverte à ceux qui veulent venir participer. Il espère que le gouvernement doit prendre en compte les résolutions et ce serait une première fois dans l’histoire du Tchad. Takila Ndolassem précise que les 52 politico militaires n’ont pas signé à DOHA pour seulement applaudir les gens. Tout ce que les gens racontent au quartier n’est pas vrai. « Le peuple nous regarde et c’est une dernière chance pour notre pays. Comme raconte les gens il y aura plusieurs Tchad a dirigé, mais nous ne pouvons pas faire cela à nos enfants », ajoute-t-il.
Djénom Josiane
Haoua Adoum Ibeth
À quelques heures du démarrage des travaux du dialogue national inclusif et souverain (DNIS), le président de l’union des journalistes tchadiens (UJT) Abbas Mahmoud Tahir appelé les journalistes à mettre leur professionnalisme au service de la République en respectant le code d’éthique et de la déontologie. Reportage.
À quelques heures du démarrage des travaux, l’union des journalistes tchadiens a réuni les reporters qui vont couvrir les débats du DNIS à faire leur travail en respectant l’éthique et la déontologie de leur métier. « En tant que quatrième pouvoir, nous devons mettre nos énergies et notre savoir-faire au service de notre nation pour faire de ce pays, un Tchad prospère et émergent », déclare président de l’UJT, Abbas Mahmoud Tahir au cours d’une rencontre avec la presse dans la salle de médias du palais de 15 janvier. Il a invité les journalistes à faire en sorte que la République leur soit reconnaissante et pour cela, ils doivent faire taire toutes les divergences et les querelles. Il ajoute qu’ils doivent en âme et conscience faire leur travail tout en respectant leurs lignes éditoriales et surtout doivent penser au pays en évitant toute dérive professionnelle et ne pas véhiculer les discours de haine ou de division. Abbas Mahmoud Tahir souligne que l’UJT travaille avec le comité d’organisation du DNIS afin d’accorder une attention particulière aux médias en mettant à leurs dispositions un cadre idéal pour mener leur travail dans les bonnes conditions. Il exhorte les journalistes accrédités à couvrir de se mettre tous les jours en règle en portant de gilets et de badges confectionnés par le CODNI, pour permettre aux services de sécurité de mieux les protéger.
La cérémonie du lancement a eu lieu le samedi dernier et les travaux devraient reprendre le 22, mais reportés pour ce mercredi. Ces reports sont expliqués par certaines autorités du comité d’organisation que les tractations avec certains membres de l’opposition, de la société civile et de certains politico-militaires avec des sages afin de les mettre en rang et de venir participer au dialogue.
Jules Doukoundjé
Un conflit entre éleveurs et agriculteurs a fait environ 9 morts du côté des éleveurs et un dans le camps des agriculteurs. Cet évènement malheureux a eu lieu dans le village de Mingana, département de mont de Lam. La rédaction a appelé les autorités du département pour éclairer ses lecteurs sur ce conflit. Reportage.
Les conflits entre éleveurs et agriculteurs continuent toujours d’endeuiller les familles entre les deux communautés. A Mingana, un village situé à environ 40 km de M’baïbokoum, dans le mont de Lam, un conflit entre éleveurs agriculteurs a encore fait de morts.
Le chef de canton de Pandzangué Noudjibatem Laoumeur Salomon a expliqué par téléphone depuis son village, que quand il a appris l’arrivée des éleveurs dans sa circonscription, il a envoyé les chefs de villages pour leur dire qu’ils se sont installé dans les champs des cultivateurs. Mais ils ont refusé de quitter le lieu. Le chef de canton de Pandzangué Laoumeur Salomon soutient qu’ils ont chassé et poursuivi les paysans jusqu’au village. Et c’est ce qui a poussé les paysans à se réorganiser pour aller attaquer les Peuls éleveurs. Malheureusement poursuit le chef de canton de Pandzangué, l’attaque a fait environ 9 morts du côté des éleveurs et 1 mort chez les agriculteurs. Selon lui, depuis ces attaques malheureuses, il y’a un silence de mort au village et cela a inquiété les villageois qui ont fui pour se cacher dans la forêt.
Interpellé, le préfet de M’baïbokoum, Adam Adami Youssouf explique que c’est toujours le conflit éleveurs et agriculteurs. Selon lui, il y a un groupe des éleveurs peuls qui sont venus de 500 km pour s’installer dans le village de Mingana dans le canton de Pandzangue, sous-préfecture de Besaou. De l’avis de l’administrateur, les bœufs des Peuls ont dévasté les champs de sésame d’un agriculteur, et après constat ce dernier était parti en informer le chef du village et le chef a convoqué les éleveurs pour régler à l’amiable le problème, mais la situation a dégénéré. Selon le préfet, les paysans ont demandé aux éleveurs de quitter les lieux immédiatement et c’est ce qui a déclenché le conflit. Il note pour sa part 8 morts du côté des éleveurs et 1 côté agriculteur.
Le Préfet rassure que le calme est revenu dans le village, et qu’une sécurité est mise sur pied. Il demande aux villageois de regagner leurs maisons et de vaquer à leurs occupations.
