À l’occasion de la fête de musique, l’artiste engagé Ray’s Kim a animé ce matin 17 juin une conférence de presse sous le thème « Une voie, un peuple » à l’Institut français du Tchad (IFT). Reportage.
Il est 10h passé, Rays’kim accompagnés des quatre autres artistes locaux et le Directeur délégué de l’IFT ont fait leur apparition dans la grande salle de conférence de l’IFT.
À l’entame de ses propos, l’artiste a tenu a remercié l’audience venue pour la circonstance et le panel pour leur présence. Pour Rays’Kim, c’est un honneur et une fierté de répondre présent à l’appel de l’IFT qui a depuis toujours soutenu les artistes tchadiens, les a accompagnés et les a valorisés surtout lors de la fête de musique. Il souligne que contrairement aux années antérieures, cette année, l’IFT a invité un seul artiste pour la circonstance : lui. Il a ajouté aussi, pour équilibrer la piste, « j’ai invité quatre autres artistes, deux anciens, il s’agit de N2A Teguil et de Matibéye G et deux autres de la nouvelle génération montante, la rappeuse Wawi-B et l’artiste Lyguy ». Rays’Kim rappelle au gouvernement et le ministère de la Culture en particulier à prendre ses responsabilités pour créer un cadre idéal pour les artistes tchadiens afin d’exprimer leur talent et aussi valoriser leur œuvre qui a de la peine à évoluer.
Pour Pierre-Hubert Touchard, Directeur délégué de l’IFT, c’est la deuxième conférence de presse dédiée à la fête de la musique. Il a rappelé que cette fête a été célébrée pour la première fois en 1982 sous l’égide du ministre de la Culture de la France, André Henry. Il relève que depuis lors, « cette fête est célébrée dans plusieurs pays du monde et à travers plusieurs actions notamment dans les instituts français afin de promouvoir la musique ». Il ajoute qu’au Tchad, l’institut qu’il pilote organise cette année la fête à travers trois concerts, « deux avant le jour de la fête, qui sont, la présentation de l’album du jeune artiste, Oumaarson Jérusalem célébré le 11 juin dernier, le concert d’Afrotronix qui sera célébré demain 18 juin à 19H et enfin le jour J-1, le concert de Ray’s Kim et ses invités », conclut-il.
Rappelons que l’Institut français du Tchad organise depuis plusieurs années la fête de la musique à N’Djamena. Cette année, elle sera célébrée sur plusieurs couleurs avec un seul artiste et ses invités.
Abderamane Moussa Amadaye
Ousmane Bello Daoudou
Le ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, en appui avec le centre de recherche pour le développement durable et de formation (CERDEF), ont précédé ce vendredi à la mise en terre de plusieurs plans dans la ceinture verte de Gassi, dans le 7e arrondissement de la commune de N’Djamena. Cette mise en terre s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la désertification. Reportage.
A l’occasion de la journée de la lutte contre la désertification, le ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, avec l’aide du CERDEF ont mis en terre plus 80 plans dans la ceinture verte de Gassi, dans le 7e arrondissement. Le Tchad est l’un des pays du sahel le plus menacé par la désertification et de l’avancée du désert. Pour lutter contre ce phénomène, le gouvernement avec ses partenaires a initié plusieurs projets pour freiner cette avancée, en créant des ceintures vertes. Ce projet de ceintures vertes a permis au gouvernement de planter depuis quelques années des milliers d’arbres autour de la capitale tchadienne.
Pour le PDG du CERDEF, Oung-Vang Josué, cette journée rappelle beaucoup de choses, compte tenu de ce fléau qui menace l’humanité. Selon lui, le centre, avec son partenaire le ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable ont organisé cette cérémonie pour commémorer la journée en plantant des arbres pour lutter contre la désertification. Il souligne que le monde est menacé par le changement climatique, en particulier le Tchad qui est plus exposé et vulnérable à l’avancée du désert. « Il y a une forte mobilisation aujourd’hui, cette mobilisation se traduit par une lutte contre ces changements climatiques. Cette lutte doit être durable », insiste-t-il. M. Oung-Vang soutient que pour lutter contre l’avancée du désert, il faut planter les arbres et les entretenir. Il constate que le Tchad est menacé par l’avancée du désert, en exhortant la population à prendre conscience de la situation. Selon lui, il faut une sensibilisation d’urgence. Au sujet de l’abandon des arbres plantés, il reconnaît que ce sont des ratés, mais il faut sensibiliser les populations qui vivent tout autour de la ceinture verte. Le PDG suggère qu’on change aussi la stratégie de protection. Il propose une nouvelle stratégie appelée jardin forêt qui consiste de planter des arbres épineux comme enclot avant planter les arbres.
