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Selon la loi portant, code de l’organisation judiciaire du 17 juin 2013, et la constitution tchadienne, la justice est rendue au nom du peuple tchadien. Défense itérative est faite à toute immixtion dans les affaires judiciaires. Dans la pratique, la réalité en est autre. Pourquoi un dysfonctionnement notoire existe dans tout le système judiciaire tchadien? Ialtchad Presse a rencontré des avocats, des magistrats et des justiciables pour en discuter. Reportage.

Les Tchadiens ont, en majorité, une mauvaise opinion du fonctionnement de l’appareil judiciaire. Djibrine Moussa Alkhalil, est un justiciable, «j’ai horreur lorsque les journalistes m’interrogent sur la question du dysfonctionnement de la Justice au Tchad.  C’est un cachot de désordre, rien de sérieux ne se fait. C’est n’importe quoi. Ils sont tous corrompus, rien de bon ne sort de là », dit-il d’un air furieux. Un autre justiciable, lui c’est Guerdjita Solalbaye, « en toute sincérité il n’y a rien de bon à la Justice. C’est la raison des riches qui domine sur les pauvres. Bien sûr on ne peut mettre tout le monde dans le même sac, mais les tomates pourries ont pourri les autres », martèle-t-il. Il se désole pour les pauvres citoyens.

Pour Me Dainonet Fréderic, Avocat au Barreau, notre justice souffre de beaucoup de maux. C’est tout à fait légitime que les citoyens s’en plaignent, dit-il. Les problèmes sont nombreux, mais la lenteur dans le traitement des affaires décourage beaucoup les justiciables. D’après lui, la corruption est une véritable gangrène. C’est l’un des facteurs du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire, déclare Me Frédéric. Le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire est réel, confirme-t-il. «Les justiciables n’ont pas tort de dire que la justice va mal. De nos jours, plus personne n’a confiance à notre Justice», lance-t-il. Parlant de l’immixtion de l’Exécutif dans les affaires judiciaires, le technicien du droit dit que c’est anormal. D’abord, justifie-t-il,  la Constitution consacre trois ordres de pouvoirs notamment, l’exécutif, le législatif et le judiciaire.  «C’est une séparation rigide entre ces pouvoirs. En clair, l’un ne doit pas interférer dans les attributions de l’autre», dit l’avocat. Selon lui, rien n’est nouveau au Tchad, l’exécutif s’est toujours immiscé dans les décisions judiciaires. Voilà dit-il, une autre cause du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire. Il informe que des correspondances politiques sont même souvent adressées aux juges. Un fait qui vient bousculer l’indépendance des magistrats, précise Me Frédéric. « À mon avis, il faut que les magistrats commencent à être jaloux de leur indépendance. Ils ne doivent pas avoir peur et se soucier  des « affectations sanctions », des « remontrances », etc…».

«Intime conviction du juge»

S’agissant de l’intime conviction des juges dans la prise des décisions, Me Dainonet nous rafraîchit la mémoire. D’après lui, certains juges courageux ont rendu des décisions selon leur « intime conviction », d’autres ont subi l’intrusion de l’exécutif. Me Fréderic Dainonet rappelle une petite anecdote : c’est l’histoire d’un magistrat qui a rendu par conviction un jugement suite à la fameuse affaire de phacochère contre Gali Gata Ngoté à la cour d’Appel de Moundou. Pour lui, même si cette décision courageuse s’est soldée par la radiation de ce magistrat cela prouve qu’il y en a qui sont courageux.

 «Je suis jaloux de mon métier d’avocat. Je n’admets pas qu’on piétine mon indépendance, et ma profession elle est libérale», assène-t-il. Chaque avocat fonctionne selon sa conscience pourvu que cela n’enfreigne pas les règles de la société, précise-t-il. Il se dit navré en tant qu’avocat, de voir les clients se plaindre de la lenteur dans le traitement de leurs dossiers, du classement sans suite de leurs affaires, des condamnations injustes entre autres choses.  Selon M. Moussa Wade Djibrine, président du syndicat des Magistrats du Tchad (SMT),  ils ont à maintes reprises, réagi à propos du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire. Et ce à travers plusieurs communiqués et points de presse. Les agressions physiques, les outrages, l’assassinat des magistrats et auxiliaires de la justice, l’extirpation des détenus, etc. sont des causes de dysfonctionnement dénoncés par les magistrats.

