dimanche 24 novembre 2024

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Le candidat Idriss Deby Itno son parti Mouvement Patriotique du Salut (MPS) accompagné de ses alliés vient de lancer officiellement sa campagne électorale samedi 13 mars. C’était au stade Idriss Mahamat Ouya de la capitale, N’Djamena.

L’horloge indiquait 16h et 15 min. Le candidat du MPS Idriss Deby Itno fait son entrée au stade Idriss Mahamat Ouya sous les applaudissements de la foule des militants. Il est accompagné par son épouse Hinda Deby Itno. L’ambiance était électrique. Une marée de militants avait pris d’assaut le stade sous un soleil accablant de 39°C. Les partis alliés et les bureaux de soutiens brandissent pancartes, drapelets et photos de leur candidat. Le groupe musical « Gamba djoya » égraine les éloges envers leur candidat dans un grand capharnaüm haut en couleur ou des affiches et des portraits grand format du candidat semblent monter la garde en plus des gardes corps et la sécurité autour et dans le stade veillent à leur maximum sur le candidat Deby Itno.

Plus tard, le candidat du consensus, comme aiment le préciser les caciques du régime, est sur l’estrade. Il refuse d’être seul. Il appelle les représentants des partis alliés pour faire une photo de famille. Idriss Deby précise en tout 113 partis alliés au MPS. Pour lui, les candidats qui ont désisté ont peur et en conséquence, ils ont signé leur arrêt de mort politique. Deby demande aux bureaux de soutien de faire une campagne de proximité appelée communément «la campagne de porte en porte. » Déclinant son programme politique, Deby a parlé d’abord de l’eau potable. Car l’eau c’est la vie, a-t-il indiqué. Il informe qu’en 2016, l’accès à l’eau potable au Tchad était à 52% mais aujourd’hui on est à 76%.

Deby Itno dit être préoccupé davantage par la paix, la stabilité, la concorde nationale des fils et filles du Tchad. Deby Itno conseille ses militantes, militants, et le peuple tchadien à ne pas écouter les sirènes de division pour s’entredéchirer, « nous avons un pays fort généreux et plein des atouts. Le Tchad accueille des milliers de réfugiés parce qu’il y a la paix et la stabilité. » Il affirme que le Tchad n’est ni à vendre ni à acheter. Le multipartisme, les sociétés civiles et les presses disent ce qu’ils pensent voire le critiquer sans être inquiété, cela est prouvé que notre démocratie est réelle, explique Idriss Deby.

« La démocratie n’est pas le désordre »

Pour Deby Itno, le désordre doit se faire ailleurs. Pas au Tchad. La démocratie n’est pas synonyme de désordre. Il affirme que les Tchadiens, ses alliés et les candidats de croire en la démocratie. « Les élections vont se dérouler dans la paix, la stabilité et la transparence en présence des observateurs », a rassuré Idriss Deby. Il soutient qu’il y a 123 000 bureaux de vote. Peu importe les observateurs d’où qu’ils viennent, le peuple tchadien est capable de faire un choix idéal, dit-il.

« Justice sociale et l’égalité »

Selon Deby Itno, en 2021, il y aura des profondes réformes dans l’éducation. Il prévoit recruter massivement dans l’enseignement pour respecter le ratio maître-élève. Et améliorer les conditions d’études des étudiants des universités et des instituts. Sur la santé, il affirme tout mettre en œuvre pour disposer d’un spécialiste de santé dans chaque village. Au sujet du recrutement des jeunes diplômés à la Fonction publique, il note avoir arrêté le processus parce que ce sont les filles et fils de riches qui sont favorisés au détriment des jeunes issus des familles démunies. Il explique qu’il mettra sur pied une équipe de recrutement en incluant les représentants des diplômés. Pour Deby Itno, la jeunesse doit avoir de la valeur ajoutée et être entreprenante. Au sujet des femmes, il promet la parité au lieu de 30%. Mais elles doivent aussi prouver leur capacité dit-il. « L’ennemi de la femme c’est la femme elle-même ».

