Les autorités du ministère de l’Éducation nationale et de la promotion civique décident qu’il faut être enseignant en classe de terminale pour être correcteur du baccalauréat session juin 2022. Cette décision va permettre d’éviter les intrus et certains enseignants qui n’enseignent pas les classes de terminale. Reportage.

Pour être correcteur du baccalauréat, session juin 2022, il faut désormais enseigner en classes de terminale. La décision a été prise par l’office national des examen et concours du supérieur (ONECS). Cette décision va permettre de corriger le mécontentement lors des corrections du baccalauréat. Dans les années précédentes, beaucoup d’enseignants qui n’avaient pas enseigné en classe de terminale avaient participé à la correction du bac et cela a créé beaucoup de frustration.

Pour le proviseur du lycée Félix Éboué littéraire, Chamsadine Mahamat Dahab, il y a une innovation par rapport à la correction du baccalauréat. Selon lui, cette année il est permis uniquement aux enseignants des classes terminales de corriger les épreuves écrites du Bac. Il ajoute que tous les enseignants qui interviennent en terminales sont enrôlés et auront la carte biométrique, il n’y aura plus des intrus cette année. Le proviseur souligne que l’enrôlement biométrique va permettre d’éviter certaines personnes qui ne sont pas des enseignants qui corrigent le bac et certains correcteurs qui n’enseignent pas les classes de terminale. Il estime que cette innovation va permettre aussi de voir d’une manière claire l’évaluation. C’est pourquoi ils ont choisi uniquement les enseignants qui interviennent dans les classes de terminale. Chamsadine Mahamat Dahab précise que ceux qui ne seront pas enrôlés seront membres du jury local, c’est-à-dire ils seront des superviseurs de correcteurs dans les centres où ils enseignent et ne concernent que les chargés de cours des classes de secondes et de premières qui vont aussi surveiller l’examen du bac. « Tout le monde sera impliqué dans l’organisation de cette année », ajoute-t-il. Le proviseur affirme que cette stratégie ne sera expérimentée que cette année pour permettre aux enseignants uniquement de surveiller et de corriger les copies des candidats. Chamsadine Mahamat Dahab soutient cette innovation d’améliorer.

Au sujet de l’enrôlement biométrique, il est demandé aux enseignants des classes de terminale de se munir d’une fiche fournie par l’ONECS, d’un emploi du temps de terminale signé par le proviseur qu’on envoie à l’inspecteur qui vérifie. Et à son tour il envoie à la délégation et le Directeur général signe et à la fin on envoie à l’ONECS pour la validation.

Pour Mme Eldjima Bla, professeur d’anglais en classe de terminale A4, l’enrôlement s’est bien passé. Elle dit que c’est depuis 2009 qu’elle participe à la correction du bac. Au sujet de l’enrôlement biométrique, elle souligne que ce sont les professeurs qui enseignent en terminales qui connaissent le niveau des élèves et si c’est eux qui doivent corriger les copies et faire un bon travail. Elle ajoute que si on respecte le processus, le résultat sera bon. Mais elle craint que ce processus ne soit biaisé.

Tohou Kokisolo, chargé de cours de philosophie et chef de département de philosophie au lycée Félix Eboué littéraire, ajoute que cette méthode d’enrôlement en elle-même n’a pas de problème, mais il a constaté que tout autour de cet enrôlement, il y a d’autres problèmes. Selon lui, la liste qui a été déposée par les chefs d’établissement devrait être prise en compte. Le philosophe a remarqué que même ceux qui sont au bureau dans les écoles privées se font enrôler. Il estime que cet enrôlement a occasionné d’autres faussetés. M. Tohou Kokisolo dénonce un faux dans la distribution des emplois du temps, soulignant que beaucoup d’enseignants qui n’interviennent pas en terminales sont munis des emplois du temps des terminales. Il propose un contrôle sérieux pour détecter le faux. Il suggère qu’on prenne en compte les listes déposées par les chefs d’établissements.

Pour le Secrétaire général (SG) du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET), Ngartoïdé Blaise, le but de l’enrôlement biométrique est de permettre aux professeurs de terminale de corriger les copies du Bac de cette année. Il dit que le SET encourage cette nouvelle méthode qui permet de présenter les enseignants des classes de terminale à la correction du Bac et pour éviter la tricherie des chefs d’établissements. « Qu’on essaie cette nouvelle méthode pour voir ce que cela va produire », dit-il.

