Après l’expiration des 72h donné pour trouver des solutions par le ministère de l’Éducation nationale au problème des lauréats professionnels de l’Éducation, ces derniers reviennent à la charge ce 29 mars. Ils ont campé au rez-de-chaussée du ministère de l’Éducation nationale à Moursal. Il n’est pas question, selon eux, de passer un concours pour pouvoir accéder à la fonction publique. Reportage.
L’annonce du recrutement à la fonction par voie de concours n’est pas du goût de tous. Les lauréats professionnels de l’éducation rejettent la proposition. Pour les lauréat c’est une injure et de la poudre aux yeux. Nous n’allons jamais accepter cela pour la simple raison qu’on a fourni nos dossiers avec des engagements décennaux, disent-il. Autrement dit, après notre formation, nous serons automatiquement déployés sur le terrain, ont-ils précisé. Un lauréat très remonté sort parmi la foule et lance, « s’il s’agit de passer un concours pour entrer à la fonction publique, il faut commencer par le président du Conseil Militaire de Transition, le Premier ministre, les ministres et les décrétés à titre d’exemple avant de venir sur nous. Le concours dans ce pays on sait comment cela fonctionne. Qu’ils arrêtent de nous endormir ».
Il n’y a qu’une seule mort, trop c’est trop scandent les campeurs. Nous voulons notre arrêté sinon on ne pas bouger pas du ministère, affirment les lauréats professionnels de l’éducation. Sous le drapeau du ministère de l’Éducation, ils déposent un cercueil qui représente pour eux le système éducatif tchadien tué par les autorités. Ils entourent le cercueil, pleurent, sifflent et quelques-uns déposent des feuilles d’acacia sur le cercueil sous forme de gerbe de fleur. Ils demandent ensuite au ministre de l’Éducation de venir prendre le corps pour enterrer. Au cas contraire, il a intérêt à réanimer ce corps en intégrant à la fonction publique les lauréats. Ces derniers affirment qu’ils ont trop souffert et décident de mourir s’il le faut.
Selon les campeurs, ils ont en face d’eux un gouvernement qui n’a aucune concordance dans ses propos. « Les propos du président du Conseil Militaire de Transition (CMT), du Premier ministre et du ministre de la Fonction publique sur la question de recrutement des lauréats des professionnels de l’éducation sont différents. On ne sait plus quelle version croire. C’est de la navigation à vue et nous sommes fatigués de tout cela », a fait remarquer le président de la plateforme des lauréats Neusilka Emmanuel. Il ajoute que si les autorités pensent qu’il faut avoir d’abord les armes pour être écouté dans ce pays, ils vont prouver le contraire.
Il souligne qu’imposer un concours est une manière pour le gouvernement de trainer les choses, mais ils ne sont pas prêts à céder. Ils qualifient d’égoïstes les syndicalistes qui sont restés insensibles à leur lutte. Sous d’autres cieux, les syndicalistes revendiquent le recrutement des jeunes à la fonction publique comme c’est le cas au Gabon et au Niger. Ils ont obtenu gain de cause. Pourquoi pas ici, s’interrogent-ils. Le ministre de l’Éducation nationale et de la Promotion civique est resté coincé pendant longtemps dans son bureau. Nous avons sollicité d’avoir sa version sur la question, mais son directeur de cabinet nous a fait savoir qu’il n’est pas disponible.
Kouladoum Mireille Modestine
Pour trouver de solutions et lutter contre la mortalité maternelle, néonatale et infantile, le Ministère de la Santé publique et de la Solidarité nationale organise un dialogue national. Cette rencontre qui a réuni les experts, des ONG, les leaders religieux et traditionnels, mais aussi la société civile de toutes les provinces du pays pour débattre sur cette épineuse question. Ce serait l’occasion aussi de dégager des pistes de solutions pour faire basculer ce taux de mortalité trop élevé dans notre pays. Reportage.
La naissance d’un enfant devrait constituer un moment de bonheur. Mais le plus souvent, au Tchad, ce n’est pas toujours le cas pour beaucoup de familles. Or, il n’y a pas de raison pour qu’une femme qui donne la vie perde la sienne pour des complications obstétricales et autres causes. Ni que les enfants soient exposés à un risque de mortalité sur lequel l’on peut agir.