Le chargé de suivi de plantes, Laga Fourtouin, ajoute que la mise en terre des arbres a été faite par le passé, mais cela n’a pas marché à cause d’un manque de suivi. Il assure que cette fois, ils ont décidé de reprendre la mise en terre de plantes et il s’engage lui-même à suivre ces plantes. Il explique que ces plantes sont des plantes qui résistent aux changements climatiques et aux intempéries.
Pour empêcher les chèvres d’y entrer, il est aussi prévu de faire de tranchets tout autour de la ceinture verte. Ils ont aussi prévu de construire un château à base de l’énergie éolienne pour arroser les plantes.
Jules Doukoundjé
Selon la Convention internationale des droits de l’enfant, l’Enfant est tout être humain âgé de moins de 18 ans. Les enfants sont des êtres vulnérables ayant besoin d’un environnement favorable pour un meilleur épanouissement. Mais ce vendredi 17 juin 2022, sur le dépotoir de Gassi, 3e arrondissement de N’Djamena, les enfants fouinent dans les poubelles. Devant les sandwicheries, ils triment et placent de bouts de papiers sur les motos moyennant une somme modique. Certains citoyens déplorent la situation de ces enfants qui passent leur journée sur les poubelles. Reportage.
Vendredi.11 heures. Sur le dépotoir de quartier Gassi des enfants fouillent dans les poubelles. Ces tas d’ordures arrosés par la pluie d’hier nuit dégagent des odeurs nauséabondes. Derrière ce large dépotoir se trouve une grande tranchée. Tout autour de ces enfants qui tournent et retournent les moisissures n’est que danger. Hors micro, un jeune qu’on surnommera Melcar, pour préserver son identité, dit que cela fait plusieurs mois qu’il fouille ici. D’après ce mineur, ces parents n’ont rien, il fait cela pour assurer son quotidien. Il refuse de dire où il habite. Mais il confirme quand même les dangers encourus à travers son activité sur les poubelles. Ces camarades voire des petites filles refusent de parler. Tout est abandonné dans ce dépotoir : les chiens morts, les chats, les excréments des animaux, les défécations à l’air libre. À quelques mètres de la voie principale, Gédéon Djong-maila vient en ville. À son avis c’est dommage de voir ainsi ces enfants dans ces coins insalubres. « Les mots me manquent, peut-être, les autorités peuvent s’approcher d’eux et les écouter. Certainement elles comprendront le mobile réel de leur campement sur ces poubelles », exprime-t-il.
« À peine, la journée de l’Enfance vient d’être célébrée. Voyez ce qui se passe, il faut qu’une sensibilisation soit faite auprès des parents. En toute sincérité, certains parents sont irresponsables, ils ne surveillent absolument pas leurs progénitures. Ces enfants-là qu’est-ce qu’ils bénéficient par rapport aux autres de la protection de l’enfance », lance Serges Madjirangué l’air dépité.
Selon l’article 3 de la Charte africaine des Droits de l’Enfant, « Tout enfant a droit de jouir de tous les droits et libertés reconnus et garantis par la présente Charte, sans distinction de race, de groupe ethnique, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'appartenance politique ou autre opinion, d'origine nationale et sociale, de fortune, de naissance ou autre statut, et sans distinction du même ordre pour ses parents ou son tuteur légal. » Parmi ces droits, les plus visuels sont : le droit à un nom et une nationalité, le droit à l’éducation, le droit à la santé et aux services médicaux, le droit à l’alimentation, le droit d’être vêtus, le droit d’être protégé, droit aux loisirs, aux activités récréatives et culturelles.
Au Tchad, la constitution, le code de travail, le Plan National d’Action en Faveur de l’Enfant Tchadien (PRONAFET) du 31 août 1995 et autres garantissent les droits de l’enfant. Sur le plan international, quelques conventions et traités ratifiés par le Tchad sont aussi favorables aux enfants. Par exemple, la Convention des droits de l’Enfant (1989), la Charte africaine des droits de l’Enfant, l’Organisation internationale de Travail, la Déclaration des droits de l’enfant en 1959, la Convention relative aux droits de l'enfant. Pour permettre aux enfants tchadiens de jouir vraiment de leurs droits, les autorités tchadiennes doivent redoubler d’efforts dans les actions en faveur des enfants.