Jules Doukoundjé

L’association Bet Al-Nadjah en partenariat avec l’Agence française de Développement (AFD) organisent une exposition temporaire du 10 au 11 juin 2022 à l’Institut Français du Tchad (IFT) dénommée « Valorisation des produits locaux » sous le slogan « Je consomme locale ». Cette exposition regroupe les petites et moyennes entreprises (PME) qui exercent dans la transformation et la valorisation des produits locaux, l’environnement, la couture, etc. Reportage.

Dans le cadre de ses activités, l’association Bet AL-NADJAH organise depuis ce matin du vendredi 10 juin une exposition des produits locaux afin de valoriser et d’encourager la consommation des produits faits par les PME tchadiennes.  8h,  la mise en place des stands des promoteurs est terminée. Une trentaine d’exposants composés majoritairement des femmes, des jeunes filles et quelques hommes ont présenté au public des produits locaux variés. On y trouve les céréales nutritives pour la préparation de la bouillie, des dattes transformées en yaourt fermenté, oseille, gingembre et citron en poudre, le café traditionnel, les savons cosmétiques à base de beurre de Karité, des tissus en fibre, etc.

Pour El-Djima Mahamat visiteuse, l’exposition est parfaite. Elle relève que tout est traditionnel et biologique. Elle ajoute que ce genre d’initiative est à saluer et à encourager.  « Voir mes sœurs occuper presque tous les stands démontre à suffisance que la femme tchadienne a pris conscience de son destin », dit-elle. À  côté Djarabé Emmanuel, visiteur confie que cette exposition est un plus pour la population et les jeunes entrepreneurs qui travaillent dans l’industrie des produits locaux. Il souligne que « cette initiative incitera d’une part la population à consommer locale et d’autre part les entrepreneurs à valoriser nos produits locaux et générer des revenus ».

Si cette exposition est une satisfaction pour les visiteurs, les entrepreneurs ne sont pas du reste.

Mme Ripsa Weko, exposante et présidente du Groupement des Femmes Brodeuses, Tisseuse, Teinturières et Maroquinerie se dit satisfaites de cette exposition. Elle affirme que ces deux jours leur permettra d’exposer, de valoriser et de liquider ses divers produits comme les tissus fabriqués localement à base du coton tchadien par des tisserandes et brodeuses du groupement, des sacs en cuire de chèvres, vaches, chameaux, etc. « Nous fabriquons des tissus faits à 90% des matières locales et dessins inspirés des arts rupestres de grottes du Tibesti et tant d’autres choses », affirme-t-elle.

Aicha Abba Akhouna, exposante et Directrice générale de Gahwa Akhouna confie que son entreprise transforme localement les grains de café importés de la Centrafrique en poudre accompagnés de gingembre naturel et l’emballe de façon moderne.  

Konombaye Nayaram est aussi exposant et spécialiste de transformation alimentaire des produits locaux. Il souligne que son entreprise Ets Ko-Nar transforme le poids de terre, le manioc et les céréales en farine emballée pour une nutrition saine et bio. Il affirme que ces produits sont enrichissants pour les enfants mal nourris les femmes enceintes, les diabétiques, les anémiés et les personnes de troisièmes âges.  Il relève aussi que leurs produits sont purement locaux et proviennent essentiellement du sol tchadien. Konombaye Nayaram martèle que son « entreprise est la seule à fabriquer cette farine et livrer dans toute la capitale et bientôt dans l’ensemble du territoire».

Côté stands cosmétiques, Imane Annadif exposante et Directrice générale de « Tchad Natural Cosmetics » dit, « je transforme le beurre de karité en savon cosmétique, en huile de cheveux. Je fais aussi le gommage à base d’huile de palme… ». Ses produits locaux transformés en cosmétiques rendent naturelles les femmes et luttent efficacement contre la dépigmentation, dit-elle.

Si les uns s’occupent de la transformation des produits agroalimentaires, le cosmétique, Makaila Abdramane Djibrine  quant à lui s’occupe de l’environnement, de l’hygiène et l’assainissement.  Selon lui, son entreprise Maka service s’occupe de l’entretien de latrines traditionnelles. Il soutient, « nous transformons les latrines traditionnelles en sanitaire moderne. Nous éliminons les eaux usées par aspiration, chez nous, on propose également le curage des latrines avec des tricycles ».  Il ajoute que l’entretien des latrines constitue une richesse pour la santé humaine et l’environnement, le contraire causera d’énormes dégâts tant pour la santé que pour l’environnement, conclut-il.    