Pour la directrice générale adjointe des ressources, des infrastructures et de l’équipement au Ministère de la Santé publique et de la Solidarité nationale, Mme Ronel Grâce, il n’y a pas un décès qui fait plus mal quand une femme meurt en couche. Selon elle, cette rencontre de 5 jours va permettre de trouver des résolutions pour réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Parlant du taux trop élevé au Tchad, elle affirme qu’il y a plusieurs facteurs qui constituent la cause.
D’abord, il y a la cause liée aux 3 retards dus à une prise de décision pour amener une femme enceinte à l’hôpital, les retards liés aux moyens de transport, c’est-à-dire quand une femme est en travail, pour l’amener à l’hôpital, les gens mettent trop de temps pour prendre la décision. Et enfin le 3e retard, c’est à l’hôpital, selon elle, la prise en charge pose problème. La directrice souligne que tous ces retards contribuent au décès de la femme. Mme Ronel Grâce suggère qu’on combatte d’abord ces trois retards et les autres facteurs liés aux hémorragies. Elle estime que ce dialogue va permettre d’identifier les principales causes qui contribuent à la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Au sujet de la difficulté d’accéder dans les zones plus reculées en saisons pluvieuses, elle ajoute que le Ministère est en train de faire de plaidoyer pour que le personnel soignant soit motivé, en augmentant leurs primes.
Selon M. Mohamed Touré, chef de projet santé à Expertise France pour le Tchad, les travaux sur la mortalité maternelle sont intéressants, ça arrive à point nommé parce que c’est une problématique qui est réelle et pour laquelle il faut apporter de solutions. M. Touré met plutôt l’accent sur le problème des ressources humaines. Selon lui, les ressources humaines constituent un maillon important dans la prise en charge de la mère et de l’enfant et de la réduction de la mortalité. À propos de sages-femmes, il affirme que si le pays enregistre un taux trop élevé de mortalité, parce qu’il n’y a pas assez de sages-femmes disponibles dans les centres de santé, et ensuite le problème de la formation des sages-femmes. « Une sage-femme bien formée, c’est 30 ans d’exercice de la profession des sages-femmes au cours desquels elle peut accoucher des femmes dans de bonnes conditions et peut naître des enfants dans de bonnes conditions. Par contre une sage-femme mal formée, c’est pendant 30 ans qu’on tue des femmes pendant qu’elles doivent donner la vie », explique Mohamed Touré. Il souhaite qu’on mise sur la formation pour avoir des produits, c’est-à-dire des sages-femmes et les maïeuticiens de qualité.
Dr Clémence Epokno, pédiatre néonatologiste, vient du Cameroun pour assister au dialogue sur la mortalité. Elle exprime sa satisfaction de ce qu’on a invité à ce dialogue les chefs traditionnels. Selon elle, les chefs traditionnels disent ce qui se passe réellement dans les zones rurales, les problèmes que les femmes et les enfants ont dans la communauté. Elle estime que la rencontre permettra au gouvernement et ses partenaires de trouver ensemble des solutions qui tiennent compte de la réalité.
Pour Géneviève Ehono, chargée de programme à l’ONUSIDA, ce dialogue met le doigt sur un problème crucial qui a trait à la mortalité de la mère et de l’enfant et du nouveau-né. Selon elle, le Tchad reste l’un des pays où les indicateurs sont très bas et que le pays est mal vu sur le plan statistique mondial. La chargée de programme de l’ONUSIDA estime que c’est une opportunité de donner la parole à tout le monde. Elle souligne que les débats sont ouverts et transparents, et toutes les personnes qui prennent la parole disent ce qui se passe réellement. « Cela va permettre aux décideurs de voir sur quel levier il faut mettre le doigt pour pouvoir améliorer la condition de la femme et de l’enfant. », dit-elle. Dr Géneviève révèle qu’au Tchad, chaque jour 19 femmes meurent en couche, sans compter les nouveau-nés qui meurent et qu’on n’arrive pas à chiffrer. Elle ajoute que c’est énorme et qu’il faut déclarer une urgence au Tchad. La chargée de programme explique les raisons sont à plusieurs niveaux. D’abord le poids de la tradition, la femme ne décide pas, la communauté et puis le mariage précoce. Elle cite aussi le système d’accès aux soins de santé qui sont loin et les structures de santé ne sont pas bien équipées et le manque des ressources humaines de qualité.