Moyalbaye Nadjasna
Le Tchad est considéré comme l’un des pays le plus pauvres de la planète avec 42% de la population qui vit sous le seuil de la pauvreté selon le rapport de la Banque Mondiale de 2018. Les enfants sont directement ou indirectement affectés et exposés par cette pauvreté. Très peu vont à l’école, certains abandonnent l’école à mi-chemin et d’autres finissent soit dans la rue ou dans l’extrême délinquance. Sur proposition du ministre de la Femme et de la Protection de la Petite Enfance, les conseillers nationaux ont adopté une loi portant transformation du Centre Espoir de Koundoul en Centre National d’Accueil, de Rééducation et Réinsertion des Enfants Vulnérables (CNARREV), pour protéger, surveiller, rééduquer et réinsérer les enfants vulnérables et ceux en conflit avec loi. A l’occasion de la fête de l’enfant africain, l’équipe de Ialtchad Presse s’est rendue à Koundoul, au CNARREV. Reportage.
Situé à 28 Km sud de la capitale tchadienne, dans la sous-préfecture de Koundoul, le Centre National d’Accueil, de Rééducation et Réinsertion des Enfants Vulnérables (CNARREV) a hérité par une loi adoptée par les conseillers nationaux en avril dernier l’ancien Centre Espoir de Koundoul crée en 1961. Il est quadrillé par un mur en ciment avec une seule porte d’entrée. Le CNARREV est étalé sur une superficie de 380 hectares et comporte quatre (4) dortoirs, une infirmerie, une salle de couture et un grand hall divisé en deux (2), l’un pour la formation professionnelle et l’autre pour le réfectoire.
Hinfiene François Pateziari, Inspecteur principal d’Éducation spécialisée et responsable du CNARREV souligne que la mission du Centre est la protection, la surveillance, la rééducation et enfin la réinsertion sociale des enfants vulnérables. « À travers ses actions, le Centre contribue également à prévenir la délinquance juvénile et apporte des solutions pour des enfants en situation difficile », dit-il. Sur l’éligibilité de l’intégration du Centre, le responsable soutient qu’il y a toute une procédure. « L’âge requis est compris entre 11 à 17 ans révolue », il ajoute, « Il y a aussi une loi qui définit toutes les conditions de placement d’un enfant ». M. Hinfiene François Pateziari dit brièvement que le placement d’un enfant sera précédé par une étude sociale qui va déterminer le problème de l’enfant. Il rappelle qu’il ya différentes catégories d’enfants qui seront pris en charge par le Centre, entre autres les enfants en dangers (les maltraités, la déperdition scolaire), les orphelins, etc.
Par rapport à la réinsertion, le responsable CNARREV explique que cela se fait à travers plusieurs activités, « une fois que les enfants sont accueillis au Centre, démarre automatiquement la prise en charge de ces derniers ». Il définit la prise en charge sur plusieurs angles. D’abord, c’est la prise en charge psychologique et psychosociale, ensuite, alimentaire et vestimentaire, et enfin la pris en charge sanitaire, « tout cela concours à la restauration de la personnalité de l’enfant qui est perturbé par les évènements qui l’a vécu soit chez ses parents ou dans la rue », affirme-t-il. De plus, les enfants bénéficient aussi des formations professionnelles au sein du Centre. Il y a la soudure, la menuiserie, le mécanique, l’agriculture, etc. « Les différentes formations contribuent à la restauration de la personnalité de l’enfant et le prépare à retourner dans une vie normale, dans la famille et à s’insérer de façon honorable dans la société », dit-il.
Le Centre Espoir de Koundoul érigé en Centre National d’Accueil, de Rééducation et Réinsertion des Enfants Vulnérables (CNARREV) est un établissement public avec une autonomie de gestion. Tout est fin prêt pour la mise en marche du Centre, il ne manque que la nomination des cadres et la construction des niveaux bâtiments pour accueillir les enfants.
