Le centre de recherche et d’études en sciences politiques et droit (CRESPOD)de la faculté des sciences juridiques et politiques organise la journée scientifique ce mercredi à l’école nationale d’administration (ENA). Cette journée scientifique est un cadre d’échange et de partage de connaissances et d’expériences sur des questions d’intérêts nationaux. Plusieurs enseignants chercheurs et étudiants ont pris part. Reportage.
Le contexte de transition, dans lequel le Tchad se trouve engage et appelle à la réflexion de toute la communauté universitaire qui doit se saisir des enjeux de crises institutionnelles, constitutionnelles et sociopolitiques récurrentes dans le pays disent les organisateurs de cette journée scientifique. C’est dans ce cadre que le CRESPOD organise une journée scientifique sous le thème « l’université, socle de réflexion autour du lien sociopolitique dans un état en transition ». L’objectif de cette journée scientifique est d’échanger et de partager des expériences sur les questions d’intérêts nationaux.
Pour le président de l’université de N’Djamena, Pr Mahamat Saleh Daoussa Haggar, l’université en tant que terreau de la science ne peut rayonner qu’à travers ses laboratoires et ses centres de recherches. Il souligne que les enseignants-chercheurs et les chercheurs doivent jouer le rôle d’intellectuels en cette période charnière de notre pays. Selon lui, l’université doit demeurer et assumer son rôle de socle où se nourrissent de réflexions prospectives sur la société. Il soutient que c’est par la recherche que nous parviendrons à relever le défi des réponses adaptées à donner aux mutations sociales, économiques et politiques dans notre pays.
Le Pr Abané Engolo Patrick de l’université de Yaoundé 2 présente l’universitaire comme un acteur singulier et doit être au service de la société. Le chercheur camerounais estime que l’université doit davantage être une force de proposition et non une force d’opposition. Selon lui, les universitaires doivent être consultés pour mener à bien la transition. Il soutient que les universités doivent être mesurées et ne doivent pas jouer aux pyromanes. Le Pr Abané Engolo Patrick exhorte ses collègues chercheurs tchadiens à faire preuve d’originalité pour avoir de solutions adaptées aux problèmes de leur pays et à ne pas s’inspirer du constitutionnalisme occidental. Il suggère un constitutionnalisme qui se fait avec le respect des exigences locales et que ce sont ces exigences locales qui les interpellent pour une transition réussie.
Abondant dans le cadre, le Dr Ramadji Alfred du CRESPOD, ajoute qu’ils ont initié ce projet de journée scientifique pour répondre à un besoin. Selon lui, le besoin, c’est rassembler toute la communauté universitaire, enseignant-chercheur et étudiants et de passer au crible les enjeux de cette transition. « Nous pensons qu’il n’y a pas encore la voix de l’universitaire qui est entendue dans cette transition », dit-il. Il souligne que les organisations de la société civile et les partis politiques se sont exprimés, mais les universitaires sont restés encore timides. Le jeune chercheur soutient que les universitaires peuvent apporter leur contribution. En jouant sur le mot réflexion, il dit que c’est une double flexion, c’est-à-dire qu’on réfléchit deux fois sur les problèmes de la transition. « Nous réclamons que l’université reste ce socle-là, ce réceptacle où l’on se doit de nourrir les réflexions de tous les enjeux liés à cette transition », ajoute Dr Ramadji Alfred.
Il précise qu’à la fin de cette journée scientifique, l’on aura une cartographie complète des échanges et les deux panels de 4 thèmes pourront dégager quelques orientations stratégiques.
Jules Doukoundjé