Les magistrats en grève illimitée protestent contre les agressions et des actes de violence perpétrés contre eux et sur les acteurs judiciaires par les forces des défenses et de la sécurité et certains individus mal intentionnés. Le Droit de l’Homme sans frontière et les avocats dénoncent le silence des autorités. Reportage.
Selon Me Djonkissam Kalandi, secrétaire général des Droits de l’Homme sans frontières (DHSF), c’est une grève qui est légale. Il précise que les magistrats incarnent le pouvoir judiciaire malheureusement, ils sont violentés par les justiciables et les forces de l’ordre. À son avis, les gens oublient une chose, lorsqu’on va à la justice on peut gagner ou perdre le procès. « C’est déplorable, lorsqu’on perd le jugement au Tchad, on s’acharne contre les magistrats. Bien dommage encore, tout le corps judiciaire est menacé ce dernier temps. Nous faisons un travail transfrontalier de protection des droits de l’homme, mais seul au Tchad, des pareilles choses se passent », dit-il. Ces actes sont inhumains et dégradants, affirme le SG des DHSF. Le défenseur des droits de l’homme affirme qu’ils avaient récemment dépêché une mission sur le terrain vers le sud du pays pour constater un autre cas d’agression des magistrats. C’est triste dit-il. « Nous regrettons le silence des pouvoirs publics face ce qui se passe et à la grève des magistrats. Notre position au niveau de droits de l’Homme sans frontière est claire. Nous condamnons ces agressions physiques perpétrées chaque fois contre les magistrats », confie le SG des DHSF.
Pour lui, le pays est sans justice actuellement et les conséquences sont notoires. Les détentions provisoires surtout en pénal et les gardes à vue se prolongent, remarque-t-il. D’après le SG des DHSF lorsque c’est la grève, les parquetiers ne peuvent pas vérifier et constater les arrestations dans les cahots des commissariats et brigades. Or s’inquiète-t-il, certaines personnes sont arbitrairement gardées. Les justiciables qui ont leurs dossiers en instance ne sont pas non plus fixés sur leur sort, ajoute Me Djonkissam.
« Si les plus hautes autorités étaient attentives aux revendications des magistrats, la grève n’aurait pas lieu. L’appareil judiciaire est à terre par la faute du gouvernement. Il faut que le gouvernement soit prêt à écouter les magistrats et répondre à leurs doléances », plaide-t-il. À son avis, les conséquences de la grève relèvent de la responsabilité de l’État.
Au nom du barreau du Tchad le Bâtonnier Me Djerandi Laguerre Dionro affirme : « dans un pays lorsque la Justice ne fonctionne pas et est aux arrêts, cela doit émouvoir les autorités. Elles doivent le plus rapidement trouver de solutions pour la reprise des activités. » Selon lui, l’indépendance de la justice et la sécurité des acteurs judiciaires sont en jeu. Le Bâtonnier doigte le manque de professionnalisme des forces de la défense et de la sécurité. Il suggère au gouvernement de réagir d’une manière prompte et efficace afin de montrer l’intérêt accordé au pouvoir judiciaire. Me Djerandi, exprime que les avocats sont solidaires avec les magistrats. Il soutient que la primauté du droit est en cause et aucun acteur judiciaire n’est indemne. Le barreau du Tchad appelle les plus hautes autorités à instruire des mesures fortes qui s’imposent pour garantir la sécurité des acteurs judiciaires. Les auteurs et complices doivent être arrêtés et jugés conformément à la loi, conclut-il.
Moyalbaye Nadjasna
Les ex-travailleurs de Tchad-Cameroun Constructor (TCC) ont organisé un sit-in ce lundi 04 avril devant le siège d’Esso au quartier Klémat dans la commune du 2e arrondissement pour se faire entendre. Ils réclament le payement de leurs droits sociaux. Aussitôt réuni, le Groupement Mobile d’Intervention de la Police GMIP leur a demandé de quitter les lieux. Ils se sont repliés à la bourse du travail. Ialtchad Presse est allé à leur rencontre. Reportage.
Dix-huit mois après leur départ de TCC, les ex-travailleurs décident de passer à la vitesse supérieure pour se faire entendre. Ils se sont retrouvés tôt lundi matin au siège d’Esso pour exprimer leur mécontentement à l’égard leur ex-employeur qui refuse de leur verser leurs droits sociaux malgré la décision de justice en leur faveur. Les manifestants n’ont pas pu exprimer leur colère, car le GMIP est intervenu très rapidement pour leur demander de quitter les lieux.