Le candidat président n’a pas manqué de parler de la diplomatie tchadienne. Pour lui, notre diplomatie est forte et réaliste. Il donne quelques exemples, entre autres, l’OCI, la Commission de l’UA, le Conseil de sécurité de l’ONU. Il appelle également d’être intègre. Il promet de livrer une guerre contre la corruption et le détournement des deniers publics. « Le Tchad est en train de sortir de la crise financière et économique. La justice sociale et l’égalité seront la base de mon prochain mandat. » Enfin, il a promis 3800 km de routes bitumées en plus de 3700 km pour désenclaver le Tchad. Idriss Deby dit que son homologue camerounais Paul Biya vient de signer le décret pour la connexion du chemin de fer Cameroun-Tchad.

Moyalbaye Nadjasna

La plateforme syndicale revendicative a convoqué une réunion avec la base, vendredi 12 mars à la Bourse de Travail. Objectif : faire le point sur leur rencontre du jeudi, 11 mars avec le gouvernement. Reportage.

Bourse du Travail non loin de marché à mil, ce matin 12 mars. Il est 11 heures passées de quelques minutes. La cour du Quartier Général des travailleurs du Tchad grouille de monde. La base syndicale veut prendre connaissance des propositions du gouvernement. Barka Michel, porte-parole de la plateforme syndicale revendicative affirme que le gouvernement a reculé. Il propose dit-il, de payer un 1/12ème du montant total du titre de transport communément appelé le 13ème mois en avril au lieu de mai. « Nous sommes revenus à la base. Les camarades sont venus nombreux et nous avons échangé sur la question. Ce n’était pas du tout facile, le débat était âpre ». D’après M. le syndicaliste, après des discussions houleuses, les syndicalistes sont parvenus à ce consensus : les travailleurs exigent que le paiement s’effectue d’ici à la fin mars au lieu d’avril si le gouvernement est de bonne volonté. Sinon, la grève se poursuit. Au huitième jour, la plateforme va se retrouver pour une évaluation et voir ce qu’il y a lieu de faire, dit le porte-parole.  « La plateforme est chargée de renvoyer cette proposition vers le gouvernement », précise-t-il.

Selon Ngartoidé Blaise, Secrétaire National du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET) la médiation des religieux a échoué malgré les 23 jours francs accordés par la plateforme. Pour lui, les deux rencontres qui ont eu lieu avec le gouvernement et la plateforme n’a rien donné. « Cela veut dire que les religieux eux-mêmes sont arrivés à la limite de leur négociation », affirme-t-il. Il rajoute que le gouvernement veut que la plateforme signe un pacte social sans aucune garantie. « Si les enfants restent à la maison, c'est la faute du gouvernement et non des syndicats ».

« La paix exige le dialogue et la patience »

Contrairement aux syndicalistes, les religieux ne parlent pas d'échec de leur médiation. Selon Cheick Abdadayim Abdoulaye Ousmane, SG du Conseil Supérieur des Affaires islamiques du Tchad (CSAI), les négociations sont avancées. Il n’est pas un échec. « Nous voulons que gouvernement et syndicats sortent satisfaits », précise-t-il.

Pour le Pasteur Batein Kaligue, Secrétaire général de l'Entente des Églises Missionnaires et Évangéliques au Tchad (EEMET), une étape est passée, une autre viendra. « Le dialogue est un processus. Nous n’avons pas démissionné de cette médiation même si la plateforme n’est pas satisfaite et veut relancer la grève », argumente-t-il. Nous croyons, dit-il, qu’un jour nous arriverons à mettre fin à toutes ces grèves. « Nous confions ce processus à Dieu qui a le dernier mot. Le gouvernement et ses partenaires sociaux sont tous des fidèles. Les religieux sont des partisans de la paix, de dialogue et non la violence ».

Pour lui, s'opposer au dialogue ne serait pas un comportement sage. Il se dit déçu d'écouter les gens les taxer déjà d’être progouvernementaux. D’autres disent que les religieux viennent à la Présidence pour sortir avec des enveloppes. C'est déplorable de dire de pareilles choses. « On n’a pas désarmé. On n’a pas non plus plié bagages. Nous sommes toujours en train de négocier ».

Moyalbaye Nadjasna

Après la publication de la liste définitive des candidats retenus pour les élections présidentielles d’avril 2021 par la cour suprême, 30 jours est accordés aux candidats de battre leur campagne par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). L’heure est aux lancements des campagnes électorales. Le parti du Rassemblement National des Démocrates Tchadiens (RNDT) le Réveil « Coq blanc », a désigné son candidat. Et se dit fin prêt. Reportage !

