Acheik Ibni Oumar, Ministre d’État chargé de la Réconciliation nationale et Dialogue a rencontré les dirigeants des médias publics et privés le 26 juin à ce qui semble devenir son QG, l’hôtel Radisson Blu. Un contact au cours duquel, le ministre dit prendre contact et recueillir de suggestions et des propositions des médias relatives au Dialogue national inclusif à venir. Reportage.

La rencontre a démarré avec un petit retard. Le ministre d’État chargé de la Réconciliation nationale et du Dialogue Acheik Ibni-Oumar et son staff, ont trouvé devant eux des responsables des médias prêts à engager un débat de fonds en prélude au forum du Dialogue inclusif. Le ton est grave lors que le modérateur relève qu’il ne faudrait pas aborder le fond du sujet. Aussitôt la parole remise au ministre d’État Acheik Ibni-Oumar.  Il explique sa mission. Selon lui, son portefeuille consiste à aller à la base pour faire remonter au sommet et aller aussi dans les provinces pour tout remonter à la capitale. « Le dialogue doit circuler verticalement de la base au sommet. Mais aussi horizontalement », dit-il. D’après lui, le dialogue inclusif et les élections transparentes que les Tchadiens appellent de leurs vœux ne doivent pas être comme dans le passé assimilé juste aux grands évènements, ponctuels et hautement médiatisés. « Pour redynamiser la marche historique de notre peuple vers le dialogue national et la consolidation du fondement de la démocratie dans cette phase exceptionnelle, il nous faut une approche aussi exceptionnelle. Cela nécessite une sensibilisation et une mobilisation de tous », affirme-t-il.

Pour le ministre, notre pays connaît déjà une situation très difficile sur tous les plans notamment, le terrorisme en interne et en externe, les difficultés de la jeunesse face aux perspectives d’épanouissement personnel et professionnel, la dégradation de la situation économique et financière, les conflits intercommunautaires, les boycotts des élections présidentielles, entre autres.  « Nous nous sommes trouvés dans une crise dans la crise. Ce qui explique les imperfections, les défaillances et la lourdeur dans la mise en œuvre des programmes de l’exécutif. C’est ce qui cause l’impatience et irritation au sein de la population qui sont tout à fait compréhensible et légitime ». Il rajoute qu’une réflexion est en cours pour la mise en place d’un comité d’organisation du Dialogue inclusif. « Mais d’ores et déjà, nous avons enregistré des contributions individuelles ou organisées directement appréciables ou indirectement sur les différents médias », indique-t-il.

Les interventions musclées des responsables des médias

En résumé, les médias demandent d’un côté que les plus hautes autorités s’assument afin de mettre les choses à leur place. Associer de plus près la Presse dans le dialogue et ne pas la confiner à un simple rôle de couverture de l’évènement. Ils insistent en outre, sur la souveraineté et la nature inclusive du dialogue. Les questions de la protection et la sécurité des journalistes de l’accès aux sources d’informations sont relevées par la plupart de ceux qui ont pris la parole. D’autres estiment que le fait d’empêcher de toucher au fond du sujet préfigure de la nature du dialogue à venir. D’autres encore ont relevé la non-représentativité du Conseil national de transition (CNT) que les autorités de la transition entendent mettre en place. Pour certains responsables des médias, la Haute Autorité des médias audiovisuels (HAMA) est une institution qui a fait reculer la liberté de la presse. Elle est liberticide et supplée par moment à la justice. Ils notent aussi l’incohérence des actions du gouvernement de transition et se demandent si la transition de 18 mois a commencé ou pas. L’aide à la presse, la viabilité économique des médias ne sont pas perdues de vue dans les interventions. Les médias exigent qu’on définisse clairement le rôle et la place des médias dans le dialogue national inclusif à venir.