Abderamane Moussa Amadaye
Le collectif des avocats des victimes de l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré demande une justice complète et non à moitié. L’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme au Tchad (ATPDH) estime qu’il faut poursuivre la lutte pour la restauration de la vérité. Reportage.
Selon Mme Hildjima L. Agnès, présidente de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH), ils ont fait de la lutte contre l’impunité leur cheval de bataille depuis 1991, date de sa création. A son avis, l’ATPDH a intégré dans ses activités les crimes et exactions commis sous le règne de Hissène Habré. Pour elle cela ne fait aucun doute des violations massives des droits de l’homme ont été au cœur du système Habré. Mme Agnès souligne que leur association s’est inspirée par l’affaire Pinochet (Chili) et a décidé de contacter Reed Brody de Human Right Watch. D’après elle, Reed Brody s’est révélé être un vrai stratège dans la poursuite de Habré et ses complices. « Une coalition d’organisations tchadiennes, africaines et internationales : la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH), la Rencontre africaine des droits de l’homme (RADHO), l’Union africaine des droits de l’homme (UADH), Amnistie internationale et la Fédération internationale des droits de l’homme, s’est mise en place. Main dans la main, cette organisation a œuvré avec l’ATPDH et l’Association des victimes des crimes et répressions de Hissène Habré (AVCRHH) pour obtenir la condamnation à perpétuité de Habré devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE) au Sénégal », révèle-t-elle.
Le processus a commencé depuis 2 février 2000 avec l’inculpation par le juge Mbakandji du dictateur tchadien, indique la présidente de l’ATPDH. Elle précise que cette démarche a survécu à tous les soubresauts politico-judiciaires et est parvenue à obtenir cette condamnation. « Les victimes et leurs avocats ont gagné leurs batailles, mais il reste la bataille de l’indemnisation et de réconciliation. L’ATPDH va toujours rester aux côtés des victimes et leurs avocats pour remporter aussi cette manche », lance-t-elle. Pour Mme Agnès, le collectif des avocats des victimes à leur tête Me Jacqueline Moudeina a effectué un travail impeccable, mais difficile. L’AVCRHH née sur initiative de M. Souleymane Guengueng, rescapé de geôle de Habré, présidée actuellement par M. Clément Abaifouta a fait également un beau travail. L’ATPDH poursuit dans sa dynamique de lutte pour la restauration de la vérité, insiste-t-elle.
La lutte n’est pas terminée, s’armer du courage
Me Jacqueline Moudeina, avocate principale des victimes fait état de 40 000 morts, des milliers des disparus suite aux atrocités du règne de Habré. Des veuves et orphelins sont abandonnés à leurs tristes sorts, poursuit-elle. Elle explique qu’ils ont trimé pendant 27 ans. Pendant ce temps, soutient-elle, certaines oreilles leur ont écouté et certains cœurs ont compati avec eux. Ceux-ci, rapporte l’avocate, se sont associés à eux sur le chemin de la justice. Simplement, dit-elle, parce que les victimes et les avocats n’ont pas choisi la vengeance. L’avocate rappelle que le processus du procès d’Habré a commencé à Dakar au Sénégal, puis en Belgique, revenu à Dakar, puis Nairobi en suite Rwanda et enfin revenu à Dakar. Elle affirme aussi que la création des Chambres Africains Extraordinaires (CAE) fait suite à une âpre négociation entre le Sénégal et l’Union Africaine (UA). Ce sont les CAE qui ont réussi à juger Habré. Nous avions un dossier solidement confectionné avec des preuves irréfutables. Cela a fait secouer la tête des juges d’instruction. Ils sont venus au Tchad au moins 5 fois en commission interrogatoire internationale, soutient-elle.
D’après Me Jacqueline, la fosse commune a retenu leur attention, c’est ainsi que des experts argentins étaient dépêchés sur le terrain pour procéder aux excavations. Cela pour avoir la certitude et l’assurance des preuves inscrites dans le dossier d’accusation. Me Jacqueline déplore le fait qu’à leur retour du procès c’est comme s’ils étaient aux toilettes. Selon elle, et les victimes et les avocats ont encaissé ces douleurs. L’avocate déclare qu’ils vont continuer à encaisser parce qu’au-delà, les victimes ne sont pas toujours indemnisées. « On nous dit qu’il y a justice, mais il n’y a eu jamais justice. La justice est complète et non à moitié. Si nous voulons l’impunité zéro en passant par la justice, c’est pour obtenir une justice complète. Il y a des personnes qui se sont constituées parties civiles et les juridictions leur ont fait droit. Mais jusqu’aujourd’hui leur constitution en partie civile est sans droit », tels sont les résultats du jugement de N’Djamena, assure-t-elle.