Avenue Taiwan, au quartier Abena dans le 7ème arrondissement de N’Djamena. Vu de l’extérieur du siège du parti Rassemblement National des Démocrates Tchadiens (RNDT-Le Réveil), tout est calme cet après-midi du vendredi 12 mars. Un géant poster du président fondateur Pahimi Padacké Albert, accueille les visiteurs. À l’intérieur, les militants se concertent en petits groupes sur la bonne stratégie à adopter mené leur campagne qui débutera le 19 mars.

Selon le directeur national de la campagne de RNDT-Le Réveil, Mbaigolmem Sébastien tout est fin prêt pour le grand jour. Il assure que le 19 mars N’Djamena sera pris d’assaut, « nous démontrerons notre force et notre capacité pour remplir le stade Idriss Mahamat Ouya », dit-il. Le parti du Coq blanc, explique-t-il, est un grand parti politique qui fait peur au pouvoir. Pour lui, le temps est arrivé pour renverser la vapeur, car, le RNDT-Le Réveil est une force incontournable. Il affirme que les bureaux de soutien du parti au pouvoir ne sont que de lieu de commérages. Son parti n’a en a pas besoin. D’après lui, la population adhère selon sa conviction et à un programme politique, « chaque militant est investi comme un président, » dit-il.

Pour Pahimi Padacké Albert, le président national de RNDT-Le Réveil, la force de sa formation politique est la justice et l’équité au Tchad. « Le Tchad a besoin d’un changement à la magistrature suprême. Désisté à ces élections, est un manque de respect envers les militants de RNDT », dit-il. Le leader politique affirme que la situation que le Tchad traverse ne doit pas être vue comme un obstacle empêchant d’aller aux élections.

Une militante de RNDT-Le Réveil, écharpe au cou, casquette à la tête, déclare que le temps est déjà arrivé pour leur chef d’être blanc au Palais Rose (la Présidence). « Rien ne nous fait peur, nous allons battre MPS dans les urnes ».

Par contre, certains militants déplorent le fait que la campagne est lancée, mais le parti à l’effigie du coq blanc n’est pas encore visible. Pour eux, il est temps de se donner les moyens d’avoir plus de la visibilité. Il ne faut pas attendre le jour de l’entrée officielle du parti.

Djilel-tong Djimrangué

La CENI vient d’annoncer le début de la campagne présidentielle d’avril 2021. Ialtchad allé au siège du parti, Union pour le Renouveau et la Démocratie (URD) organisée en une plateforme dénommée Alternance 21. Reportage.    

Il était 10 heures passées au Siège national de l’Union pour le Renouveau et la Démocratie (URD). À l’intérieur du siège comme à l’extérieur, c’est le calme plat. Quelques militants et militantes tiennent des conversations amicales qui ressemblent fort bien à des échanges des personnes qui tentent de chasser l’ennui. M. Oumar Ibn Daoud, Directeur de campagne de la plateforme URD-Alternance 21 nous accueille. Notre première question fuse. Quand commence la campagne de l’URD ? « On est à pieds d’œuvre en train de faire le paquetage et multiplier les spécimens des affiches que la CENI a mis à notre disposition. Nous allons faire l’inventaire pour voir si ça peut couvrir nos besoins dans nos zones d’action. »

Selon lui, chaque candidat à sa manière de s’organiser, l’URD va commencer sa campagne d’ici le 15 mars à N’Djamena. Il explique que leur formation politique va au-delà de l’URD, c’est une plateforme dénommée « Alternance 21 » composée de 10 partis politiques. « Elle est encore ouverte à d’autres formations politiques qui voudront nous rejoindre », dit-il. Pour lui, un parti politique va aux élections sur la base de ses structures. Et celles de l’URD sont déjà activées pour battre campagne. Maintenant, c’est de mettre en synergie les actions avant de lancer la campagne, précise Oumar Ibn Daoud.

« Déraciner un vieil arbre de 30 ans nécessite une synergie d’action »

Pour lui, il ne suffit pas de créer des bureaux de soutien, mais il faut les animer à hauteur de l’évènement. C’est à la population d’adhérer à un programme politique. Et aussi à elle de se constituer en bureau de soutien.  « Nous les visitons et enregistrons tout simplement à partir du moment où le peuple déclare, nous voulons adhérer à votre vision, au niveau d’un carré, quartier voire une concession », indique-t-il. Bref, relève le directeur, l’aspiration ne peut venir que des citoyens eux-mêmes. « Alternance 21, veut déraciner un vieil arbre de 30 ans. Les efforts doivent venir de partout, de chaque tchadien épris qui veut du changement ».

