Suite à la décision des autorités en charge de la sécurité publique d’interdire certains membres de la plateforme de la société civile de participer, la marche pacifique prévue ce samedi 21 août, le porte-parole Wakim Tamma annule la marche et dénonce cette méthode des autorités de la transition.
La coordination de la plate-forme a décidé d’annuler la marche pacifique prévue pour ce samedi 21 août à N’Djamena et dans toutes les provinces du pays. Selon le communiqué reçu à la rédaction, la décision d’annuler la marche a été prise pour faire échec aux manœuvres sordides effectuées par le CMT, qui vise à semer la division au sein de WAKIT-TAMMA.
Pour le porte-parole de Wakit-Tamma, Mahamat Nour Ibedou, en accordant l'autorisation de marcher à une partie de la plate-forme et en l'interdisant à l'autre partie, la junte putschiste a opté pour la politique de diviser pour régner.
La plate-forme WAKIT-TAMMA demande à tous ses militants des organisations de la société civile, ceux des partis politiques, des plateformes des jeunes, des diplômés sans-emploi des retraités, de l'association des victimes de Hissein Habré, des syndicats ainsi que des organisations des congrégations religieuses et de tous les citoyens épris de justice à surseoir à la marche de demain 21 août 2021.
La plate-forme demande par ailleurs à ses militants et sympathisants de rester mobilisés pour une autre marche au courant de la semaine prochaine.
JD
Depuis une semaine, le village Oundouma, situé à environ 20 km de la Sous-préfecture de Koundoul accueille un flux de réfugiés. Il sont plus de 10 000 en situation de détresse. Ils proviennent du Cameroun voisin fuyant un conflit meurtrier qui a opposé les Arabes au Massa Mosgoum. Retour sur l’état des lieux du site d’accueil et le plaidoyer de ces réfugiés. Reportage.
Sur leur visage désemparé, se lit la désolation. Ce sont la plupart des chefs de famille qui sont sans repères. Les enfants très nombreux certains jouent sous une fine pluie qui crépite sur des petites marres d’eau boueuse sur le site argileux de l’école officielle d’Oundouma. D’autres enfants assaillis par la faim éclatent en sanglot sous les regards tristes de leurs parents. Ils viennent du Cameroun voisin, naguère pays stable, fuyant le conflit meurtrier qui a opposé, lundi 10 août 2021 dans la zone de Ngassa. Selon les sources concordantes, la cause de ce conflit serait liée à des trous creusés par les massa Mosgoum pécheurs pour capturer les poissons après l’inondation. Les Arabes des éleveurs estiment que ce n’est pas une bonne idée et demandent que ces trous soient refermés. Les pécheurs refusent et le conflit a dégénéré. Raïsse Brahim est habitant du village Oundouma, il est chargé de communication de l’organisation du village d’accueil. Selon lui, tout le village Oundouma était surpris le 11 août dernier par cet important afflux des réfugiés vers 5heures du matin. C’est plus de 10 000 personnes soit environ 2001, ménages de 5 personnes par famille.
Brahim Martin Assinga, réfugié venu du village Kidam. « Je n’ai pas une idée sur le nombre de morts, mais beaucoup de personnes ont perdu leurs vies. Depuis notre arrivée au Tchad, nous avons été bien accueillis. D’abord par la population de Oundouma, ensuite par les organisations en charge du dossier. Il y a les forces de sécurité qui veille sur nous nuit et jour. C’est rassurant. Nous sommes très reconnaissants envers le Tchad, un pays très hospitalier », dit-il. Pour le chef de village Sidam coté Cameroun, c’est par contrainte qu’il est là. « Vraiment, je trouve cette situation pénible étant donné que nous sommes des pères de famille. Et nous nous retrouvons dans une pareille situation, impuissants, devant nos enfants qui ont faim. Nous sommes presque à une semaine. Je vous assure à l’heure où je vous parle, j’ai tout perdu, cabris, poulets, canards. Je me demande comment je vais me réorganiser », confie-t-il. Il souligne par ailleurs qu’ils ne sont pas concernés par le conflit, c’est un problème entre Massa et Arabe qui finalement les font payer les pots cassés. Eldjima Alloaou, une autre réfugiée, « nous souffrons avec cette pluie qui ne s’arrête pas depuis notre arrivée. Nos enfants ont faim, nous sommes reconnaissants pour l’accueil et la sécurité au tour de nous, mais nous avons faim. Je pense que nous ne demandons pas trop n’est-ce pas ? »
Ce sont des milliers des personnes qui ont d’abord trouvé refuge au village Liberia avant d’être relocalisés à Oundouma. La situation semble critique, mais les organisations humanitaires sont à pied-œuvre pour leur porter assistance..