Redonner à la justice tchadienne ses lettres de noblesse

Pour un bon fonctionnement du système judiciaire, Me Frédéric recommande, le respect à l’Institution. Les individus selon lui ne doivent pas être plus forts que l’État. « Car la justice c’est le dernier rempart des citoyens contre les forfaitures», note-t-il.  Dans la dynamique de solution, l’avocat dit qu’il faut arrêter les intimidations des magistrats, faire un bon suivi de la formation du recrutement des magistrats à l’École judiciaire. Il estime qu’il faut sanctionner les corrompus et corrupteurs,  car on ne peut pas demander à la fois justice et passer par des voies illégales.  Les citoyens ne doivent pas tourner le dos à la justice et se confier à la justice du quartier (gendarmeries, commissariats, arrondissements), indique l’avocat. « Ce ne sont pas des professionnels de droit et moins encore des justiciers. C’est du gangstérisme », signifie-t-il.  Certes dit-il qu’une justice privée notamment l’arbitrage, la médiation et la conciliation sont permises au Tchad. « Cependant, ce sont des modes alternatifs de résolution des conflits peu rependus sur l’ensemble du territoire national ».

Moyalbaye Nadjasna

Amina Ehemir Torna, ministre des Affaires foncières du développement de l’Habitat et de l’Urbanisme, a tenu un point de presse ce 1 juillet dans son cabinet, à Ndjari, dans le 8e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. Elle explique les raisons du bras de fer engagé par son département contre les magistrats. Il s’agit, selon elle, d’une procédure judiciaire enclenchée dans son ministère qu’elle a trouvé non respectueuse de la procédure.

« Je voudrais juste rappeler que nous sommes dans un État de droit qui affirme une séparation de pouvoir entre l’exécutif et le pouvoir judiciaire. Ceci impose le respect des procédures lorsqu’il s’agit de communication et de partages de données entre les deux pouvoirs », dit Mme Amina Ehemir Torna, ministre des Affaires foncières du développement de l’Habitat et de l’Urbanisme. D’après elle, les informations relatives au règlement des conflits fonciers ne sont extraites et fournies qu’à titre personnel par des agents en respectant les procédures. « Alerter à plusieurs reprises, j’ai constaté au cours d’une visite inopinée le 22 juin dernier, la présence des membres de la première chambre du Tribunal de N’Djamena dans un bureau de la direction des cadastres. L’agent dans ce bureau n’a pas été instruit et ne disposait donc d’aucune prérogative pour fournir un quelconque renseignement », rappelle la ministre. Elle rajoute qu’elle a voulu s’assurer que cette descente respecte les procédures en la matière. « Après avoir entendu l’identité des visiteurs, je demandais l’acte qui leur permettait de consulter les informations qu’ils sollicitaient », explique-t-elle.

Amina Ehemir Torna, dit être juriste à la base, et à sa connaissance, pour chaque descente, un écrit est adressé au ministère. Ou alors se sont les magistrats qui se présentent directement avec un mandat. « Aucun document n’a été présenté malheureusement. En l’absence de document formel, j’ai jugé utile que cela soit réglé entre institutions. Cela n’était en aucun cas une intention d’outrage ni d’enfreindre une procédure judiciaire » précise-t-elle.  Pour la ministre, compte tenu de la sensibilité et du caractère confidentiel, les informations de la base de données de cadastres doivent être fournies si besoin y ait de manière fiable, officielle et certifiée par les services compétents. Elle note que la position du gouvernement à travers sa personne c’est d’entretenir une collaboration permanente et étroite dans le travail avec le corps judiciaire parce qu’il en va du bien-être des concitoyens tchadiens.

Pour Amina Ehemir Torna, son département est un ministère transversal. Le MAFDHU s’occupe de l’organisation, des occupations des sols et de leur répartition équitable afin d’assurer une gestion efficace des questions liées à la propriété foncière. « Nul n’ignore que les affaires foncières constituent 80% de conflits à la justice. Depuis ma prise de service à la tête du MAFDHU, parmi mes préoccupations premières, fut celle d’identifier les types de conflits, les procédures employées, le fondement juridique et bien entendu, les services compétents en charge de donner ou éclairer toute partie intéressée à la résolution objective de ces conflits », affirme la ministre. Elle rajoute que, par cette démarche scientifique, elle veut impliquer tous les acteurs dans la recherche des solutions à un problème qui est commun à tous les Tchadiens.

