Un complexe scolaire d’obédience religieuse composé du préscolaire et de l’élémentaire a été réduit en cendre. L’incendie d’origine inconnue pour le moment n’a pas fait des dégâts humains, mais des pertes considérables en matières didactiques. Reportage.
Le complexe scolaire privé évangélique « Shalom la lumière », situé au quartier Walia Ngosso, dans le 9e arrondissement de la commune de N’Djamena est réduit en cendre. Les tableaux et les tables-bancs sont complètement calcinés. L’effectif de cette école est 375 élèves, de la maternelle au primaire. Sauf la direction qui a été sauvée par les voisins qui ont défoncé la porte pour sauver les documents administratifs et didactiques. L’incendie a lieu dimanche matin. L’origine de cet incendie est encore inconnue pour le moment.
Créé il y a 6 ans, ce complexe scolaire de confession religieuse comptait 6 salles de classes du préscolaire au primaire dont les 4 classes sont construites en paille et deux salles en terre bâtie. Selon le fondateur de l’établissement, Nadjiorta Ndouba Bruno, c’est une surprise pour lui, car c’était le dimanche matin et il était à l’église. « C’est au culte que j’ai reçu l’appel des voisins et je me suis précipité, mais c’était trop tard. Tout a été déjà embrasé par le feu », explique le fondateur et directeur administratif et financier du complexe scolaire. Il ajoute qu’il ne connaît pas encore l’origine de cet incendie. Selon lui, c’est sa tante qui a vu l’incendie et a hélé les voisins, mais quand ils étaient venus, c’était tard, rien n’a été sauvé. Tout est parti en fumée, précise Nadjiorta Ndouba Bruno. Le fondateur qui explique la situation avec tristesse ajoute qu’il ne sait quoi faire. « Je bénis le seigneur, pour ce qu’il nous a fait, il n’y a pas eu de décès ni de blessés », dit-il. Il souligne qu’heureusement, ils viennent de finir avec le dernier examen de passage et que les carnets de notes des élèves sont sains et saufs. Le directeur administratif et financier évalue les pertes causées par l’incendie à plus de 3 millions de FCFA. Il lance un SOS aux partenaires et aux personnes de bonne volonté de les aider à reconstruire l’école avant l’année scolaire prochaine.
Pour la témoin et tante du fondateur du complexe scolaire, Ménodji Christine, c’est depuis 2 ans que l’école est logée sur son terrain. Selon elle, c’était le dimanche matin que l’incendie a eu lieu, elle se reposait dans la salle de classe des élèves de cours préparatoire première année (CP1) et qu’il n’y avait personne. Mme Christine explique que c’est son fils qui jouait sous un arbre qui a vu la fumée sortir dans la classe de CE1 et l’a réveillée et aussitôt elle a crié au secours aux voisins. Elle ajoute que les fidèles croyants de l’église voisine qui étaient venus leur donner coup de main, mais le feu a embrasé toutes les autres salles de classe. La veuve soutient qu’elle a perdu 102.125 FCFA et un appareil portable calciné. Elle affirme aussi qu’un jeune voisin qui cherchait à verser de l’eau sur le feu a de brûlures assez graves au pied droit et affecté à l’hôpital le bon Samaritain de Walia.
Depuis le début d’année, la ville de N’Djamena fait face à plusieurs cas d’incendie, d’origine parfois inconnue. Le Maire de la ville avait appelé les populations à la vigilance et à adopter un comportement citoyen afin d’éviter les incendies.
Jules Doukoundjé
Ce matin, 31 mai 2022 a eu lieu au Centre d'Étude et de Formation pour le Développement (CEFOD) l’atelier de validation du plan de renforcement des capacités du Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique avec l'appui de l'UNESCO. Reportage.
Dans son discours de bienvenue le Secrétaire général du Ministère de l'Éducation nationale, Mahamat Seid Farrah a souligné que le Plan intérimaire de l’Éducation au Tchad (PIET 2018-2020), arrimé au plan national de développement, pour la période 2018-2020 a identifié les contraintes liées au développement des capacités en planification et gestion de l’éducation et à la gouvernance. Malgré les efforts déployés pour l’amélioration de l’administration du secteur, celle-ci reste marquée par la faiblesse des capacités de pilotage stratégique, la prévalence d’un mode de gestion axé sur les moyens et non sur les résultats, l’insuffisance de suivi et de contrôle du système et l’insuffisance des crédits alloués au secteur. Ces difficultés persistantes se traduisent par une gestion des ressources humaines marquée par de l’incohérence et le manque de transparence et d’efficacité dans l’allocation des personnels, une gestion pédagogique qui souffre de l’absence d’une culture d’évaluation et dont les résultats obtenus restent en deçà des attentes, a-t-il dit.
Pour relever ces défis, il affirme qu'il est nécessaire de « se doter d’un plan stratégique de renforcement des capacités » comme un moyen de consolider et de pérenniser les bases indispensables à la gestion et au pilotage efficaces du système éducatif. C’est dans ce sens que, lors de l’élaboration du Projet de Renforcement de l’Éducation et de l’Alphabétisation (PREAT), le Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique a inscrit, parmi les priorités, l’élaboration d’un plan de renforcement des capacités du ministère.