Moyalbaye Nadjasna
Dans une lettre adressée par le chef de file de l’opposition Félix Nialbé au Premier ministre de la transition Pahimi Padacké Albert, l’opposant annonce officiellement son retrait du comité d'organisation du dialogue national inclusif (CODNI) composé de 69 membres. Un comité qui ne fait pas l'unanimité des leaders de la société civile et de plusieurs partis politiques.
Le chef de file de l'opposition démocratique, président de l'Union pour le Renouveau et la Démocratie (URD), Félix Nialbé, a décidé de se retirer après une réunion du Bureau exécutif de son parti tenue le 13 août 2021 par dit le communiqué.
Dans sa lettre M. Nialbé s'interroge sur le processus ayant conduit à la modification de son choix d'un représentant pour le comité d'organisation. M. Félix Nialbé quitte le comité dit le communiqué pour pouvoir « organiser les partis politiques de ladite composante, pour une participation sereine et constructive aux assises. »
Pour le Premier ministre de la transition M. Pahimi Padacké Albert, « le gouvernement de transition avait le droit, dans ses responsabilités gouvernementales, de désigner de façon discrétionnaire un comité d'organisation et a volontairement opté pour la méthode participative permettant à toutes les sensibilités et corporations de s'auto-désigner au sein du comité d’organisation ».
Les observateurs de la vie politique s'interrogent si cette décision de l’URD est prise pour prendre du recul ou c’est à la suite d’un désaccord avec les dirigeants de la transition ? Ou pour créer une opposition radicale afin de faire face au Conseil Militaire de Transition (CMT). L'URD en retirant sa confiance au Premier ministre dans sa lettre désapprouve la composition de ce comité d'organisation.
Mahamat Kao Adoum
Le village Oudouma, situé au bord du fleuve Logone dans le département du Logone Gana à environ 50km de N’Djamena, accueille depuis le 11 août dernier des milliers de déplacés camerounais qui ont fui le conflit intercommunautaire qui a opposé les arabes missériés, éleveurs et les massa mousgoun, pêcheurs. Des autorités tchadiennes et l’agence onusienne HCR sont à pied d’œuvre pour une assistance. Reportage
Des milliers de déplacés camerounais qui ont fui le conflit intercommunautaire ont reçu l’accueil au village de Oudouma, situé au bord du fleuve Logone, environ 50 km de N’Djamena. Ces déplacés sont constitués majoritairement des enfants, des femmes et les personnes âgées. Pour les prendre en charge, le gouvernement tchadien et l’agence onusienne HCR et autres institutions humanitaires se mobilisent pour les identifier et les enregistrer sur la base des données. C’est dans une cour d’une école publique et sous une pluie fine que cette opération d’identification et de fixage de bracelets a eu lieu ce mardi 17 août. Ce premier travail qui consiste à vérifier l’identité et la provenance de ces déplacés a été réalisé par la Commission nationale d’accueil, de réinsertion des réfugiés et des rapatriés (CNARR) et le haut-commissariat pour les réfugiés (HCR). Pour l’administrateur principal adjoint de la CNARR et chef de mission à Oudouma, Mahamat Abderamane Yacoub, le premier travail consiste à pister et identifier les déplacés afin de faire un préenregistrement et l’enregistrement afin de prendre en charge correctement les déplacés. Avant ce travail de pistage et d’identification, il est important de rappeler la générosité des chefs de villages qui ont favorablement bien accueilli les réfugiés en leur donnant les premières assistances. M. Yacoub estime que la CNARR et le HCR s’activent pour faire le nécessaire afin de répondre aux besoins de ces déplacées. Selon lui, les partenaires et le gouvernement veulent savoir qui sont-ils exactement avant de les prendre en charge.