Jules Doukoundjé
Une formation à l’initiative du Centre de Formation et de Perfectionnement (CFP) de la Direction générale des Impôts, ce 28 mars 2022. Ialtchad a rencontré les formateurs et les participants ce 29 mars pour approfondir les enjeux de cette formation. Reportage.
Trente et cinq (35) agents d’Impôts, gestion des bureaux suivent depuis hier une formation sur le thème : « contrôle fiscal : contrôle sur pièces, contrôle ponctuel et vérification générale (de la comptabilité des sociétés). » Déjà ce matin 29 mars, deuxième jour de formation, les participants apprécient le niveau des encadreurs. Ils admettent que certaines zones d’ombre de leur métier se dissipent.
Pour M. Derrom Mbaïadoum, Inspecteur des Impôts et Chef de centre de Formation et de Perfectionnement (CFP) de la Direction générale des Impôts (DGI), cette formation sur le contrôle fiscal vise trois catégories. La formation se fera en trois vagues. Elle dure une semaine. Pour l’instant, dit-il, c’est le volet contrôle sur pièces. La première vague de formation d’après lui ne vise que les gestionnaires des bureaux. Car ce sont eux qui reçoivent les dossiers de contribuables, a-t-il précisé. « L’objectif de cette formation c’est de permettre aux bénéficiaires de confronter les déclarations des contribuables et les bilans qu’ils déposent. Les gestionnaires seront aussi à mesure de ressortir les chiffres réels et trouver ce qu’il fallait. Ils pourront ensuite, prouver les redressements à faire et recouvrer l’argent à mettre dans la caisse du trésor national », a répondu le chef du CFP-DGI.
M. Derrom Mbaïadoum évoque qu’il va falloir outiller leurs agents pour bien faire le travail de manière professionnelle. Il ajoute qu’un autre enjeu de cette formation est le respect des procédures légales. À son avis, chaque contrôle obéit à des procédures spécifiques. L’inspecteur affirme qu’il faut éviter l’amalgame dans les différents contrôles fiscaux. « Si c’est un contrôle de pièces, il y a la limitation de procédure qui définit clairement comment il doit s’opérer. Donc tout est spécifique et clairement défini », assure-t-il.
M. Derrom Mbaïadoum remarque que dans le passé leurs agents font un peu de chevauchement. Il précise que suivant leur organisation interne, de recyclages périodiques sont programmés en faveur de leurs agents. « Chaque année, la Direction générale des Impôts(DGI), reçoit des agents qu’elle déploie partout pour le travail ». Certains, dit-il, ont la théorie sans la pratique, d’autres ne sont pas du domaine. Seuls les recyclages permettent de concilier la théorie et la pratique. Le chef du CFP-DGI exprime ses soucis en tant que responsables, c’est bien faire son travail en respectant la déontologie. « Un travail mal fait est un manque à gagner pour l’État. Mêmes les contribuables en tant que partenaires seront frustrés. Nous travaillons d’une manière très structurée avec eux. Il faut alors éviter de tels désagréments de relation partenariale », dit l’inspecteur.
Former les inspecteurs d’Impôts à l’échelle nationale
Pour M. Doguiné Yondé, formateur et ancien DGI, la formation se passe bien. La salle est enthousiaste et les participants sont réceptifs et curieux. Ce qu’il faut signaler ce que les formateurs sont des anciens responsables de la DGI. Le formateur assure que la DGI leur a fait confiance et ils croient satisfaire les attentes de cette formation. « Je vous avoue qu’on a assez de compétences au Tchad. Je vous informe qu’on voudrait créer une école qui forme les inspecteurs des Impôts sur place. On a même formé une première vague d’une trentaine d’agents qui est opérationnelle. Un bon produit fini avec la collaboration de l’Union Européenne », soutient-il. L’ancien DGI affirme qu’ils devraient avoir deux vagues de trente (30) donc soixante (60) inspecteurs d’impôts formés par les cadres nationaux. Malheureusement dit-il qu’un souci de financement s’était posé pour la deuxième vague de 30 inspecteurs à former. « Ne perdons pas de vue, à l’extérieur on nous forme par rapport à la fiscale étrangère. Arrivée au pays, il faut vous faut modeler par rapport à notre législation fiscale ». Pour compléter son collègue, M. Ousmane Abakar un autre formateur lui aussi ancien DGI maintenant Conseiller, indique que les 30 inspecteurs d’impôts qui ont été formés dans la première vague par les nationaux sont reconnus par la Fonction publique tchadienne. « Ils sont devenus actuellement des chefs de division et font normalement leur travail. Ce qui prouve que le Tchad est capable et dispose des compétences pour former ses ressources humaines », conclut-il.