Youssouf Rahma Amane président de l’Association Bet AL-Nadjah et initiateur de cette exposition affirme que c’est avec l’appui financier de l’AFD et d’autres partenaires stratégiques que ce projet a vu le jour. Il vise d’abord à accompagner les porteurs des projets des produits locaux, ensuite à les aider à atteindre leurs objectifs  et  enfin à réduire le chômage en milieu jeune. Youssouf Rahma Amane promet que cette initiative ne sera pas la dernière, elle se tiendra une fois chaque mois.

Signalons que cette exposition temporaire de deux jours vise à valoriser la consommation locale et booster les entrepreneurs tchadiens qui exercent dans la transformation des produits locaux.

Ousmane Bello Daoudou
Abderamane Moussa Amadaye

Le centre de recherche et d’études en sciences politiques et droit (CRESPOD)de la faculté des sciences juridiques et politiques organise la journée scientifique ce mercredi à l’école nationale d’administration (ENA). Cette journée scientifique est un cadre d’échange et de partage de connaissances et d’expériences sur des questions d’intérêts nationaux. Plusieurs enseignants chercheurs et étudiants ont pris part. Reportage.

Le contexte de transition, dans lequel le Tchad se trouve engage et appelle à la réflexion de toute la communauté universitaire qui doit se saisir des enjeux de crises institutionnelles, constitutionnelles et sociopolitiques récurrentes dans le pays disent les organisateurs de cette journée scientifique.  C’est dans ce cadre que le CRESPOD organise une journée scientifique sous le thème « l’université, socle de réflexion autour du lien sociopolitique dans un état en transition ». L’objectif de cette journée scientifique est d’échanger et de partager des expériences sur les questions d’intérêts nationaux.

Pour le président de l’université de N’Djamena, Pr Mahamat Saleh Daoussa Haggar, l’université en tant que terreau de la science ne peut rayonner qu’à travers ses laboratoires et ses centres de recherches. Il souligne que les enseignants-chercheurs et les chercheurs doivent jouer le rôle d’intellectuels en cette période charnière de notre pays. Selon lui, l’université doit demeurer et assumer son rôle de socle où se nourrissent de réflexions prospectives sur la société. Il soutient que c’est par la recherche que nous parviendrons à relever le défi des réponses adaptées à donner aux mutations sociales, économiques et politiques dans notre pays.

Le Pr Abané Engolo Patrick de l’université de Yaoundé 2 présente l’universitaire comme un acteur singulier et doit être au service de la société. Le chercheur camerounais estime que l’université doit davantage être une force de proposition et non une force d’opposition. Selon lui, les universitaires doivent être consultés pour mener à bien la transition. Il soutient que les universités doivent être mesurées et ne doivent pas jouer aux pyromanes. Le Pr Abané Engolo Patrick exhorte ses collègues chercheurs tchadiens à faire preuve d’originalité pour avoir de solutions adaptées aux problèmes de leur pays et à ne pas s’inspirer du constitutionnalisme occidental. Il suggère un constitutionnalisme qui se fait avec le respect des exigences locales et que ce sont ces exigences locales qui les interpellent pour une transition réussie.

Abondant dans le cadre, le Dr Ramadji Alfred du CRESPOD, ajoute qu’ils ont initié ce projet de journée scientifique pour répondre à un besoin. Selon lui, le besoin, c’est rassembler toute la communauté universitaire, enseignant-chercheur et étudiants et de passer au crible les enjeux de cette transition. « Nous pensons qu’il n’y a pas encore la voix de l’universitaire qui est entendue dans cette transition », dit-il. Il souligne que les organisations de la société civile et les partis politiques se sont exprimés, mais les universitaires sont restés encore timides. Le jeune chercheur soutient que les universitaires peuvent apporter leur contribution. En jouant sur le mot réflexion, il dit que c’est une double flexion, c’est-à-dire qu’on réfléchit deux fois sur les problèmes de la transition.  « Nous réclamons que l’université reste ce socle-là, ce réceptacle où l’on se doit de nourrir les réflexions de tous les enjeux liés à cette transition », ajoute Dr Ramadji Alfred.

Il précise qu’à la fin de cette journée scientifique, l’on aura une cartographie complète des échanges et les deux panels de 4 thèmes pourront dégager quelques orientations stratégiques.

Jules Doukoundjé

Du 8 au 9 mai, 2022 s’est tenu à l’hôtel Ledger Plaza dans le 8e arrondissement de la capitale la revue conjointe de la performance du portefeuille de la Banque mondiale (BM) au Tchad. Reportage.

