Je devais écrire une chronique sur les 63 ans d’indépendance du Tchad. J’ai vite abandonné l’idée. Au lendemain de ce 11 août je suis donc allé faire mes lectures quotidiennes des nouvelles du monde comme pour éviter celles du pays. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Je clique. Et je tombe sur cette phrase de M. Caman Bédou Oumar dans une entrevue dense qu’il a accordée dans nos colonnes. Il parle des Tchadiens en affirmant avec conviction « qu’on n’est pas seulement bon à rien, on est mauvais en tout ».
Comme disent les jeunes N’Djamenois « grando kalamak sey » (le grand-frère a dit la vérité) à 90%. J’ai trois exemples pour illustrer comment nous sommes presque mauvais en tout.
Dossier pétrole : Vous avez vu les membres de l’équipe de choc des négociateurs du dossier pétrole décoré et élevé au Grade de Commandeur et faits officiers. Ils chantaient partout avoir gagné sur toute la ligne au sujet du dossier COTCO. La célébration de nos champions négociateurs, leur élévation et leurs médailles n’ont rimé à rien parce que le Tchad a perdu la première manche du jugement en référé. L’arbitre a donné raison à Savannah qui reste actionnaire à 41, 06 % du capital de COTCO. Les autorités se sont murées dans le silence et le déni.
Dossier référendum : Durant le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS), la question de la forme de l’état avait chauffé les esprits. Étant participant représentant des médias j’avais senti la peur bleue du président du présidium la veille du débat en plénière sur la question. Il avait même convoqué un huis clos avec quelques représentants de différentes « corporations ». Lors des débats, j’avais pris la parole pour dire qu’il fallait plutôt proposer 2 constitutions, une en faveur du fédéralisme, et une autre pour l’État unitaire fortement décentralisé, mais un seul référendum. Les Tchadiens choisiront. Voilà que le mauvais génie tchadien a encore frappé. Ils ont tout fait pour que les Tchadiens votent sur la seule constitution de l’État unitaire décentralisé. Personne n’est dupe. C’est un tour de passe-passe pour faire gagner l’option de l’État unitaire. Une filouterie pure et simple inspirée par notre malfaisance.
Dossier Armée nationale: Cette institution représente parfaitement le mal faire tchadien. Plus de 600 généraux, en majorité analphabète, sur 100 000 hommes pour une population d’une dizaine de millions. Cela frise le ridicule. Même la puissante Chine avec ses plus d’un milliard d’habitants et plus de 2 millions de soldats n’a que 200 généraux comme l’a si bien dit M. Caman. Pourtant dans le dossier de « askarié » (militaire) on s’y connait. Non? Je ne suis pas sûr de cela. Une chose est certaine, on est plutôt « une bonne bande de guerriers violents et indisciplinés »
Enfin, factuellement c’est cela le pays. Seul le monde des arts, de la musique, des lettres et des médias privés qui brillent par leur ingéniosité. Bref, dans ce pays on est finalement tous des « bons en rien et mauvais en tout ».
Bello Bakary Mana
A l'occasion de la fête de l'indépendance, Wakit Tama, section politique, a animé un point de presse ce 11 août pour dénoncer les ingérences politiques françaises dans les affaires internes du Tchad. Et lance une alerte pour disent les membres « bouter hors du Tchad », les forces françaises qui sont stationnées à N'Djamena et en provinces. Reportage.
Pour le coordonnateur de Wakit Tama section politique Ordjeï Abderrahim Chaha, les forces françaises qui garantissent et sécurisent l'exploitation de nos richesses sont les facteurs qui freinent notre développement. « L’ingérence violente et menaçante des autorités françaises est faite depuis plusieurs décennies par leurs forces armées. Nous n'avons ni l'indépendance ni la souveraineté, c'est la France qui décide de notre sort », dit-il.
Le coordonnateur affirme qu'économiquement le Tchad est à la queue sur le rang des pays, qui se grouillent pour sortir du seuil de la pauvreté. Les ajustements structurels qui nous ont été imposés par la France, n'ont rien apporté de positif pour le Tchad, toute conception structurelle des ajustements dictés, est au profit de la France, dit M. Ordjeï. « Nous appelons les Tchadiens à une révolte populaire, pour notre dignité, pour le développement de notre pays. Tant que nous acceptons la domination française, tant que nous observons la guignolisation des institutions républicaines, nous faisons applaudir notre propre régression ».