Selon M. Acheik Ibni-Oumar, certaines interventions sont de type syndical et relèvent des difficultés de la profession, d’autres concernent la gouvernance de l’État en général, les processus de la transition tels qu’il sont engagés (le pour et le contre) et les modalités appropriées pour engager le dialogue dans de bonnes conditions. D’après lui, un traitement différencié des suggestions sera fait. Des fiches seront aussi transmises aux autorités concernées dit-il. « Nous ne sommes pas un ministère de gestion. Nous sommes plutôt un ministère de mission. Donc nous n’avons pas la possibilité, la légitimité, ni les moyens pour répondre à toutes ces préoccupations. Certaines suggestions seront intégrées dans nos synthèses », précise le ministre. Pour le fond du sujet qui mécontente certains responsables des médias, Acheik Ibni-Oumar, justifie qu’ils ne l’ont pas voulu parce que le moment viendra pour en parler. Par exemple, on ne peut pas épuiser un échange sur le conflit intercommunautaire ou l’opposition armée en un petit temps, explique-t-il. « Notre objectif c’est de vous écouter. Nous sommes tous des citoyens et nous avons un cœur qui bat comme tout le monde. Chacun de nous a une sensibilité par rapport à tout ce qui se passe et brûle d’impatience de l’exprimer. Nous allons en faire meilleur usage de vos suggestions. Bientôt, nous mettrons en place des canaux d’échange à savoir, le site Internet, la page Facebook, les Emails », dit-il.

Moyalbaye Nadjasna

Les biens et personnes circulent depuis quelques jours librement entre Kousserie (Cameroun) et N’Djamena (Tchad). Pour constater la reprise du commerce et sa cadence, Ialtchad Presse est allé sur place. Reportage.

N’guéli à la frontière Tchad-Cameroun. Sous un soleil caniculaire, il était 12h. C’est l’un des quartiers du 9e arrondissement de la ville de N’Djamena, reliant, Kousserie ville camerounaise à N’Djamena, capitale tchadienne, par deux ponts d’environ 500 km. A l’entrée du pont, quelques unités de contrôle, entre autres: la police, la douane, la police municipale montent la garde. Sous les ponts, les enfants barbotent dans l’eau. Les mouvements des personnes sur le pont prouvent que les affaires ont repris.  Sur le nouveau pont, seuls les véhicules sont autorisés à passer. Les piétons se contentent de marcher sur l’ancien pont. Juste à son entrée, on peut apercevoir des agents de la Croix-Rouge avec leurs thermo flash. Ils vérifient les températures des corps des usagers. Un peu à l’intérieur, la police contrôlent les pièces d’identité. Plus loin, les douaniers fouillent systématiquement tout bagage en provenance de Kousserie. L’ambiance révèle bien que les affaires ont repris comme par le passé.

Alladjaba Tchitcha, est un citoyen tchadien habitant Kousserie. Il est en route vers N’Djamena. Il était présent à l’ouverture du pont du côté du Cameroun. C’était une grande fête, dit-il. « D’abord, je remercie les hautes autorités du Tchad d’avoir ouvert la frontière et ensuite à celles du Cameroun qui emboîtent le pas. Le plus important à mon avis, c’est le brassage entre les deux pays. Semble-t-il que les Camerounais ont mal accepté l’initiative prise par le Tchad d’ouvrir ses frontières », dit-il. Il rajoute que côté camerounais, les autorités n’ont pas apprécié. Deux jours plus tard, elles ont aussi décidé de faire la même chose. C’est qui est une bonne chose, affirme-t-il. « Je suis très content, j’étais le premier à traverser après les autorités tchadiennes. Du côté camerounais au lendemain, il a fallu un peu de dispute, mais on s’est accordé finalement j’ai pu traverser. C’est génial en tout cas on n’a pas de problème entre nous, pourquoi fermer alors nos frontières », conclut Alladjaba Tchitcha.

Plus loin, nous rencontrons M. Gambo Ladan, clandoman. Il se plaint du fait que les motocyclettes ne sont toujours pas autorisées à traverser le pont. « Avant toute chose, il faut remercier le Bon Dieu pour sa grâce dans la vie des deux peuples frères, tchadiens et camerounais. Que nos autorités de deux côtés reçoivent nos remerciements pour leurs efforts conjugués pour la réouverture de la frontière de Kousserie-Ngueli. Je vous assure la fermeture de cette frontière a été difficile pour nous les débrouillards », dit-il. Pour l’instant, il déclare qu’il n’y a pas de problème, même avec la police, ils leur présentent seulement leurs pièces d’identité pour traverser librement. « Je demande à nos autorités de laisser les motocyclistes circuler. Je suis clandoman. Il faut qu’on pense vraiment aux clandomen tchadiens coincés », indique Gambo Ladan.

Alnodji Margueritte, est une habituée de la traversée N’guéli-Kousserie. Ce midi, elle a renoué avec ses activités. Joviale, un paquet de marchandises sur la tête, elle raconte, « je suis très contente de renouer avec mes activités. Nos autorités ont pris une très bonne décision. Elle est salutaire pour des milliers de Tchadiens qui tirent leur gain quotidien des échanges commerciaux avec Kousserie. »

Riyayo Augustin, lui, part pour Kousserie. « La frontière est ouverte c’est une bonne chose. L’ambiance d’antan reprend avec les va-et-vient. Mon souhait est la pandémie ne revienne plus et que la frontière soit ouverte pour toujours.», souhaite-t-il.