La rencontre entre les experts de la BM et les techniciens du ministère de l’Économie et les ministères sectoriels intervient dans un contexte particulier où le nouveau cadre de partenariat avec le Tchad, à savoir la « Note d’Engagement pays », est en phase de consultations entre les parties prenantes au développement. Au Tchad, la Banque Mondiale a 12 projets nationaux et 7 projets régionaux en cours d’exécution. Selon Rasit Pertev, représentant de la BM affirme que les engagements de son institution totalisent aujourd’hui 1,566 milliard de dollars américains. Il souligne que ces différents engagements ont pour objectif d’améliorer les conditions de vie de la population. Pour lui, la revue du portefeuille de la BM interpelle les uns et autres à assumer leurs responsabilités pour la mise en œuvre efficace de ce projet. Il attire l’attention de tout un chacun à être efficient et régulier afin d’atteindre les objectifs fixés.

Pour le ministre de l’Économie, de la Planification du développement et de la Coopération internationale Mahamat Hamid Koua la revue conjointe de la performance du portefeuille de la Banque mondiale au Tchad est d’améliorer le portefeuille de cette grande institution internationale financière. Il ajoute que celle-ci permet d’évaluer l’état d’exécution des recommandations, d’analyser les difficultés et les entraves à la mise en œuvre efficiente et efficace des projets de l’économie nationale et de proposer des pistes de solutions concrètes à l’attention du gouvernement tchadien et de son partenaire, la BM.

Mahamat Hamid Koua soutient que « les experts présents dans la salle doivent examiner les problèmes qui minent la société tchadienne afin de proposer des solutions idoines au gouvernement et à ses partenaires ».

Abderamane Moussa Amadaye
Ousmane Bello Doudou

Du 5 au 26 juin 2022 se déroule la Compétition féminine Vacances Lifes à la Maison de la culture Baba Moustapha dans le 3e arrondissement de la capitale tchadienne au quartier Ambassatna. Durant un mois, les jeunes filles venues de dix-neuf établissements privés et publics de N’Djamena vont s’affronter sur les rubriques : danses, interprétations et enfin clôturer la compétition avec  l’élection miss. Reportage.

Depuis 2009, la Compétition féminine Vacances Lifes se  déroule à la Maison de la Culture Baba Moustapha pendant les vacances et regroupe plusieurs établissements publics et privés de N’Djamena. Pour cette année, 19 établissements prennent part à cette compétition. Il s’agit du lycée Technique Commercial, du lycée de Gassi, de la Concorde, du Communal, Assemblée chrétienne, etc.  L’âge requis pour participer est entre quatorze 14 et 18 ans. Cette compétition va se dérouler chaque dimanche du mois du juin. Le calendrier établit comme suit : le 5 juin c’est la présentation, suivra le quart de finale ce 12, la demi-finale le 19 et la grande finale le 26 juin.  

Pour Foré Yacoub Traoré, promoteur culturel et organisateur, cette compétition est exclusivement réservée aux jeunes filles. Il affirme que les jeunes filles sont très souvent discriminées. Et ajoute que cette compétition a été mise sur pied afin de pouvoir permettre aux filles de montrer leurs talents, de se créer un profil atypique que ce soit dans la musique, la danse et le monde de mannequinat. Foré Yacoub Traoré estime que la danse, la musique dans notre monde d’aujourd’hui rapporte beaucoup financièrement, cette compétition peut-être une opportunité aux filles de sortir le meilleur d’elles-mêmes afin de devenir de grandes musiciennes et danseuses, dit-il.

Malgré la forte volonté des organisateurs, cette compétition demeure sans sponsor. « J’ai les larmes aux yeux quand on me parle de sponsor. Toutes les démarches ont été faites pour le financement de cette compétition, mais, hélas, il n’y a que des promesses sans actes », conclut Foré Yacoub Traoré.

Abderamane Moussa Amadaye
Ousmane Bello Daoudou

Le tchadien Attié Djouid Njar-Nalbi a participé à la première édition du festival international du livre gabonais et des arts tenu à Libreville le 27 mai dernier. Il a obtenu le premier prix Filiga de l’engagement littéraire africain. Il rentre combler du sacre et dédie le trophée au peuple tchadien. Reportage

« Un grand honneur pour le Tchad, pour ma modeste personne en tant qu’écrivain et pour toute la littérature tchadienne. Arracher un trophée à main levée lors d’un festival qui a vu la participation des pays africains francophones ajouter à ceux-là, la France et le Canada ce n’est pas facile. La première des choses qui m’est venue en tête quand j’ai reçu ce prix, c’est le Tchad. Ce beau pays avec ce beau monde, ces Tchadiens que j’aime beaucoup. Je leur  dédie ce prix » tel est le sentiment qu’a eu Dr Attié Djouid Njar-Nalbi enseignant en littérature à l’université Adam Barka d’Abéché.