Le système judiciaire dans son ensemble incluant les magistrats est un partenaire indispensable dans le règlement des conflits fonciers, souligne la ministre. « Une absence de collaboration entre le MAFDHU et le corps judiciaire serait une porte ouverte à tous les conflits fonciers dont les conséquences seront énormes. Il m’importe donc qu’une collaboration permanente et réglementée puisse exister entre les tribunaux et les services techniques ».

Moyalbaye Nadjasna

Le président de l’Assemblée Nationale (PAN), Dr Haroun Kabadi Jacques, a officiellement clôturé ce 30 juin, au palais de la démocratie sis à Gassi, dans le 7e arrondissement, la première session ordinaire 2021 de l’Assemblée nationale (AN).  Retour sur cette cérémonie de clôture avec Ialtchad Presse.

Selon le PAN, Dr Haroun Kabadi Jacques, la clôture de cette session ordinaire 2021 revêt un caractère spécial à cause des profonds bouleversements intervenus au Tchad. Pour lui, au moment où les Tchadiens, épris de paix et de démocratie exprimaient leur devoir civique le 11 avril passé, jour de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle, un groupe de mercenaires terroristes attaquait le pays à partir du septentrion libyen. « Pendant que les tchadiens suivaient avec un immense espoir la proclamation des résultats provisoires du 1er tour de l’élection présidentielle par la CENI ayant plébiscité le candidat du consensus, le Maréchal Idriss Deby Itno, qui était en première ligne pour stopper l’avancée de ces mercenaires fut blessé et a donné son dernier souffle de retour à N’Djamena », dit-il. D’après lui, la clôture de cette 1re session ordinaire intervient également au moment où l’AN a déjà anticipé la mise en place prochaine du Conseil National de Transition (CNT), ce nouvel organe législatif. « Un comité chargé de l’élaboration du rapport bilan de la troisième législature a été créé. Ce comité, dont les travaux sont très avancés, centralisera tous les rapports bilans des différents organes et services de l’Assemblée nationale et déposera le projet de rapport au bureau pour adoption, afin de passer le relais au CNT, lorsqu’il sera installé », dit Haroun Kabadi.

Le PAN toujours lui affirme qu’au cours de cette 1re session ordinaire 2021 qui s’achève, la scène politique a été dominée par la campagne présidentielle, et le travail législatif n’a pas été très dense. « L’AN a délibéré et adopté 3 projets de loi portant respectivement,  ratification de l’ordonnance instituant un médiateur de la République, modification de certaines dispositions du code électoral et création d’un pool judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme et des infractions connexes », indique-t-il.

Il ajoute que l’Assemblée nationale a également adopté 2 projets de résolutions. La première porte sur la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. La seconde fixe les modalités de présentation du programme politique du gouvernement.

À l’international, l’AN a pris part à la 12e assemblée des présidents des assemblées et de sections de l’assemblée parlementaire de la francophonie (APF) qui s’est tenue à Kigali au Rwanda et à la 4e session de la 5e législature du parlement panafricain à Midrand en Afrique du Sud.

À propos de la sécurité, l’AN condamne avec fermeté l’ignoble assassinat injustifiable du procureur de la République près du tribunal de première instance d’Oum-Hadjer dans l’exercice de ses fonctions.

Au plan diplomatique, l’AN apprécie les décisions sages et constructives  de l’Union africaine, de la CEEAC, de l’OIF, des Nations unies et de tous nos partenaires bilatéraux et multilatéraux qui ont accepté d’accompagner la transition en cours au Tchad, et exprime à l’ensemble de ces organisations et partenaires la profonde reconnaissance du peuple tchadien.

L’AN relève que l’économie tchadienne a été fortement affectée et impactée depuis 18 mois par la pandémie du Covid-19 qui s’est installée dans les différentes villes et campagnes, réduisant ainsi de façon drastique les capacités d’intervention du gouvernement.

