À la veille de la célébration du 63e anniversaire de l'indépendance du Tchad, ce vendredi 11 août 2023. La rédaction a interrogé deux acteurs de la vie politique tchadienne. Il s’agit entre autres du président du parti Rassemblement pour la Justice et l'Equité (RJE) Ordjeï Abderrahim Chaha et Caman Oumar Bédaou de Wakit Tama. Réactions.
Le président du parti RAJET Ordjeï Abderrahim Chaha affirme lui que le 11 août est une date répugnante pour les nationalistes qui souffrent de voir que leur pays n’a pas encore l’entièreté de sa souveraineté est une déception. « Cette date n'est jamais mémorielle, elle est festive et cérémoniale pour les tchadiens qui baignent dans l'inconscience et la manipulation française », a-t-il souligné. La véritable date qui sera mémorable, c'est lorsque nous arriverons contre vent et marée à arracher notre indépendance. Il ajoute, « nous ne sommes pas libres économiquement. Cette fête est une tâche honteuse pour ceux qui résistent pour leur dignité, ceux-là qui veulent effacer cette honte ».
Enfin pour Caman Oumar Bédaou le pays n'a jamais été indépendant depuis 1960 jusqu'à nos jours. « Après cette indépendance factice, il y a des déchirures qui ont mis à mal le vivre-ensemble entre les Tchadiens », dit-il. Faisant référence au passé, il déclare que la France a parachuté les armes aux rebelles du défunt président Hisseine Habré lors de l'affaire Claustre. La dernière gouvernance, celle du défunt président Idriss Deby Itno, a baigné dans le népotisme, le clanisme et les détournements des deniers publics. « Le Tchad n'a jamais été indépendant parce que c'est la France qui le pilote. C'est elle qui a adoubé l'actuel président de transition ».
Noël Adoum
La centrale pharmaceutique d'Achats (CPA) situé à Sabangali dans le 3e arrondissement de N'Djaména a offert un don de produits pharmaceutiques à l'association Tchad notre pays (ATNP).
Ce don vient en aide aux réfugiés soudanais. Pour Mouna Kallimi Sougui, c’est un don qui s'inscrit dans logique de la campagne « aidons les réfugiés soudanais avec 1 $». « Cette campagne de collecte de médicaments rappelle aux Tchadiens et au-delà qu'il existe une seule communauté au service de ceux qui sont en difficultés », dit-elle. Toujours selon la présidente de l'association, le geste de la CPA est symbolique, humanitaire et vital pour les réfugiés. « Nous remercions tous les cadres de la CPA pour cette aide. Nous invitons les autres à emboîter le pas ».
Pour Nang-Yade N. Richard, directeur général adjoint de la CPA, accompagner ce projet humanitaire est un honneur pour son organisation qui est au service de la santé humaine. « Ce don est destiné aux réfugiés soudanais ». Pour finir, il invite les autres institutions et les personnes de bonne volonté à soutenir ce projet humanitaire.
Abderamane Moussa Amadaye
Les précipitations sont encore faibles en ce début de mois d’août, pique de saison pluvieuse mais une pluie diluvienne s'est abattue dimanche 6 août sur la capitale tchadienne, N'Djaména, faisant d’énormes dégâts et des inondations.
Du quartier Farcha en passant par Klémat, Walia, N'Djari, Diguel ou Bourdbourdoub, les conséquences de cette pluie sont visibles dans les rues. Des maisons et rues submergées par l'eau stagnante. Certaines veilles maisons ou mal construites se sont écroulées. Le rêve de voir N'Djaména vitrine de l'Afrique se noient peu à peu reste dans les eaux fluviales. Selon Senoussi Ahmat Senoussi, architecte et urbaniste plusieurs facteurs peuvent expliqués cet enfer.
L'urbaniste-architecte, Senoussi Ahmat, et président de l'ordre national des architectes du Tchad estime que la capitale s'est agrandie de façon anarchique sans planification. « Depuis 3 décennies, les autorités ont laissé les gens construire sans plan d’urbanisation et sur des lieux ou des zones non habitables », dit-il. L'urbaniste a indiqué aussi que le schéma directeur de la ville n'a pas été aussi respecté. Toujours selon lui, la ville n'a pas été viabilisée et s'est ajouté le manque des canaux de drainage des eaux, « c’est une de principale cause des stagnations d'eau dans les rues de la ville ».