Ali Hassan Zakaria est le président des ex-travailleurs de TCC. Pour lui, ils font une lutte syndicale pour entrer dans leurs droits, mais n’ont pas la force pour faire face au GMIP. « À 5h 45min déjà les camarades étaient sur les lieux. Le GMIP est arrivé et on a résisté au début. Après, le GMIP nous a donné 5mn pour bouger et nous sommes obligés d’obtempérer. Sinon on voulait juste nous faire entendre et amener notre ex-employeur à verser nos droits sociaux qui n’a que trop duré », explique-t-il. Il ajoute que le GMIP leur a demandé une autorisation pour le sit-in alors ils sont actuellement en train d’écrire une correspondance pour une autorisation de marche pacifique. Nous voulons marcher de la bourse du travail jusqu’au ministère de la Justice s’il le faut pour demander aux gens de respecter les décisions rendues par la justice, a-t-il affirmé.
Les ex-travailleurs rejettent en bloc l’arrivée d’un expert-juriste depuis Houston pour les aider sur leur affaire. Pour eux, c’est la Cour suprême qui a rendu le verdict depuis le 25 janvier 2022 en leur faveur et oblige Esso à verser 10 milliards 500 millions aux 4013 aux ex-travailleurs. Pour eux, pas question de remettre en cause les décisions rendues par la haute cour. Les ex-travailleurs souhaitent que cet expert-juriste travaille dans la sincérité pour qu’ils puissent enfin entrer dans leurs droits.
TCC est un sous-traitant d’Esso qui a recruté du personnel pour travailler dans les sites pétroliers de Komé et Miandoum de 2001 à 2004. Ils indiquent qu’ils ont bataillé dans la brousse avec les serpents, les abeilles et autres dangers. Un an après l’écoulement du pétrole, 4013 employés ont été remerciés et depuis ce jour, ils militent pour entrer dans leurs droits. Cependant, les mêmes ex-travailleurs cotés Cameroun sont entrés dans leurs droits. « Notre avocat a démontré avec des preuves à l’appui lors des plaidoiries que les ex-travailleurs de TCC coté camerounais ont bénéficié chacun de 75 millions avec une villa et une voiture en guise de réinsertion. Pendant ce temps, nous les autochtones souffrons de la mise en œuvre des décisions de la justice. C’est lamentable », a déploré Ali Hassan Zakaria président des ex-travailleurs. Depuis 2004, plus de 2000 ex-travailleurs sont décédés. Le président dit que la responsabilité incombe à l’employeur qui leur a mis beaucoup de pression dans le travail quand ils étaient en fonction.
Kouladoum Mireille Modestine
Le centre Al-mouna a organisé ce vendredi, 02 avril 2022 dans sa grande salle d’auditorium une conférence-débat. C’est un échange public sur le thème : « la mendicité infantile prend de l’ampleur au Tchad, à qui la faute ? Comment l’éradiquer ? » les panellistes face à l’assistance, sont le professeur Ahamat Mahamat Hassan, juriste Enseignant Chercheur, M. Dodom Ndildongar, Directeur de l’Enfance au ministère de la Femme et de la Petite Enfance, M. Idriss Hamat Kréo, Directeur adjoint de la tutelle, des collectivités autonomes, du ministère tchadien de l’habitat et d’urbanisme et à la facilitation, M. Arthur Ali Nguetel, coordonnateur de REASPET. Reportage.
Pour planter le décor de ce débat, Professeur Ahamat Mahamat Hassan affirme qu’il participe au panel de ce débat en tant qu’ancien enfant mendiant. Selon lui, son intervention est axée sur l’aspect prévention et protection des droits de l’enfance. En bon pédagogue, Pr. Ahamat rappelle que la pratique de la mendicité au Tchad est faite par les enfants « mahadjirines » reconnus sous l’appellation de Talibé en Afrique de l’Ouest. À l’origine dit-il, la pratique de l’islam aurait recommandé que les enfants soient confiés à un maître coranique appelé Marabout ou Alfaki. « Ce dernier est censé de former les enfants à bien connaître le Saint Coran et le Hadis du prophète. Autrement, l’enfant est promis pour être au paradis », explique l’Enseignant chercheur. A son avis, le fondement de cette pratique se trouve dans le quatrième Sourate Alnissa versets 99 à 100. « Celui qui quitte sa demeure pour le sentier de Dieu trouvera beaucoup de lieux de refuge et de difficultés. Et s’il trouve la mort, sa récompense est entre les mains d’Allah, car le Seigneur est Miséricordieux. Ces versets ne concernent pas le Coran, mais le Prophète Mohammad et ses compagnons dans leur migration de la Mecque à Médine chez ses parents maternels », a souligné Pr. Ahamat. C’est le vécu de l’islam chez nous qui donne fausse cette interprétation, dit-il.
