Les jeunes filles tchadiennes affrontent avec beaucoup de difficultés les premières règles. Un coup dur pour celles qui ne sont pas averties sur ce changement physiologique, une situation normale pour celles qui s’y sont préparées. Madame Dendar Mba Anastasie sage-femme à l’Association tchadienne pour le Bien-être Familial ASTBEF, donne des éclaircissements sur l’hygiène menstruelle. Reportage.
L’hygiène menstruelle appropriée fait appel à l’accès par les adolescentes et les femmes à des produits propres pour absorber ou recueillir le sang menstruel. Ces dispositifs peuvent être changés en toute intimité aussi souvent que nécessaire pour toute la durée de la menstruation. Une fille qui a des menstrues est tenue de faire de l’hygiène menstruelle, une de sa priorité. C’est-à-dire elle doit prendre du temps pour se laver deux à trois fois par jour durant toute la période de la menstruation et laver sa couche si elle est traditionnelle. Affronter les premières règles et l’hygiène qui l’accompagne est très difficile pour les jeunes filles surtout dans nos communautés ou les parents ne parlent pratiquement pas de cela avec leurs progénitures.
Pour madame Mba Anastasie sage-femme à l’ASTBEF, les parents doivent faire ce travail d’information au préalable, c’est-à-dire briser le tabou autour du sexe et parler franchement à une enfant pour le préparer. « La maman doit préparer la fille pour qu’elle aborde cette période, mais beaucoup de parents ne le font pas. Quelques fois les filles voient leurs premières règles étant à l’école. Elles sont stressées et ont honte d’elles même. Nous parents sommes appelés à préparer la fille pour qu’elle ne se sente pas gêner parce que les règles font de la fille d’aujourd’hui, une femme de demain », explique-t-elle. Parlant de l’utilisation des couches par une fille en règle, la sage-femme indique que cela dépend de l’organisme de chaque individu. Tout de même, dès que la fille en menstrues voit que sa garniture est trop mouillée, elle peut prendre une douche correctement et la changer. Elle ne doit pas laisser la seule garniture du matin jusqu’au soir, ajoute-t-elle.
Que les filles n’ont pas honte d’avoir les menstrues parce que c’est un phénomène naturel. Et l’arrivée des règles ne peut pas constituer un obstacle pour les filles dans l’exercice de leurs activités, affirme Mme Mba Anastasie. À son avis, les filles peuvent normalement vaquer à leurs occupations quand elles sont en règle. L’idéal est qu’elles soient propres pour ne pas courir le risque des infections. Le silence actuel sur la menstruation des femmes et des adolescentes les prive d'une information importante concernant leur propre corps, leur santé, leurs droits à l'éducation et enfin au respect de la dignité et des droits de la personne humaine. Malgré le fait que la menstruation soit un processus biologique naturel, les règles sont stigmatisées, abordées avec hésitation et mal connues, à cause des tabous culturels profondément enracinés dans nos communautés, dit Mme Mba.
Kouladoum Mireille Modestine
Seulement 4 mois pour consommer les 18 mois prévus pour la transition au Tchad. Le spectre de prorogation taraude les esprits des Tchadiens. Pour éclairer la lanterne de ses lecteurs, Ialtchad a donné la parole à deux analystes. Selon professeur Ahmat Mahamat Taboye, enseignant chercheur et ancien ministre la prorogation ne fait pas de doute. Dr Saleh Bakari, lui estime que le Tchad entre dans l’histoire en reculant. Analyse et reportage sur les enjeux.