Moyalbaye Nadjasna
Le Ministère des Finances et du Budget a procédé ce jeudi à l’enrôlement biométrique des retraités et des ayants droit. Plusieurs retraités ont pris d’assaut la Caisse nationale des retraités du Tchad (CNRT) pour se faire recenser. Mécontents, certains retraités dénoncent une opacité dans le processus d’enrôlement. Reportage.
Plusieurs milliers de retraités, de veuves et orphelins ont pris d’assaut la CNRT pour faire le recensement biométrique afin de percevoir leurs arriérés et de payement et de coupons du 2e trimestre 2022. Le lancement de l’enrôlement a eu lieu ce matin en présence du représentant du ministre des Finances et du directeur de la CNRT accompagné de son équipe. Annoncé il y a longtemps, ce recensement biométrique devrait permettre aux autorités de la CNRT d’avoir des bases de données fiables des retraités et des ayants droit dans tout le pays. Cet enrôlement biométrique est nécessaire pour percevoir les arriérés de pensions et de coupons.
Environ 32 000 retraités qui vont se faire enrôler dans le pays. Et le processus durera 45 jours. Après les 45 jours, l’enrôlement va se poursuivre à N’Djamena pour les retardataires et pour ceux qui sont en voyage.
Pour le représentant du ministre des Finances, Loukman Hissein, le paiement des arriérés couplé avec l’enrôlement biométrique entre dans le cadre de la mise en œuvre du pacte social signé entre le gouvernement et les organisations syndicales. Selon lui, le président du Conseil militaire de la transition (CMT), le général Mahamat Idriss Deby a donné son accord pour le paiement des arriérés à hauteur de 13 milliards de frs CFA. Il soutient que pour traduire dans les faits, l’accord des finances a mis en place une commission paritaire pour assurer les activités de paiement. Il exhorte les retraités à faire preuve de patience et de compréhension pour que les opérations se déroulent dans de bonnes conditions.
Le directeur de la CNRT, Laring Baou se réjouit du lancement de paiement des arriérés couplé avec l’enrôlement biométrique, parce que ça a beaucoup traîné à cause des machines qui ne sont pas prêtes. « Maintenant c’est chose faite, peut-être les premiers jours vont être un peu difficile parce qu’on ne maîtrise pas tout. Mais ça ira », ajoute-t-il. Pour les retraités et les ayants droit qui avaient manifesté pendant plusieurs jours pour réclamer le paiement des arriérés et de coupons, il affirme comprendre leur situation, qu’ils ont besoin de leur dû, c’est leur droit et c’est pour cela qu’ils s’évertuent pour que la biométrie puisse permettre à ce que le bon droit aille à la bonne personne. Selon lui, la biométrie permet d’informatiser les informations pour que désormais on les paye le plus rapidement possible et à l’échéance. Le directeur précise que c’est simultané, celui qui se fait enregistrer va directement au guichet pour prendre une fiche et retirer sa pension et ses arriérés.
Mais certains retraités et veuves ne sont pas satisfaits. Au cours de la cérémonie du lancement de l’enrôlement biométrique, ils ont voulu s’exprimer, mais les autorités de la CNRT ont décliné la demande. Frustrés, leur porte-parole le commandant Jean Blagué fustige en critiquant la main basse des autorités sur le processus d’enrôlement.
Les retraités et les ayants droit composés de veuves et des orphelins souhaitent avoir des informations claires sur le processus et le montant exact à percevoir. Ils dénoncent une magouille orchestrée par la CNRT pour couper leurs arriérés. Au moment où certains se font enregistrer, d’autres menacent dans la cour de ne pas se faire enrôler, si les autorités ne leur donnent pas des garanties.