Pour le récipiendaire, c’est un prix de l’engagement littéraire africain alors l’émotion et la joie était à son comble. Il déclare que tant qu’il est en vie, il va s’efforcer davantage pour rehausser le Tchad. Dr Attié d’ajouter que si les autres Sao tchadiens ratent les coups de l’autre côté, il faut dire haut et fort que la littérature tchadienne avance très bien. Il se réjouit de ce trophée surtout que c’est ces deux ans consécutifs il a reçu des prix. En 2021 au meeting international du livre francophone d’Abidjan et le sacre du festival du livre gabonais en 2022.

Écrivain engagé, il est a à son actif 8 ouvrages publiés dans différentes maisons d’éditions d’ici et d’ailleurs.  Dr Attié Djouid Njar-Nalbi déplore le fait que les autorités tchadiennes de manière générale et le ministère de tutelle en particulier ne soutiennent pas les écrivains. Il garde du ministère de la Culture un mauvais souvenir. « J’ai dit à mes amis, il faut qu’on parte. Il ne fallait pas que le Tchad soit absent à ce rendez-vous africain. On a fait le voyage par voie terrestre avant de prendre le vol au niveau de Douala ou on a eu toutes les tracasseries du monde. On n’a pas reçu de l’aide, nous avons fait les choses avec nos propres moyens », explique-t-il.

Dr Attié inspire et continue à inspirer certains de ses étudiants qui sont aujourd’hui à leur troisième ouvrage. Selon lui, lorsqu’il voyage, les gens lui posent des questions relatives à la littérature jeune. Il affirme que maintenant, la  littérature jeunesse commence à prendre sa place. « La seule chose que je peux dire aux jeunes qui veulent écrire, c’est d’avoir le temps quand on veut avoir une œuvre de qualité. La qualité exige le temps. Un bon écrivain est un bon lecteur, une personne cultivée. Un homme de lettres, un écrivain c’est celui-là qui construit l’homme, c’est celui qui détient la culture. Alors il faut se cultiver davantage à travers la lecture et tout ira pour le mieux », conseille-t-il.

Kouladoum Mireille Modestine

Les avocats tchadiens viennent de suspendre leur grève déclenchée il y a quasiment un mois suite à l'arrestation des personnes et surtout leurs confrères lors de la marche autorisée, le 14 mai dernier. Une décision commune prise à l'issue d'une Assemblée générale organisée ce mercredi, 8 juin 2022 au centre culturel Al-Mouna de N'Djamena, Tchad. Reportage.

Le Bâtonnier Me Dionro Laguerre Djerandi à la sortie de l'Assemblée générale, déclare qu'ils ont cessé le travail suite à l'arrestation des personnes après la marche du samedi 14 mai dernier. « L'audience foraine a fini par une condamnation d'un an avec sursis. Nous nous sommes retrouvés en Assemblée générale pour évaluer tout cela. Unanimement, nous avons décidé de la suspension de la grève en espérant que la Cour d'Appel qui sera saisie et qui a un pouvoir d'évocation entende le droit et que cette décision de condamnation soit purement et simplement annulée », dit le Bâtonnier. A son avis, cette condamnation n'a pas sa raison d'être. Il estime que même si c'est une condamnation avec sursis, c'est une condamnation. Autrement, le problème n'est pas entièrement résolu, insiste-t-il.

Me Laguerre soutient qu'ils reprennent leurs activités en attendant d'attaquer cette affaire-là à la Cour d'Appel pour son annulation. « De notre évaluation, il se dégage que notre revendication ultime n'a pas été prise en compte. Nous avons demandé une libération pure et simple de ces personnes, car un procès ne devait pas avoir lieu, mais il a fini par avoir eu lieu », dit l'avocat. Il déplore les conditions d'arrestations de ces personnes et toute la procédure qui a suivi jusqu'au procès en audience foraine à Moussoro.  Pour le Bâtonnier  ce n'est pas une surprise. D'après lui, ils ont eu plusieurs échanges, mais si au niveau du parquet ils apprennent que les instructions leur venaient d'un haut niveau, rien de surprenant.

