Dans le cadre de l’organisation, du prochain dialogue national inclusif (DNI), le comité technique d’organisation (CODNI), décide d’organiser une série de conférences-débats publiques. C’est dans ce sens qu’a lieu ce lundi après-midi dans l’auditorium de l’Office National des Médias Audiovisuels (ONAMA), une conférence débat sur le thème « la démocratie au Tchad : états des lieux et défis ». Toute la semaine plusieurs thèmes seront débattus. Reportage.
Le comité technique pour l’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) organise toute cette semaine une série de conférences-débats publiques sur le dialogue, le pardon et la réconciliation nationale. Ce lundi après-midi, dans l’auditorium de l’ONAMA, des conférenciers composés des juristes chercheurs, hommes politiques et journalistes analystes politiques ont débattu sur le thème « la démocratie au Tchad : états des lieux et défis ».
Pour Dr Ramadji Alfred, enseignant chercheur et analyste politique, la démocratie au Tchad n’a pas commencé en 1990, mais bien avant. Selon lui, aux indépendances, le pays vivait une vie démocratique animée par des partis et c’est en janvier 1962 que le premier président François N’garta Tombalbaye a érigé son parti en pari unique en supprimant le multipartisme. Le chercheur a fait l’état de lieux de la démocratie de notre pays avant de faire un constat. Il rappelle que le Tchad a connu plusieurs crises sociopolitiques et le premier c’est en 2005, l’année où il y a eu le référendum constitutionnel qui a fait sauter le verrou de la limitation du mandat. Dr Ramadji Alfred ajoute aussi que de 2005 à 2015 qu’il qualifie de désenchantement socioéconomique aurait pu normalement consacrer deux points de départ important. Le premier point aurait pu être l’alternance politique ou la succession au sommet de l’État, dit-il. « On n’a eu ni alternance, ni la succession », soutient l’enseignant chercheur. Pour lui, le deuxième niveau de progrès que devrait annoncer la dynamique démocratique, cette aire qui a été un rendez-vous manqué, c’est le progrès socioéconomique. Le conférencier explique que tout ce que le pays a engrangé comme manne pétrolière n’a pratiquement rien servi et le pays a connu plusieurs crises socioéconomiques. Selon lui, le Tchad a eu un système marqué par l’instabilité dû aux crises socioculturelles. « Notre démocratie entretient une ambiguïté avec les coups d’état. Une démocratie décapitée », souligne le chercheur. Il soutient que le dialogue à venir, a un défi : refonder l’État et restaurer la démocratie pour qu’enfin, on amorce le développement du pays.
Dans le même sens, le Dr Ahmed Djidda, qui faisait aussi l’historique de la situation politique du pays sur 4 points. Il s’interroge sur le rôle joué par les partis politiques dans la mise en œuvre de la démocratie. Il ajoute qu’après l’expérience démocratique, quelles sont les leçons tirées de cette expérience au Tchad et si les partis politiques ont encore un rôle à jouer et s’ils pouvaient en cause leurs visions pour une démocratie plus réussie. L’homme politique note que c’est à partir de 1990 que les hommes se sont réunis au tour du président Idriss Deby pour amener le changement démocratique. Selon lui, les partis politiques de bonne foi ont cru à la démocratie et ont voulu jouer pleinement leur rôle.
Le journaliste Laladjim Narcisse, analyste politique ajoute que les défis sont énormes. Pour notre confrère, un pays comme le nôtre a besoin de médiateurs. Il suggère aussi qu’on renforce les pouvoirs des chefs traditionnels.
Après la présentation succincte des 4 conférenciers, un échange riche avec de questions et suggestions des responsables politiques, mais aussi de quelques leaders de la société civile a permis au public de comprendre l’enjeu du dialogue à venir. C’est également le lieu de parler franc et sans taboue sur les maux qui minent le développement socioéconomique de notre pays.
Jules Doukoundjé