Sur le plan sanitaire, l’AN félicite le gouvernement d’avoir accéléré le processus d’introduction du vaccin contre la Covid-19 au Tchad et lancé la campagne de vaccination contre cette redoutable maladie.

Au plan agricole, l’AN constate avec préoccupation le retard de la pluviométrie variable d’une zone à une autre. Ce retard risque d’être préjudiciable à certaines cultures. 

Au plan social, l’AN félicite le gouvernement de transition pour sa maîtrise de la crise sociale à travers la promotion d’un dialogue constructif avec les acteurs sociaux et l’encourage à trouver des solutions durables aux litiges en cours avec les employés de la Coton Tchad SN, et ceux de la compagnie pétrolière Esso.

Christian Allahadjim
Allarassem Djimrangar

Les lauréats des écoles professionnelles de l’État entament une grève de faim de trois jours ce mercredi 30 juin. Ils revendiquent leur intégration à la Fonction publique.

Réunis pour évaluer les pourparlers avec les autorités, les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration à la Fonction publique ont unanimement décidé d’observer une grève de faim de trois jours.

« En avant, en avant pour l’exil », c’est avec ce refrain de la chanson de « souffrance » que ces lauréats se sont réunis autour du porte-parole de leur collectif, Neuzilka Emmanuel. Pour la énième fois, ils évaluent l’évolution des pourparlers engagés avec les autorités.

« Les négociations n’ont abouti à rien », annonce Neuzilka Emmanuel à ses camarades qui, déjà, ont le visage triste. « Ils vont de promesse en promesse. Et là franchement on est fatigués. On est devenus allergique au mot « patientez », fait-il savoir. Car, d’après lui, cela fait une dizaine d’années que les lauréats des écoles professionnelles attendent d’être intégrés. « On a tout vu, tout écouté, sauf l’arrêté d’intégration », déclare-t-il.

La décision, observer une grève de faim de trois jours. « Nous allons nous primer de manger. Nous sommes déjà des mourants. Donc nous allons mourir collectivement ici », harangue-t-il ses camarades de lutte.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les grévistes, venus avec des couchages, se sont installés dans la cour de la Bourse de travail. Certains sont allongés, d’autres jouent à des jeux de distraction, d’autres encore animent de petits débats. La grève de faim est lancée.

D’après le porte-parole du collectif, la grève est aussi une forme de lutte. Même si la grève de faim est assez osée, Neuzilka Emmanuel trouve que ça résume leur souffrance. « Grève de faim, si c’est fort ce n’est pas plus fort que ce que nous vivons. Nous souffrons énormément. Nous n’avons plus besoin d’égrainer ici nos situations. Cette foule que vous voyez, elle est dépourvue, sans moyen de subsistance », tempête-t-il. Toujours d’après lui, c’est aussi un moyen de faire pression sur le gouvernement afin de statuer promptement sur leurs cas. « Nous n’avons pas encore baissé les bras. Nous étudions d’autres stratégies. Et l’option de quitter le pays n’est pas non plus écartée », rappelle-t-il.

Dans l’après-midi, les grévistes ont reçu la visite de Yaya Dillo Djerou, président d’honneur de la plateforme politique dénommée Front national pour le Changement (FNC). Celui-ci est venu leur apporter son soutien dans cette lutte. D’après lui, cette situation que vivent ces lauréats est la résultante de la mauvaise gouvernance entretenue depuis des décennies.  « Sinon comment comprendre qu’un Etat normal mette en place des écoles professionnelles et ne trouve pas des points de chute aux personnes formées », s’interroge-t-il.

En réalité, dit-il, lorsque l’Etat créé une école professionnelle c’est pour répondre à un besoin particulier. « Créer des écoles professionnelles, former des jeunes et les laisser à la merci de la nature, je crois que cela démontre combien de fois notre gouvernement manque d’initiative et de politique efficiente pour développer le pays », juge-t-il.

Autre soutien, celui des pasteurs des églises pentecôtistes. Ces trois hommes de Dieu, suspendus par le ministère de l’Administration pour leur participation à une marche, étaient présents aux côtés des grévistes. Des prières ont été dites pour implorer la Miséricorde de Dieu. « Nous nous en remettons à Dieu », conclut Neuzilka Emmanuel.