Oudouma, un petit village des pêcheurs d’environ 1500 habitants, accueille plus de 10. 000 réfugiés qui ont fui le conflit intercommunautaire entre les éleveurs arabes missériés et les pêcheurs massa Mousgoun du Cameroun. Le représentant de l’État affirme que c’est une population qui est à cheval, et que cela demande un travail pointu afin d’éviter d’enregistrer les Tchadiens au détriment des déplacés. « Avant de faire le fixage des bracelets, nous causons avec eux pour avoir les premières impressions afin de comprendre le motif de leur déplacement et de savoir de quoi ils ont réellement besoin », explique ce dernier.
Première assistance humanitaire
Pour faciliter la tâche, le responsable d’enregistrement et de la base des données des réfugiés du HCR au Tchad, M. Gires Mayala, parle d’un travail préalable qui consiste à faire le fixage des déplacés pour les distinguer des populations locales. « Le fixing est une opération qui consiste à aussi poser les bracelets sur les mains des personnes déplacées et en leur délivrant un numéro », précise le responsable des enregistrements et de la base des données du HCR. A son avis, c’est la première étape du processus de pré enregistrement et que la semaine prochaine, ce serait le pré enregistrement et l’enregistrement proprement dit, via les tablettes. Selon lui, la collection de ces données de base va leur permettre à mieux répondre aux besoins des déplacés. Au sujet du nombre des déplacés, le responsable onusien des bases de données estime à plus de 10 000 déplacés. Le pré enregistrement qui est en cours est le seul moyen qui va permettre de connaître le nombre exact de ceux qui ont fui le conflit. « On disposera des chiffres fiables qu’après le pré enregistrement et l’enregistrement au niveau 2 », ajoute M. Mayala, qui argue aussi que cette activité est déjà la première assistance donnée à ces personnes. Avant l’arrivée des autorités tchadiennes et les humanitaires, c’est d’abord les habitants du village Oudouma qui se sont organisés dès le début pour accueillir et assister les déplacés. Le président du comité d’organisation pour l’accueil des réfugiés du village, Moudoubé, affirme qu’au début, les réfugiés étaient accueillis dans un petit village du nom Libéria avant de faire appel aux autorités qui ont jugé utile de les installer à Oudouma. Ce vieil infirmier à la retraite souligne que la situation était très difficile au début et que les villageois étaient obligés de les accueillir dans leurs maisons, mais que peu après, ils étaient tous débordés par le nombre des déplacés. Il a révélé qu’une femme réfugiée a même accouché, grâce à son soutien sous une tente des agents de sécurité des frontières.
Pour mener normalement le travail, le gouvernement de transition du CMT a, dès les premières des arrivées des déplacés, envoyé les forces armées nationales, la gendarmerie et la police sur les lieux. Il faut noter aussi que c’est grâce à l’armée qui a promptement aidé à sortir certains véhicules embourbés qui apportaient des premières aides aux déplacés. Sur ces pistes difficiles d’accès, l’armée a également amené les journalistes qui se rendaient dans le village qui accueille les réfugiés et qui ont connu de difficultés à s’y rendre.
Pour le moment le village Oudouma, ouvre ses bras à des milliers de ces déplacés qui ont fui le conflit intercommunautaire. En attendant l’opération de fixage, les réfugiés peinent à manger à leur faim. Dans cette école élémentaire, située au bord du fleuve, l’on entend les cris des enfants sous le regard vide de leurs mères.
Jules Doukoundjé
En cette période de saison de pluies, plusieurs marchés de communes d’arrondissement de la ville de N’Djamena sont insalubres. Certaines marchandises comme le poisson frais et autres aliments, notamment les légumes et les crudités se vendent à même le sol sans aucune mesure d’hygiène. Ce manque d’hygiène pourrait constituer un sérieux problème de santé publique si les autorités communales n’’interviennent pas. Reportage
Beaucoup de marchés de la ville de N’Djamena sont, en cette période de pluies dans une insalubrité sans précédent. Les marchandises comme les légumes, le poisson frais et autres sont exposés à même le sol. Si rien n’est fait pour assainir ces marchés, cette situation d’insalubrité risquerait de créer un problème de santé publique. De l’avis de certains commerçants rencontrés dans les marchés de la commune du 7e arrondissement de la ville de N’Djamena, les autorités communales ne se soucient pas de l’hygiène de leurs marchés, mais que, ce qui les préoccupe, c’est les recettes collectées. Pour Marie Ronel, vendeuse de poisson frais, les maires ne font pas bien leur travail, ils ne descendent pas dans les marchés pour constater la situation dans laquelle les femmes vendeuses de poissons vivent. « La mairie ne fait rien, c’est nous qui achetons du sable pour aménager nos parcelles, mais cela ne règle pas la situation », déplore-t-elle. Même son de cloche pour Abakar Ali boucher, toujours au marché de Dembé dans le 7e arrondissement, il estime que normalement, à la fin de l’heure, les agents municipaux qui vadrouillent pour arnaquer les paisibles citoyens, devraient nettoyer les marchés, comme le font leurs collègues au marché central. Ce dernier se dit écœuré par le comportement de la police municipale qui là seulement pour arnaquer tous les jours 200 f CFA aux commerçants, avant d’affirmer que si les recettes collectées sont utilisées à bon échéant, les marchés de N’Djamena ne se trouveraient pas dans la boue chaque saison pluvieuse.