Jules Doukoundjé
Le Syndicat national des Agents des Postes et Télécommunication SYNAPOSTEL a tenu une Assemblée générale extraordinaire ce 16 juin 2022. Le syndicat a évalué la grève sèche d’une semaine lancée du 09 au 15 juin dernier. A l’issu de cette Assemblée, les agents de la Société tchadienne des Postes et d’Epargne STPE ont décidé à l’unanimité de reconduire la grève pour 2 autres semaines à compter de ce jeudi 16 juin. Reportage
Deux points sont inscrits à l’ordre du jour de cette Assemblée générale extraordinaire : faire le compte-rendu de la rencontre avec le ministre de tutelle et évaluer la grève lancée il y a une semaine. Selon les représentants des agents de la poste ont compris que le ministre des Postes et de l’Économie numérique n’a pas la volonté de résoudre les problèmes de la STPE vu les questions qu’il pose lors de leur rencontre. Comme aucun compromis et aucune négociation n’est entamé, les agents ont décidé de reconduire la grève sèche pour 2 semaines à compter du 16 au 30 juin 2022. Ils campent sur leur position qui est celle d’avoir leurs 7 mois d’arriérés de salaire.
Le président du Syndicat national des Agents des Postes et Télécommunication SYNAPOSTEL Addalil Abakar, affirme que le ministre fait semblant de savoir les problèmes auxquels fait face la poste. « Le ministre nous a demandé pourquoi nous observons la grève. C’est une drôle de question, mais on a pris le temps de lui expliquer les causes proches et lointaines qui a conduit à la grève. Il nous a écouté et a promis écouté la direction générale avant de nous confronter. En attendant la confrontation, nous allons continuer notre grève », explique-t-il. Addalil Abakar indique que pendant ce temps, le syndicat reste ouvert au dialogue. Dans le cas où la direction appelle pour négocier, le bureau va revenir consulter la base.
Au sujet du deuxième point, le syndicaliste affirme que la grève a été suivie à 99% et demande à ses camarades d’être sereins, car selon lui, la lutte vient de commencer. Il attire l’attention de certains agents qui tenteront de saboter la grève en trahissant les autres. Il appelle ses camarades une fois de plus à la solidarité pour aller jusqu’au bout de leur revendication. Les uns et les autres ont abordé dans le même sens et proposent de changer de stratégie de lutte dans le cas où la grève ne marche pas. « Depuis que la grève a été lancée, la direction n’a même pas fait appel aux représentants du syndicat pour négocier. Tout de même, la grève a fait paniquer le ministre. Nous sommes fatigués d’enterrer nos collègues faute de soins. Si le ministre le veut, nous irons avec nos marmites vides pour dormir chez lui », lancent-ils. Une autre Assemblée générale est prévue le 30 juin prochain.
Kouladoum Mireille Modestine
932 candidats toutes filières confondues composent depuis le 15 juin les épreuves écrites du brevet technique considéré comme le baccalauréat dans le domaine industriel. Les candidats on t3 jours pour composer la phase écrite avant de passer à la phase pratique. C’est le lycée technique industriel (LTI) qui sert de cadre pour ce concours. Reportage
Pour la ville de N’Djamena, 932 candidats au total composent le brevet technique, repartis en options commerciales, industrielles et hôtelières. Ils ont 3 jours pour composer la phase écrite avant de passer à la phase pratique qui durera deux semaines environ. Vaibra Nicolas est le président du jury du Brevet technique session de juin 2022. Il fait la répartition des candidats par filière. « Dans la filière commerciale, il y a la comptabilité gestion avec 98 candidats et le secrétariat bureautique avec 461 candidats. L’option industrielle compte quatre filières : la construction métallique 29 candidats, électrotechnique 159, froid et climatisation 41 et mécanique automobile 58. Ces trois options comptent au total 287 candidats. Et la dernière option de l’hôtellerie comprend 11 candidats, dont 9 filles et 2 garçons ». a-t-il indiqué. Il a ajouté que les élèves du lycée technique industriel entrent en classe de seconde et composent le BT en classe de terminale. Pour lui, le BT est un examen qui s’organise après trois ans de formation au sein du LTI et qui équivaut au baccalauréat. La seule différence est qu’avec le BT, on peut accéder facilement au marché de l’emploi.
Le président du jury Vaibra Nicolas précise qu’après les résultats, les candidats admissibles vont composer la deuxième série avec deux ou trois matières selon les filières. Il donne également des précisions par rapport aux candidats libres. À son avis, les fonctionnaires de l’État ou les autres candidats qui n’ont pas de diplôme ont la chance de composer comme candidats libres pour avoir leur Brevet technique.