Aujourd’hui, déclare le juriste, les marabouts ont transformé la pratique en une exploitation de l’enfance. Dans le jargon juridique on parle de traite de personnes affirme le consultant. « Le marabout est à la maison et chaque enfant est obligé d’apporter tel montant dans la journée. Ils se retrouvent dans les rues de N’Djamena la capitale et déambulent parmi les véhicules. Ils tendent la gamelle aux gens avec de grosse cylindrés présumés riches », souligne l’Enseignant Chercheur. Il signifie que de grandes personnes mêmes d’autres nationalités hommes et femmes supposées aveugles sont plongées dans cette pratique. Il fait remarquer certaines gens ferment les yeux pour escroquer les citoyens dans la rue. Quelques-uns révèle Pr Hassan, louent les enfants des autres, ils les habillent mal et salles pour attirer la pitié et forcer la générosité. « Le phénomène prend effectivement une autre allure. La victime c’est l’enfant, il n’est pas instruit, il n’a pas de droit et de devoir. La faute revient aux parents d’abord, mais également à l’État. Les enfants constituent de maillons faibles de la société. L’enfant peut être récupéré par les terroristes pour aller placer une bombe quelque part », avertit-il.
Intervenant à son tour, M. Dodom Ndildongar, Directeur de l’Enfance signifie que cette situation préoccupe bien sûr le gouvernement. A son avis, la création de la direction de petite Enfance en est une preuve. Beaucoup de textes et lois, dit-il, sont édictés en vue de corriger les risques encourus par l’enfant. Le directeur informe que les partenaires notamment les agences onusiennes et les ONG contribuent valablement pour lutter contre les privations des droits de l’enfant. Il constate tout de même que la pratique de la mendicité au Tchad prend une proportion inquiétante. Il cite les cadres juridiques de protection de l’enfance. Ce sont la Déclaration Universelle de Droit de l’Homme de 1948, et la Convention internationale de Droits de l’Enfant. Ces textes supranationaux stipulent que « l’enfance a droit à une aide et une assistance spéciale compte tenu de sa vulnérabilité. La famille est un milieu naturel propice à la croissance de l’enfant. » En poursuivant son exposé, M. Dodom Ndildongar a signifié que l’article 20 de la CDE, dégage quatre principes fondamentaux garantissant le droit de l’enfant. Ce sont dit-il, la non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant, principe de vie, de survie et de développement et le principe de l’inclusion et la participation. « Au regard de tous ces principes, toute pratique qui porte atteinte au droit d’un enfant doit attirer notre attention. En analysant ces principes directeurs, on se rend compte que tout enfant mendiant est privé de ses droits, quelles que soient les causes qui l’exposent à cette pratique. La mendicité prive les enfants à leurs droits à l’éducation, à la santé, au développement socioaffectif », clarifie le Directeur de l’Enfance. D’après lui, les catégories des enfants sujets à la mendicité sont entre autres, les enfants orphelins, ceux issus de familles démunies, et les mahadjirines.
Fédérer les actions pour corriger le phénomène
Abordant l’aspect actions du gouvernement, M. Dodom Ndildongar cite le décret de 1963 relatif à la protection de l’enfant et de l’adolescent. Selon lui, ce texte réglemente la circulation des mineurs de moins de 16 ans. Le Code pénal du 8 mai 2017 (articles 184, 185, 186 et 187) considère la mendicité comme un délit. Malheureusement déplore-t-il, pour les textes au Tchad souffrent toujours de leur applicabilité. En décembre 2020 rappelle le directeur, mme le ministre de la femme a organisé à l’endroit des maîtres coraniques une formation en collaboration avec le Conseil Supérieur des Affaires islamiques(CSAI). La formation précise-t-il, portait sur les besoins fondamentaux et les droits de l’enfant. Il évoque aussi dans la logique des actions du gouvernement, le programme d’éradication de la mendicité axé sur trois composantes. Il s’agit d’après lui, le retrait et la prise en charge des enfants mendiants, la communication politique et sociale pour un changement de comportement et la prévention de la mendicité à travers le renforcement des initiatives communautaires. S’agissant de la responsabilité, M. Dodom Ndildongar note qu’elle est partagée, mais l’essentiel, c’est de fédérer les actions pour corriger ce phénomène. Mais les parents sont les plus interpellés, insiste-t-il.