Pour M. Senoussi, à N'Djamena sur chaque 2000 hectares habités, il est nécessaire d'avoir une unité de retenue (bassin de rétention) qui doit séparer une zone d'occupation à une autre avec des canaux de drainages modernes souterrains et sécurisées. « Malheureusement, aujourd'hui tous les terrains sont occupés y compris les réserves. Pas de planification, ni d'anticipation, ni un investissement conséquent à la hauteur des attentes. Toutes ces tares ou éléments combinés font qu'à la saison de pluies, la ville plonge dans l'eau, dans la misère et la risée des réseaux sociaux ».
Pour relever le défi, l'urbaniste-architecte affirme que la tendance actuelle est que le monde rural n’attire pas mais c’est plutôt la ville qui attire. « Le système des nations unies a conseillé d'investir davantage dans la ville ». Il invite le gouvernement à laisser les professionnels (urbanistes et architectes) du public mais aussi du privé à dresser un schéma directeur aux décideurs politiques pour sauver non seulement la capitale mais toutes les villes du Tchad. « On ne peut pas faire dans le tiroir et entre les 4 murs, difficile d’être à la fois décideur et exécutant. Rien ne peut évoluer dans un pareil système et c'est cela notre réalité malheureusement ».
Abderamane Moussa Amadaye
Le Bureau de soutien au Mouvement Patriotique du Salut (MPS) Djamouss a organisé cet après-midi du 8 août une campagne de vulgarisation du projet de la constitution à la maison de culture Baba Moustapha dans le 3e arrondissement de la ville de N’Djamena.
Le Bureau de soutien Djamouss a fait face à la jeunesse du 2e 3e et 5e arrondissement. Il était composé de Djibersou Dahaye Yoma, de Dr Korom Acyl Dagache et de Abakar Mahamat. Ils ont tenu en haleine le public cible constitué majoritairement des jeunes.
À l'entrée du jeu, Djibersou Dahaye Yoma a défini l’État comme une personne morale de Droit public constitué des éléments à savoir le territoire et la population puis il a souligné qu'il y a deux formes de l'État qui est à savoir, l'État unitaire et l'État fédéral. Ensuite, Djibersou Dahaye Yoma a expliqué en premier lieu l'état unitaire qui est un État que l'on trouve un seul centre d'impulsion juridique et politique.
Pour lui, dans cette forme de l'État, elle peut être centralisée, déconcentrée ou décentralisée qui caractérise la forme de l'État unitaire. Il indique que si l'État est centralisé, c’est qu’il y a concentration du pouvoir juridique, politique et de décision. Toujours selon lui, dans l’État déconcentré il y a un transfert de pouvoir par délégation de compétence. Après vient la forme de l'État décentralisé qui a un transfert de pouvoir central vers les collectivités territoriales décentralisées. Il affirme que « l’ordonnance 019 du 10 octobre 2010, le Tchad est passé d'un État centralisé à un État déconcentré avec la création des certaines institutions administratives sur l'ensemble du territoire », a-t-il éclairé. Toutefois, il indique la décentralisation n'est pas effective au Tchad, « parce que jusqu'à là nous n'avons pas encore organisé des élections locales à l'exemple pour les gouverneurs, les préfets, etc. »
Pour clore la campagne, Djibersou a défini le fédéralisme qui, selon lui, est un système d'organisation, d'administration et de gouvernement dans lequel l'État est organisé en fédération et partage avec les États fédérés les diverses compétences constitutionnelles : législatives, juridictionnelles et administratives. Il soutient que cette forme de l'État n'est pas compatible avec le Tchad et les Tchadiens, selon lui, ne sont pas encore prêts. Il affirme qu'il est de préférence opté pour l'état unitaire décentralisé, qui est une forme de partage du pouvoir, mais qui va permettre aux Tchadiens de vivre davantage dans l'unité et la concorde nationale.
Ousmane Bello Daoudou
Le Conseil Économique, Sociale, Culturel et Environnemental a lancé officiellement l'ouverture de sa deuxième session ordinaire ce lundi 7 août 2023, sous le thème, « les acteurs publics face aux défis de la transition au Tchad » dans la grande salle du palais des arts et de la culture.
Plusieurs autorités politiques, administratives, entrepreneurs et partenaires étaient présents. Pour le président du comité d'organisation, l'objectif à travers le thème de cette session est d'établir un diagnostic du rôle que doit jouer chaque acteur public et/ou chaque sensibilité sociopolitique face aux défis de la transition. Et préconiser les actions à mettre en œuvre en vue de sa réussite.