Haoua Adoum
Le ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection de la Petite enfance en collaboration avec l’UNICEF et World Vision ont organisé la journée de l’enfant à Koundoul ce jeudi 16 juin au Centre National d’Accueil, de Rééducation et Réinsertion des Enfants Vulnérables (CNARREV) sous le thème « Éliminer les pratiques néfastes affectant les enfants ». Reportage.
Dès l’entrée du Centre, la cour est ornée par les placards sur lesquelles on peut lire « non au mariage d’enfants, ensemble pour un Tchad sans mariage d’enfants ». Tous les enfants sont habillés en tee-short de couleur bleu et blanc. La cérémonie a commencé par les danses des enfants et des interprétations musicales. « La journée de l’enfant africaine est notre journée. Nous sommes ici à Koundoul pour fêter notre journée cela nous a permis danser, de jouer et de participer aux jeux questions-réponses, aux devinettes et de manger avec d’autres enfants venus d’ailleurs », disent les enfants. Selon Koumgotou Flora Ambassadeur des enfants, la journée de l’enfant africain est une fête des enfants. C’est aussi l’occasion de rappeler que les enfants ont droit à éducation et nous avons des devoirs, insiste l’ambassadeur. Cette journée est très importante « nous sommes là toujours à sensibiliser nos amies sur les formes des violences faites aux enfants », affirment les enfants parlementaires.
Pour Donatien Visiraneza, représentant de World Vision et ses partenaires. Par cette activité ils cherchent à améliorer le bien-être des enfants en favorisant un environnement protecteur qui leur permet d’être pris en charge et protégés au sein de leur famille et de leur communauté. Pour lui, World vision travaille pour renforcer les capacités et de la résilience des enfants pour qu’ils puissent se protéger contre les abus, les exploitations et d’autres formes des violences.
Pour Jack Boryers, représentant de l’Unicef au Tchad, l’Unicef a proposé au gouvernement tchadien la promulgation en 2017 de la loi ratifiant l’Ordonnance portant révision du Code pénal en y introduisant des sanctions contre les pratiques néfastes telles que les mariages des enfants, les mutilations génitales féminines, le plan d’action pour l’amélioration du système d’État civil en juillet 2017, puis l’adoption de la feuille de route nationale de lutte contre le mariage des enfants en 2019. Selon une enquête (MICS-6 2019) au Tchad plus de 3/4 des enfants 1 à 14 ans ont subi une agression psychologique, plus de 3/4 des enfants de 1 à 14 ans ont subi des châtiments physiques dont 30% ont subi des châtiments physiques sévères. Il conclut par les pratiques traditionnelles néfastes, 60.6% des femmes de 20 à 24 ans se sont mariées avant l’âge de 18 ans et 1/4 des femmes âgées de 19 à sont actuellement mariées. 7% des filles âgées de 0 à 14 ans ont subi une forme de mutilation génitale.
Pour le représentant du ministre de la Femme, de la Famille et de la protection de la petite enfance Ahmat Sougi, Secrétaire général adjoint, le thème est évocateur parce que la privation des droits de l’enfant émane des pesanteurs socioculturelles. Elle se traduit par les punitions morales ou psychologiques, le châtiment corporel, le travail des enfants au nom de la tradition et enfin le SGA conclut en ce terme « 85,3% des enfants de 1 à 14 ans ont subi une méthode de discipline violente, plus de 20% des filles de 18 ans sont mariées ».
La cérémonie s’est déroulée dans une festive avec des animations culturelles et musicales des enfants. Il faut souligner qu’un musicien a animé la galerie et une fille a conclu la cérémonie par une chanson « nous les enfants nous avons mangé, dansé et fêté à l’occasion de notre journée » .
Ousmane Bello Daoudou
Les victimes de l’ancien président tchadien Hissène Habré ont organisé mercredi, 15 juin une cérémonie de deuil national au centre Don Bosco de N’Djamena, capitale tchadienne. Les restes Djimokobaye Nadjigoto et de Alifa Taigui Baye Sam ont été restitués à leurs familles respectives pour être enterrés dans leur village natal. Le ministre de la Justice Garde des Sceaux, ainsi que le conseiller spécial à la présidence, M. Djimadoum-yan Kayamou Énoch ont assisté à l’événement. Reportage.