M. Ordjeï déclare que la France vit des pillages discrets de nos ressources. Elle détient parfois 50% ou plus de 50% de notre argent. Ces pillages ont un impact direct sur le développement. Toujours selon, M. Ordjeï tant que les bases sont implantées sur le territoire tchadien, il n’y aura ni la paix, ni la sécurité et moins encore le développement. La France est une menace à la démocratie, à la justice et elle nous maintient dans le sous-développement.
Selon lui, nous avons des soucis pour avoir en permanence l'électricité pour pouvoir contribuer à notre développement. « L’électricité est le moteur du développement, sans l'électricité pas le développement », conclu le coordonnateur.
Noël Adoum
Le Coordonnateur de la plate-forme des partis politiques pour le soutien de la transition au Tchad Dr André Bondo Kaïnkoula a organisé un point de presse ce samedi 12 août à la Maison des médias du Tchad. Il a annoncé le lancement officiel de ses activités.
Pour le coordonnateur Dr André Kaïnkoula, la plate-forme regroupe plusieurs partis politiques. « Elle a pour mission la sensibilisation, la conscientisation, la mobilisation des acteurs politiques, de l'opinion nationale et internationale sur les efforts du gouvernement de transition », dit-il. Il demande aux jeunes de contribuer à la construction en apportant leur contribution. Il clame, « ensemble luttons, pour consolider la paix, facteur déterminant pour la démocratie, la liberté, la dignité, l'honneur et le respect de l'autre ». Il soutient que la conquête de la justice sociale, de l'égalité, de la sécurité et du développement proclamé par le gouvernement de la transition dans le cahier de charge est exécutée à plus de 60%. « C’est à saluer ».
Pour finir, le coordonnateur appelle les citoyens en âge de voter de se faire enrôler pour être électeur au prochain référendum de décembre 2023, « c'est la seule possibilité d'exprimer et accomplir son droit et son devoir ».
Noël Adoum
Lors d’une annonce faite par son président Bakhit Abdoulaye Chaibo, ce 12 août à son siège à Bololo dans le 3e arrondissement de N'Djamena, l'association tchadienne pour l'action citoyenne et le développement (ATACD) annonce le lancement du salon de l'excellence et la remise de prix aux meilleurs bacheliers. La cérémonie aura lieu du 26 au 27 août prochain.
Pour Bakhit Abdoulaye Chaibo l'objectif principal de l'association est d'œuvrer pour le développement du Tchad. « A l'ATACD, nous sommes conscients que cet objectif ne sera atteint que par l'éducation. C’est le socle et le fondement de tout développement humain. C'est dans cette optique que nous vous annonçons le lancement du salon de l'excellence (SONOBBAT) en vue de récompenser les meilleurs bacheliers tchadiens », dit-il. Pour lui, cet évènement va motiver les meilleurs du baccalauréat de cette année, mais aussi ceux qui vont passer l’examen dans les années avenirs. Il affirme que les meilleurs bacheliers tchadiens sont l'avenir du pays. Les encourager pour leurs efforts est un devoir pour l'ATCD, explique-t-il.
Toujours selon, M. Bakhit, plusieurs activités seront organisées aux bénéfices des lauréats, tels que, les orientations, l'exposition des universités et les instituts tchadiens, la formation professionnelle et aussi développer chez ces jeunes un esprit de compétitivité positive. « À la clôture du salon, des ordinateurs portables, des chèques de motivation et des possibilités des bourses nationales et internationales seront octroyés aux 100 lauréats toutes séries confondues qui seront tous à N'Djamena ce jour ».
Pour rappel, l'ATCD est une association apolitique qui œuvre pour le développement au Tchad en s'appuyant sur l'éducation, l'environnement, le social, etc.
Abderamane Moussa Amadaye
Le président du Cadre des Jeunes Leaders pour le Maintien de la Paix et de la Stabilité au Tchad (CJLPST) Keinodji Carmel Ndimaye a animé un point de presse relatif à la 63ème fête de l’indépendance du pays.