Toujours selon Me Laguerre, ce sont les juges de siège qui sont indépendants  qui ont rendu cette décision. Au regard du droit  dit-il, ils auraient pu faire autrement. « Mais la question de leur indépendance, vous le savez que l'indépendance du pouvoir judiciaire pose problème. C'est un problème réel dans ce pays. Notre lutte de chaque jour est que le pouvoir judiciaire soit véritablement indépendant de l'exécutif et du législatif. A l'égard des juges, nous disons que l'indépendance judiciaire s'arrache », affirme l'avocat. Les magistrats, soutient-il, doivent eux-mêmes  être déterminés afin de faire œuvre utile, d'être plutôt esclave de la loi et non de quelqu'un ou d'une institution. Le Bâtonnier pour se résumer affirme que tous les acteurs judiciaires doivent s'impliquer dans cette lutte pour faire rayonner la justice tchadienne. « Pour nos confrères avocats, en attendant que la décision ne soit appréciée par la cour d'Appel, ils peuvent effectuer normalement leurs activités d'avocats », clarifie-t-il.

Moyalbaye Nadjasna

Classé avant dernier pays au monde en termes d’accès à l’énergie par la Banque Mondiale (BM) en avril 2021 avec 11,8%. Le Tchad fait partie des pays où le délestage intempestif est récurrent. La population a très peu accès. Les secteurs public et privé  en sont victimes. Les hôpitaux considérés comme des lieux sensibles où l’électricité devrait être en permanence sont aussi touchés. L’équipe de Ialtchad Presse est allé dans quelques hôpitaux et cliniques de la capitale pour le constat. Reportage.

Si hier la population et quelques institutions publiques et privées sont dans le noir, le délestage contamine même les services hospitaliers. Le constat est amer. De l’hôpital polyclinique Chérif Kachallah Kasser en passant par l’hôpital de l’amitié Tchad-Chine et la Clinique Médico-chirurgicale Al-Shifa, personnels et responsables se plaignent.

À l’hôpital polyclinique Chérif Kachallah Kasser, situé dans le 3e arrondissement de la capitale tchadienne, sis au quartier Ambassatna il est 10h Personnels infirmiers, médecins, responsables administratifs et patients tous étaient présents, mais sans énergie électrique et dans l’obscurité. La plupart des administrateurs de l’hôpital utilisent l’éventail ou un bout de papier pour se rafraîchir. Les patients, impuissants, sont abandonnés dans la chaleur des salles ou dans la cour.

Pour Banterné Nojie, sage-femme et responsable, plus de quatre (4) semaines que l’hôpital souffre de délestage. La SNE (Société Nationale d’Électricité) ne fournit plus de l’énergie dans cette structure sanitaire, dit-elle. Pour elle, la maternité demande de l’électricité pour son bon fonctionnement. «En cas de saignement, il faut impérativement un bilan auprès du laboratoire afin de bien prendre en charge la patiente, mais sans l’électricité nous avons un sérieux problème et ça risque de mettre la vie de la patiente en danger », affirme-t-elle. Quant au Médecin en Chef de cet hôpital, Dr Tidjani Abou Nassib, le délestage est devenu très fréquent. Il ajoute aussi que cela un impact sur la prise en charge des patients et ralenti les travaux au sein de l’hôpital. Il souligne que « le laboratoire, l’échographie, la maternité, la réanimation, l’oxygène… ne fonctionnent qu’avec l’énergie. Sans électricité, la vie des patients est en extrême danger ».  Pour pallier au délestage, Dr Tidjani Abou Nassib dit qu’un groupe électrogène a été mis en marche, mais ce n’est pas suffisant, « avec la chaleur il faut un temps de repos pour le groupe, il faut du gasoil… ce n’est pas du tout facile sans électricité », dit-il.

À l’hôpital de l’amitié Tchad-Chine situé dans le 8e arrondissement de la capitale derrière l’ancien hôtel Kempinski, il est 11h. Les bourdonnements des groupes électrogènes envahissent presque tout l’hôpital. Il y a délestage. La majorité des groupes sont en marche et alimentent une grande partie de cette institution hospitalière. Selon Moussa Adoum, technicien de laboratoire, le délestage est devenu récurrent, mais la direction de notre institution a pris des dispositifs nécessaires en installant des groupes électrogènes automatiques en subdivisant par secteur. Il soutient que délestage à un impact négatif dans leurs travaux de laboratoire « quand il y a délestage, en labo, nous allons reprendre tout à zéro et nous perdons des réactifs, ce qui bloque la coordination du travail », martèle-t-il. Pour Dr. Allarassem Diaz Kody, technicien supérieur en Anesthésie Réanimation, le délestage a un impact négatif sur le résultat de leur travail. Il dit que le bloc opératoire, la chirurgie, l’anesthésie nécessitent de l’énergie. « Lorsqu’il y a délestage en pleine chirurgie, les appareils s’arrêtent, nous ne pouvons plus contrôler  les paramètres du malade, le respirateur pour oxygéner le malade, s’arrête aussi et il y a grand risque que le patient meurt », confie-t-il.