Au marché de Dembé, les légumes, le poisson frais et autres aliments accessibles aux citoyens, les tas d’immondices et les eaux stagnantes s’entremêlent. Les vendeuses, conscientes du risque sanitaire qu’elles encourent, accusent les autorités communales de ne pas assumer leur responsabilité. Certains commerçants vont même dire que les agents municipaux sont affectés dans les marchés juste pour arnaquer les paisibles commerçants et non pour assurer la tâche qui leur est assignée.
Cependant, certains employés de la mairie du 7e balayent à revers de main toutes les allégations des commerçants et les vendeuses de légumes et de poissons. Pour ce policier municipal qui s’exprime sous anonymat, il y’a manque de volonté concernant l’entretien des marchés chez certains commerçants. Il déclare qu’en principe, chaque matin, avant de s’installer, les vendeuses devraient nettoyer leurs places et ramasser les ordures pour les déposer dans les bacs à ordures, avant de déplorer le manque cruel de civisme chez ces femmes vendeuses. Il a néanmoins reconnu la défaillance de certains agents municipaux et avant d’ajouter que d’autres s’évertuent à faire correctement leur boulot et que les commerçants devraient les aider à bien accomplir leur devoir, qui d’assurer la sécurité et le contrôle d’hygiène et d’assainissement dans les marchés de la ville de N’Djamena.
Jules Doukoundjé
Si certaines organisations de la société civile approuvent le comité d’organisation du Dialogue National Inclusif (DNI), à l’exemple de la Coordination des associations de la société civile et de défense de droits de l’homme (CASCIDHO), d’autres comme Wakit Tama et le parti Alliance Nationale pour la Démocratie (ADN), le trouvent peu pertinent et non représentatif. Reportage.
Les acteurs politiques et les organisations de la société civile ne sont pas unanimes sur la mise en place du comité d’organisation du DNI. D’un côté, M. Mahamat Digadimbaye, Coordonnateur de la Coordination des associations de la société civile et de défense de droits de l’homme (CASCIDHO) se réjouit de la mise en place du comité d’organisation du DNI. « C’est une équipe représentative et inclusive qui reflète la diversité de la classe politique plurielle et de la société civile », dit-il. Selon lui, la CASCIDHO apporte son soutien à ce comité pour la réussite de cette mission dans l’intérêt de tous les Tchadiens. Il apprécie aussi la main tendue du PCMT aux politico-militaires, avant de soutenir que, c’est une avancée significative vers une véritable messe nationale.
Le coordonnateur de la plateforme Wakit Tama Max Loalngar prend le contre-pied. Selon lui, ce comité est une configuration qui fait la part belle au Mouvement patriotique du salut(MPS). Il déclare que, le CMT n’a nullement l’intention d’organiser une conférence nationale encore moins un dialogue inclusif pour traiter réellement les problèmes de notre pays. Wakit Tama rappelle-t-il, en accord avec la diaspora et le groupe de réflexion et d’actions de l’appel du 1er juin, a fait des propositions cohérentes pour que ce dialogue se tienne sans grand frais et de la manière la plus salutaire pour tout le monde. « Nous avons dit dès le départ que, la charte du CMT soit révisée pour servir d’encrage au dialogue, recomposer l’équipe du CMT pour refléter les différentes composantes de la société, poser de véritables jalons pour l’organisation des élections libres crédibles, démocratiques et transparentes, d’annuler les deux décrets, celui mettant sur pied un comité de désignation des membres du CNT et le décret portant création du comité du DNI. Mais ils nous ont donné l’impression de nous écouter, mais en réalité ils ont fermé volontairement les oreilles », explique Max Loalngar. Pour lui, c’est la volonté du régime de faire du forcing et perpétuer le régime MPS. Il affirme que le mouvement Wakit Tama aura l’occasion de se signaler pour que tout le monde comprenne. Le coordonnateur de Wakit Tama rappelle que la plateforme a signifié déjà au peuple tchadien qu’il n’avait pas d’autres choix que de résister. « Il faut se retrousser les manches et rester debout contre cette dictature rampante. Cela nous fait mal en tant que tchadien d’être dernier en tout ».