Le 24 juin, ces diplômés en instance d’intégration ont tenté de quitter le pays. Mais ils ont été empêchés et dispersés par la Police. Les autorités ont engagé des discussions avec les leaders de ce collectif. Mais ça traine au point où cet ultime sacrifice a été décidé. Tiendront-ils ou pas pendant ces trois jours ? La suite le dira.

Christian Allahadjim

Lors d’une l’interview du président de la CMT GAL Mahamat Idriss Deby Itno, accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique, beaucoup des questions ont été posées. Beaucoup des réponses ont été faites. Mais une réponse a retenu l’attention de tous. Le Président de la transition conditionne le respect du délai de transition prévue pour 18 mois par les aides financières. Réactions des certains citoyens tchadiens au micro de Ialtchad Presse

Akalambi Sanigué Abdias, est le premier citoyen rencontré ce matin, il déclare : « Je pense que prolonger les dix-huit mois n’est pas une solution et même attendre l’aide venant de l’international ce n’est ni une solution parce que le Tchad est un pays indépendant. Le Tchad peut bien organiser une élection sans l’aide venant de l’extérieur. Le président du CMT n’a pas droit de se présenter aux élections prochaines, sa mission c’est d’assurer la transition.»

Un deuxième citoyen Allaramadji Basile affirme : « Mahamat Idriss Itno a promis de régner 18 mois non renouvelables alors il doit tenir à sa promesse. Le Tchad n’est pas la dynastie ou le pouvoir se transmet du père au fils. Le fait qu’il soit au trône n’est pas une occasion pour qu’il se présente comme candidat aux élections prochaines. Nous voulons des candidats civils et non des militaires. Ils ne connaissent pas les souffrances des citoyens. Nous attendons un changement réel dans ce pays. Conditionner le respect du délai des 18 mois de transition par l’aide financière extérieure est un argument qui ne tient pas la route. C’est trop tôt de remettre en cause ce qui est à venir à moins que ce soit intentionnel. »

Allarangar Françis, lui soutient que « la transition est de 18 mois, il reste 16 mois. L’Union Africaine a accepté le principe. Mahamat Idriss Deby doit tenir à sa parole, celle promise au peuple tchadien de ne pas se présenter aux élections à venir. S’il aime réellement ce pays, il doit être sincère. Cela ne vaut pas la peine de penser à une éventuelle prolongation de la transition. Ça va susciter encore des mécontentements. Il faut revoir la charte de transition. »

Un quatrième et dernier citoyen, Ousmane Ahmat , « l’élection présidentielle est un droit et un devoir civique. Les citoyens ont le droit de choisir en toute conscience leur futur président. Si les 18 mois accordés au Président du CMT prennent fin, il doit se reposer pour qu’une autre personne prenne le pouvoir et nous voulons un civil. Un autre président qui sera élu par les Tchadiens. On souhaite que l’élection soit libre et transparente. Un président qui va nous conduire vers l’émergence. Pour sa candidature, on dit Non et c’est impossible. Normalement il devrait même ne pas assurer la transition, mais après le refus du président de l’assemblée, le CMT s’est autoproclamé. »

Réalisation Orthom L’or

Depuis l’annonce de la vente des actifs de la société pétrolière Exxon Mobil à une jeune  société britannique dénommée Savannah Energy, le torchon brûle entre cette société et ses employés. D’un côté, les employés revendiquent leurs droits. L’autre camp dit que ces revendications sont illégitimes. Ialtchad presse s’est rapproché du secrétaire général du Syndicat national du secteur pétrolier du Tchad, (PETROSYNAT). Reportage. 

Restitution intégrale du plan épargne retraite, prime de séparation, régulation des droits sociaux, plan médical, remboursement des soldes de crédits des employés, convention sanitaire pour les retraites, constituent les nerfs de guerre entre employés et employeur de la société pétrolière Exxon Mobil.