Sangnoudji Francine
Ousmane Bello Daoudou
Le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration a radié 5 policiers pour faute grave contre l’honneur de nature à déconsidérer publiquement la fonction. Le document de leur radiation a été signé par le Premier ministre de la transition Pahimi Padacké Albert et du ministre de la Sécurité publique et de l’immigration le général Idriss Dokony Adiker. Reportage.
Ils sont au total 5 policiers à être révoqués. Deux commissaires principales (CP) et trois gardiens de la paix (GP). Ils sont radiés pour faute grave contre l’honneur de nature à déconsidérer publiquement la fonction. C’est sur proposition du ministre en charge. Le décret est signé respectivement du Premier ministre de la Transition Pahimi Padacké Albert et le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration le général Idriss Dokony Adiker.
Parmi les cinq policiers radiés, les quatre sont en service à Moundou, capitale de la province du Logone occidental et le cinquième, Mékila Elizée Assingar qui était arrêté depuis plus de 4 mois et gardé à la direction des renseignements généraux.
Les policiers de Moundou sont révoqués pour avoir brutalisé les manifestants des partisans de l’opposant Dr Succès Masra le 20 juillet dernier.
Après sa radiation de la police nationale, le policier Mékila Elizée Assingar est libéré au moment où la rédaction met sur papier l’article. Le jeune désormais libre est confié à Mahamat Nour Ibedou, président de la commission nationale des droits de l’homme (CNDH).
Interpellé, le président de la CNDH, souligne qu’il est parti accompagné de son conseiller pour à aller chercher le jeune policier pour le ramener chez lui.
Pour l’avocat de Mékila Elizée, Me Max Loalngar, même s’il trouve la liberté, c’est avec une situation trop inconfortable. Selon lui, le jeune policier a été radié de la police alors que cette question n’a pas suivi la procédure adéquate. Me Max Loalngar dit qu’il ne va pas abandonner le dossier et que la clarification doit être faite devant le juge et en tant conseil il va attaquer la décision le radiant.
En attendant une autre enquête, Mahamat Nour Ibedou a accompagné le policier Mékila Elizée chez sa famille.
Djénom Josiane
Lancée depuis le 16 août 2022, la grève de l’Union des Syndicats du Tchad (UST) est évaluée ce 23 août à la bourse du travail. Ils ont évoqué l’épineuse question du pacte social, la non-participation de l’UST au dialogue national inclusif (DNI). L’UST a lancé un préavis de grève de 6 jours allant du 23 au 30 août 2022. Reportage
« Depuis toujours, l’ UST, fait de la politique sociale. Mais dès lors que la politique politicienne influx sur la politique sociale, nous sommes obligés d’intervenir dans la politique politicienne afin de redresser un peu les choses », a lancé Montanan Ndinaromtan secrétaire général du SYNTASST. Cette rencontre qui a drainé un nombre important des travailleurs des secteurs publics, privés et des retraités a été fructueuse en débat. C’est aussi l’occasion pour les syndicalistes d’évoquer les raisons qui les poussent à ne pas participer au DNI.
Le secrétaire général de l’UST Gounoung Vaima Gan-Faré souligne que l’UST en tant que membre du mouvement des actions citoyennes Wakit Tamma, exige du gouvernement la parité dans la représentation des délégations au dialogue. « Ce n’est pas normal que le MPS et ses alliés prennent 90% des places. Nous les autres qui sommes minoritaires, nous allons seulement pour applaudir. Nous refusons cela. Ce refus de participer au dialogue s’explique par le simple fait que nous voulons un changement pour le peuple tchadien. Nous ne sommes pas contre quelqu’un, quand tu fais bien nous sommes avec toi, au contraire », affirme le SG. Il ajoute que depuis que l’UST est entrée en grève, il ne se passe pas un jour où une autorité ne les appelle pas pour leur demander de participer au dialogue avec des promesses. Il confie que l’opinion internationale exige la participation de Wakit Tamma, le parti Les Transformateurs et de l’UST au dialogue. Sans cela, ajoute-t-il, la tenue de ce dialogue n’aura pas de sens et le gouvernement est dos au mur. Le secrétaire général de l’UST souligne que c’est la cause principale du report des assises du dialogue.
S’exprimant dans le même sens, le vice-président de l’UST Younouss Mahadjir évoque quelques problèmes auxquels les Tchadiens font face au quotidien. Selon lui, ces problèmes sont le manque de gaz butane, le manque d’électricité, et les inondations. Younouss Mahadjir rappelle les points qui sont à l’ordre de la grève. « Nous avons demandé la démission du Premier ministre de transition, le salaire coupé, la pension des retraités, les arriérés de salaire des agents de l’ANADER, la signature du texte des greffiers entre autres choses. Mais le gouvernement de transition ne veut pas nous écouter. Alors, on va encore prolonger la grève pour trois jours », dit le vice-président de l’UST. Il galvanise ses pairs à faire une sensibilisation de proximité pour que la grève qui sera lancée dans les jours qui viennent soit une réussite. Il demande à ses camarades de prendre le communiqué de préavis de grève et aller de cellule en cellule pour sensibiliser la base. Le préavis est lancé ce 23 août, et ce jusqu’au 30 août prochain. Après quoi, une Assemblée générale sera organisée le 31 août et la grève s’en suivra.