Dans son mot d'ouverture, le Coordonnateur par intérim de l’Antenne de l’UNESCO au Tchad M. Adjanohoun, Maxime Joseph Richard, le Plan intérimaire de l’Éducation du Tchad (PIET) pour la période 2018-2020 a relevé des actions urgentes qui visent l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages à tous les niveaux. Il ajoute que dans le cadre de la mise en œuvre du PIET, il est prévu l’élaboration du plan de renforcement des capacités des institutions et des cadres du ministère. Il soutient que dans le cadre du Projet de Renforcement de l’Education et de l’Alphabétisation au Tchad (PREAT), une des sous-composantes de la composante Amélioration des capacités de gestion du système porte sur le « Renforcement des capacités de pilotage et de gestion ». Selon lui, la sous-composante vise à renforcer les capacités de pilotage et de gestion du système à travers, d’une part, la conception et la mise en œuvre d’un plan de formation destiné aux structures clés du Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique en charge de la planification, de la programmation, de la gestion administrative, financière et de l’administration scolaire ; et d’autre part, l’appui à la structure de gestion et de pilotage de PIET et aux directions stratégiques impliquées dans la mise en œuvre du Projet à travers notamment la dotation en équipement informatique de ces structures clés du Ministère de l’Éducation nationale et de la Promotion civique.
Rappelons que cet atelier vise à consolider et de pérenniser les bases indispensables à la gestion et au pilotage efficaces du système éducatif tchadien.
Ousmane Bello Daoudou
Abderamane Moussa Amadaye
Dans le cadre de l’organisation, du prochain dialogue national inclusif (DNI), le comité technique d’organisation (CODNI), décide d’organiser une série de conférences-débats publiques. C’est dans ce sens qu’a lieu ce lundi après-midi dans l’auditorium de l’Office National des Médias Audiovisuels (ONAMA), une conférence débat sur le thème « la démocratie au Tchad : états des lieux et défis ». Toute la semaine plusieurs thèmes seront débattus. Reportage.
Le comité technique pour l’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) organise toute cette semaine une série de conférences-débats publiques sur le dialogue, le pardon et la réconciliation nationale. Ce lundi après-midi, dans l’auditorium de l’ONAMA, des conférenciers composés des juristes chercheurs, hommes politiques et journalistes analystes politiques ont débattu sur le thème « la démocratie au Tchad : états des lieux et défis ».
Pour Dr Ramadji Alfred, enseignant chercheur et analyste politique, la démocratie au Tchad n’a pas commencé en 1990, mais bien avant. Selon lui, aux indépendances, le pays vivait une vie démocratique animée par des partis et c’est en janvier 1962 que le premier président François N’garta Tombalbaye a érigé son parti en pari unique en supprimant le multipartisme. Le chercheur a fait l’état de lieux de la démocratie de notre pays avant de faire un constat. Il rappelle que le Tchad a connu plusieurs crises sociopolitiques et le premier c’est en 2005, l’année où il y a eu le référendum constitutionnel qui a fait sauter le verrou de la limitation du mandat. Dr Ramadji Alfred ajoute aussi que de 2005 à 2015 qu’il qualifie de désenchantement socioéconomique aurait pu normalement consacrer deux points de départ important. Le premier point aurait pu être l’alternance politique ou la succession au sommet de l’État, dit-il. « On n’a eu ni alternance, ni la succession », soutient l’enseignant chercheur. Pour lui, le deuxième niveau de progrès que devrait annoncer la dynamique démocratique, cette aire qui a été un rendez-vous manqué, c’est le progrès socioéconomique. Le conférencier explique que tout ce que le pays a engrangé comme manne pétrolière n’a pratiquement rien servi et le pays a connu plusieurs crises socioéconomiques. Selon lui, le Tchad a eu un système marqué par l’instabilité dû aux crises socioculturelles. « Notre démocratie entretient une ambiguïté avec les coups d’état. Une démocratie décapitée », souligne le chercheur. Il soutient que le dialogue à venir, a un défi : refonder l’État et restaurer la démocratie pour qu’enfin, on amorce le développement du pays.
Dans le même sens, le Dr Ahmed Djidda, qui faisait aussi l’historique de la situation politique du pays sur 4 points. Il s’interroge sur le rôle joué par les partis politiques dans la mise en œuvre de la démocratie. Il ajoute qu’après l’expérience démocratique, quelles sont les leçons tirées de cette expérience au Tchad et si les partis politiques ont encore un rôle à jouer et s’ils pouvaient en cause leurs visions pour une démocratie plus réussie. L’homme politique note que c’est à partir de 1990 que les hommes se sont réunis au tour du président Idriss Deby pour amener le changement démocratique. Selon lui, les partis politiques de bonne foi ont cru à la démocratie et ont voulu jouer pleinement leur rôle.
Le journaliste Laladjim Narcisse, analyste politique ajoute que les défis sont énormes. Pour notre confrère, un pays comme le nôtre a besoin de médiateurs. Il suggère aussi qu’on renforce les pouvoirs des chefs traditionnels.
Après la présentation succincte des 4 conférenciers, un échange riche avec de questions et suggestions des responsables politiques, mais aussi de quelques leaders de la société civile a permis au public de comprendre l’enjeu du dialogue à venir. C’est également le lieu de parler franc et sans taboue sur les maux qui minent le développement socioéconomique de notre pays.
Jules Doukoundjé
L’Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP) est une institution publique qui régule les différends dans l’attribution des marchés en cas de recours. Elle forme ce 30 mai les acteurs des commandes publiques notamment ceux qui travaillent dans les passations des marchés. Ialtchad Presse a rencontré pour vous le Directeur général de l’ARMP M Ahmat Bichara Seïd. Il explique la mission de son organisation et son rôle dans l’attribution des marchés publics au Tchad. Entretien.