M. Max Loalngar, note que les membres de son organisation ne sont pas des extrémistes, et soutient que leur volonté est de toujours dialoguer. D’après lui, Wakit Tama a eu plusieurs rencontres avec le PM et le ministre de la réconciliation dont la dernière date du 10 août 2021. « Ils nous avaient dit qu’ils allaient nous faire une proposition d’une nouvelle reconfiguration à l’effet de recueillir notre avis. Nous n’avons pas vu cette proposition et nous sommes aussi surpris comme tout le monde par ce décret qui intervient juste un jour après que le président du CMT ait tendu la main aux rebelles », dit-il. Wakit Tama selon lui, demande peut-être trop aux hommes, mais pas assez aux Tchadiens. Il souligne qu’il est hors de question que les Tchadiens tiennent les pattes de la vache Tchad pour qu’un groupuscule traie le lait à sa guise.
« …La descente aux enfers se poursuit »
Le président national du parti Alliance Nationale pour la Démocratie (AND) Salibou Garba le rôle des pouvoirs autoproclamés est dans la fourniture et l’appui financier, technique et logistique. L’objectif de cette manœuvre indique-t-il, est clair et limpide, « fausser les consensus et les prises de décisions, entériner les desiderata de ceux qui se sont emparé du pouvoir. » Il souligne également que la mise en place d’un Comité préparatoire spécifique pour les organisations politico-militaires n’est pas pertinente. M. Salibou Garba précise que, les problèmes que posent ces organisations sont éminemment politiques. Il ajoute que, les aspects militaires sont techniques et relèvent ainsi des structures techniques appropriées, une fois les accords conclus. Le président de l’AND relève que la quasi-totalité des organisations et personnalité sont celles qui ont fait montre de complaisance d’un soutien franc au CMT. Il conclut en disant que la composition du comité n’est pas satisfaisante, il aurait fallu un Comité à composition paritaire. « Dans nos réalités tchadiennes, parler même de personnes neutres, au-dessus de la mêlée, est une supercherie. Nous ne serions pas sortis de l’auberge : la descente aux enfers se poursuit », affirme Salibou Garba.
Moyalbaye Nadjasna
Après la levée des mesures restrictives prises par le gouvernement dû à la Covid-19, pour limiter le nombre des passagers dans les minibus et taxis, les vieilles habitudes ont repris. Les passagers sont embarqués au-delà de nombre de places et contraints à payer plus cher. Nos équipes de reporters sur le terrain ont sillonné quelques stations des minibus à N’Djamena. Reportage.
Depuis l’arrivée du covid-19 au Tchad, le gouvernement a pris des décisions pour instaurer des mesures barrières afin de stopper la propagation de la pandémie. La suspension de la circulation des minibus est l’une des décisions. Après un temps de chômage, les chauffeurs des minibus ont reçu l’autorisation de reprendre le travail et de circuler librement. Cette autorisation est conditionnée par le respect strict du nombre des passagers : pas plus de 10 passagers. Le non-respect de cette mesure est sanctionné par une amende. Cette décision a conduit le Syndicat National de Transports en Commun Urbains, inter urbain et Provincial du Tchad (SYNAT) à prendre aussi une décision d’augmenter le prix du transport. Mais ce dernier temps, le constat montre le contraire, les chauffeurs ne respectent plus la décision de l’État. Ils continuent à prendre le double du prix initial. Ce comportement inadmissible est à l’origine de frustration chez bon nombre de passagers. Pour le chargé de la communication du SYNAT Mahamat Ahmat Hassan Harre, depuis que les autorités ont levé le mot d’ordre limitant les places dans les minibus, le syndicat a pris une nouvelle décision en fixant à quatre passagers par chaise pour un tarif de 150F ou 100F par client selon la distance.