Kouladoum Mireille Modestine
Anass Abdoulaye Adam
Le Président tchadien du Conseil militaire de transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby continue de tendre la main à l'opposition politique pour le dialogue national inclusif et souverain. Le Parti Un Nouveau Jour de Dr Nasra Djimasngar et le parti Réformiste de Yacine Abramane Sakine, iront au DNIS. Ils évoquent une décision mûrie et non un revirement politique. Reportage.
Plusieurs partis de l'opposition ont refusé de participer au dialogue national inclusif. Il en est de même du parti "Un Nouveau jour" de Dr Nasra Djimasngar. Finalement, le Secrétaire national du parti Un Nouveau Jour se déclare partant aux travaux du DNIS. Selon lui, leur organisation politique n'a pas contesté la faisabilité du dialogue national inclusif, mais plutôt les mauvaises conditions d'organisation de ces assises nationales. À commencer par le comité d'organisation dans sa composition, ses méthodes de travail et ensuite le quota qui avait été publié, soutient-il. Pour ce leader de l'opposition, ce quota consacre un déséquilibre de participants au DNIS. « Aujourd'hui tout le monde sait qu'au Tchad il existe deux camps. Ceux qui supportent la junte et d'autres qui la contestent et réclament le retour à l'ordre constitutionnel. Ce qui n'est pas un secret pour personne. À notre avis ce sont ces conditions qui peuvent garantir la transparence des travaux », affirme Nasra Djimasngar. Le politique ajoute qu'à côté de cela, ils ont réclamé la souveraineté du dialogue afin que les décisions qui vont sortir de ce dialogue soient exécutoires.
Le leader du parti Un nouveau jour exprime que, le seul point qui a été satisfait dans leur réclamation est la souveraineté consacrée par le décret du PCMT pratiquement à la veille de la cérémonie d'ouverture. « Notre décision d'aller au dialogue après notre rencontre avec le PCMT n'est pas un revirement. Nos documents officiels depuis la création de notre parti sont clairs. Lors du lancement officiel de notre parti, nous avions dit qu'il faut tourner la page sombre du Tchad. Et nous allons travailler à ce que les Tchadiens du nord, sud, est et ouest puisse s'asseoir face à face pour se dire ce qui les a toujours opposés et les conduit à faire la guerre », confie Nasra Djimasngar. Pour lui, un appel au dialogue est ancré dans leur idéologie dès le début.
Il estime que seul le dialogue peut nous aider à tourner la page sombre du Tchad. « Le fait qu'on exige les bonnes conditions de dialogue ne nous exclut pas du dialogue. Le sentiment de chaque Tchadien c'est de voir que ce pays peut changer. C'est le vœu de tout le monde. Lors de notre discussion avec le PCMT, il a relevé qu'il veut que ce pays change. Cela veut dire qu'il n'y a pas de velléité, chacun de nous rêve d'un Tchad nouveau ». Nasra Djimasngar souligne qu'il faut aller dans la salle et lutter pour obtenir le consensus. Seulement il souhaite que le vote soit fait sous bulletin secret afin que chaque Tchadien soit libre de s'exprimer sur la nouvelle orientation qu'il veut donner au Tchad. À son avis, si le consensus y est, il y aura beaucoup d'évolution dans la situation de notre pays. « La satisfaction ne peut jamais être à 100% et cela est une évidence. Mais si nous atteignons 30 à 40% de satisfaction, ce n'est pas rien. Voilà notre motivation que nous sommes allés dire au PCMT qui rassure qu'il va s'investir à ce que les résolutions du dialogue soient respectées », dit-il. Il estime qu'il ne faut pas tourner le dos aux autres et faire la politique d'autruche, telle est la logique du mieux.
Pour le président du parti Réformiste, Yacine Abramane Sakine, son parti n'a pas fait un revirement de la dernière minute. Mais c'est une décision politique mûrement et sérieusement réfléchie. Il reconnaît du moins avoir organisé une Assemblée générale à une semaine pour dire que le parti réformiste n'ira pas au dialogue. « Mais nous avons repensé notre décision pour le simple fait qu'il fallait aller extérioriser ce que nous pensons afin que le peuple soit témoin. Les autorités de la transition nous ont suggéré que c'est à travers le dialogue qu'on peut trouver de solutions d'ensemble à tous les problèmes du Tchad » ,argue le politique. Selon Yacine Abdramane, ceux qui résistent encore, c'est leur choix personnel et c'est le jeu de la démocratie. Toutefois dit-il, en tant que réformiste, il faut dialoguer pour réformer . Il note le dialogue comme le seul moyen pour remettre le pays sur la roulette. « Nous invitons le peuple tchadien de suivre attentivement tout ce qui va se passer et de le juger. Nous participons et cela va rester dans l'histoire du Tchad pour toujours », assure le politicien.
Moyalbaye Nadjasna