Quelles sont les missions assignées à l’institution dont vous dirigez ?
L’Autorité de Régulation des Marchés Publics ARMP a des missions principales notamment assurer la régulation du système de passation de marchés publics et de conventions de délégation de service public. Pour faire plus simple, c’est un organe régulateur de la commande publique. C’est-à-dire tout ce qui concerne les marchés publics au niveau national doivent être régulés. Et donc l’ARMP dans le cadre de ses activités reçoit les recours qui sont introduits par les opérateurs économiques quand ils ne sont pas satisfaits des évaluations ou de la conclusion d’un appel d’offres. En plus de la régulation, nous procédons à la formation des acteurs de la commande publique et les acteurs publics d’une manière générale.
Quelle est la valeur ajoutée du présent atelier?
L’atelier vise à renforcer les capacités des acteurs de la commande publique notamment les agents qui travaillent dans les services de passation de marchés au niveau de tous les ministères ainsi que les coordinations des projets financés principalement par la Banque Mondiale (BM). C’est une formation qui concerne les procédures de passation des marchés conformément au Code des marchés publics. Et le renforcement des capacités conformément aux directives de la BM en ce qui concerne les marchés publics.
Comment se passe l’attribution des marchés publics au Tchad ?
L’attribution d’un marché public a plusieurs procédures. Celle qui est recommandée consiste à participer à un appel d’offres. Pour ce faire, il faut qu’il y ait un appel d’offres ouvert. Dans ce cas de figure, l’entreprise ou le fournisseur peut donc soumissionner. Après cela vient l’ouverture de pli par les commissions de passation de marchés et l’orientation des offres conformément aux critères qui sont contenus dans le dossier d’appel d’offres (DAO). C’est à l’issue d’une évaluation des offres de tous les soumissionnaires que celui qui a répondu pour l’essentiel aux critères contenus dans le DAO gagne le marché pour lequel l’attribution peut se faire. L’autre procédure le plus simple c’est celui des marchés obtenus de gré à gré. Cela veut dire qu’il n’y a pas une concurrence qui est ouverte, mais le maître d’ouvrage justifie des raisons par rapport au Code des marchés publics de passer un marché avec une entreprise ou un fournisseur pour aller plus vite.
Est-ce que les entreprises et autres comprennent les redevances sur les marchés que l’ARMP prélève à hauteur de 0,5% sur les marchés attribués ?
L’ARMP est une institution administrative qui a des missions et des objectifs à atteindre. Ces redevances si elles sont perçues et versées à l’ARMP, cela lui permettra de mettre en œuvre les activités qui sont prévues dans son plan d’action. Alors, ces redevances sont prévues pour que l’ARMP ait ses ressources pour mettre en œuvre ses activités. Depuis l’opérationnalisation de l’ARMP, nous faisons beaucoup de plaidoyer et de sensibilisation. Donc maintenant bon nombre des entreprises savent qu’ils doivent d’abord des redevances prévues dans les textes réglementaires de l’ARMP. Beaucoup sont sensibilisés, mais le problème qui se pose maintenant malgré la sensibilisation, reste le recouvrement qui est difficile à faire.
Existe-t-il une différence entre la Direction générale de Contrôle des Marchés Publics et l’Autorité de Régulation des Marchés Publics ?
La Direction générale de Contrôle des Marchés Publics est un service qui a la mission de faire le contrôle a priori. C’est-à-dire lorsqu’un appel d’offres est lancé et évaluer par les commissions de passation des marchés, on envoie à la direction de contrôle qui voit la libéralité du projet d’appel d’offres pour donner son avis. Par contre l’ARMP sa mission est a posteriori. C’est-à-dire elle intervient après toutes les procédures engagées dans l’attribution des marchés. Si les entreprises ne sont pas d’accord sur certains termes d’appels d’offres, elles peuvent faire recours à l’ARMP.
Propos recueillis par
Kouladoum Mireille Modestine
Ce lundi 30 mai 2022, traverser l’ancien pont de Chagoua de N’Djamena la capitale tchadienne était un vrai cauchemar. Un embouteillage terrible a été créé de toutes pièces par les usagers par incivisme. Reportage.
Les embouteillages sur l’ancien pont à la sortie sud de N’Djamena au quartier Chagoua dans le 7e arrondissement sont dus simplement à des comportements peu civiques des usagers. Ce lundi 30 mai vers 10 heures, c’est un véritable spectacle. Une dispute entre deux usagers a créé un embouteillage monstre.
Même si le pont de Chagoua a été interdit aux automobilistes, les usagers autorisés à le traverser sont multiples. Les porte-tout, les motocyclistes, les cyclistes et piétons se disputaient pour se frayer un passage. C’est dans cet enchevêtrement que les choses s’empirent. Difficile à se comprendre et pourtant c’est simple. Il suffit de se suivre en fil indien pour rendre fluide la circulation, lance un usager furieux. Tout le monde parle à la fois, les uns s’acharnent sur les autres, des cris stridents des klaxons des motocyclistes étourdissent. Il a fallu une demi-heure pour qu’un agent de sécurité faufile parmi la foule pour mettre de l’ordre.