Toutefois, sur le terrain, la réalité est autre. Les chauffeurs n’appliquent pas les prix fixés par le syndicat de transporteurs. « Les chauffeurs trompent les clients, les prix ont changé, c’est redevenu normal comme avant la pandémie », a dit le chargé de communication de SYNAT. Il demande à la population de refuser de se faire escroquer par des agents de bus qui leurs font payer le double du prix. Il précise que les chauffeurs qui refusent d’appliquer la décision répondront à une commission d’enquête qui sera mise sur pied , « on va mettre sur pied une commission d’enquête qui fera un contrôle. Les contrevenants seront amendés », ajoute-t-il.
Au marché à mil
À l’arrêt des minibus du marché, les chauffeurs et leurs apprentis ne respectent pas le prix fixé par le syndicat. Ils n’appliquent que ce qui est autorisé par leur délégué. Ils embarquent 3 personnes par siège pour une somme de 250 f par passager. Pour le délégué des transporteurs de ce marché, leurs transporteurs respectent la limitation de nombre de places. « Ici, nous prenons 3 personnes et chaque passager paye 250f pour aller à Farcha et 150F pour le marché de Dembé », explique-t-il sous le sceau de l’anonymat. Selon lui, ceux qui prennent 4 passagers à 250f sont des escrocs, et donc ils ne sont pas dans leur organisation. Selon Isaac Ousman, chauffeur de minibus au marché à mil, ils ont leur organisation, celui qui ne respecte pas, il paye une amende de 6.000 FCFA. « Nous avons un délégué qui surveille tout. si un chauffeur prend plus de trois passagers par chaise, il le rappelle à l’ordre», confie-t-il.
Ces difficultés dans les transports en commun à N’Djamena sont constatées dans presque tous les terminus des bus.
Toutefois, les clients réfutent certaines allégations des transporteurs. Selon eux, les chauffeurs refusent délibérément de diminuer le prix de transport urbain. Beaucoup de clients se font ainsi arnaquer par les apprentis des minibus en payant le double du tarif normal. « Je ne suis pas d’accord avec le fait qu’ils prennent 3 personnes à 250f. Au début, c’était deux personnes par siège à 250f. Normalement le prix c’est 200f », dit Clémentine une usagée rencontrée au marché à mil. En abondant dans le même sens, Halimé, passagère témoigne, « Hier j’ai pris un bus ici au marché à mil, on était 4 personnes par siège. J’ai payé 250f. Quand on donne un billet, ils prennent 250f, mais si tu as la monnaie, ils prennent 200f. Par contre, ils refusent systématiquement de prendre 150f. » Un autre passager Éric préfère prendre le taxi pour éviter les entourloupes des chauffeurs des minibus. Selon lui, les chauffeurs de taxi au moins respectent le prix fixé par le syndicat des transporteurs.
Beaucoup de passagers lancent un appel aux autorités compétentes pour faire respecter les décisions. En attendant une éventuelle nouvelle décision, les chauffeurs et les apprentis se frottent les mains.
Orthom L’or
Votre journal Ialtchad a ouvert un dossier sur l’utilisation des pesticides dans les cultures maraichères. Pour clôturer ce dossier, notre reporter s’est entretenu avec la directrice Adjointe de Protection des Végétaux et du Conditionnement, du ministère du Développement Agricole Mme Okala Neloumta Madibé. Grande Interview d’Ialtchad presse.
Qu’est-ce que signifie pesticides? Et quel est leur rôle ?
Vous avez frappé à la bonne porte. C’est la direction de Protection des Végétaux et du Conditionnement, du ministère du Développement Agricole qui est mandatée par le gouvernement à travers le ministère de l’Agriculture pour la question de protection des végétaux. Pour cela, nous avons une loi, c’est la loi 14 relative à la protection des végétaux qui nous confère cette mission. Les pesticides sont des substances qui permettent de protéger les plantes. La définition des pesticides prend en compte ceux qui constituent des vecteurs des maladies. La FAO considère les pesticides comme toute substances utilisée pour traiter les plantes, assurer la régulation de la croissance des plantes, leur défoliation, ce sont des substances pour faire sécher les plantes. Au Tchad, nous n’utilisons pas toutes ces substances mais elles sont aussi des pesticides. On les appelle aussi des produits agro-pharmaceutiques, phytopharmaceutiques ou phytosanitaires. Pour nous résumer, ce sont des substances utiliser pour traiter les ennemis de cultures.