10h. Le cortège transportant les restes de Djimokobaye Nadjigoto et de Alifa Taigui Baye Sam franchit le seuil du centre Don Bosco de N’Djaména, capitale tchadienne. Veuves, orphelins, parents et sympathisants étaient se sont tous installés et tous se sont tenus debout pour accueillir les restes de ces deux victimes. Très vite la cérémonie a commencé malgré le retard connu à la suite d’une forte pluie torrentielle qui s’est abattue tôt le matin sur la capitale tchadienne. Les représentants des veuves et orphelins se sont relayés pour exprimer leurs amertumes. Ils insistent sur leurs indemnisations qui tardent. Selon les orphelins, un deuil national devrait s’organiser devant les autorités et à la place de la nation et non dans un coin caché de la ville, ici à Don Bosco. « Nous allons accompagner les restes de nos parents, mais à notre retour, nous allons donner une semaine au gouvernement d’assurer nos indemnisations. Faute de quoi, nous allons camper devant la présidence afin que justice nous soit faite. », promettent-ils.
Clément Abaifouta, président de l’association des victimes des crimes et répression de Hissène Habré (AVCRHH), et son collègue, représentant du président de l’AVCRP (association des victimes des crimes et répressions politiques) ont réitéré leur volonté d’aller jusqu’au bout de leur lutte. Ils promettent d’utiliser tous les moyens légaux pour rentrer dans leurs droits.
Pour la coordonnatrice du collectif des avocats Me Jacqueline Moudeina, c’est une journée de douleur intense et profonde. Selon elle, restituer les deux restes montre que les 40 000 morts sous règne de Habré sont désormais enterrés dignement. L’avocate des victimes appelle les familles à s’armer de courage. Elle dit lever l’équivoque sur la question d’excavation. D’après elle, lorsque les juges d’instruction ont constitué l’expertise pour dépêcher sur le terrain afin de vérifier la véracité de fait ressortie sur le dossier, toutes les familles étaient conviées. Malheureusement dit-elle, c’est seulement les deux familles Djimokobaye et Baye Sam qui se sont présentées sur le terrain. C’est pourquoi, aujourd’hui c’est seulement les deux restes promis pour être restitués dans le procès-verbal ont été remis aux familles. L’avocate promet à leur retour, revenir à leur dossier qui est passé comme une lettre à la poste. A son avis, la justice est complète et non partielle. Il n’y a pas raison qu’on n’indemnise pas les victimes, insiste-t-elle. Me Jacqueline affirme qu’ils ont opté pour la justice et non pour la vengeance, mais ils sont désolés qu’on les traite comme un ballon de ping-pong.
Concernant les témoignages, Me Djomian Germain a présenté Djimokobaye Nadjigoto comme étant un grand commis de l’État, un instituteur de formation. Un homme courtois, aimable, aimant le travail bien fait, il fut nommé plusieurs fois sous-préfet et chef de poste administratif. Il fut arrêté le 8 octobre 1984 et exécuté trois jours après. Né vers 1928, à Doba dans le Logone géographique, Djimokobaye fut père de 12 enfants dont 4 sont décédés et 8 vivants. Baye Sam, lui est un chef de Canton né vers 1945 à Goundi.
62 ans de massacre, s’en est de trop
Le ministre de la Justice Ahamat Mahamat Alabo après ses mots de condoléances regrette les massacres au Tchad. Le Garde de Sceaux, parlant en son nom personnel, rappelle le massacre des manifestants pacifiques en 1963. Il se désole que les Tchadiens n’aient pas cessé d’être tués par d’autres Tchadiens depuis 62 ans. « Les massacres ont été perpétrés par les gouvernements successifs de notre pays depuis l’indépendance jusqu’aujourd’hui. Il est temps que cela s’arrête, il est temps que les Tchadiens comme des êtres civilisés ne puissent pas tuer leurs compatriotes pour avoir tout simplement exprimé une opinion contraire », interpelle le ministre. Ahamat Alabo souhaite que ces questions soient soulevées lors du Dialogue national inclusif (DNI) à venir. Ce qui va permettre aux Tchadiens de trouver ensemble une formule afin qu’aucun Tchadien ne meurt pour son opinion, dit-il.
Le conseiller spécial à la présidence, Djimadoum-yan Kayanan Énoch promet déposer son procès-verbal qu’il va aussi le présenté en haut lieu.
Moyalbaye Nadjasna