Les Tchadiens s’interrogent sur les enjeux de la transition en cours. Les 18 mois de transitions sont pratiquement consommés, deux fois, le dialogue national inclusif (DNI) est reporté, le pré-dialogue des politico-militaires est à la traîne. Selon professeur Ahmat Mahamat Taboye, enseignant chercheur et ancien ministre sous Idriss Deby, la transition est une période d’exception. Lorsqu’on voit les gens sortir pour manifester, dit-il, c’est leur droit, mais ils ont aussi de devoirs de retenu. « Dans une telle période, le droit de manifester doit être suspendu. La raison, la sécurité du citoyen et de l’État ne dépend que des autorités de la transition. Elles seules doivent la piloter. On ne peut pas s’autoriser pendant la période de transition à faire ce qu’on veut. Cette vacance de pouvoir ou de la gouvernance ne peut être gérée que par les autorités transitoires », explique M. Ahmat Taboye. La transition devrait s’organiser et nous organiser de telle sorte à nous sortir de cette période difficile que nous avons connue après de la mort brusque du maréchal du Tchad Idriss Deby Itno, estime le Pr Taboye. C’est un vide politique qui doit être comblé par tous les membres de la communauté tchadienne, souligne-t-il. Ce qui sous-entend à son avis, une entente, un dialogue, le pardon et surtout des méthodes. Pour lui, on ne doit pas aller dans tous les sens. « Ce qui nécessite d’être souligné, on a craint le pis après le décès du maréchal. Les débâcles, la catastrophe ou la violence. Pour moi, si les gens le croient ou pas, notre armée a démontré qu’elle ne sait pas tirer seulement que sur des cibles militaires, mais elle a réussi à nous sauver de débâcles et de la vacance de l’État. Notre armée a réussi a mettre la sécurité jusqu’à nos frontières », dit-il.
Concernant transition, M. Ahmat Taboye indique qu’en toute logique les 18 mois ne suffisent pas. « Il ne reste que 4 mois, soyons réalistes, les politico-militaires sont dehors d’autres sont mécontents. Je ne pense pas que la présidence du CMT ne puisse régler en 4 mois tout ce problème-là. En toute sincérité qu’on le veuille ou pas on aura la prolongation », analyse le professeur. Pour le dialogue de Doha, il dit avoir appris qu’il y a eu des propositions et un accord de paix. Si c’est cela, c’est une bonne chose, mais il faut que cet accord de paix vienne à N’Djamena et soit porté à la connaissance d’autres composantes politiques du pays, soutient-il. « Tout ce qui se passe dans ce pays-là c’est la gestion de la gouvernance de l’État. Nous sommes dans un pays vaste, de 1 284 000 km2 peuplé par peuplade de petites communautés juxtaposées. Ces peuplades sont éloignées par l’espace et la tradition. Il faut amener tout ce monde à s’entendre et avoir un bien commun, un destin national. Ce ne serait pas possible de la faire en 4 mois ou 18 mois », assure Ahmat Taboye.
« On entre dans l’histoire en reculant »
L’historien Dr Sali Bakari, lui aussi enseignant chercheur estime que le pouvoir militaire a été mis sur pied par un impératif de paix et de sécurité. Malheureusement, constate-t-il, que la recrudescence de la violence telle que les conflits intercommunautaires, les manifestations et dernièrement les confrontations qui se sont déroulées à Kouri Bougoudi dans le Tibesti sont déplorables. D’après Dr Sali Bakari, tout porte à croire que la transition sera prorogée. Selon lui, il y a une autre lecture de la chose. L’historien précise que la transition ne se résume pas seulement sur la durée de 18 mois. Mais c’est une occasion pour refaire un nouveau Tchad, dit-il. Même si on organise un dialogue et des élections, cela ne va pas résoudre le problème des Tchadiens indique l’enseignant chercheur. « Ce que les Tchadiens veulent n’est pas un agenda qui se focalise sur les élites politiques du pays ou sur les partenaires. Ils ont besoin d’être nourris, logés, bien se soigner, des routes pour bien circuler », dit-il. À son avis, c’est difficile à comprendre qu’on soit en 2022 et le taux de couverture en électricité ne soit que de 10%. « Les Tchadiens vivent dans leur propre pays comme s’ils étaient des étrangers. Cela n’est pas normal. Il faut qu’on passe de pacte de sécurité qu’on nous a plongé depuis 1960 jusqu’aujourd’hui à un pacte social. La paix et la stabilité c’est fondamental, mais il n’y a pas que cela », affirme Dr Sali.