Il faut noter que le Tchad a officiellement ouvert sa frontière terrestre de N’guéli, le 17 juin 2021. Les autorités camerounaises ont décidé de la réouverture le 20 juin 2021. Rappelons que la fermeture de la frontière Tchad-Cameroun fait suite à l’avènement dû au Covid-19.

Moyalbaye Nadjasna
Allarassem Djimrangar

Le collectif  des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation nationale, en instance d’intégration à la Fonction publique, a tenu une réunion ce 24 juin, à la Bourse du travail, pour donner des orientations au sujet de leur départ pour l’exil. En chemin, ils ont été dispersés par les forces de l’ordre et de sécurité à coup de grenades lacrymogènes. Reportage.

Plusieurs prenaient leur menace de quitter le Tchad comme de la plaisanterie. Mais eux sont bien déterminés à le faire. La preuve, ce jeudi 24 juin, ils sont décidés de partir en exil. C’est une première fois dans l’histoire du Tchad que des diplômés réclamant l’intégration à la Fonction publique décident de s’exiler.

Bourse du travail, dans le 3e arrondissement de N’Djamena. Il est 8 heures 30 min. Le climat est calme et l’ambiance était bon enfant. La cour est pleine à craquer. Les lauréats des écoles professionnelles de l’Éducation nationale en instance d’intégration à la Fonction publique s’activent à régler des derniers détails de leur objectif.

Sac à dos, sac à main, valise, nattes, marmites et autres ustensiles de cuisine, sont entre les objets visibles qu’ils ont apportés. On peut lire sur leur visage la joie, la motivation, la détermination. Les derniers arrivés se font enregistrer en fournissant la copie de leurs diplômes et leurs photos d’identité auprès du collectif. « C’est une fierté que le Tchad perde cette jeunesse, ces mains d’œuvres », ironise Emmanuel, un membre du collectif.

Pabamé Deuzoumbé fait partie de ces mécontents qui veulent s’exiler. Il est lauréat de l’École nationale des instituteurs-bacheliers. Diplôme en poche depuis 10 ans, il se débrouille comme contractuels dans un établissement privé. Ce qui le démotive vraiment est le traitement salarial. « J’ai une activité, mais cela ne paie pas bien. Pour le mois, tu as 40 000F. Ce revenu ne couvre pas mes charges », explique-t-il. Là où le bât blesse, est que le paiement n’est pas régulier. « À compter des mois d’avril et mai, c’est hypothétique qu’on nous paie dans ces établissements privés », fait-il savoir. Aujourd’hui, il dit être content de quitter ce pays même si le lendemain en exil est incertain. Mais il compte bien continuer à enseigner dans son pays d’accueil. « On part pour revenir et non pas pour leur laisser ce pays pour lequel on a tant souffert », dit-il.

8 heures 30 min, la cérémonie d’au revoir a commencé. L’hymne national est entonné. Après, place aux discours.

Selon le coordonnateur du collectif des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation nationale, en instance d’intégration à la Fonction publique, Nanga Thierry, l’heure n’est plus au dialogue, mais à la concrétisation. Pour lui, ils ne vont pas accepter d’être esclaves dans leur propre pays. « Nous n’accepterons pas de voir souffrir nos familles à côté parce qu’on est impuissant de les secourir », dit-il.

Nanga Thierry affirme que dans le passé nos aïeuls ont toujours vécu en harmonie et dans la concorde nationale sans distinction d’ethnie, de religion moins encore d’appartenance géographique. Aujourd’hui, le Tchad est pris en otage par un groupe d’individu sans foi ni loi, qui rende la vie difficile à leurs concitoyens et à leurs enfants, déplore-t-il. « Mon cher pays le Tchad, ces groupes d’individus nous imposent une discrimination, le népotisme, l’arbitraire et le vol au détriment de la Justice, de l’équité et du mérite. Ce mode de vie unique au monde est insupportable. Il nous astreint et nous contraint à quitter malheureusement notre cher et beau pays », dit le coordonnateur du collectif.