Selon le secrétaire général du Syndicat national du secteur pétrolier du Tchad, (PETROSYNAT), Noubaïssem Christian, le conflit entre Exxon Mobil et ses employés est né suite à la déclaration de la présidente directrice générale d’Exxon Mobil. Elle voulait vendre les actifs de l’entreprise à une autre société pétrolière britannique Savannah Energy. Pour lui, les délégués du personnel d’Esso Tchad pendant la négociation en janvier et mars dernier ont évoqué ce problème de vente des actifs d’Exxon Mobil, mais la présidente directrice générale d’Esso a opposé un refus catégorique. Elle argumente que cette rumeur du rachat des actifs d’Exxon Mobil n’est pas du tout vrai et que la société pétrolière Exxon Mobil va rester au Tchad jusqu’en 2050. « Subitement, en mars dernier, ils ont signé la convention ce juin. Elle a annoncé que l’entreprise Esso Tchad allait vendre ses actifs. Donc, pour le personnel, cela veut dire qu’il y a du flou. Cette situation a créé une psychose, une opacité sur cette vente. C’est ce qui a mécontenté les employés d’Exxon Mobil à revendiquer leurs droits avant que cette entreprise ne soit rachetée », relate-t-il. D’après le SG du PETROSYNAT, les délégués ont dans un premier temps, rapporté au PETROSYNAT que c’est une information qui a été donnée par la présidente directrice générale d’Esso Tchad. Ils ont écrit dit-il, pour demander une rencontre avec la direction générale de la société pétrolière Exxon Mobil. « C’est ce qui a été fait. Ils ont eu des rencontres successives avec l’administration et c’est au cours de ces rencontres qu’ils ont eu à poser leurs revendications entre autres le paiement de leur épargne de retraite, le plan de retraite, le plan médical, etc. », explique Noubaïssem Christian. Le secrétaire général du PETROSYNAT rajoute que la présidente directrice générale Exxon Mobil de son côté, a refusé ces revendications en jugeant qu’elle qualifie d’illégitimes. Après le refus délibéré de la présidente directrice générale, les délégués ont saisi le ministre du Pétrole et celui de fonction publique par une correspondance, a-t-il informé. « Ils ont été reçus, mais rien de clair n’est sorti de ces rencontres. Les ministres leur ont rassuré que le gouvernement va suivre les négociations et jusqu’à présent, la direction d’Exxon Mobil est restée sur sa décision. C’est pourquoi les employés sont obligés d’entrer en grève. Même pas plus tard qu’hier, le Premier ministre de la Transition, Pahimi Padacké Albert leur a reçu, on attend les propositions ainsi le résultat », dit-il.

Exxon Mobil doit clarifier la situation des employés avant un éventuel départ…

Noubaïssem Christian souligne que la présidente directrice générale d’Exxon Mobil avait écrit au ministre de la Fonction publique pour demander son avis à une réquisition. La note de réquisition de la présidente directrice générale évoquant que le secteur pétrolier est très sensible, mais c’est d’abord le droit des travailleurs d’aller en grève, précise-t-il.

Pour lui, cette décision inopportune est une entorse aux textes de la République. Jusqu’à ce jour, les travailleurs sont restés dans leur position. Personne n’a repris le travail. « Je ne sais pas quel est le contrat qui lie Exxon Mobil à l’État et aux autres consortiums d’exploitation. En principe lorsqu’une entreprise vend ses actions à une autre, le code de travail exige qu’elle puisse transférer ses employés à la nouvelle entreprise qui prend les rênes de l’exercice », note-t-il. Cependant, déclare-t-il, le cas d’Exxon Mobil, « nous inquiète parce que c’est Esso qui avait signé avec ses employés. » 

Il indique que le PETROSYNAT craint que cette convention ne sera pas être respectée par la nouvelle entreprise puisque ce n’est pas elle qui l’a signée. « Nous voulons que la situation soit clarifiée avant que la société pétrolière Exxon Mobil ne quitte le pays », conclut-il.

Il faut noter que les employés de la société pétrolière Exxon Mobil sont entrés en grève le vendredi 25 juin 2021.

Allarassem Djimrangar

Les magistrats ont plus de trois heures discuté hier lundi, 28 juin sur des questions d’insécurité en milieux judiciaire, de confiscation de procédure et d’outrage aux magistrats. C’était dans une grande salle d’audience du palais de justice de N’Djamena pleine comme un œuf. Reportage.