Pour certains usagers interrogés à la sortie, c’est vraiment le calvaire sur ce pont. Chaque fois, ce sont des scénarios pareils qui se déroulent, soutiennent-ils. « Écoutez on nous a appris que ce pont a atteint déjà son âge. On ne sait pas pourquoi, jusque-là, le chantier du grand pont n’avance pas tellement. Au moins ce pont peut nous soulager si on l’a parachevé », confie Djong-Maïla, habitant de Walia. Un autre usager, un piéton qui requiert l’anonymat affirme que son cœur bat à grande vitesse à chaque fois qu’il passe sur ce pont. « Je suis piéton, j’habite juste derrière le petit marché après le pont. S’il faut contourner par le pont double voies c’est pénible. C’est quotidien ma peine croyez-moi. C’est quand même pénible, mais nous sommes obligés. Je demande qu’à une certaine heure, il faut que les forces de sécurité mettent un peu de l’ordre sur ce pont pour éviter le pire », plaide-t-il.
Contourner semble pénible pour certains usagers, le spectacle qui se produit au quotidien sur ce pont est inquiétant. Le pont de Chagoua inauguré par les colons en 1959 avant l’indépendance du Tchad est long d’environ 550m et d’une hauteur de 300m sur le fleuve Chari. Pour des mesures de sécurité, les autorités tchadiennes ont en son temps interdit les transports interurbains après la construction de celui à doubles voies au quartier Abena.
Moyalbaye Nadjasna
L’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) en appui avec la Banque Mondiale (BM) ont organisé un atelier de formation en passation des marchés publics au profit des acteurs de la commande publique. La formation se tient du 30 mai au 1er juin 2022 à Amitié hôtel ex ledger Plazza de N’Djamena. Reportage
Cet atelier a pour but de renforcer les capacités des acteurs de la commande publique notamment les chefs de services de passation des marchés publics, les départements ministériels et les projets de développement. Aussi prennent part à cet atelier, les présidents des commissions de passation des marchés, les coordonnateurs des projets ainsi que les responsables administratifs et financiers. La tenue de cet atelier conjointe sur la passation des marchés, qui intègre à la fois les procédures de la BM et le Code national des marchés publics, cherche aussi à harmoniser la compréhension des principaux acteurs qui encadrent les projets de la BM.
En ouvrant les travaux, le représentant résident de la Banque Mondiale au Tchad Rasit Pertev se dit rassuré quant à la tenue de cet atelier. Pour lui, l’évocation de la passation des marchés renvoie à l’efficacité, à la transparence et la diligence dans la mise en œuvre des projets pour l’atteinte des résultats qui puissent effectivement profiter aux populations. « La BM accorde une attention particulière à la passation des marchés dans la mise en œuvre des projets qu’elle finance. Il est attendu de cet atelier qu’il renforce les capacités des cadres opérant dans la passation des marchés pour améliorer la gouvernance des projets pour une meilleure absorption des ressources mises à la disposition du gouvernement », précise-t-il. Le représentant affirme également que la Banque Mondiale se tient prête à accompagner les acteurs dans la mise en œuvre des solutions et des enseignements au sein des différents projets.
Le directeur de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics Ahmat Bichara Seïd a pour sa part indiqué que l’ARMP insiste sur la formation continue des cadres et acteurs de la commande publique pour les professionnaliser davantage. Il ajoute qu’en plus du respect et de la maîtrise des textes régissant les passations des marchés au Tchad, les participants doivent discuter de la dématérialisation des marchés publics, de l’informatisation du système pour être au même diapason que les autres pays de la sous-région. « Un appel d’offres bien élaboré, bien évalué respectant les directives de la BM et celle du code des marchés publics tchadiens se conclut très rapidement et permet à l’État tchadien d’aller plus loin et de mobiliser en temps réel les fonds mis à sa disposition », souligne-t-il. Ahmat Bichara Seïd n’a pas manqué de rappeler aux participants les attentes de son institution à leur égard à l’issue de cette formation qu’il veut interactive et dynamique.
Haoua Adoum Ibeth
Il est jeune. Il est fringuant. Il est rappeur, slameur. Il est le roi du « bounda rap ». C’est un artiste engagé. Il s’est engagé politiquement avec le parti Les Transformateurs. Il dit vouloir changer les choses. Sur son état civil, il s’appelle Djasrabé Kimasson Miyelmiyon alias Ray’s Kim, son nom d’artiste. Nous recevons ce jeune artiste pour parler de son engagement, des actualités du pays. Et de tant d’autres choses….
Rappeur, slameur, défenseur des droits, politique porte-parole du parti Les Transformateurs, quel titre ou quel casquette vous résume le mieux ? Et dans lequel vous vous sentez le plus à l’aise.
J’aime particulièrement qu’on me définisse comme rappeur, slameur, je suis à l’aise dans mon assiette.
Pourquoi ?
Parce que c’est ce que je fais. C’est ce que j’aime faire. Et ce n’est qu’à travers ça que j’arrive à m’étendre. À pouvoir exercer dans tel ou tel domaine en tant que défenseur des droits humains, en tant qu’activiste politique, aller jusqu’à même m’engager dans un parti politique. Vous l’avez tantôt dit, je suis l’un des porte-parole. La base c’est le rap, je me vois plus rappeur parce qu’on n’a pas de limite.
Ça donne plus de liberté ?
Oui, oui ça donne plus de liberté que certains n’auraient pas eu. Par exemple je rencontre des gens au quotidien qui me dise qu’il aurait aimé faire ce que je fais, mais dans leur boulot ils ont signé des contrats. Alors que moi je n’ai signé de contrat avec personne. C’est ce qui fait que cela m’apporte un peu plus de liberté, je peux étendre mon champ un peu plus comme je veux.