Le Directeur de campagne de la plateforme Alternance 21, estime pour sa part que, la situation que nous traversons aujourd’hui est connue de tout le monde. Tous les secteurs de notre pays sont affectés, dit-il. Pour esquisser leur programme social, M. Oumar Ibn Daoud indique que la paix est sérieusement mise à mal. Aussi, dit-il, le peuple tchadien n’a plus confiance à l’État, mais plutôt à sa communauté. « La protection du peuple et de chaque individu où qu’il se trouve est du domaine régalien de l’État et non des communautés ».

L’éducation a un sérieux problème, fait-il remarquer. À la base explique-t-il, les villages sont abandonnés et les écoles fonctionnent avec une catégorie d’enseignants appelés maîtres communautaires. Pour lui, la liste est longue, « je n’ai cité que quelques exemples. Les problèmes du pays, nous allons nous y atteler ».

Moyalbaye Nadjasna

Son portrait géant trône en veillant majestueusement sur la Place de la nation. Mais sa personne et son histoire sont peu connues. En cette semaine de la fête de la femme, Ialtchad Presse vous présente capitaine Sarla. Portrait d’une géante.

Elle est encore vivante et en pleine forme. Toujours en service au sein de l’armée. Sarla Samandjou Tato est la militaire dont le portrait géant trône à côté de celui d’un autre officier à la place de la nation à N’Djamena.

Née dans les années 1976 à N’Djamena, Sarla Samandjou Tato n’est pas arrivée dans l’armée comme par hasard. Non plus parce qu’elle est déçue de la vie, mais par passion. Dès sa tendre enfance, elle avait envie de porter la tenue militaire. Et celles qui l’ont donné encore envie sont ses cousines, Bella et Assiam Vangtou, deux femmes militaires. « Chaque fois qu’elles venaient chez nous, cela m’excitait. Et je disais toujours il faut que moi aussi je devienne comme elles », se souvient Sarla, sourire aux lèvres. Mais avant d’intégrer l’armée, celle qui a la morphologie d’un homme s’intéresse au football. « Je jouais à la défense donc je cassais les attaquantes », s’esclaffe-t-elle. D’après elle, elle est prédestinée à exercer les métiers des hommes. « J’étais plus imprégnée dans le milieu masculin ».

L’entrée dans l’armée

Si déjà en son temps (1980-1999), l’armée comptait dans ses rangs des femmes, aucune n’est passée par l’école des sous-officiers. Et ce qui fait la particularité de l’histoire de capitaine Sarla Samandjou Tato, c’est son passage à cette école. Elle est la première femme tchadienne à intégrer l’école des sous-officiers, le Groupement des écoles militaires interarmées (GEMIA).

1999, deux ans après l’obtention de son baccalauréat. Le concours d’entrée à l’école des sous-officiers est lancé. Sarla, la passionnée du métier des armes, n’est pas au courant. Un de ces condisciples qui connaît son désir l’informe presque à la clôture des dossiers. Informée, Sarla n’a pas de l’argent pour constituer son dossier. Sa mère non plus n’a d’argent.  « Heureusement elle m’a remis une chèvre que j’ai vendue à 12 000F. Ce qui m’a permis de constituer le dossier », souligne-t-elle. Grâce à l’aide de son ami, elle dépose son dossier, le jour de la clôture des candidatures. Seule femme a ce concours, les hommes l’intimidaient. « Ils me disaient : ici c’est réservé aux hommes. Pas aux femmes », dit Sarla. Déterminée, elle ne s’est pas laissé décourager. Elle passe le concours et au bout de 2 ans (2001) elle sort Sous-lieutenant puis Lieutenant en 2003. « Le premier jour où j’ai porté la tenue militaire, je me suis dite j’ai relevé le défi. Ma joie était grande », raconte celle qui est aujourd’hui capitaine.

L’immortelle Sarla

À sa sortie de l’école, Sarla a intégré l’Intendance de l’État-major général des armées. Faisant ses preuves, elle a occupé différents postes de responsabilité. Ces compétences et son abnégation au travail ont payé. Elle a participé à plusieurs reprises à des missions extérieures. À Bangui, dans le cadre de FOMUC et de FOMAC puis à Kidal avec la MINUSMA. 