Les justiciables peuvent attendre, il n’y a ni de procès ni d’auditions. Les portes de la justice tchadiennes étaient fermées. Les magistrats sont en grève illimitée. La décision est prise à l’issue d’une Assemblée générale qu’ils ont organisé ce 28 juin. Ils étaient très nombreux à répondre à cette rencontre décisive. Au-delà du choc ressenti suite à l’assassinat d’un de leurs collègues, il y a cinq jours à Oum-Hadjar, c’est aussi un temps des retrouvailles entre les hommes de robe noire.

Pour Moussa Wadé Djibrine, président du Syndicat des Magistrats du Tchad, cette assemblée générale a été organisée par deux syndicats des magistrats. Notamment le syndicat des magistrats du Tchad (SMT) et le syndicat autonome des magistrats du Tchad (SAMT). Selon lui, les magistrats ont discuté sur plusieurs points : l’insécurité qui règne en milieu judiciaire, la confiscation de procédure et l’outrage aux magistrats. « Vous savez, il y a quelques jours notre collègue, le procureur de la République près le Tribunal de grande instance d’Oum-Hadjar a été froidement assassiné.  Suite à cet acte odieux, nous avons décidé d’abord un arrêt de travail de trois jours pour observer le deuil et dans le même communiqué, on avait prévu une AG », rappelle-t-il. D’après lui, les magistrats sont exposés à tous les dangers puisque les tribunaux ne sont pas sécurisés. Il rajoute que, les magistrats ont toujours dénoncé le fait de travailler dans l’insécurité. « Il faut que l’État intervienne et plus particulièrement le Président du CMT en sa qualité de président de conseil supérieur de la magistrature, intervienne personnellement pour régler ce problème du milieu judiciaire », renchérit-il. L’AG a décidé d’une grève illimitée sur toute l’étendue du territoire à compter d’aujourd’hui, et ce, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.

Quant à Taoka Bruno, président du Syndicat autonome des Magistrats du Tchad(SAMT), l’insécurité frappe tous les magistrats. « Les deux syndicats doivent conjuguer leurs efforts. C’est le résultat de nos frustrations endurées pendant longtemps. Nous avons toujours dénoncé ça et cette fois, c’est exagérer et nous disons non pour qu’on soit entendu pour une fois pour toute», soutient-il.

« Confiscation de procédure judiciaire…, outrage aux magistrats… »

Sur le second point de l’ordre du jour, la confiscation de procédure judiciaire, Moussa Wadé Djibrine du SMT l’AG note l’examen de la question de la ministre de l’Urbanisme qui a confisqué une procédure au sein du service cadastral. « Le tribunal sur la base d’une décision a effectué une descente et la ministre est intervenue et elle a arraché le dossier de la procédure entre les mains du tribunal. Pour ce comportement, l’AG a demandé que la ministre soit poursuivie », dit-il. A ce sujet son collègue du SAMT Taoka Bruno, déclare, « c’est une résistance à la décision de la justice en obstruant qu’une procédure judiciaire soit suivie dans son département. Et nous avons estimé qu’à ce niveau, elle doit être poursuivie pour ce genre d’infractions. La ministre n’est pas au-dessus de la loi, il s’agit de l’exécution de la loi pénale. »

Le dernier point abordé concerne l’outrage d’un magistrat par les éléments de la police, souligne le président du SMT. « Un de nos collègues a été outragé par les éléments de la police et l’AG a décidé qu’ils soient arrêtés et poursuivis conformément à la loi », précise-t-il. Pour rendre justice, il faut avoir une tranquillité d’esprit, confie-t-il. D’après lui, Tant que le juge n’est pas sécurisé, il ne pourra pas rendre une décision. « Il faut sécuriser les tribunaux, les procureurs de la République, les présidents des Tribunaux, les juges de paix, bref tous le corps judiciaire, comme on le fait pour les autres hautes autorités », dit-il.