Un peu plus de liberté, un peu plus du plaisir, on va dire un peu plus du bonheur peut-être ?
Bon, à chacun sa conception du bonheur. Il gît partout. Et comment lui donner une valeur, chacun regorge en soi-même le bonheur. Moi je le vis à travers min art, à travers ce que je fais. Je le fais avec tellement d’amour, beaucoup de sincérité, beaucoup d’honnêteté. Et quand je finis de le faire en toute sincérité, je peux dormir tranquille.
Ce nom d’artiste Ray’s Kim d’où il vient ? Et qu’est qu’il signifie ?
Ray’s Kim, ce non, je ne suis pas vieux, je suis jeune, mais j’étais plus jeune qu’aujourd’hui. Et dans le domaine du rap, on cherche toujours un pseudonyme qui puisse faire genre et entre-temps j’ai des amis qui prenaient plus les noms américains, un chez les rappeurs français, les Mc, fc. Moi dans le premier temps j’ai pris le nom Oustass.
Oustass comme en arabe qui veut dire Maître ?
Oui oustass, après j’ai su qu’il y avait quelqu’un d’autre qui s’appelait oustass. Je voulais tellement être différent…
Être purement tchadien, purement africain ?
Je voulais être purement moi. Et du coup je me suis dit, si on allait pour Raïs, cela fait trop président. Mais en réalité mon Ray’s à moi, il ne fait pas président. Ray’s, le « R a » ça fait race et le « y’s » c’est tout une philosophie, toute une idéologie, toute une pensée qui renvoie à un « son » de vouloir changer. Donc, la race en colère. Et le Kim c’est le dimunitif de mon patronyme Kimassom, c’est la colère des descendants de Kimassom. Et devant tu vas trouver « EDM » qui veut dire enfant de merveille, tu vas trouver le « bounda boys », tu vas trouver « l’ambassadeur de la forêt de Dembé » e roi…
Justement Ray’s Kim, le « roi de bounda », c’est votre genre musical ? Bounda boss c’est quoi ?
En réalité le « bounda hip hop » c’est un style de musique. Non pas de musique, mais c’est l’exploitation non parlée dans notre société, qui existait dans nos foyers, mais qui n’était pas mis en valeur on l’a copié aux enfants désœuvrés dans les marchés qui leur servait de code pour faire face à une société qui les marginalise, qui n’a pas d’oreilles pour les écouter. Alors ils ont créé le « bounda » qui est un ensemble de codes. Un moment donné Maoundoué est rentré du Burkina Faso. Il m’a dit : « c’est bien, mais ce que tu fais n’est pas suffisant. Il faut oser quelque chose, si tu peux mettre cela en valeur, ça va te donner de l’originalité, le « bounda » avec le petit parlé de la rue. Pour moi quand j’écrivais les textes, je me voyais en « Aimé Césaire ». Quand il me ramène aux trucs de la rue, je me suis dit « mais quel manque de respect ». Il n’a pas lâché prise jusqu’à ce que je pose sur son titre « bounda hip hop ». Et cela a été un coup de maître. Il m’a dit tu as vu parce que ce un truc original.
Vous vous êtes renseigné sur la signification du mot « bounda » sous d’autres cieux ?
Oui, c’est un peu vulgaire, mais chacun sa définition du mot « bounda ». Chez nous ici c’est un parlé de la rue à l’exemple du « rouchi » ivoirien ou du « francanglais » camerounais ou d’autres, parlés des différents pays. Une fois que Maoundé m’a convaincu et on a fait un coup de maître, j’ai décidé au Tchad de porter plus haut le bounda, c’est ainsi que je dis de la rue à la scène. Autrement un langage né dans la rue et porté sur la scène par un artiste.
Le « bounda » est devenu pour vous une identité artistique ?
Oui, absolument. Et c’est aussi dans le travail que je fais quotidiennement. Un de ces 4 matins, il va se positionner, le « rap bounda » pour le Tchad. Comme en Côte-d’Ivoire, on dit le « rap ivoire », au Cameroun on dit le « rap-camer » ou bien le « rap mboa ». Ici aussi on peut créer le « rap bounda ». J’invite les jeunes, même s’il le font déjà, à s’intéresser à ce parlé, à le valoriser pour qu’on ait une identité propre à nous Tchadiens mais pas à moi.
Vous avez une identité politique maintenant. Une question me trotte dans la tête. Qu’est-ce que vous êtes allé faire dans cette galère de politique ?
Comme je vous ai dit, je n’ai aucunement de limite à conquérir le savoir. Je suis toujours en perpétuel conquête du changement. Je le veux jusqu’aujourd’hui pour ma société, mon quartier, pour mon pays, pour les hommes et les femmes que je fréquente. Ce n’est pas juste des paroles ou un couplet, parce que depuis le début de ma carrière je suis resté sur cette droite ligne là : celle de pouvoir interpellé, critiquer et proposer.
Vous vous êtes encarté chez les Transformateurs, est-ce que vous ne perdez pas un peu de votre liberté ? Parce qu’on sait que dans les partis politiques, il y a une ligne, ce qu’il faut dire, ce qu’il ne faut pas dire.