Moyalbaye Nadjasna
Un incendie d’origine inconnue a ravagé une partie du marché Dombolo situé au quartier Ardepdjoumal dans la commune du 3e arrondissement de la ville de N’Djamena.
C’était aux environs de 3h 40 du matin ce 29 mars que le feu a commencé. Les produits de première nécessité, les caisses remplies de tomates, les pâtes alimentaires, les céréales et autres produits sont réduits en cendre. Les sapeurs-pompiers étaient sur les lieux peu avant que le feu ne soit maîtrisé par les riverains du marché. Ce matin, les détaillants et les enfants essayent de récupérer quelques objets récupérables dans les cendres. Les dégâts matériels sont énormes, mais aucune perte de vie n’est signalée.
Cela fait 15 jours que la délégation gouvernementale et les politico-militaires se sont retrouvés au Qatar pour un pré-dialogue qui permettra d’aller au grand dialogue national, prévu le 10 mai prochain. Que veulent les politico-militaires? Comment fonctionnent les Qataris? Pourquoi, 2 semaines plus tard, rien de concret n’est sortie?
D’abord, les politico-militaires ne semblent pas comprendre que Doha est une étape où ils posent les conditions de leur participation. Et le cœur de ces conditions est la garantie de leur sécurité. Le reste des leurs revendications devraient en principe se faire lors du grand dialogue. Mais les « politicos » donnent l’impression de ne pas savoir ce qu’ils veulent. Ils ont surtout fait étalage de leur désunion. Résultat, des groupes se sont formés sur des superficielles affinités. Quelles affinités? Guerrières? Idéologiques? En fait, les politico-militaires ne se font pas confiance. Les uns ne considèrent pas les autres. Il y a ceux qui croient dur comme fer que parmi eux, certains rouleraient pour la junte.
Ensuite, la lassitude de ne rien comprendre aux « méthodes quatariennes » a étreint tout le monde. Surtout la délégation gouvernementale qui semble réaliser que les choses sont plus compliquées que cela. Avant d’aller à Doha, le Conseil Militaire de Transition a fait jouer le nombre, imposant des politicos, au nom du dialogue inclusif, dans le jeu de la négociation espérant tirer profit. Arrivé à Doha, c’est une autre réalité qui s’est imposée, celle de la méthode quatarienne. Le négociateur en chef Chérif Mahamat Zène est même parti s’occuper d’autres choses. Bref, les bruits des couloirs en provenance de Doha se résument en une phrase, « rien ne se passe, rien ».
Rien? Pas tout à fait. Les Qataris ont travaillé. Ils ont un projet. Ils ont leur méthode. Leur plan repose sur trois piliers : l’écoute, le temps et le sérieux. Ils sont les maîtres du jeu et de l’horloge. Ils ont l’expérience et les moyens. S’ils ont supporté durant 2 ans les négociations entre les redoutables talibans et les intransigeants Américains, gérer les différends entre les Tchadiens est de la « petite bière ». D’ici à ce que les Qataris démarrent concrètement les négociations, les Tchadiens, gouvernementaux ou « politicos », ne savent pas ce qui les attend. Alors ils attendent, s’ennuient entre les couloirs du luxueux hôtel Rotana et les grandes tours de Doha en s’adonnant aux selfies et aux gawala gawala.
Aussi, la « méthode qatarie » qui consiste à donner du sérieux à la discussion est une bonne chose. Et une chance pour ce pays, même si les participants de deux côtés s’interrogent sur la pertinence de la méthode. Et sur son impact sur le calendrier de la transition. Les Tchadiens doivent prendre conscience que le Tchad a cessé d’être un pays politique au sens noble. Il est depuis la mort du premier président N’Garta Tombalbaye un pays politico-militaire où servir son pays est une tare, mais servir ses amis et son clan est le summum de la réussite.
Enfin, Doha est une occasion pour enterrer définitivement cette culture politico-militaire où les militaires sont militaires en faisant la politique. Et les civils prennent les armes pour faire de la politique. Et cela même s’il faut sursoir sur la date du 10 mai.