M. Keinodji Carmel Ndimaye affirme que la date de 11 est une journée solennelle qui marque l'accession du Tchad à la souveraineté. Cette célébration, selon lui, est tombée au moment charnière de l'histoire du Tchad. C'est pourquoi il demande à la jeunesse de prendre conscience du rôle qui est le sien, dans la refondation du pays. « Les actions de la jeunesse doivent concourir à créer un Tchad nouveau où règne la paix, l'unité nationale et le développement ».
M. Ndimaye a salué la prise de conscience patriotique qui a incité les ex-détenus graciés des évènements du 20 octobre 2022 à organiser une cérémonie de gratitude et de soutien au président de transition. « Les graciés ont annoncé à se mettre à la disposition des autorités pour participer aux sensibilisations de lutte contre la violence politique, l'incivisme, le communautarisme, la manipulation politique et les autres maux qui gangrènent la cohésion sociale du Tchad ».
Pour lui, les derniers événements à l'université de N’Djamena relatifs à la crise interne de l'Union Nationale des Étudiants tchadiens (UNET) section de N'Djamena qui a conduit à l'exclusion de certains est incompréhensible. « Il faut que les étudiants adoptent un comportement responsable ».
Il a invité les étudiants à régler leur divergence par la voie du dialogue. Il les a appelés à la raison. Et le rectorat à la clémence vis-à-vis des étudiants sanctionnés.
Noël Adoum
Jour pour jour, il y a 63 ans que le Tchad est devenu souverain. Une indépendance octroyée par la France. Ialtchad presse a baladé son micro dans la ville de N’Djamena pour recueillir les avis des citoyens sur cette date historique ce vendredi 11 août 2023. Vox-pop.
Brahim Ahmat Malloum citoyen : S'il faut parler de l'indépendance du Tchad, à mon avis en tant que citoyen, je dirais que le Tchad n'est pas réellement indépendant. Il y a l'ingérence des certains pays étrangers dans la gestion sur tous les plans. La France a la main mise sur notre pays. C'est déplorable. »
Dr Adoum Inoua : vaste sujet que de parler de l'indépendance du Tchad. Il faut schématiser en disant que l'indépendance du Tchad se présente comme le verre moitié pleine et moitié vide. Textuellement le Tchad est indépendant le 11 août 1960. De 1960 à nos jours, il y a 63 ans. 63 ans après qu'est-ce que l'indépendance a apporté en termes de développement ? Pas grand-chose. Après 63 ans nous avons le problème de l'électricité et d'autosuffisance alimentaire, agropastorale. Lee chemin reste à faire parce qu'il y a une main mise derrière ».
Sadia Saleh : « Le Tchad a eu son indépendance le 11 août 1960, mais le pays était mal parti dès le début, mais nous sommes en train de corriger cette erreur grâce à la prise de conscience de l'intérêt général de tous les Tchadiens, parce que c'est le Tchad d’abord ».
Propos recueillis par Ousmane Bello Daoudou
La Plateforme « le Tchad d'abord » a organisé une conférence-débat hier 10 août au Musée National dans le 5e arrondissement de la ville de N’Djamena sous le thème « La marche du Tchad vers l'indépendance. L'unité, la paix et la cohésion sociale après l’indépendance ».
Dr Mahamat Saleh Yacoub a affirmé que c'était en 1884 s'est tenue une conférence en Allemagne pour partager l'Afrique sur le papier « du Tchad jusqu'à Sénégal a été attribué à la France », a-t-il dit.
Selon lui, après la conquête des empires du Ouadaï, du Kamen Borno et du Chari Baguirmi, « quatre étapes ont marqué l'indépendance du pat ».
La première étape a été de changer la Constitution française du 10 octobre 1946. La 2e étape c’est en 1956 avec la loi sur le droit de vote et la 3e étape a eu lieu en 1958 avec le référendum du 28 septembre 1958 à l'échelle de l'ensemble des colonies Africaines
Ensuite c’est la proclamation de la République le 28 novembre 1958 mettant fin à AEF (Afrique-Équatoriale Française). « C’est à partir de cette date que chaque colonie est devenue une République. Au Tchad cela a conduit à la création du gouvernement provisoire le 26 août 1959. Un an plus tard, le 11 août 1960 c’est l'indépendance du pays », affirme-t-il.