Je pense que jusqu’aujourd’hui cela ne s’est pas fait sentir parce que je suis d’abord artiste, mon caractère artistique nul ne peut m’enlever mon identité d’artiste qui est au-dessus de tout. Nul ne peut piétiner ma liberté d’artiste au détriment de quoi que ça soit. Je suis arrivé en politique parce que je cherchais un cadre qui puisse me donner plus de force, plus de directives à pouvoir mettre les forces dispersées pour les mettre ensemble. J’ai commencé par les mouvements citoyens. J’ai milité dans le mouvement « iyina », cela n’a pas marché. On fait appel à moi dans les différents mouvements pour donner de formation aux jeunes, je suis toujours disponible. Moi-même j’ai créé des plateformes avec des amis qui s’appelle « au nom du respect ». Tout cela dans le but d’arriver à quelque chose, mais au fil du temps, on se rend compte que c’est un peu très loin de la réalité.
Ce n’est pas le bon véhicule alors ?
Je pense que moi je ne devrais pas être dans ce compartiment. Je peux être dans ce compartiment politique tout en étant dans l’autre compartiment artistique. Si on me dit que je suis politique et que je ne peux pas occuper le compartiment artistique alors je vais me contenter du politique. Chez les Transformateurs avec Succès Masra avant qu’on ne lance le mouvement Les Transformateurs, il me fait comprendre, demande suivez-moi. Il m’explique de long en large, cela nous a pris deux semaines de discussion sur discussion jusqu’à ce qu’il arrive à me convaincre.
Vous dans cela, vous avez obtenu votre marge de liberté. C’est cela ? Vous êtes Transformateur mais vous restez d’abord artiste ?
La liberté, ça ne se discute pas, je ne la mets pas sur la table pour discuter. Elle est automatique. Nul ne peut mettre ma liberté en tant qu’artiste sur la table pour conditionner quoique ça soit. Impossible. Je peux faire la politique en journée, mais le soir je reviens je m’assois et je réfléchis en tant qu’artiste.
Samedi 14 mai, Ray’s Kim, il y a eu une grande manifestation contre l’ingérence française au Tchad. D’abord, quels ont été vos impressions en tant qu’artiste, en tant que citoyen ?
Bien la marche du 14 mai qui a drainé beaucoup de monde d’abord des silhouettes qu’on n’avait pas vu dans les marches était sorties. Une marche a vu la participation des Tchadiens venus de tous les bords. C’était déjà cela, on le recherchait depuis longtemps. Voir les Tchadiens sortir de partout pour une seule cause : le changement, la liberté…
La présence Française au Tchad, vous qu’est-ce que vous en pensez ?
Moi en tant qu’artiste si vous me suivez, cela a toujours été mon combat. Je l’ai toujours dit, la France c’est notre souffrance, on vit sous la France dans la souffrance. J’ai toujours dénoncé la France, je dénonce toujours la France, je dénoncerais toujours la France tant qu’on aura un manque à gagner. Tant qu’on n’aura pas notre indépendance totale. Tant qu’on ne sera pas vu comme un État qui peut porter au pouvoir qui il veut, mais que ça soit d’abord mis en consultation par la France qui peut imposer ou maintenir qui elle veut alors dès cet instant moi je ne ferai que la critiquer.
Bien, là c’est le Ray’s Kim artiste. Le politique maintenant, vous êtes secrétaire général à l’art et à la culture, votre parti les Transformateurs s’est désolidarisé de la grosse manifestation du 14 mai dernier contre l’ingérence française au Tchad. C’était une erreur ?
Non pas du tout, ce n’était pas une erreur. C’est la communication autour de la marcher qui a poussé les Transformateurs à la retenue.
Quelle communication ?
Il y avait des tracts qui circulaient sur Internet. Il y a une page qui appelait à combattre les Zaghawa du Soudan, déjà quand tu entends un truc comme ça, tu écoutes, ça sonne Zaghawa, ça sonne ceci ou ça sonne cela.
Zaghawa pour nos téléspectateurs, c’est le groupe ethnique du président, on va dire comme ça
Exactement. Et cette page a pris ce tract pas simplement pour mobiliser les gens, mais pour mettre mal à l’aise Les Transformateurs en disant que ce tract a été conçu par Les Transformateurs et que ces derniers appellent à ce qu’une partie du pays se lève contre une autre partie. Ils ont fait 2 jours de lynchage médiatique.
Pour être clair Ray’s Kim ce tract, on a laissé croire que c’était Wakit Tamma qui a fait le tract. Et les Transformateurs sont venus dirent que cette marche était une marche contre une ethnie donc ils se désolidarisent, c’est cela ?
On a laissé entendre clairement que Les Transformateurs appellent à marcher contre une ethnie, on appelle à marcher contre un pays. Et que dans la politique que Les Transformateurs veulent installer une politique contre une ethnie, contre un pays. Les Transformateurs, c’est une politique de partenariat, une politique égale de pays à pays, de pouvoir discuter d’égale à égale. Les Transformateurs ont toujours demandé de ne pas brûler le drapeau d’un pays. Est-ce que vous Tchadiens, vous serez content que quelqu’un brûle le drapeau tchadien ? Ce qu’il faudra recadrer, c’est de dire que nous ne voulons pas de l’ingérence politique comme la Francafrique, la politique de la France vis-à-vis de l’Afrique, vis-à-vis du Tchad. Mais pas dire qu’on est contre la France, ça sème de la confusion quand même.
Est-ce que vous n’avez pas refusé de participer par lâcheté ? Est-ce que vous n’êtes pas dans un vieux schéma ? Est-ce qu’après coup, vous n’allez pas reconnaître que vous avez fait une mauvaise lecture ? Les Tchadiens ne vous ont-ils pas surpris ?