Bello Bakary Mana
Pour un recrutement transparent de 5000 jeunes à la fonction publique, il faut désormais passer un concours. C’est ce qui est suggéré par le Président du Conseil Militaire de la transition (PCMT), annoncé par son cabinet civil, Dr Abdoulaye Sabre Fadoul. Raison : égalité de chances pour l’accès à l’emploi public. Reportage.
Pour le recrutement des 5000 diplômés à la fonction publique, ceux-ci vont désormais passer un concours, comme le font certains pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Cette nouvelle stratégie a été annoncée par le directeur du cabinet civil du PCMT, Dr Abdoulaye Sabre Fadoul. Dans une correspondance du directeur de cabinet civil adressée au Premier ministre de la transition, il est justifié que cette nouvelle forme de recrutement à l’emploi public permette d’appliquer l’égalité des chances à tous les diplômés. Dr Sabre précise que le recrutement des 5000 jeunes voulu par le Président du Conseil Militaire de Transition (PCMT) se fera sur la base d’un concours transparent sous l’œil vigilant d’observateurs externes au circuit administratif.
Saisi par la plateforme des diplômés en instance d’intégration à la fonction publique, le PCMT instruit le Premier ministre d’accélérer le processus de recrutement de ces jeunes en tenant compte des besoins réels des différents départements ministériels et mettre en place une commission spéciale en incluant deux représentants des organisations syndicales et deux représentants de la plateforme des diplômés en instance d’intégration.
Depuis plusieurs mois, la plateforme des diplômés en instance d’intégration à la fonction publique a organisé des marches pour réclamer leur recrutement. Le porte-parole des sans-emploi craint que le PCMT emboîte les pas du gouvernement précédent. « Vu ce qui s’est passé, nous avons demandé notre implication dans le processus de recrutement à la fonction publique. », explique, le jeune diplômé. Il note que la plateforme des diplômés sans emploi a toujours clamé qu’on l’associe dans le processus de recrutement. Aimé Assaidji Bona s’interroge pourquoi le gouvernement refuse de les impliquer. Pour lui, le CMT veut faire tout à la place des jeunes et perpétuer l’ancien système qui consiste à recruter à la tête du client. Il estime que la plateforme devrait être dans la commission pour voir ce qui se passe de près. « Nous ne pouvons pas accepter que le gouvernement fasse quelque chose pour nous, sans nous », ajoute-t-il. Il pense que si la plateforme n’est pas associée à ce processus de recrutement, le gouvernement va les dribler. Le porte-parole souligne que le souhait des diplômes sans emploi est que les choses se passent dans la transparence. Pour le laborantin, la plateforme n’est pas prête pour se laisser faire et compte aller jusqu’au bout.
Jules Doukoundjé
Les magistrats sont en grève sèche et illimitée depuis le 22 mars 2022 sur toute l’étendue du territoire national pour dénoncer l’insécurité dont sont victimes les magistrats dans l’exercice de leur fonction. Cette grève a eu des impacts sur les affaires judiciaires dans toutes les provinces. Cependant, certains magistrats dans les provinces font toujours l’objet de violence à leur domicile et en dehors. Ialtchad Presse est allé au palais de justice de N’Djamena ce matin pour constater. Reportage.
Au moment où le palais de la justice qui autrefois était bondé de monde est désert ce matin. Les salles des audiences sont fermées. Dans la cour, on voit les hommes en treillis et certains en civils circuler avec des casiers judiciaires en main. Comme les magistrats ne travaillent pas, la délivrance de ce papier est devenue un vrai business.
Depuis que cette grève est observée, ils sont de plus en plus en insécurité. À la fin de la semaine passée et ce matin, les magistrats de Kélo Moundou et Bokoro sont violentés par la commission de désarmement. Cette situation inquiète le président du syndicat autonome des magistrats du Tchad Taoka Bruno. Pour lui, les cas d’agression se multiplient, les violences sur les magistrats vont crescendo et les magistrats s’interrogent sur ce qui va se passer. Selon lui, le pouvoir exécutif doit faire quelque chose pour stopper cette violation. « Il est impérieux que le gouvernement à travers son ministère de la défense monte au-devant de la scène pour dire halte. Aujourd’hui, les autres corporations ne sont pas visées, sauf les magistrats. Pourtant, les armes que détiennent les magistrats leur sont conférées par leur statut », a-t-il expliqué. Il souligne qu’il y a des procédures auxquelles la commission de désarmement doit se conformer. Lorsqu’on vient dans une ville pour le désarmement, on commence naturellement par les magistrats parce qu’ils ont cette possibilité de détenir les armes, a-t-il précisé.