En 2010, le gouvernement décide de l’immortaliser. Celle qui est la première femme à intégrer l’école des sous-officiers voit son portrait dressé à la place de la nation à N’Djamena à côté d’un autre officier. Ce, dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance du Tchad. « Je suis très enthousiasmée par cet hommage. Avec cette statue, même si je meurs je sais que je suis vivante », ironise-t-elle. 

Rentrée récemment du Mali, Sarla a regagné son service, la direction des services administratifs et financiers (DIRSAFI), mais sans poste. Mariée à un militaire et mère de trois filles, capitaine Sarla dit faire la différence entre la vie civile et la vie militaire. « À la maison, je fais mon devoir d’épouse et de mère. Au service, j’assume mes fonctions avec rigueur ».

Interrogée sur le traitement de la femme dans l’armée, capitaine Sarla ferme affirme, « dans l’armée, il n’y a pas de catégorisation. Tout le monde est traité sur le même pied d’égalité. » L’élève de la 16e promotion des sous-officiers dit faire l’objet d’une considération remarquable de la part de ses collègues. Sur son avenir dans l’armée, Sarla ne compte pas s’arrêter au grade de capitaine. « Pourquoi pas être aussi la première femme avec le grade de Général », rêve-t-elle.

Voici donc l’histoire qui se cache derrière la statue de la dame militaire dressée à la place de la nation.

Christian Allahadjim 

Les établissements publics d’enseignement sont en grève depuis 24h suite au mot d’ordre de sous-section de la plateforme revendicative des enseignants de la province de N’Djamena. Reportage

Il est 10h. Les cours des établissements publics sont presque vides. Il y a des moutons, chèvres, et quelques élèves traînent encore dans la cour. Motif : les enseignants sont en grève. Aux Lycées de Walia, Félix Eboué, le constat est le même. Mais, ce n’est pas le cas du Lycée la Liberté dans le 5e arrondissement où il y a eu quelques échauffourées entre les élèves et les forces de l’ordre.

A l’entrée de ce Lycée, les véhicules du Groupement militaire d’intervention police (GMIP) sont visibles. Un enseignant de la 6e est assis un bâtiment, corrige les copies. Il explique sous le sceau de l’anonymat, « on était surpris lorsque les forces de l’ordre sont montées à l’assaut de l’établissement. Le problème ne vient pas des élèves ».

Selon lui, le mot d’ordre de la grève vient des syndicats, mentionne l’enseignant. Il répète que cette grève ne concerne pas les élèves. « Quand les élèves étaient venus ce matin, on les a libérés. Ce sont les policiers qui ont attaqué nos élèves », dit-il. Toujours selon l’enseignant, cette manifestation ne vient pas des élèves, mais cel vient plutôt d’une bande inconnue. « C’est une manifestation est venue de dehors. Et comme le Lycée est en face du marché, les élèves qui étaient hors de l’établissement fuyaient pour regagner la cour intérieure. Les policiers ont profité pour jeter du gaz lacrymogène. C’est malsain, » déplore l’enseignant.

Un homme voisin de l’établissement qui a assisté à l’affrontement affirme, « cela est lamentable et regrettable que jusqu’à nos jours, les policiers continuent à tirer de lacrymogène sur les élèves et les paisibles citoyens ». Pour lui, les élèves rentraient, les policiers les ont repérés. Ensuite, ils ont commencé à tirer de gaz lacrymogène.

Dans une salle, un élève de la terminale D, seul, avec un livre de mathématique en main, nous reçoit.  « Tout est allé très vite. Cela à engendrer des désordres, » dit-il. Pour lui, les cours ont à peine repris. Et la grève reprend « le gouvernement ne se soucie pas de l’avenir de l’école tchadienne. Les policiers sont venus nous chasser dans notre cour de l’école à coup de gaz lacrymogène. »

Selon des sources sécuritaires, 3 véhicules des forces de l’ordre sont cabossés par les manifestants. Il n’y a pas eu, semble-t-il, des arrestations.

Djilel-tong Djimrangué  

Il a trimé dur pour vivre sa passion. Rien n’a été facile, mais il s’est accroché. Aujourd’hui il est gastronome et rêve d’être ambassadeur de la gastronomie tchadienne. Entrevue avec le cuisiner et pâtissier Hissène Mahamoud.

Qui est Hissein Mahamoud ?