Qu’est-ce que vous entendez par ennemis de culture ?
Les ennemis des plantes sont les insectes, les nématodes, les maladies fongiques, virales, les bactéries, les rongeurs (les ras, et autres). Les virus et les bactéries constituent ce qu’on appelle des maladies invisibles aux yeux naturels sauf au microscope. Donc les pesticides permettent de réduire le taux de nuisibilité de ces ennemis de culture et assurer la survie des plantes pour augmenter la production agricole.
Quels sont les types de pesticides ?
Les pesticides sont de nombreux et divers types. Il y en a qui sont en liquide, en solide mais aussi en poudre. Un profane, ne fait pas de différence. Mais si vous avez devant vous un pesticide, il vient dans son emballage, soit dans une bouteille bien conditionnée avec des indications sur l’étiquette. Si c’est en liquide, on parle de pesticide EC (concentré emutionnable, cela veut dire qu’on peut mélanger dans l’eau), si on met WP en anglais Waitable Powder, c’est en poudre mouillable, Dray Powder, c’est à l’usage sans eau. Bref, si c’est en poudre c’est dans des sachets, en liquides dans des bidons (1 litre, 5 litres selon le conditionnement du formulateur, la firme qui les produit). Dans les pesticides nous avons les insecticides (pour insectes), nématoïdes (nématodes), les fongicides (tuent les maladies causées par les champions), le bactéricides (bactéries).
Comment peuvent-ils être utilisés face aux ennemis de culture ?
Il faut bien comprendre qu’il y a des pesticides qui tuent les insectes. Les insectes sont de différentes espèces. Chaque matière active qui se trouve dans un pesticide est destinée à un insecte bien précis, une maladie bien précise. On n’utilise pas les pesticides au hasard. Un producteur qui a des insectes qu’on appelle des puseromes, il doit chercher un insecticide ou pesticide de contact. Cela veut dire qu’une fois pulvériser sur l’insecte et qu’il est touché, et en meurt. Si ce sont des cochenilles phareneuses sur les maniocs, ces genres d’insectes sont protégés par un cocon. Alors, il faut un insecticide systémique qui peut pénétrer son cocon pour le toucher. Vous voyez déjà la différence dans l’utilisation des pesticides.
Et si c’est un maraicher ?
Si c’est un maraicher, il doit chercher un pesticide qui est destiné pour la culture maraichère. Généralement au Tchad, ce sont les maraichers qui en utilisent beaucoup mais c’est avec l’arrivée des chenilles légionnaires que les producteurs en font usage sur les sorghos et le maïs. Maintenant en utilisant il faut savoir ce qui peut convenir avec le maraichage. L’utilisation des pesticides va avec les cultures et les ennemis de culture. C’est pourquoi, il est important que les maraichers se rapprochent des techniciens pour des conseils avant tout usage de pesticides. Certains viennent nous voir et posent leurs problèmes. Nous dépêchons une équipe technique sur le terrain pour faire l’état des lieux et nous ramener des informations. Une fois les cultures identifiées avec les insectes et les maladies, ils prodiguent des conseils aux producteurs et ils leur prescrivent des produits appropriés. Dans les pesticides il y a des matières actives et si celles-ci ne conviennent pas à la cible, on peut pulvériser de tonnes et sans résultats et cela risque de créer plutôt d’autres problèmes.
Quelles précautions doivent prendre les maraichers pendant l’usage des pesticides ?
Ce que les maraichers doivent comprendre c’est d’être prudent lors de l’utilisation des pesticides. Il leur faut des équipements de protection individuelle. Il s’agit des combinaisons : bottes, gants, lunettes, chapeaux. Mêmes nous qui sommes de spécialistes, pour manipuler nous nous rassurons de nos équipements de protection individuelle. Malheureusement nos maraichers, ne le font pas. Cependant ils n’ont pas aussi tort parce qu’ils manquent d’informations. Ils ne sont pas formés dans le domaine, c’est à nous de les aider mais les moyens font défaut. Ceux qui viennent vers nous sont informés mais ce n’est pas le cas de la plupart d’entre eux. Lorsqu’ils mettent le produit dans le seau et ils y trempent les branchent des Neem pour les asperger sur les plants c’est dangereux. Ils ramassent le produit sur leur corps, avaler la vapeur qui peut causer de problème de santé.