En toute sincérité, ce qui nous amené comme vous dites à nous désolidariser, c’était pour que le président qui était en voyage puisse entrer en contact avec l’équipe dirigeante de Wakit Tamma afin d’éclaircir certains points parce qu’on est surpris par un tract sur les réseaux sociaux. Un tract dont on n’a pas été à la base dont on nous a vilipendés sur le Net. Nous ne sommes pas un parti qui est venu se rallier à Wakit Tamma, mais nous sommes à la base de ce mouvement.
Donc c’est une erreur ?
Non. Ce n’est pas une erreur
C’est une lâcheté ?
Non, pas une lâcheté.
Ialtchad était sur place à la manifestation. On a vu les militants Les Transformateurs parmi la foule malgré votre désolidarisation. Est-ce que ce n’est pas un désaveu ?
Non, pas du tout.
Il y a eu des arrestations. Des leaders tel que Max Loalngar sont jetés en prison. On ne vous entend pas plus que ça. Pourquoi ?
Si juste après leurs arrestations le parti Les Transformateurs a fait un communiqué sur sa page officielle pour appeler à leur libération et condamner la procédure de leur arrestation.
La question qui fâche Ray’s Kim, le problème du Tchad c’est la France ?
Le problème du Tchad, c’est la France, oui. Mais c’est aussi les Tchadiens.
Pourquoi ?
Parce que ce sont les Tchadiens qui signent des contrats de partenariat avec la France. Ce sont les Tchadiens qui suivent les directives que leur donne la France. Ce sont les Tchadiens qui acceptent d’être copains de la France. Au Mali par exemple qui fait face à la France ? Ce sont des Maliens qui refusent que la France pille leurs richesses, à les rabaisser. Ils ont décidé de prendre leur destin en main et dire non. Aujourd’hui nous, nous pouvons nous mettre ensemble pour mettre à la tête de ce pays des dirigeants qui puisse défendre les intérêts de notre pays d’abord. On peut accuser la France de mettre le Tchad dans cette situation, mais la première obligation revient d’abord aux Tchadiens.
Dialogue national pointe son nez, vous êtes optimistes ?
Oui je suis optimiste, c’est mon état d’esprit de chaque jour. Je ne veux pas être fataliste, pessimiste. Je suis optimiste parce qu’en face ce sont aussi des hommes. Ce ne sont pas des machines. Pas de dialogue taillé sur mesure, mais un dialogue sincère où les Tchadiens viendront parler de leurs problèmes pour trouver des solutions.
Les massacres de Kouri-Bougoudi, qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est de l’irresponsabilité du gouvernement.
Réalisation Bello Bakary Mana
Azor Mbailassem Dingamnayal a présenté ce 28 mai au Centre d’Étude et de Formation pour le Développement (CEFOD) ses deux livres. L’un intitulé « Passation du pouvoir, quels modèles pour les leaders ? » composé de cent (100) pages et repartie en deux (2) chapitres avec huit (8) points et l’autre « Aliments locaux à valeurs nutritives » de deux cents (200) pages et repartie en vingt (20) parties. Reportage.
Le premier ouvrage « Passation du pouvoir, quels modèles pour les leaders ? » est un ouvrage paru aux éditions Toumaï (Tchad) qui décrit un des problèmes épineux que font face les leaders politiques actuels. De l’analyse de l’auteur se dégage deux catégories de modèle de leaders auxquels le choix s’impose : ceux qui se laissent conduire par la sagesse et ceux qui se considèrent tout puissants, omniprésents, omnipotents.
Pour l’auteur, les premiers des cas cité haut, ce sont des leaders aptes à produire des nouveaux leaders à travers leur attitude, leur conduite et sont prêts à laisser leur place le moment venu sans crainte. Par contre, les seconds sont des leaders qui agissent de façon démoniaque et leur ombre empêche les autres de s’épanouir. Tous les moyens sont utilisables et permis, même le plus défendu, lorsque leur intérêt est en jeu. Azor Mbailassem Dingamnayal souligne également que pour être un bon leader de référence et impacter positivement sa génération il faut impérativement avoir cinq (5) choses : un bon caractère, être compétent, avoir l’art de parler et de convaincre, être cohérent et enfin être courageux.
Le second livre intitulé « Aliments locaux à valeurs nutritives », paru aux éditions le Monage (Cameroun), l’auteur raconte que le Tchad regorge de produits alimentaires naturels aux valeurs nutritives avérées, mais des milliers de Tchadiens meurent de malnutrition ou de faim. Selon lui, pour lutter contre la malnutrition des milliards sont injectés par l’État et ses partenaires, mais le résultat demeure le même, inefficient. Pour l’auteur, il faut informer, éclairer et éduquer la population à la bonne hygiène de vie à partir de nos alimentations locales pour une meilleure santé que de se focaliser sur les produits industriels venant de l’extérieur dont on ignore très souvent ses compositions et les conséquences qui vont en découler à court et long terme. Pour assurer son bien-être, le Tchadien doit se nourrir à base des aliments locaux assure Azor Mbailassem Dingamnayal. L’auteur estime que la consommation des aliments locaux permet de combattre la malnutrition. « Un peuple en bonne santé est un gage pour le développement », conclut-il.