Pour le dernier panelliste, M. Idriss Hamat Kréo, Directeur adjoint de tutelle des collectivités autonomes, MATHU, différentes raisons amènent les enfants à être dans la rue. La mendicité est aujourd’hui un phénomène social et c’est la responsabilité de tout le monde, indique-t-il. Pour lui, les facteurs favorisants sont la pauvreté, le sous-emploi, la mauvaise gouvernance, la corruption impactent négativement sur la société. « Le centre d’espoir de Koundoul aux années 70 et 80 était un centre de référence, aujourd’hui il ne compte que quelques hectares. Lorsqu’on apprend qu’une mission va passer, c’est une grande mobilisation des enfants. Après, tous les enfants regagnent les marchés. C’est une irresponsabilité des gens qui ont la charge de nos institutions », dévoile-t-il. En 2015 soutient-il, un arrêté ministériel interdisait la mendicité, certains mendiants ont été envoyés vers ce centre, mais actuellement, le phénomène reprend de bel. Le directeur estime que ce qui se passe, c’est une bombe à retardement. Il s’inquiète que ces enfants deviennent des délinquants, des braqueurs et la société sera mise à mal. Il déplore nos frontières poreuses qui favorisent aussi l’infiltration des mendiants étrangers. D’après lui, on a que des mesures cosmétiques au Tchad.
Moyalbaye Nadjasna
Pour la réussite de la transition et surtout le pré-dialogue avec les politico-militaires en cours à Doha au Qatar, la plateforme « Le Tchad d’abord » appelle toutes les composantes de la société à s’impliquer davantage. Cet appel a été lancé au cours d’une rencontre avec la presse. Reportage.
La plateforme Le Tchad veut faire de la réussite des pourparlers entre le gouvernement et les politico-militaires et de la transition, une priorité nationale. Au cours d’une rencontre avec la presse ce samedi à N’Djamena, elle appelle toutes les composantes de la société à faire bloc derrière le Président du conseil militaire de la transition (PCMT), le général du corps d’armée, Mahamat Idriss Deby. Les membres de cette plateforme estiment que c’est la seule façon de conduire le pays vers une paix durable.
Selon Mahamat Houssouna, porte-parole 2e adjointe de la plateforme, la réussite de la transition nécessite la contribution de toutes les entités de la société tchadienne. « Nous saluons les efforts fournis jusque-là par les autorités de la transition, surtout par le Général Mahamat Idriss Deby d’avoir tendu la main à tout le monde pour participer au dialogue national inclusif tant attendu par les Tchadiens », dit-elle. La porte-parole souligne que c’est avec une grande satisfaction que les membres de la plateforme ont suivi l’ouverture des travaux du pré-dialogue avec les politico-militaires à Doha au Qatar le 13 mars dernier. Selon elle, ce rendez-vous de paix qui a rassemblé les politico-militaires est historique pour notre pays. Mme Mahamat Houssouna estime que Doha prouve que les participants ont fait un déplacement avec la volonté de donner une chance au retour d’une paix durable, préalable au développement du Tchad. La plateforme Le Tchad d’abord invite les parties prenantes à mettre au-dessus de tout l’intérêt de notre pays, le Tchad d’abord. La porte-parole 2e adjointe affirme qu’aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers le Qatar et que cela traduit l’attente réelle du peuple tchadien qui a beaucoup souffert des effets de la guerre et qui prône désormais la paix et l’unité nationale. Mme Houssouna se réjouit aussi du consensus qui a valu après quelques jours de suspension des travaux. Elle voit en cette suspension le désir ardent des participants de procéder à un pré-dialogue franc et sincère entre eux. Elle précise également que l’organisation dont elle porte la parole est soucieuse du devenir du Tchad, c’est pourquoi elle demande au PCMT et aux partenaires de notre pays de s’impliquer davantage pour que ce dialogue national soit réellement inclusif et surtout sincère, car le peuple attend avec impatience le retour d’une paix définitive.