L’occasion est toute indiquée pour le président du syndicat autonome des magistrats du Tchad de parler de l’impact que cette grève peut avoir sur les affaires judiciaires. Il affirme que lorsque les magistrats sont à la maison, cela a beaucoup d’impacts négatifs sur l’appareil judiciaire. « Les unités des polices judiciaires sont bondées, les procès-verbaux ne sont plus traités, les délinquants sont gardés dans les commissariats parce qu’ils ne peuvent être envoyés à la maison d’arrêt, etc. Imaginez ce que cela donne ». Tout de même, M. Taoka Bruno est optimiste quant à la recherche des solutions entre l’exécutif et le judiciaire même si celui-ci ne les pas encore appelés pour les écouter. Pour lui, les magistrats ont demandé assez de choses et la question est sérieuse. Et l’exécutif est en train de regarder les choses sérieusement. Il affirme au nom de tous les magistrats que le jour de la discussion arrivera. « Nous avons en face de nous des gens sensibles. Ils vont trouver une solution à ce problème. »
Kouladoum Mireille Modestine
Le mouvement citoyen notre Tchad a tenu son Assemblée Générale extraordinaire pour les 300 jours d’existence du mouvement. L’assemblée a eu lieu le 26 mars dernier au CEFOD. Il a été placé sous le thème bilan et perspectives. L’occasion pour le mouvement d’installer officiellement les nouveaux membres élus de la présidence dans leur fonction pour un mandat de deux ans renouvelable une seule fois. Reportage
Le mouvement citoyen notre Tchad est présent dans les pays comme le Niger le Cameroun, la Guinée-Équatoriale l’Égypte, le Togo, le Benin et le Tchad. Il regroupe plus de cent quarante associations de la société civile tchadienne. Les 300 jours de vie, du mouvement est célébré avec l’élection de Korom Acyl Dagache comme président national du mouvement. Dans son mot de bienvenue, le président du comité d’organisation réitéré le soutient du mouvement au Conseil Militaire de Transition (CMT). Pour lui, le mouvement citoyen notre Tchad est créé pour soutenir le CMT qui, selon lui, a pris ses responsabilités pour assurer la transition. Après le discours du président du comité d’organisation a suivi la lecture de la décision des membres du bureau exécutif, de la résolution, de la motion de soutien au CMT par la diaspora et celle des femmes. Et enfin le passage symbolique du flambeau de Lissa Wakit Ma Tama au mouvement citoyen notre Tchad.
Le président réélu Korom Acyl Dagache a dans son discours mesuré l’immensité de la tâche, mais promet de mener à bien cette mission. L’ AG a été aussi l’occasion pour lui de faire le bilan des 300 jours passés à la tête du MOCINT. « Notre mouvement associatif a réalisé environ 83 activités en faveur de la paix, du vivre ensemble, du dialogue interreligieux, de la citoyenneté dans les milieux estudiantins et surtout dans le domaine de la cohabitation pacifique » a-t-il indiqué. À mettre aussi à l’actif du mouvement, l’installation au niveau international des bureaux de coordinations, qui pour le président est un pari historique gagné. À propos du changement de nom Lissa Wakit Ma Tama en mouvement citoyen notre Tchad, le président précise qu’il prend acte de ce changement. Mais les activités de Lissa Wakit Ma Tama sont mises en veilleuse en attendant les compatriotes qui s’obstinent à faire du désordre. Alors la plateforme Lissa Wakit ma Tama va renaître de ses cendres pour les rencontrer au travers de leurs chemins poussiéreux et caillouteux, ajoute-t-il.
Le président du MOCINT Korom Acyl Dagache invite les autorités diplomatiques et consulaires à prêter main-forte au mouvement dans l’accomplissement de ses missions à l’étranger. « Nous sommes un organe de soutien au Conseil Militaire de Transition et il est inadmissible que des diplomates s’immiscent dans nos activités à l’effet d’interdire ou encore de saboter nos actions citoyennes. Cette manière risque de violer ainsi l’esprit et la lettre de la Circulaire du Premier Ministre de Transition qui exigent à ce que les différentes autorités adoptent une attitude équidistante en la matière », a-t-il souligné.
Kouladoum Mireille Modestine
Ousmane Bello Daoudou