Abderamane Moussa Amadaye
Ousman Bello Daoudou
Par un arrêté, le ministre de la Sécurité publique et de l’immigration le Général Idriss Dokony Adiker interdit la marche pacifique prévue ce samedi 28 mai par la coordination des actions citoyennes Wakit Tamma. Comme motifs, la marche est susceptible de causer de trouble à l’ordre public. Le porte-parole des actions citoyennes Wakit Tamma Soumaine Adoum prend acte de cette interdiction et annule la marche. Tout de même, un dispositif impressionnant des militaires entourent les coins stratégiques de la capitale ce samedi. Reportage
C’était hier 27 mai dans l’après-midi que l’arrêté portant interdiction de la marche est rendu public. Il interdit les manifestations ou marches dites pacifiques sur tout le territoire national et indique également que tout contrevenant s’expose aux sanctions prévues par les textes en vigueur. Le ministre de la Sécurité publique demande aux directeurs généraux de la police, de la gendarmerie, au commandant de la garde nationale et nomade du Tchad et les gouverneurs de prendre leur responsabilité pour l’exécution de l’arrêté.
En même temps, la coordination des actions citoyennes Wakit Tamma sort un communiqué de presse pour annuler la marche. Le porte-parole des actions citoyennes Wakit Tamma Soumaine Adoum dit prendre acte de l’interdiction et décide du report de la marche à une date ultérieure vu le climat délétère qui entoure cette marche. La coordination demande aussi aux citoyens à garder leur calme et rester mobilisés. Wakit Tamma déclare qu’elle ne cessera de dénoncer les politiques de la France au Tchad qui ont impacté négativement durant des décennies la gouvernance politique et le niveau de progrès social du pays. Elle indique également que l’ingérence de la France dans la transition politique actuelle empêche un véritable dialogue entre les Tchadiens pour sortir le Tchad du cercle vicieux de la violence. Wakit Tamma renouvelle son exigence : libérer sans condition ses leaders.
Kouladoum Mireille Modestine
L’institut universitaire des sciences appliquées et humaines, et vingt autres universités et instituts en Afrique et au Moyen-Orient organisent le premier colloque scientifique sous le thème « le rôle des universités privées dans la consolidation du savoir, le développement et la paix ». Plusieurs chercheurs venant des 13 pays d’Afrique et du Moyen-Orient débattent depuis 2 jours sur l’apport des universités privées en Afrique. Reportage.
Plusieurs enseignants chercheurs venant de plus de 13 pays d’Afrique et du Moyen-Orient se travaillent depuis 2 jours dans la capitale tchadienne à N’Djamena sur l’apport des universités privées et instituts dans la consolidation du savoir, le développement et la paix. Les universités privées et les instituts sont des partenaires clés des États dans le domaine de l’enseignement supérieur. Pour qu’elles jouent un rôle de pionnier dans la consolidation du savoir et la promotion de la paix, il faudrait un choix judicieux des enseignants et la rigueur dans le contenu des cours.
Des enseignants chercheurs des instituts universitaires et des universités privées venant de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Soudan, du Niger, Nigéria et plusieurs autres pays du continent débattent sur des thèmes tels que la paix, la consolidation du savoir et le vivre ensemble. Selon les conférenciers, les universités ont un rôle important à jouer dans le développement humain et dans la promotion de la paix en Afrique.
Pour le Dr Khadidja Hassaballah, enseignante chercheuse à l’université de N’Djamena, à la faculté des sciences exactes et appliquées, les écoles et les universités privées jouent un rôle important au Tchad et en Afrique. Selon elle, ce sont des réflexions profondes et riches en thèmes qui ont permis aux étudiants de comprendre l’importance des universités privées et des instituts dans la consolidation du savoir. Elle souligne qu’à la fin de cet atelier de 3 jours ils vont faire des recommandations pertinentes aux gouvernements, mais aussi aux professeurs. Dr Khadidja Hassaballah soutient qu’il faut aussi des enseignants de qualité pour avoir des enseignements de qualité. « Les gens payent très cher pour la formation de leurs enfants et si l’on ne met pas du sérieux pour améliorer le système éducatif privé, ce serait la catastrophe », dit-elle. Concernant la paix et la cohabitation pacifique au Tchad et dans les autres pays africains, la chercheure soutient que la cohabitation pacifique est un thème social important, il faut enseigner cette notion aux étudiants des universités privées. Pour étayer son argumentaire, elle donne l’exemple de la Côte d’Ivoire où l’on enseigne dans les universités privées la notion du vivre ensemble et la cohabitation pacifique. Elle souhaite également que le gouvernement tchadien prenne l’exemple des Ivoiriens pour nos instituts et universités privés, mais aussi dans les universités publiques. Dr Khadidja Hassaballah estime que pour ne pas avoir de problème de division dans nos pays, il faut nécessairement instaurer la notion de la paix et du vivre ensemble dans les programmes d’enseignement supérieur. Pour que les étudiants deviennent de bons citoyens, ajoute-t-elle, il faut enseigner et insister sur la notion de la paix et du vivre ensemble dans nos universités privées.
Pour M. Hassan, enseignant chercheur d’une université américaine privée à Dakar au Sénégal, le colloque permet d’échanger entre collègues chercheurs sur comment introduire la notion de la paix dans les programmes. Pour lui, l’Afrique a beaucoup d’universités privées qui ont de grands rôles pour propager la connaissance et la paix. Selon lui, il y a des crises partout en Afrique et ces universités peuvent apporter leur contribution dans la consolidation de la paix et le vivre ensemble.
Jules Doukoundjé