L’historien pense que les autorités doivent comprendre que la marche contre la présence militaire au Tchad organisée le 14 mai dernier n’est qu’une expression de la colère d’un peuple. Un peuple qui a trop souffert, qui vit dans la pauvreté et qui pense que c’est la France qui devrait être à l’origine de sa souffrance, explique-t-il. « Les organes de transition doivent revoir leur manière de lire les évènements, les évaluer. Prendre des décisions dans les circonstances pareilles », assure Dr Sali. Pour l’analyste, le Tchad entre dans l’histoire en reculant. Aujourd’hui, soutient l’enseignant chercheur, personne ne croit en ce que dit les gouvernants. « le peuple a atteint un niveau de rupture de confiance. Le peuple ne s’intéresse pas à celui qui parle, mais à celui qui parle qu’est-ce qu’il produit comme acte. Ce n’est pas le propre du Tchad, mais pareillement dans beaucoup d’autres pays africains. La confiance ne peut s’établir que si l’élite assume sa responsabilité. Privilégier l’intérêt général au détriment de l’intérêt personnel (clan, ethnie ou région) », conclut-il.
Moyalbaye Nadjasna
L’Union des Syndicats du Tchad (UST) a tenu une Assemblée générale évaluative ce 31 mai à la bourse du travail. Assemblée au cours de laquelle la grève qu’a lancée l’UST depuis le 25 mai dernier a été évaluée. Toutes les sections syndicales sont représentées et chaque section a pris la parole pour évaluer la grève. Reportage.
À l’entame de l’Assemblée, les leaders donnent la nouvelle de leurs camarades en prison. Les prisonniers sont en bonne santé et demandent aux autres de ne pas penser à eux, mais plutôt de penser à la lutte. Après cela, les responsables des sections syndicales affiliées à l’UST ont pris chacun la parole pour évaluer la grève dans leur section respective. Ils ont exprimé les problèmes qu’ils rencontrent dans leur lieu de service. Ces problèmes sont entre autres la non-reconnaissance de la grève par leurs chefs de service et les menaces de certaines autorités qui pèsent sur eux.
Le vice-président de l’UST Younouss Mahadjir prend la parole pour galvaniser ses pairs en ces termes, « nous avons été arrêtés, nos salaires coupés, on a été affecté, mais cela ne nous a pas empêché de continuer la lutte », a-t-il dit. Il a ensuite parlé de la rencontre que les responsables de l’UST ont eu avec les autorités au sujet de la grève. Selon lui, c’est le dilatoire, sinon rien de concret n’a été dit. « Connaissant les forces, les faiblesses et les mensonges de nos autorités, nous sommes restés sur notre position pour demander la libération de nos camarades. L’arrestation de nos camarades est une goutte d’eau qui a débordé le vase sinon on compte déclencher en grève pour violation flagrante du pacte social triennal par le gouvernement», déclare-t-il. Faisant allusion au pacte social, Younouss Mahadjir affirme également que le Fonds Monétaire international (FMI) et la Banque Mondiale (BM) ont exigé au gouvernement que l’UST pose sa signature sur le pacte social. Alors s’il se retire maintenant, le pacte n’aura plus de valeur. Nous tendons vers le retrait parce que sur tous les points de revendication inscrits dans le pacte, c’est sauf les frais de transport qui ont été honorés, a-t-il ajouté.
Montanan Ndinaromtan secrétaire général du SYNTASST affirme, lui, que toutes les sections syndicales se réunissent chaque jour à partir de 11h pour évaluer la grève. Il partage avec les autres les informations sur la grève dans les provinces. Pour lui, la centrale syndicale est en contact direct avec les provinces. La grève est suivie sur l’ensemble du pays malgré certaines pressions de certaines autorités locales, affirme-t-il. Montanan Ndinaromtan fait la restitution de la rencontre qu’ils ont tenue avec le ministre de la Santé publique. « Le ministre a convoqué tous les responsables des sections syndicales et a fait de plaidoyer pour que les syndicats reviennent au meilleur sentiment afin de trouver une solution à l’amiable. Si le gouvernement est responsable, il allait résoudre le problème quand nous avons lancé le préavis. Mais, l’expérience nous a démontré que dans notre pays, les autorités ont tendance à ne pas résoudre les problèmes rapidement, mais plutôt à les compliquer », explique-t-il. Il rappelle à ses camarades que les syndicats et le gouvernement se sont mis d’accord sur certains points dans le pacte social que chaque partie doit respecter. Mais force est de constater qu’il y a une impasse du côté gouvernemental. Nous avons attiré leur attention à plusieurs reprises, mais malheureusement, ils ne nous ont pas écoutés, a-t-il conclut.
Kouladoum Mireille Modestine
Un banal accident sur la voie publique aux environs de 13h en face de la maison de culture Baba Moustapha a failli tourner au lynchage. Une Française a percuté deux jeunes sur une motocyclette. L’affaire a failli tourner au vinaigre n’y été l’intervention de la gendarmerie nationale tchadienne.