À la Clinique Médico-chirurgicale Al-Shifa, située dans le 8e arrondissement non loin du lycée la Fidélité, il est 12h. Lorsqu’on entre dans l’enceinte de la cour on est saisi par le vrombissement du groupe électrogène, signe qu’il y a délestage à la clinique.  Pour Balamto Etienne, Directeur administratif de cette clinique, la SNE est dans les oubliettes, le délestage est monnaie courante. Il ajoute même s’il y a de l’énergie, il y a une faible capacité de pouvoir alimenter la clinique. Pour remédier à ce problème, deux groupes électrogènes sont mis à contribution. Balamto Etienne affirme que « les 2 groupes électrogènes consomment 2 fûts de gasoil, soit l’équivalent de 250.000 FCFA par jour ».   Selon Madet Lévis, laborantin, le délestage a un impact négatif son travail et sur les patients. Il relève que la clinique dispose des appareils qui nécessitent de l’énergie. Il ajoute que « sans électricité nous n’arrivons plus à effectuer certains examens et c’est un manque à gagner tant pour la clinique que pour les patients » conclut-il.

Rappelons que le délestage est devenu récurrent ces derniers temps même dans les structures hospitalières. Ils engendrent des conséquences fâcheuses sur la santé des patients. Il freine le travail des médecins et occasionne la mort des patients surtout ce qui sont en salle de chirurgie, de réanimation disent unanimement médecins, personnels soignants et administrateurs des cliniques et des hôpitaux.

Abderamane Moussa Amadaye      

Au lendemain de la condamnation des leaders de Wakit Tamma, lundi 6 juin  à Moussoro à la suite d'une audience foraine, la rédaction d'Ialtchad a sillonné quelques organisations de défenses des droits de l'homme ce mardi 7 juin. La Commission nationale des droits de l'homme(CNDH) et la Ligue tchadienne des droits de l'homme(LTDH) se félicitent de leur libération même si elle est conditionnelle. Elles déplorent le laxisme de la Justice tchadienne dans le respect du droit de la défense. Reportage.

11 heures. Palais de Justice de N'Djamena, capitale tchadienne. La cour grouillait de monde, quelques auditions des prévenus de la maison d'arrêt se déroulaient. Mais les avocats n'ont pas encore levé leur mot d'ordre de grève malgré la libération de leurs collègues arrêtés. Notre objectif est de rencontrer le président par intérim de la Ligue tchadienne des droits de l'homme (LTDH) Me Adoum Mahamat Boukar. Dans son bureau, après de poignées de mains, nous allons à l'essentiel : après procès des leaders des Wakit Tamma à Moussoro.

Me Adoum Boukar estime que même si les leaders de Wakit Tamma ont été libérés, ils ont écopé quand même d’une condamnation avec sursis. Selon lui, la LTDH avait condamné dès le début cette affaire « les droits de la défense n’ont pas été respectés », a-t-il dit. Pour lui, profiter de la bonne foi des gens pour les livrer aux services de renseignements généraux (SRG ) n'est pas du tout normal. À son avis ce n'est pas un bon procès. « C'est une affaire purement politique à qui on a donné un habillage juridique. Alors si la justice se comporte de cette manière, il n'y a plus de garantie pour les citoyens lambda. Il faut que le droit de la défense soit respecté. Les conditions d'un procès équitable ne sont pas réunies, pour ce jugement. Bien que les gens sont libérés, mais c'est une condamnation avec sursis », lance-t-il. Le président de la LTDH, affirme qu'ils s'attendaient à ce que la procédure soit annulée parce qu'elle est nulle au départ. Les avocats, dit-il, ont interjeté Appel et attendent que ces leaders soient rétablis dans leurs droits. Me Boukar assure que jusqu'à ce qu'une nouvelle décision soit prise par la Cour d'Appel, les leaders de Wakit Tamma peuvent exercer librement leurs activités.