Quels avantages à tirer dans l’usage des pesticides ?
Un, les pesticides tuent les ennemis de culture, améliore la production agricole. Si ces insectes ou maladies nuisibles à la culture ne sont pas éliminés, Deux, mal utilisés, ils détruisent la culture et le producteur ne peut rien gagner au finish. Trois, si le producteur les utilise en respectant les normes, il peut plus gagner. Mal utiliser, cela peut créer de problème.
Quelles sont les conséquences sur la santé humaine ?
Sur la santé humaine, il y a beaucoup des conséquences. Le pesticide lorsqu’il est mal utilisé et dans de conditions requises, il peut causer de maladies à long termes. Surtout pour les femmes et les enfants c’est très dangereux, ça agit sur la santé de reproduction. Il y a des pesticides qui sont cancérigènes. D’autres sont repro-toxiques et agissent sur les gamètes et peuvent causer la malformation des enfants. Ici, des études ne sont pas faites mais sous d’autres cieux, les études les ont démontrés. Si vous en avalez ça vous intoxique fatalement. Juste en contact, vous ramassez les pesticides dans la peau. Il y a trois voies de pénétration : la pénétration par contact, par inhalation (les dérives de vape dus au vent), et la pénétration par voie orale (confondre le pesticide à l’eau, par exemple). Lorsque les maraichers pulvérisent leurs plants, il y a ce qu’on appelle, le « délai avant récolte ». Il faut utiliser les pesticides proportionnellement à chaque hectare cultivé. Il y a beaucoup de choses derrières le pesticide.
Le délai avant récolte, qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire simplement que lorsqu’on pulvérise, il y a de temps à observer à respecter avant de récolter les plants. Cela dépend, ça peut durer 3 jours, une semaine, un mois après la pulvérisation. Sinon la récolte précoce après la pulvérisation, met le consommateur qui en achète en danger. Il mange le résidu du pesticide dans les légumes, tubercules ou fruits. Pour cela, il faut un temps maximum pour que le pesticide pulvérisé sur les plants se dégrade avant toute récolte. En accumulant les petites doses de pesticides jusqu’à la dose rectale, ça peut créer la maladie chez le consommateur. On peut laver les légumes à l’eau de javel pour détruire les microbes à la surface mais le pesticide est dans la plante. Donc le laver ne suffit pas. L’important, c’est de résoudre le problème à la racine avec les maraichers. Il y a un grand travail à faire avec eux à ce niveau.
Et les conséquences sur l’environnement et le sol ?
Pour l’environnement quand on déverse n’importe comment les pesticides ça peut souiller les eaux de fleuves ils peuvent s’infiltrer dans les nappes phréatiques aussi. Les gens qui pèchent avec les pesticides tuent les poissons, ils polluent l’eau qui peut tuer tout ce qui s’y trouve. Ça agit sur la biodiversité. Aujourd’hui, certaines espèces d’insectes ont disparu suite à la mauvaise utilisation des pesticides. Les abeilles par exemple, favorisent la pollinisation pour que les plantes puissent donner de fruits meurent tous, on aura de problèmes. Dans certaines zones, a force d’utilisation des pesticides, les abeilles disparaissent.
Les pesticides appauvrissent également le sol, les terres cultivables surtout. Les herbicides par exemples sont utilisés pour tuer les mauvaises herbes. Certaines molécules lorsque vous pulvériser ça peut détruire les microflores qui se trouvent dans le sol. Or ce microorganisme joue un rôle important dans la fertilité du sol pour le rendre cultivable. Au Mayo-Kebbi ouest notamment à Pala, nous avons fait une enquête sur l’utilisation des herbicides. Il apparaît que c’est beaucoup utiliser pour la culture de maïs mais les producteurs se sont rendus compte qu’ils ont de problème avec le sol. Cela est dû à l’utilisation abusive et anarchique des herbicides.
Réalisation Moyalbaye Nadjasna