Une citoyenne française qui conduisant sa voiture de marque RAV4 grise d’une plaque CD (Corps Diplomatique) roulait à toute allure a percuté au rond-point entre l’ambassade de l’Allemagne au Tchad et la Maison de culture Baba Moustapha deux jeunes sur une moto de marque Hajoue de couleur rouge. Un des accidentés, Djimet Ahmat âgé de trentaine d’années affirme, « nous avons quitté l’axe commissariat central pour se rendre à Chagoua. Arrivée au rond-point de la maison de culture Baba Moustapha, une voiture conduite par une Française nous a percutés par derrière. Sur-le-champ elle a fait un appel d’intervention de service de sécurité de l’ambassade de France pour venir la récupérer. Une fois arrivés, sans constat, les agents de sécurité de l’ambassade de France au Tchad m’ont demandé d’aller me faire soigner et de les retrouver à l’ambassade. Nos gendarmes arrivés avec un léger retard m’ont demander de laisser tomber l’affaire et d’exécuter ce que les agents de sécurité de l’ambassade de France m’ont dit ». Pour Abdallah, témoin oculaire « elle roulait à vive allure et les a percuter par derrière. Et on leur demande d’aller soigner les blessures et de déposer le rapport médical à l’ambassade. Ce n’est pas respectueux ».
L’accident s’est déroulé alors que l’équipe des journalistes de la rédaction était en route vers un autre reportage et est tombée par hasard sur l’incident. Sur les lieux de l’accident, le ton a vite monté entre les civils tchadiens qui s’attroupaient et le comportement cavalier des agents de la sécurité de l’ambassade de France qui refusaient d’attendre le constat de la police de circulation routière. Ils ont tout fait pour bâcler le constat, qui n’a finalement jamais eu lieu. Ils ont été aidés en cela par les gendarmes tchadiens sur place. Tous étaient préoccupés par le sort de la Française que par les blessures des accidentés. Cette attitude a fait réagir plusieurs passants rage de colère.
N’eut été l’intervention des agents de sécurité de l’ambassade de France au Tchad et les gendarmes, cette dame aurait pu être lynchée par la foule.
Un complexe scolaire d’obédience religieuse composé du préscolaire et de l’élémentaire a été réduit en cendre. L’incendie d’origine inconnue pour le moment n’a pas fait des dégâts humains, mais des pertes considérables en matières didactiques. Reportage.
Le complexe scolaire privé évangélique « Shalom la lumière », situé au quartier Walia Ngosso, dans le 9e arrondissement de la commune de N’Djamena est réduit en cendre. Les tableaux et les tables-bancs sont complètement calcinés. L’effectif de cette école est 375 élèves, de la maternelle au primaire. Sauf la direction qui a été sauvée par les voisins qui ont défoncé la porte pour sauver les documents administratifs et didactiques. L’incendie a lieu dimanche matin. L’origine de cet incendie est encore inconnue pour le moment.
Créé il y a 6 ans, ce complexe scolaire de confession religieuse comptait 6 salles de classes du préscolaire au primaire dont les 4 classes sont construites en paille et deux salles en terre bâtie. Selon le fondateur de l’établissement, Nadjiorta Ndouba Bruno, c’est une surprise pour lui, car c’était le dimanche matin et il était à l’église. « C’est au culte que j’ai reçu l’appel des voisins et je me suis précipité, mais c’était trop tard. Tout a été déjà embrasé par le feu », explique le fondateur et directeur administratif et financier du complexe scolaire. Il ajoute qu’il ne connaît pas encore l’origine de cet incendie. Selon lui, c’est sa tante qui a vu l’incendie et a hélé les voisins, mais quand ils étaient venus, c’était tard, rien n’a été sauvé. Tout est parti en fumée, précise Nadjiorta Ndouba Bruno. Le fondateur qui explique la situation avec tristesse ajoute qu’il ne sait quoi faire. « Je bénis le seigneur, pour ce qu’il nous a fait, il n’y a pas eu de décès ni de blessés », dit-il. Il souligne qu’heureusement, ils viennent de finir avec le dernier examen de passage et que les carnets de notes des élèves sont sains et saufs. Le directeur administratif et financier évalue les pertes causées par l’incendie à plus de 3 millions de FCFA. Il lance un SOS aux partenaires et aux personnes de bonne volonté de les aider à reconstruire l’école avant l’année scolaire prochaine.