Après l'indépendance, la contestation armée gagne le pays. Et après la mort de François Tombalbaye premier président tchadien, suite à un coup d’État, « le pays a glissé doucement dans la guerre civile, dans le tribalisme, etc. »
De son côté Mahamat Saleh Moussa Coordonnateur de Tchad d'abord dit le 11 août un moment historique et un tournant décisif dans l'histoire du Tchad. Pour lui la marche vers l'indépendance que nous célébrons avec l'émotion et fierté le chemin parcouru par notre pays. Il confirme une nation qui a bravé l'adversité et se monter les défis pour prendre son propre destin caractérisé par le moment de lutte et de sacrifice estimable.
Ousmane Bello Daoudou
À l'occasion de la fête de l'indépendance, une cérémonie de prise d'armes a eu lieu le matin du 11 août à la place de la nation dans le 2e arrondissement de N'Djamena. Reportage.
Cette cérémonie a vu la présence du président bissau-guinéen, Umaro El Mokhtar Sissoco Embalo, du Premier ministre de Sao Tomé et Principe, Patrice Trovoada, du vice-président libyen de transition Moussa Al-Kouni et bien d'autres représentants diplomatiques et consulaires résidants au Tchad.
C'est à 10h30 minutes que la cérémonie a démarré après l'arrivée du président de transition Mahamat Idriss Deby, suivi du dépôt de germe de fleurs aux martyrs. Démarré dans une ambiance chaleureuse, le défilé est marqué par le passage aérien des aéronefs, puis le défilé pédestre militaire et elle s'est clôturée par le passage des blindés, des chars, dont quelques-uns sont dans un état délabré dégageant de la fumée. Cette fête de l'indépendance a été appréciée par certains et désapprouvée par d'autres.
Pour Takilal Ndolassem, conseiller national, le bilan des 63 années de souveraineté nationale est négatif. « Nous sommes indépendants que sur la parole, mais pas sur les faits », a-t-il confié. Toujours selon M. Takilal, la souveraineté devrait s'expliquer par l'indépendance militaire, économique, culturelle, etc. « Nous sommes dépendants de la France. Malgré qu'aujourd'hui, nous avons tous nos 1.284.000 km². On n’a pas besoin d'un autre pays pour cultiver, pour avoir du blé, du maïs », dit-il. Il rajoute, « il faut que la France nous laisse tranquillement s'occuper de notre pays. Aujourd'hui, elle est responsable de 70% de nos problèmes ».
Pour Netoi-Allah Ringard, président du Parti des Intellectuels et Socialistes Tchadiens pour l'Évolution (PISTE), l'indépendance politique n’est pas une réalité. « Que la France sache que nous sommes assez mûrs, nous n'avons plus besoin qu'on nous dicte quoi que ce soit ». Il estime que depuis l'accession du pays à l'indépendance, la France s'ingère et voit le Tchad comme un quartier français. « Non, nous sommes un pays libre et indépendant », a-t-il lancé. M. Ringard souhaiterait que dès l'année prochaine, le Tchad soit totalement indépendant et fédéré. Et que la prochaine célébration de l'indépendance soit la dernière dans un état unitaire, « chacun célébrera dans sa région et dans l'amour et la bonté », dit-il.
Contrairement aux deux intervenants, M. Daoud Mahamat Abakar, coordonnateur du Conseil national des jeunes du Tchad (CNJT) du Ouaddaï affirme que le Tchad est totalement indépendant. « C’est cette indépendance qui nous a permis de nous retrouver et de fêter cette journée avec faste. Aucun État, même la France ne s'est jamais ingérée pour dicter ou décider à la place des Tchadiens ou du Tchad », a-t-il assuré. M. Daoud explique aussi qu'il y a eu des avancées considérables en matière de développement. S'agissant des indices de développement humain publiés par certaines organisations internationales, M. Daoud soutient qu’elles sont biaisées, « elles ont pour seul objectif de traîner le Tchad dans la boue du sous-développement ».
Abderamane Moussa Amadaye