Écoutez c’est dur de parler de soi. Vous savez, on porte en nous nos bagages culturels. Il est très mal vu de parler de soi. Je dirais simplement que je suis Hissein Mahamoud chef cuisinier pâtissier franco-tchadien. Je suis né à dans la belle palmeraie de Faya, dans l’extrême-nord du pays. J’ai fait mes premières études entre cette ville-palmeraie et la capitale, N’Djamena. J’ai fait des études supérieures en Algérie. Et surprise en Lettres Modernes. En 2007, j’ai posé ma valise en France, ou j’ai changé de filière pour faire des études en gastronomie.

Pourquoi ce revirement brusque ?

Je me suis posé beaucoup de questions avant de me lancer dans la gastronomie. Puisque ce n’est pas ce que la famille attendait de moi. Pour eux, c’est les Lettres Modernes pour le métier d’enseignant, mais le destin en a voulu autrement. Il faut dire que la gastronomie est une question de passion pour moi. J’en étais passionné depuis mon enfance, mais au Tchad il est difficile de s’exprimer. Et plus encore les communautés nordistes très fermées et conservatrices. Au début je me cachais sous des pseudonymes sur les réseaux sociaux pour faire mon métier. Comme je gagnais bien ma vie, j’ai décidé de sortir de l’anonymat. Il n’y avait aucune raison de rester caché. Cuisiner est un métier comme un autre. Surtout que je ne volais personne. Le public m’a découvert et apprécié ce que je fais. Voilà une partie du film de ma vie qui m’a conduit où je suis aujourd’hui. J’espère que Dieu me prêtera vie pour continuer à progresser et réussir mes projets.

Quel est le regard de votre entourage ?

Mon entourage est très fier. Surtout ma mère elle est vraiment comblée. Je tiens à lui rendre hommage. Elle est mon pilier.

Combien de temps vous êtes dans le métier ?

12 ans

Est-ce que l’art culinaire tchadien est valorisé ?

Oui je crois que l’art culinaire est valorisé au Tchad. Le Tchad est très riche parce que moi en tant que pâtissier, je réalise mes produits à base de nos recettes locales. Il y a des produits qu’on ne trouve nulle part en Europe. On a aussi des valeurs dans ce pays. J’ai créé un Label spécial pour mettre en scène cette culture culinaire du Tchad. Cette richesse que Dieu nous a donnée. Dommage que très peu en en sont conscients.

Par exemple, j’ai réalisé des gâteux et des macarons à la spiruline. C’était très apprécié et très bon. Un produit qui se vend très bien en France. J’ai aussi créé une pâtisserie que j’ai dénommé Paris-N’Djamena, qui est le dérivé de Paris presse qui n’est rien d’autre que la tour de France. J’ai imité cela pour introduire  le « cournaka ». Cette création cartonne bien en France. Et il y a aussi le chococise, un mixage américano- tchadien dans les biscuits. Au lieu de mettre les chocolats j’ai mis des dattes tchadiennes.

 Est-ce que l’art culinaire tchadien a un avenir ?

Oui. Pourquoi vous savez ? Parce que là je suis à ma troisième édition de Master class. À la première année ont était 3 personnes, à la 2ème ont était 5 et la 3ème ont était 8 personnes. Donc il y a de l’avenir dans la cuisine tchadienne. Le public commence à comprendre l’importance de la cuisine. Je rencontre beaucoup de personnes comme moi. Ils veulent vivre leur passion de la cuisine, mais s’abstiennent par peur d’être jugés par les autres, ils se cachent. Mais dans la vie il faut affronter les choses. Le fait d’être parti du pays m’a beaucoup aidé. Je me suis dit parfois que si j’étais resté au pays, j’aurais des problèmes avec ma famille, puisqu’être cuisinier pour eux est un insensé.

Est-ce que le Tchad a des structures de formation ?

Je n’ai pas encore vu une structure qui forme les jeunes pour ce métier. Un de mes projets est de créer une école de formation pour la gastronomie tchadienne. J’ai échangé avec le ministre de la Culture et de l’Artisanat à ce sujet.

Quelle est la spécialité de l’art culinaire tchadien ?

Le Tchad regorge de spécialités. Chaque province du Tchad a une spécialité même si je suis incapable de vous citer une spécialité. J’entends, je lis, je vois à travers les débats sur les réseaux sociaux. Le pays est riche en matière de ses spécialités culinaires. Nous devons faire quelque chose. Pourquoi pas organiser un festival gastronomique inter provincial pour valoriser nos spécialités ? Vous voyez par exemple au sud du Tchad, on a la sauce longue, au centre on a le koumranga, etc. C’est d’une richesse inouïe.