Pour la témoin et tante du fondateur du complexe scolaire, Ménodji Christine, c’est depuis 2 ans que l’école est logée sur son terrain. Selon elle, c’était le dimanche matin que l’incendie a eu lieu, elle se reposait dans la salle de classe des élèves de cours préparatoire première année (CP1) et qu’il n’y avait personne. Mme Christine explique que c’est son fils qui jouait sous un arbre qui a vu la fumée sortir dans la classe de CE1 et l’a réveillée et aussitôt elle a crié au secours aux voisins. Elle ajoute que les fidèles croyants de l’église voisine qui étaient venus leur donner coup de main, mais le feu a embrasé toutes les autres salles de classe. La veuve soutient qu’elle a perdu 102.125 FCFA et un appareil portable calciné. Elle affirme aussi qu’un jeune voisin qui cherchait à verser de l’eau sur le feu a de brûlures assez graves au pied droit et affecté à l’hôpital le bon Samaritain de Walia.
Depuis le début d’année, la ville de N’Djamena fait face à plusieurs cas d’incendie, d’origine parfois inconnue. Le Maire de la ville avait appelé les populations à la vigilance et à adopter un comportement citoyen afin d’éviter les incendies.
Jules Doukoundjé
Ce matin, 31 mai 2022 a eu lieu au Centre d'Étude et de Formation pour le Développement (CEFOD) l’atelier de validation du plan de renforcement des capacités du Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique avec l'appui de l'UNESCO. Reportage.
Dans son discours de bienvenue le Secrétaire général du Ministère de l'Éducation nationale, Mahamat Seid Farrah a souligné que le Plan intérimaire de l’Éducation au Tchad (PIET 2018-2020), arrimé au plan national de développement, pour la période 2018-2020 a identifié les contraintes liées au développement des capacités en planification et gestion de l’éducation et à la gouvernance. Malgré les efforts déployés pour l’amélioration de l’administration du secteur, celle-ci reste marquée par la faiblesse des capacités de pilotage stratégique, la prévalence d’un mode de gestion axé sur les moyens et non sur les résultats, l’insuffisance de suivi et de contrôle du système et l’insuffisance des crédits alloués au secteur. Ces difficultés persistantes se traduisent par une gestion des ressources humaines marquée par de l’incohérence et le manque de transparence et d’efficacité dans l’allocation des personnels, une gestion pédagogique qui souffre de l’absence d’une culture d’évaluation et dont les résultats obtenus restent en deçà des attentes, a-t-il dit.
Pour relever ces défis, il affirme qu'il est nécessaire de « se doter d’un plan stratégique de renforcement des capacités » comme un moyen de consolider et de pérenniser les bases indispensables à la gestion et au pilotage efficaces du système éducatif. C’est dans ce sens que, lors de l’élaboration du Projet de Renforcement de l’Éducation et de l’Alphabétisation (PREAT), le Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique a inscrit, parmi les priorités, l’élaboration d’un plan de renforcement des capacités du ministère.
Dans son mot d'ouverture, le Coordonnateur par intérim de l’Antenne de l’UNESCO au Tchad M. Adjanohoun, Maxime Joseph Richard, le Plan intérimaire de l’Éducation du Tchad (PIET) pour la période 2018-2020 a relevé des actions urgentes qui visent l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages à tous les niveaux. Il ajoute que dans le cadre de la mise en œuvre du PIET, il est prévu l’élaboration du plan de renforcement des capacités des institutions et des cadres du ministère. Il soutient que dans le cadre du Projet de Renforcement de l’Education et de l’Alphabétisation au Tchad (PREAT), une des sous-composantes de la composante Amélioration des capacités de gestion du système porte sur le « Renforcement des capacités de pilotage et de gestion ». Selon lui, la sous-composante vise à renforcer les capacités de pilotage et de gestion du système à travers, d’une part, la conception et la mise en œuvre d’un plan de formation destiné aux structures clés du Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique en charge de la planification, de la programmation, de la gestion administrative, financière et de l’administration scolaire ; et d’autre part, l’appui à la structure de gestion et de pilotage de PIET et aux directions stratégiques impliquées dans la mise en œuvre du Projet à travers notamment la dotation en équipement informatique de ces structures clés du Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique.