Jules Doukoundjé
Ce samedi 02 avril 2022 les fidèles musulmans du Tchad débutent le jeûne du mois de RAMADAN. Ialtchad Presse a recueilli les impressions de quelques fidèles musulmans. Voici leurs réponses.
« Allahou akram, ramadan Karim à tous et à toutes sous la protection divine. En cette période pieuse, cultivons la Paix et la Solidarité. Qu’Allah accepte nos jeûnes, purifie nos âmes, et renforce notre foi. Que ce mois bénit nous rapproche davantage du Seigneur », dit Brahim Mahamat Ahmat
« Dieu merci nous avons bien débuté avec le carême, mais tout est cher au marché. Avant le prix est abordable, mais subitement tout a changé et nos clients se lamentent parce qu’il n’y a pas d’argent. 1 Coro de sucre est à 2500f, le Coro d’oignons à 1500f, l’huile de 5 litres à 8500f, le tas de carottes qui se vend à 250f et à 500f aujourd’hui. En toute sincérité tout est cher : la viande, la patte d’arachide n’en parlons pas même le lait cailler, appeler communément rouwaba, la petite bouteille Tangui se vend à 1000f », se lamente Habiba Moustapha
« Que dire ? Bon, les légumes et les fruits comme les tomates c’est la période, pas de problèmes c’est selon les capacités de nos clients. En ce mois de Ramadan nous remercions Allah Soubhana wa ta’alla de nous avoir accordé la vie mais il faut respecter les conditions du jeûne. Bon début de Ramadan à tous et toutes », affirme Mariam Issakha
Les Organisations non gouvernementales (ONG) du Tchad sont les partenaires de l’État dans le domaine de développement local. Pour mieux agir, une plateforme des ONG nationales organise un pré-forum pour se pencher sur les maux qui les minent, mais aussi pour peaufiner leur position afin de peser sur le prochain dialogue national inclusif (DNI). Reportage
Les Organisations non gouvernementales du Tchad veulent peser sur les décisions lors du prochain dialogue national inclusif (DNI). Pour cela, leur plateforme organise un pré-forum de deux jours qui va leur permettre d’échanger d’abord sur les maux qui minent ces organisations, puis peaufiner leur position avant d’aller au DNI. Cette rencontre sera aussi l’occasion à la plateforme se pencher sur les défis, les solutions et les perspectives.
Selon le président de la plateforme des ONG nationales pour le dialogue national inclusif (PONDNI), Mahamat Ahmat Younous, les ONG sont des acteurs humanitaires apolitiques. Il souligne que les ONG nationales sont prêtes pour accompagner les programmes nationaux dans les différents secteurs tels que la santé, l’environnement, la sécurité alimentaire, l’éducation, la protection, la bonne gouvernance et la paix durable. Le président de la plate-forme des ONG nationale note que c’est depuis 60 ans que celles-ci ne sont jamais rencontrées pour discuter ensemble des problèmes qui gangrènent le développement du pays. Il ajoute que ce pré-forum est crucial, étant donné que le pays se prépare à une rencontre qui va réunir toutes les entités du pays et que les ONG nationales aussi auront leur mot à dire. Il affirme que c’est une journée historique pour les ONG tchadiennes. Mahamat Ahmat Younous précise que les défis sont énormes. « Raison pour laquelle nous tenons ce pré-forum plancher sur les difficultés que les ONG nationales font face », explique-t-il. Il note que les ONG tchadiennes sont des acteurs locaux et sont proches de la population. À son avis, sans les ONG, le pays ne pourrait pas réaliser seul tous les projets de développement.
Dans le même registre, Djénonkarlémbaye Milaiti, responsable d’une ONG nationale, un pré-forum permet aux ONG de se préparer parce qu’il y’a un dialogue qui se pointe à l’horizon et il faut que les ONG qui sont également des partenaires de l’Etat qui apporte dans l’équilibre socio-économique doivent avoir leur mot à dire. Selon lui, c’est un moment indiqué pour que celles-ci présentent aux autorités publiques au cours du DNI prochain, les aspirations les plus profondes et légitimes des citoyens, mais pour sortir le pays de cet état de pauvreté.