Nanga Thierry affirme que les hommes sont éphémères, le Tchad est éternel et la vérité et le bien sont aussi éternels. « Le moment viendra où la justice réapparaîtra au Tchad où nous essayerons ensemble autour de la table à discuter. A Dieu nos familles, à Dieu notre pays et à Dieu la jeunesse tchadienne », conclut-il.

Le porte-parole du collectif, Neuzilka Emmanuel a pour sa part indiqué qu’ils ont mené des démarches pour avoir le visa collectif, mais les autorités tchadiennes le leur ont refusé. D’après lui, leurs partenaires, notamment certaines chancelleries ont répondu favorablement. Ils sont déjà prêts à les accompagner. « Nous quittons simplement ce pays de merde vers là où les droits de l’homme sont respectés et la valeur de l’enseignant est connue. Selon leur condition de vulnérabilité de ces ambassades, elles ne peuvent pas intervenir en notre faveur du moment où nous n’avons pas obtenu le visa collectif », affirme-t-il. Selon lui, ces partenaires les attendent juste à la frontière.

Pour le coordinateur de la plateforme Wakit Tama, Me Max Loalngar, tous ces diplômés réunis dans la cour de la Bourse du travail est un symbole fort. « Le Tchad aura noté qu’en cette date du 24 juin 2021, un millier des jeunes tchadiens se sont réunis dans la cour de la Bourse du travail pour exprimer leur dégoût d’un système qui devrait mourir de sa propre mort », lâche le coordinateur de Wakit Tama.  D’après lui, aller en exil, comme le collectif des lauréats le souhaite, c’est aussi une façon de lutter. Cependant, l’exil est très compliqué. « L’exil est amer et l’exil a ses réalités. Tant que vous n’avez pas encore franchi les frontières de votre pays, vous ne pouvez même pas savoir quelles sont les réalités qui sont de l’autre côté », prévient-il.

9H32mn, c’est le départ. En rang de trois rangées, les diplômés, mécontents, quittent la bourse de travail. Sur la banderole qu’ils brandissent, on peut lire : « Ce n’est pas par gaieté de cœur que nous quittons notre pays, ce sont nos autorités sans foi ni loi qui nous y contraignent » ou encore « nous ne fuyons pas notre pays, nous fuyons l’injustice, la discrimination, l’arbitraire, le népotisme… », « Adieu le Tchad, adieu nos familles, adieu la jeunesse tchadienne ». Tous joyeux, ils font chemin vers la frontière camerounaise, où leurs partenaires les attendent pour les récupérer. Mais c’était sans compter sur les autorités policières.

À peine 100m parcourus sur l’avenue Bokassa, la Police en embuscade. 9H47mn, une pluie de gaz lacrymogènes s’abat sur les mécontents en partance pour l’exil. C’était la débandade. Par les ruelles du quartier Kabalaye, les diplômés rallient à nouveau la bourse de travail. Les autorités ont contacté les leaders pour une concertation. Le Conseil national consultatif de la jeunesse est impliqué. Le collectif a accepté le dialogue. Deux des leaders partent pour négocier le sort de leurs compagnons de misère. Une consigne a été donnée , «  personne ne rentre chez lui. Restez sur place. Si à l’issue de notre rencontre, il n’y a rien de promettant, nous allons partir », a déclaré Nanga Thierry, le coordonnateur du collectif. Les négociations sont en cours. Partiront ? Ne partiront pas ? Le suspense reste entier. Au moment de publier cet article, les membres du Collectifpassent la nuit à la bourse de travail. Les tractations continuent.

Christian Allahadjim
Allarassem Djimrangar

La Commune de Sarh, chef-lieu de la province du Moyen Chari, située à l’extrême sud du Tchad fait frontière à la République centrafricaine. Depuis un certain temps, cette commune éprouve d’énormes difficultés liées à son fonctionnement. Ialtchad Presse a séjourné à Sarh et s’est imprégnée de la situation de cette ville. Et vous livre une série de reportages..

La commune de Sarh compte plus de 200 000 habitants. La ville est grande, elle était en moyenne de 2000 hectares il y a quelques années, mais aujourd’hui, nous sommes à plus de 3000 hectares avec une forte densité de la population. Sarh compte en tout 29 quartiers. Elle regroupe une population cosmopolite.  Au cœur de la ville, la plupart des bâtiments administratifs n’ont pas changé leur aspect colonial, pour les connaisseurs de Fort Archambault, l’ancienne appellation.