Rappelons que cet atelier vise à consolider et de pérenniser les bases indispensables à la gestion et au pilotage efficaces du système éducatif tchadien.
Ousmane Bello Daoudou
Abderamane Moussa Amadaye
Dans le cadre de l’organisation, du prochain dialogue national inclusif (DNI), le comité technique d’organisation (CODNI), décide d’organiser une série de conférences-débats publiques. C’est dans ce sens qu’a lieu ce lundi après-midi dans l’auditorium de l’Office National des Médias Audiovisuels (ONAMA), une conférence débat sur le thème « la démocratie au Tchad : états des lieux et défis ». Toute la semaine plusieurs thèmes seront débattus. Reportage.
Le comité technique pour l’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) organise toute cette semaine une série de conférences-débats publiques sur le dialogue, le pardon et la réconciliation nationale. Ce lundi après-midi, dans l’auditorium de l’ONAMA, des conférenciers composés des juristes chercheurs, hommes politiques et journalistes analystes politiques ont débattu sur le thème « la démocratie au Tchad : états des lieux et défis ».
Pour Dr Ramadji Alfred, enseignant chercheur et analyste politique, la démocratie au Tchad n’a pas commencé en 1990, mais bien avant. Selon lui, aux indépendances, le pays vivait une vie démocratique animée par des partis et c’est en janvier 1962 que le premier président François N’garta Tombalbaye a érigé son parti en pari unique en supprimant le multipartisme. Le chercheur a fait l’état de lieux de la démocratie de notre pays avant de faire un constat. Il rappelle que le Tchad a connu plusieurs crises sociopolitiques et le premier c’est en 2005, l’année où il y a eu le référendum constitutionnel qui a fait sauter le verrou de la limitation du mandat. Dr Ramadji Alfred ajoute aussi que de 2005 à 2015 qu’il qualifie de désenchantement socioéconomique aurait pu normalement consacrer deux points de départ important. Le premier point aurait pu être l’alternance politique ou la succession au sommet de l’État, dit-il. « On n’a eu ni alternance, ni la succession », soutient l’enseignant chercheur. Pour lui, le deuxième niveau de progrès que devrait annoncer la dynamique démocratique, cette aire qui a été un rendez-vous manqué, c’est le progrès socioéconomique. Le conférencier explique que tout ce que le pays a engrangé comme manne pétrolière n’a pratiquement rien servi et le pays a connu plusieurs crises socioéconomiques. Selon lui, le Tchad a eu un système marqué par l’instabilité dû aux crises socioculturelles. « Notre démocratie entretient une ambiguïté avec les coups d’état. Une démocratie décapitée », souligne le chercheur. Il soutient que le dialogue à venir, a un défi : refonder l’État et restaurer la démocratie pour qu’enfin, on amorce le développement du pays.
Dans le même sens, le Dr Ahmed Djidda, qui faisait aussi l’historique de la situation politique du pays sur 4 points. Il s’interroge sur le rôle joué par les partis politiques dans la mise en œuvre de la démocratie. Il ajoute qu’après l’expérience démocratique, quelles sont les leçons tirées de cette expérience au Tchad et si les partis politiques ont encore un rôle à jouer et s’ils pouvaient en cause leurs visions pour une démocratie plus réussie. L’homme politique note que c’est à partir de 1990 que les hommes se sont réunis au tour du président Idriss Deby pour amener le changement démocratique. Selon lui, les partis politiques de bonne foi ont cru à la démocratie et ont voulu jouer pleinement leur rôle.
Le journaliste Laladjim Narcisse, analyste politique ajoute que les défis sont énormes. Pour notre confrère, un pays comme le nôtre a besoin de médiateurs. Il suggère aussi qu’on renforce les pouvoirs des chefs traditionnels.
Après la présentation succincte des 4 conférenciers, un échange riche avec de questions et suggestions des responsables politiques, mais aussi de quelques leaders de la société civile a permis au public de comprendre l’enjeu du dialogue à venir. C’est également le lieu de parler franc et sans taboue sur les maux qui minent le développement socioéconomique de notre pays.