Pour Mme Danmadji Abigaëlle, présidente de l’association des femmes pour entraide sociale (AFES), les femmes ne sont représentées comme il se doit dans les grandes décisions. Pour elle le pré-forum doit permettre aux femmes des organisations non gouvernementales d’exiger l’équilibre dans les décisions. Pour lui, le manque d’équilibre est la cause du sous-développement de notre pays. Elle appelle les femmes à faire front commun et être debout pour réclamer leur place dans les grandes institutions de l’État. La présidente de l’AFES souhaite aussi que lors du dialogue prochain, les femmes soient représentées en bon nombre pour peser de leur poids dans la prise des décisions.
Jules Doukoundjé
L’Association Bet Al-Nadjah initie une formation à l’intention de l’Union des organisations des femmes vendeuses de poissons du Tchad (UOFVPT), ce 1er avril 2022 dans un centre ici à N’Djamena. Placée sous une stratégie dénommée 4HE ou « les quatre heures de mon Entreprise », la formation vise à outiller les vendeuses de poissons sur les techniques de gestion et de la normalisation de leur entreprise. Reportage.
Une trentaine des femmes leaders membres de l’Union des organisations des femmes vendeuses de poissons du Tchad (UOFVPT), suivent depuis ce matin une formation sur la gestion de leur entreprise. La formation est dénommée 4HE (les quatre heures de mon entreprise). Selon le formateur M. Réoulare Rodrigue, Bet Al-Nadjah dans sa politique d’inclusion professionnelle a jugé utile de faire recours aux femmes vendeuses de poissons. À son avis, le programme 4HE vise à renforcer la capacité de leurs cibles sur les techniques de gestion et de normalisation des entreprises. À l’issue de la formation, dit-il, les vendeuses de poissons outillées pourront gérer avec efficience leurs activités génératrices de revenus. Il ajoute que celles-ci sauront également les démarches à entreprendre auprès de l’agence Nationale d’Investissement et d’Exportation (ANIE) pour la formalisation de leurs activités.
Le formateur assure que d’autres étapes d’accompagnement vont suivre cette formation. Il cite le processus de création et éventuellement, l’élaboration de business plan. D’après M. Rodrigue ce serait une étape qui va permettre l’Union des organisations des femmes vendeuses de poissons du Tchad (UOFVPT) de bénéficier d’appui technique et financier.
Pour mme Fihil Agoï, présidente de l’Union des organisations des femmes vendeuses de poissons du Tchad (UOFVPT), leur activité leur permet de supporter un tant soit peu la charge familiale, mais c’est un moyen important d’autonomisation de la femme. Elle souligne que cette activité lutte contre la pauvreté, le chômage, la prostitution en milieu urbain. Seulement, elle estime qu’il faut analyser de près les obstacles de leurs activités. Une fois le mal diagnostiqué, tout ira pour le bien des femmes vendeuses de poissons. « Nous osons croire qu’avec cette formation que Bet Al-Nadjah nous fait bénéficier, nous allons relever sans doute nos multiples défis », confie-t-elle. Mme Fihil Agoï, demande aux participantes à cette formation d’être assidus et attentifs pour donner un bon résultat et d’exemple aux autres.
Elle plaide aussi auprès du gouvernement et d’autres partenaires techniques et financiers d’accompagner le développement des activités des femmes vendeuses de poissons. Elle a remercié l’association bienfaitrice avant de préciser que c’est depuis huit (08) ans qu’existe leur organisation.
Moyalbaye Nadjasna
Ousmane Bello Daoudou
Les bavures des Forces de sécurité intérieure (FSI) ce dernier temps ont sapé les relations de confiance entre elles et la population. Pour rétablir cette confiance, l’association COGINTA en collaboration avec l’Association pour la promotion des Libertés fondamentales au Tchad (APLFT), poursuivent la vulgarisation du code de déontologie avec les FSI. Ce 31 mars à la maison de quartier de N’Djari à N’Djamena, 35 agents de sécurité de trois différents corps (la police, la gendarmerie et la garde nomade) sont en formation. Reportage.