J’appelle nos gouvernants à valoriser la gastronomie tchadienne, à diversifier cette culture. Franchement je suis en train de me transformer en ambassadeur de la gastronomie tchadienne. Il me faut l’appui de l’État tchadien. Je voudrais être entendu. Le ministre m’a déjà fait la promesse de valoriser la gastronomie tchadienne. Et donner ainsi la chance à tous ceux qui veulent faire la cuisine.

Pensez-vous venir vous installer au Tchad ?

Sans retenu, je réponds oui. J’ai des promesses pour cela. Je reviendrais m’installer la tête haute pour transmettre mon savoir à ceux qui le désirent. J’ai un projet que j’ai soumis. J’attends la suite de l’État tchadien puisque de l’autre côté de la France c’est déjà bon.

Réalisation, Christian Allahdjim

Au Tchad, la tomate est produite en abondance, mais elle est une denrée périssable. La plupart des producteurs et les grossistes jettent les invendus qui risquent de pourrir entre leurs mains. N’existe-t-il pas des techniques de conservation ? Reportage

La tomate est produite dans plusieurs zones du pays. Le Tchad ne dispose qu’une seule usine de transformation de fruit à Doba. Elle est fermée depuis plusieurs années. La plupart des producteurs des tomates après un dur labeur voient pourrir leurs produits. Selon Moustapha Djibrine, tout le monde est perdant : producteurs, grossistes et même les consommateurs. « Vous voyez, ils sont dans des caisses, sinon pendant le transport tous vont pourrir. On dit qu’une tomate pourrie pourrit toutes les autres. Malgré cela, c’est difficile. On finit toujours par en jeter », déplore-t-il.

Pour Mahamat Abdelkrim Ahmadaye, technicien à Direction de la Nutrition et de la Technologie Alimentaire (DNTA), il est possible de conserver les produits agroalimentaires comme la tomate. D’abord, c’est un problème de volonté, le vouloir c’est déjà le pouvoir, dit-il. Pour lui, la tomate fait partie des fruits qu’on peut conserver d’une manière élémentaire sans avoir besoin de connaissances techniques agro-industrielles très approfondies Il propose aux producteurs trois techniques de conservation artisanale et ancestrale de la tomate. Il faut d’abord pellée la tomate.

La première technique consiste à sélectionner les tomates mûres, les laver, les chauffer, laisser refroidir et les éplucher. Les pétrir puis les passer à la stérilisation à un degré souhaité, le laisser refroidir, embouteiller et étiqueter.

La deuxième technique explique-t-il, c’est la conservation sèche. « On sèche la tomate après avoir découpé en tranche », dit le technicien.

Travailler en amont

« En période de pic, de forte production, il faut un travail en amont. Il faut former les producteurs. Quel type de tomate produire ? Parce qu’il y a plusieurs variétés », déclare Mahamat Abdelkrim Ahmadaye. Pour lui, l’agriculture n’est pas un métier de pauvre. Selon lui, au Soudan, au Nigeria et aux États-Unis, c’est de grosses fortunes qui investissent dans l’agriculture. « Lorsque le Président de la République demande aux Tchadiens de s’investir dans l’agriculture, le message n’est pas agressé au petit paysan sans moyens au fond du village qui vit avec moins d’un dollar par jour ». Il rajoute « je demande aux opérateurs économiques d’aimer la terre, la main d’œuvre est là. Ce sont des milliers d’emplois pour les jeunes. Et nous, en tant que nutritionnistes et technologues nous feront le suivi », dit-il. M. Mahamat Abdelkrim Ahmadaye demande à la population et aux producteurs de venir vers eux, les techniciens pour recueillir de conseils. Au lieu de jeter les tomates invendues, « nous allons leur proposer des solutions ».

Le technicien de la DNTA affirme que la DNTA est un service public. Il est ouvert à la population. Il indique que la direction dispose des ressources humaines compétentes pour former les producteurs.

Il interpelle les autorités et les partenaires techniques et financiers de se rapprocher de la DNTA pour voir ensemble les faisabilités de vulgarisation de plusieurs techniques au plus grand nombre.

Moyalbaye Nadjasna

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