Jules Doukoundjé
L’Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP) est une institution publique qui régule les différends dans l’attribution des marchés en cas de recours. Elle forme ce 30 mai les acteurs des commandes publiques notamment ceux qui travaillent dans les passations des marchés. Ialtchad Presse a rencontré pour vous le Directeur général de l’ARMP M Ahmat Bichara Seïd. Il explique la mission de son organisation et son rôle dans l’attribution des marchés publics au Tchad. Entretien.
Quelles sont les missions assignées à l’institution dont vous dirigez ?
L’Autorité de Régulation des Marchés Publics ARMP a des missions principales notamment assurer la régulation du système de passation de marchés publics et de conventions de délégation de service public. Pour faire plus simple, c’est un organe régulateur de la commande publique. C’est-à-dire tout ce qui concerne les marchés publics au niveau national doivent être régulés. Et donc l’ARMP dans le cadre de ses activités reçoit les recours qui sont introduits par les opérateurs économiques quand ils ne sont pas satisfaits des évaluations ou de la conclusion d’un appel d’offres. En plus de la régulation, nous procédons à la formation des acteurs de la commande publique et les acteurs publics d’une manière générale.
Quelle est la valeur ajoutée du présent atelier?
L’atelier vise à renforcer les capacités des acteurs de la commande publique notamment les agents qui travaillent dans les services de passation de marchés au niveau de tous les ministères ainsi que les coordinations des projets financés principalement par la Banque Mondiale (BM). C’est une formation qui concerne les procédures de passation des marchés conformément au Code des marchés publics. Et le renforcement des capacités conformément aux directives de la BM en ce qui concerne les marchés publics.
Comment se passe l’attribution des marchés publics au Tchad ?
L’attribution d’un marché public a plusieurs procédures. Celle qui est recommandée consiste à participer à un appel d’offres. Pour ce faire, il faut qu’il y ait un appel d’offres ouvert. Dans ce cas de figure, l’entreprise ou le fournisseur peut donc soumissionner. Après cela vient l’ouverture de pli par les commissions de passation de marchés et l’orientation des offres conformément aux critères qui sont contenus dans le dossier d’appel d’offres (DAO). C’est à l’issue d’une évaluation des offres de tous les soumissionnaires que celui qui a répondu pour l’essentiel aux critères contenus dans le DAO gagne le marché pour lequel l’attribution peut se faire. L’autre procédure le plus simple c’est celui des marchés obtenus de gré à gré. Cela veut dire qu’il n’y a pas une concurrence qui est ouverte, mais le maître d’ouvrage justifie des raisons par rapport au Code des marchés publics de passer un marché avec une entreprise ou un fournisseur pour aller plus vite.
Est-ce que les entreprises et autres comprennent les redevances sur les marchés que l’ARMP prélève à hauteur de 0,5% sur les marchés attribués ?
L’ARMP est une institution administrative qui a des missions et des objectifs à atteindre. Ces redevances si elles sont perçues et versées à l’ARMP, cela lui permettra de mettre en œuvre les activités qui sont prévues dans son plan d’action. Alors, ces redevances sont prévues pour que l’ARMP ait ses ressources pour mettre en œuvre ses activités. Depuis l’opérationnalisation de l’ARMP, nous faisons beaucoup de plaidoyer et de sensibilisation. Donc maintenant bon nombre des entreprises savent qu’ils doivent d’abord des redevances prévues dans les textes réglementaires de l’ARMP. Beaucoup sont sensibilisés, mais le problème qui se pose maintenant malgré la sensibilisation, reste le recouvrement qui est difficile à faire.
Existe-t-il une différence entre la Direction générale de Contrôle des Marchés Publics et l’Autorité de Régulation des Marchés Publics ?
La Direction générale de Contrôle des Marchés Publics est un service qui a la mission de faire le contrôle a priori. C’est-à-dire lorsqu’un appel d’offres est lancé et évaluer par les commissions de passation des marchés, on envoie à la direction de contrôle qui voit la libéralité du projet d’appel d’offres pour donner son avis. Par contre l’ARMP sa mission est a posteriori. C’est-à-dire elle intervient après toutes les procédures engagées dans l’attribution des marchés. Si les entreprises ne sont pas d’accord sur certains termes d’appels d’offres, elles peuvent faire recours à l’ARMP.
Propos recueillis par
Kouladoum Mireille Modestine