Le président du CESCE Abdelkerim Ahmadaye Bakhit affirme que la transition politique est un moment délicat et complexe, « c'est une période qui nécessite un dialogue ouvert et inclusif entre toutes les parties prenantes, les acteurs publics en tant que représentant du peuple, ont la responsabilité d’écouter toutes les voix ». Il relève qu'il est primordial de créer un environnement propice au débat démocratique en garantissant la liberté d'expression et en respectant les droits fondamentaux de tous les citoyens.
M. Bakhit s’est interrogé en soutenant si les différents acteurs publics sont conscients de leur rôle respectif dans la construction d'un Tchad réconcilier avec lui-même. « La réussite de la transition dépend de leur capacité de prévention de la frustration, de l'injustice, source de conflits latents qui compromettra la paix ».
Selon lui, les décideurs politiques, administratifs, religieux et traditionnels à partir de leurs actes posés quotidiennement sont-ils conscients de la consistance de ces actions? Voilà les valeurs à développer et les mesures correctives à prendre avec courage, abnégation pour prévenir les conflits, a-t-il souligné.
Il a expliqué que pour relever ce défi, tous les acteurs publics doivent travailler dans une concertation permanente entre eux, travailler et veiller de faire comprendre à la population tchadienne les liens fondés de leurs actions afin de gagner leur confiance et les amener à participer activement aux différentes échéances qui marqueront la fin de la transition.
Noël Adoum
Qu’est-ce qui se trame à Amdjaress, village du défunt Maréchal Idriss Deby Itno?
L’aéroport de cette bourgade construite vaille que vaille vit ces derniers jours au rythme de ballets d’avions de provenance douteuse. C’était d’abord une lourde rumeur. Elle est devenue au fil des jours une information. Effectivement, il y a des activités suspectent qui s’y passent dont la nature et la destination exactes sont difficiles à déterminer. L’aéroport n’est plus accessible à tous. Selon plusieurs sources, il serait loué aux Émiratis pour servir de point de ravitaillement en armes destinées à la milice soudanaise, précisément aux Forces de Soutien Rapide (FSR) et à leur chef Mohamed Hamdane Dagalo alias Himetti. Une information qui se confirme peu à peu par le mécontentement « amdjarassois ».
Pour illustrer ce mécontentement, une vidéo amateur circule à ce sujet où apparaissent au plus 5 à 6 manifestants. Sont-ils effectivement dans le village? Rien n’est sûr. Mais on y voit ces hommes en turban, parlant en langue Béri et arabe, debout derrière une banderole blanche. Ils citent les noms du président de transition, de son ministre et puissant directeur de cabinet civil, etc. Ils dénoncent les ballets des avions. On les voit aussi brûler le drapeau et la photo de Mohammed Ben Zayed Al Nahyane président des Émirats arabes unis (EAU) en scandant « Tchad Hourra, Émirat barra », qui signifie, le Tchad libre, les Émirats dehors. Ils appellent tous les Tchadiens à s’opposer au mauvais usage de cet aéroport.
Pour comprendre ces évènements, il faut repartir en arrière…
Un, les généraux mis à la retraite sont toujours fâchés. Ils ont promis d’aller manifester à Amdjaress pour dénoncer les navettes de ces avions inconnus. Selon nos sources, la manifestation est reportée, mais les généraux ont promis revenir à la charge à la fin de la saison des pluies. Des sources proches de la présidence affirment qu’ils auraient de la difficulté à se mobiliser.
Deux, pour couper l’herbe sous les pieds de ces généraux, le gouvernement de transition a préféré anticiper en adoptant en Conseil de ministre une ordonnance sur l’État d’urgence. Une ordonnance controversée qui renforce les pouvoirs de police administrative et l’élargit aux autorités décentralisées comme le Délégué général du gouvernement, les Gouverneurs pour faire face à un péril imminent et des évènements graves qui ont un caractère de calamité publique. Y-a-t-il une urgence pour prendre cette ordonnance? Surtout que les Conseillers Nationaux, la chambre de législation, sont en vacances parlementaires.
Enfin, cette transition n’est-elle pas devenue l’affaire de deux personnes : le président de transition Mahamat Idriss Deby et son puissant ministre et Directeur de cabinet civil M. Idriss Youssouf Boy alias Makambo? Cela y ressemble. Le Premier ministre de transition et son gouvernement doivent éclairer l’opinion publique sur les trafics à cet aéroport d’Amdjaress. C’est la moindre des choses.
Bello Bakary Mana
Face à la grève des magistrats qui redouble d’intensité et paralyse la Justice, le ministre Mahamat Ahmat Al Habbo brandit la menace de suspendre leurs avantages. Les principaux syndicats des magistrats le Syndicat de Magistrats du Tchad (SMT) et le Syndicat Autonome des Magistrats du Tchad (SYAMAT) appellent leurs membres à la vigilance.