13 heures. Nous sommes au bureau de M. Mahamat Nour Ibédou, Président de la Commission nationale des droits de l'homme du Tchad (CNDH). Nous déclinons l'objet de notre visite qui reste le même: après procès de Moussoro. Il répond en affirmant qu'il faut d'abord se féliciter de cette libération même si elle est avec un sursis. Son institution a toujours plaider pour la libération de ses camarades leaders de Wakit Tamma. Il soutient qu'il faut restaurer un climat social afin de nous permettre d'avancer plus sûrement vers le dialogue national inclusif (DNI).  La justice elle aussi a fait preuve de la sagesse, dit le président de la CNDH. « En âme et conscience, ces genres d'arrestations en cette période n'étaient pas la bienvenues. C'est à l'actif de tous, car leur arrestation n'arrangeait personne et dans l'intérêt de personne surtout pas du peuple tchadien », dit M. Ibédou. La justice tchadienne a toujours été liée à l'exécutif, c'est quelque chose à améliorer, dit-il. Le président de la CNDH soutient que jusqu'à nos jours notre justice n'a pas encore retrouvé ses lettres de noblesse. « C'est l'une de nos missions et nous allons faire en sorte que la Justice joue pleinement son rôle en toute objectivité, surtout il y a eu beaucoup d'entorses dans la procédure d'arrestation des avocats. C'était complètement une procédure biaisée. On a marché sur des principes de justice », confie le président de la CNDH.

M. Mahamat Nour Ibédou promet qu'en tant que conseiller du gouvernement, du Conseil national de transition (CNT) et du Président de la République, ils vont dire que la bonne gouvernance dépend du respect des droits de l'homme et des principes.

Moyalbaye Nadjasna

Après des affrontements intercommunautaires autour d’un site d’orpaillage la semaine surpassée à Kouri-Bougoudi dans l’extrême Nord du pays qui ont fait de dizaines de morts. Le président du conseil militaire de la transition (PCMT), le général Mahamat Idriss Deby a ordonné l’évacuation du site et de mettre un camp militaire. La démolition et le déguerpissement des orpailleurs sont interprétés de différentes manières par les analystes. Reportage

Trop c’est trop. Le gouvernement refuse de tolérer les conflits intercommunautaires. Après les affrontements intercommunautaires autour du site d’orpaillage de Kouri-Bougoudi qui a fait de dizaines de morts, le PCMT en déplacement dans la localité a ordonné la fermeture du site et le déguerpissement à Wour, chef-lieu du département. Depuis le samedi dernier, plus de 500.000 orpailleurs de plusieurs nationalités à la recherche de métal précieux ont été déplacés à Wour par l’armée nationale. Ce déguerpissement est analysé par différentes manières par les intellectuels.

Pour l’ancien ministre de la Justice, garde de sceaux et enseignant chercheur, Pr Ahmat Mahamat Hassane, le grand BET fait partie des provinces du pays sur lesquelles le gouvernement central depuis les indépendances n’a jamais eu le contrôle total. Selon lui, ce sont les zones qui échappent au contrôle et à la légalité républicaine du pouvoir central. Il rappelle qu’en 1972, le président Ngarta Tombalbaye en visite au Tibesti avait constaté déjà cette carence de l’État et de l’administration dans l’extrême Nord du pays qui ballotte entre la Libye et le Tchad. Ahmat Mahamat Hassan affirme que cette absence de l’État avait poussé le président d’alors à créer la garde nationale nomade du Tchad (GNNT) en intégrant les ressortissants du Tibesti et du Batha. L’enseignant chercheur soutient que pour le cas de Kouri-Bougoudi, l’exploitation de l’or échappe de nos jours au contrôle de l’autorité centrale et créée de risques et de bagarres entre les orpailleurs et prend une allure de conflit intercommunautaire. Il précise que ce n’est pas un conflit intercommunautaire, mais plutôt un groupe des orpailleurs qui ont pris des armes et ont remplacé les autorités locales dans le seul but d’accaparer les terres.

L’ancien ministre de la Justice, garde de sceaux sous le défunt président estime que cette situation est grave et le PCMT est allé mettre en place une base militaire et a demandé aux chefferies traditionnelles d’apporter leur contribution pour pacifier la zone. Pour le Pr Ahmat, c’est une bonne décision, mais la décision centrale, c’est que l’État ne s’est pas imposé. Il suggère qu’il faut revigorer l’autorité de l’État sur place. « La base militaire ne suffit pas, ça risque de créer un défi de rapport de force. Il faut plutôt impliquer les populations elles-mêmes dans la reconnaissance du pouvoir central », dit-il. Le juriste ajoute que ça serait une grande première, si le PCMT arrive à pacifier le Tibesti et notamment la zone des orpailleurs avec d’étrangers venant de l’Ouest du Soudan et qui ont des armes pour défier l’autorité de l’État et des autorités traditionnelles. Le Pr Ahmat Mahamat Hassan souligne que c’est important et les Tchadiens attendent de voir les effets.

La découverte de l’or dans les montagnes du Tibesti en 2012 a déclenché une ruée vers l’or des pays voisins et des autres régions du Tchad provoquant ainsi de tensions et parfois des affrontements meurtriers.

Jules Doukoundjé

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