Une trentaine des éléments de forces de sécurité intérieure (FSI) dans un cercle restreint suivent activement une formation. Selon Mbai-ilam Doctor, garde de nomades, c’est depuis hier qu’ils ont entamé la formation sur la vulgarisation du Code de déontologie des FSI. Les FSI, dit-il, regroupent trois corps : la Garde nationale nomade du Tchad (GNNT), la Police et la Gendarmerie. Selon lui, l’accent est mis sur l’objectif et la mission des FSI. « Les trois corps doivent collaborer dans une mission de protection de la population, les biens et les édifices publics. Cette formation a permis de dégager les bonnes et les mauvaises pratiques. Nous cherchons ensemble les stratégies pour ramener la confiance entre la population et les FSI », dit M. Mbai-ilam. Il souhaite que ces genres de formations se prolongent. D’après lui, le nombre est minime, mais ils vont restituer dans leurs corps respectifs ce qu’ils ont appris.
Pour l’Experte en FSI et Genre, le commissaire divisionnaire de Police Mme NGueslam Djera Esther, le rôle des FSI c’est de protéger les personnes et les biens. Elle explique que c’est important que les FSI se familiarisent à certaines valeurs et principes issus du Code de déontologie. Selon elle, ces valeurs et principes sont : l’intégrité, l’impartialité, la neutralité, la compassion, la probité, la non-discrimination, le respect de la diversité, etc. L’Experte soutient que les FSI ont l’obligation de gagner la confiance de la population. Elle insiste sur le fait que seule la population peut leur fournir des informations inhérentes à leurs missions. Quand tu te respectes, la personne en face de toi te respecte aussi, a-t-elle dit.
Mme Esther affirme que les bonnes conduites doivent guider la mission des FSI. « La sécurité n’est efficace que si elle est bien informée. Nous demandons aussi à la population de nous faire confiance, c’est grâce à leurs informations fiables que nous pouvons bien faire le travail », lance-t-elle. Mme le commissaire rappelle que c’est pratiquement un mois qu’ils sont à pied-œuvre. Elle précise que d’autres activités notamment les foras des quartiers et des causeries-débats sont organisées entre FSI et population. Les causeries éducatives ont lieu aussi dans les collèges et les lycées. « Nous expliquons aux élèves que notre rôle premier c’est de sécuriser. C’est quand on est dépassé que nous venons à la répression. Nous sommes obligés de coopérer avec la population. Il faudrait que celle-ci nous dise à quel niveau elle a mal afin qu’on intervienne. Naturellement nous ne pouvons qu’être des partenaires »,.
Collaborer c’est mieux sécuriser
Mme Esther estime que la sécurité n’est pas l’affaire seulement des FSI, mais de tout le monde. A son avis, chacun doit développer des valeurs sécuritaires. Sans sécurité il n’y aura pas de développement, indique-t-elle.
L’Experte en FSI et Genre note que dans cette dynamique, il y a une lueur d’espoir. Elle assure les activités lancées portent déjà de fruits. Mme le commissaire estime que mêmes les élèves comprennent bien leur logique et en présence parfois de leurs censeurs. Elle informe que les bonnes pratiques seront récapitulées et compilées dans un document final. La formatrice indique que les écoles de formation des FSI vont inclure la vulgarisation des bonnes pratiques imbues dans la déontologie. Elle soutient qu’au niveau des communes, des structures sont mises en place. Il s’agit des conseils locaux de sécurité et de prévoyance de la délinquance (CLSPD). Elles vont continuer à faire le travail de proximité, explique-t-elle. L’Experte cite aussi le diagnostic local de sécurité. Cette entité, selon elle, a fait un bon travail qui a permis de connaître le niveau de sécurité dans chaque commune. Un plan local de sécurité accompagne également ce diagnostic. « On ne va pas résoudre tout le problème, mais on fera ce qui est dans la mesure du possible. Cinq (05) communes à N’Djamena sont concernées. La commune du 1er, 7e, 8e ,9e et 10e arrondissement. En province ce sont les communes de Moundou, Sarh, Abéché et Bol », révèle Mme Esther. Elle justifie qu’ils ont fait un choix sélectif en fonction des constats sur le terrain. Mais cela peut s’étendre en fonction de résultats obtenus, assure-t-elle. A l’instant dit-elle, ils déroulent ce qui se trouve dans le projet. « Sur les 11 séances, on a réussi à avoir 35 et le faible nombre c’est 22 donc la barre de la cible à toucher est atteinte », a conclu mme le Commissaire divisionnaire de Police.
Moyalbaye Nadjasna