Après avoir réuni en urgence au palais de justice de Ndjamena, ce vendredi 4 août, les deux bureaux des syndicats des magistrats à savoir le SMT et le SYAMAT ont publié un communiqué conjoint dans lequel ils ont dénoncé les différentes manœuvres de la chancellerie visant à casser la dynamique de leurs revendications. Un communiqué signé par le président de SMT Moussa Wade Djibrine et le président de SYAMAT Taoka Bruno.
Les deux syndicats ont appelé à la vigilance et à l'esprit syndical de chaque magistrat. « La manipulation de la chancellerie ne saurait entamer notre détermination » ont-ils souligné. Les deux bureaux ont appelé au respect strict des termes du communiqué en demandant à leurs collègues d'être sereins.
Dans un autre communiqué, le ministre Mahamat Ahmad Al Habbo a rappelé les magistrats que l'ordonnance n°007 sur le statut de magistrat les astreints à rester à accomplir leurs devoirs de magistrats. Il ajoute, « le traitement et les avantages dont ils bénéficient conformément aux dispositions de l'article 33 du statut sont la contrepartie du travail effectué. La permanence et la continuité du service de la justice doivent toujours être assurées », dit-il.
Le ministre demande aux magistrats de prendre conscience de la situation et de reprendre les activités. Sinon, « les services techniques compétents se verront dans l'obligation de suspendre les traitements et autres avantages de ceux qui bloquent délibérément le fonctionnement des services publics de la Justice », a-t-il souligné.
Noël Adoum
L'association Socle des jeunes pour le développement (SOJEDEV) a organisé une soirée d'orientation aux nouveaux bacheliers le 3 août au centre catholique universitaire à Sabangali dans le 3e arrondissement de N'Djaména. Elle est placée sous le thème, « s’informer pour mieux s’orienter ».
Démarré à 15h passé, cette soirée d'échange a vu la présence des plusieurs bacheliers et des élèves venus de différents coins de la ville de N'Djaména.
Pour l'intervenant Annourh Oumar Affandy, journaliste et attaché de presse à l'ambassade de France au Tchad, le choix de filière après le baccalauréat devient complexe du fait que le système éducatif tchadien ne dispose pas d'un centre d'orientation qui peut permettre au bachelier d'opérer facilement son choix, s'ajoute aussi l’environnement.
Le panel était composé de Annourh Oumar Affandy, attaché de presse à l'ambassade de France, Mbairibar Serge, enseignant chercheur à l'École Nationale Supérieure des TIC (ENSATIC) dans un débat modéré par madame Zenaba Adoum. Pour l'intervenant Serge, les nouveaux lauréats doivent faire le choix en fonction leur ambition et passion. Selon lui, le suivisme dans le choix de filière est très dangereux pour tout nouveau bachelier. Il invite les bacheliers à réfléchir minutieusement avant de faire un choix pour les études supérieures. Car, selon lui, le choix d'une filière fait par suivisme ou par imposition d'un membre de famille sans aucune ambition pourra entraîner l'échec du futur étudiant. Il invite les candidats à d'auto-évaluer, à savoir ce qu’ils veulent et à consulter ceux qui sont passés par le même chemin pour les guider.
M. Annourh Oumar Affandy a soutenu qu’il y a une défaillance du côté du gouvernement. « Le système éducatif tchadien ne dispose pas d'un centre d'orientation qui pourra orienter les élèves », dit-il. Pour lui, c’est un système qui ne permet pas aux bacheliers de choisir leurs options lors des études supérieures. Pour remédier à cette absence, M. Annourh propose que les bacheliers consultent leur entourage, réfléchissent minutieusement sur le choix de chaque filière avant de s’engager. Aujourd'hui la plupart des jeunes font leur choix par suivisme. Il s'est appuyé sur des faits pour illustrer ses propos. « Lorsque Moussa Faki a été élu président de la commission de l'Union africaine (UA), beaucoup de bacheliers ont voulu faire la diplomatie. Tout en ignorant les réalités », dit-il. Il a invité les bacheliers à s'interroger sur leurs capacités financières, les langues apprises et les réalités. « Sans aucune étude au préalable de l'environnement, tout choix fait n'est qu'une peine perdue d'avance. Il faut choisir de manière objective et lucide. Le choix d'une filière c'est comme un voyage, il faut savoir où vous partez et le but recherché pour réussir », a-t-il expliqué.
Abderamane Moussa Amadaye