 Moyalbaye Nadjasna

Donc les membres du Collectif des diplômés sans emploi sont fâchés, très fâchés. Depuis quelques jours ils défraient la chronique. Ils sont déterminés à avoir gain de cause. Ils ont raison d’être décidé à ce que l’État leur trouve une solution durable. Si aucune solution n’est trouvée, ils quitteront le pays pour d’autres cieux, scandent-ils lors de leur manifestation à la Bourse de travail. À première vue, leur menace de quitter le pays ressemble à une grosse blague. Apparemment non. Le Collectif est sérieux dans sa démarche.  Pourquoi sont-ils arrivés à cette situation? Ont-ils raison? Ont-ils tort? Quelles leçons peut-on en tirer?

D’abord, ils ne sont pas arrivés à cette impasse de leur gré. C’est par la faute du système. C’est aussi par la faute de ceux qui ont géré depuis trois décennies ce pays. Ces diplômés sont maltraités depuis 15 ans. Et pourtant ils sont des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation nationale, en instance d’intégration à la Fonction publique. Autrement dit, ce sont des jeunes gens qui ont passé et réussi des concours gouvernementaux. Ils ont été formés par l’État dans le domaine de l’enseignement. Et à la sortie de leur formation l’État les a laissé tomber. C’est encore plus injuste lorsque l’ancien régime leur a fait la promesse de les intégrer dans la fonction publique.

Cette injustice que ces diplômés vivent est inacceptable. Voilà des jeunes gens formés, valident et qui ne demandent que de travailler. Pas n’importe où, mais dans un domaine où le besoin est criant. Le système accepte de les voir dans la précarité en les désignant « diplômés en instance d’intégration ». Le problème c’est qu’ils attendent depuis longtemps. Très longtemps sans pouvoir accéder au paradis convoité : la fonction publique. Le système les traîne, les fatigue jusqu’à la moelle sans qu’une issue ne pointe à l’horizon. Le sacrifice consenti par ces jeunes compatriotes s’est transformé au fil du temps par une immense frustration. 

Ensuite, le Collectif a su mobiliser ses membres avec une excellente stratégie qui consiste à dire « comme vous n’avez pas besoin de nous dans un domaine si important, après des années de contrat presque bénévole laissez-nous partir ailleurs ». La stratégie du Collectif a consisté aussi à se réunir, à fixer une date de départ vers l’ailleurs dans une ambiance bon-enfant. C’était touchant. C'était émouvant. C’était doublement touchant lorsque les autorités n’ont rien trouvé de mieux que de bombarder à coups de gaz lacrymogènes la colonne des candidats en partance à l’exil qui se dirigeait vers la frontière camerounaise où semble-t-il les chancelleries les attendaient pour leur accorder des visas collectif. Cette violente intervention policière était maladroite. Elle a fait dit-on 4 blessés. C’était un manque de sensibilité et de compassion. Au même moment de l’argent est déversé dans le sécuritaire avec le recrutement militaire. Cette somme aurait pu servir à intégrer ces jeunes à la Fonction publique. Surtout qu’ils y entrent pour enseigner, pour transmettre le savoir aux enfants tchadiens.

Enfin, il y a quelques leçons à tirer sur l’engagement de ce Collectif. Première leçon, la méthode de mobilisation. Comment a-t-il réussi à mobiliser sa base? Avec plus de 300 personnes déterminées et enthousiastes, le Collectif s’est donné une perspective : le départ du pays qui ne veut pas leur faire de la place. Deuxième leçon, le Collectif est resté compact et solidaire. Pas de dispersion dans leur réclamation. Pas tête qui dépasse. Plusieurs ont moqué ce collectif. Beaucoup les ont traités de tous les noms d’oiseaux. Beaucoup leur demandent de se débrouiller en vivotant dans la précarité. Cette remarque est injuste. Aux dernières nouvelles, les autorités de transition ont  décidé de rencontrer les leaders du Collectif pour tenter de trouver une solution. Si rien ne se passe, ils promettent de quitter le pays ce mercredi 30 juin. Mais avant de partir, ils vont initier l’opération « brûle diplômes ». Une opération symbolique pour signifier leur exaspération. Déjà, certains acteurs de la société civile et des politiques veulent les récupérer mais les concernés sont lucides face aux calculs des uns et des autres. Ils ne demandent rien d’autre que de vivre chez eux et de travailler. Bref, ils ne sollicitent ni la pitié ni l’aumône. Ils réclament le droit de vivre dans la dignité. Et dans leur patrie.

Bello Bakary Mana

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