Selon le Directeur technique de la Mairie de Sarh M. Mando Gali, pour satisfaire à tous les besoins d’entretien de la ville, la mairie fait face à de nombreuses difficultés. « Vous voyez que tous nos moyens roulants et techniques sont au garage. Les tractopelles, les chargeurs, les Benz sont en pannes. Nous travaillons seulement avec 2 Benz et cela est insignifiant pour une ville d’une superficie de 3000 hectares », dit-il. Le Technicien note que la mairie loue des Benz supplémentaires dans les quartiers avec beaucoup de peine compte tenu des moyens financiers très limités. D’après lui, c’est la Compagnie sucrière du Tchad (CST) qui leur prête son chargeur chaque fois qu’ils éprouvent des besoins d’entretien de la ville. « Qui dit forte densité de population dit de tonnes de déchets ménagers. Vous constaterez qu’en ville certains dépotoirs sont pleins et les ordures débordent. Cela est dû à ces difficultés financières, mais nous ferons toujours de notre mieux. La première vague de ramassage est finie. Nous entamerons la seconde vague avec le concours de notre partenaire, la CST », affirme-t-il.  Pour lui, même si c’est avec beaucoup de gymnastiques que la mairie obtient l’aide de matériels techniques de la CST pour l’assainissement de la ville, c’est pour une bonne cause. « Toutefois nous sommes reconnaissants, ils nous aident énormément », mentionne Mando Gali.

Allaramadji Touroundjita Claude, habite le quartier Blabline, « Sarh, la verte est une très belle ville. Seulement, ce dernier temps la marie semble rencontré de difficultés et gère difficilement les ordures ménagères. Au dépotoir du quartier Paris-Congo par exemple, c’est plein et ça se déverse dans la rue qui se rétrécit. Je trouve cela dangereux avec la vitesse que font les motocyclistes. Sinon la mairie fait de son mieux. »

Difficile de collecter 20 millions qui représentent la masse salariale par mois

Le Technicien de la Commune de Sarh estime que les gens les accusent de ne rien faire tout en ignorant la crise que traverse la mairie. Selon lui, les employés sont restés trois ans sans salaires. « Depuis 3 ans, nous n’avons rien reçu de l’État. On nous demande de faire de notre mieux avec les petites collectes c’est vraiment insuffisant. Au début on était à plus de 400 personnels à la commune, nous en avions diminué jusqu’à 200 voire moins. La masse salariale est de 20 millions par mois. Pour recouvrir cette somme sur le marché, c’est un problème. On tire le Diable par la queue. Sur 5 mois, on ne paye qu’une seule fois », affirme le Directeur technique de la Commune. Il demande au gouvernement de leur venir en aide tout en rappelant les promesses non tenues des hommes politiques.

Alhadji Moussa, lui, vit au quartier Baguirmi. « En toute franchise, la ville de Sarh est une très belle ville. Les autorités communales font de leur mieux même si beaucoup des efforts restent à consentir. Ils disent souvent qu’ils n’ont pas de matériels. Comment une grande commune comme celle de Sarh doit continuer a demandé de matériels d’une société pour entretenir la ville. Ce n’est pas normal à mon avis, l’État doit faire quelque chose sinon c’est incohérent », confie-t-il.

Pour Mando Gali, la Mairie dispose de 29 comités d’assainissement dans 29 quartiers que compte la ville en guise de relais. Il renchérit que, ceux-ci font le travail de ramassage des déchets ménagers de porte en porte. « Les ordures sont déposées dans des endroits bien spécifiés et nous nous assurons le transport et l’évacuation globaux. C’est ce qui se fait en ce moment », dit-il. Il poursuit en précisant qu’ils ont équipé ces comités de moyens techniques et financiers grâce aux partenaires tels que la ville de Sherborne et d’autres ONG. « Cela a marché au début, mais actuellement ça va clopin-clopant. Il y en a qui marchent d’autres sont aux arrêts. Nous sommes déjà en saison des pluies et nous sommes en train de faire de notre mieux pour évacuer le plus tôt possible certains dépotoirs remplis afin d’éviter des maladies », conclut-il.

Moyalbaye Nadjasna

Le président du Front nouveau pour le changement « FNC », Yaya Dillo, a tenté une visite ce 22 juin, à la maison d’arrêt de Kléssoum, pour s’enquérir de la situation de quelques prisonniers de guerre supposés être exécutés selon les nouvelles qui circulent sur la toile. Cependant, il s’est posé le problème de procédures et d’autorisation préalable. Chronologie de sa visite avec Ialtchad Presse.

10 heures, une équipe des journalistes du journal Ialtchad presse débarque au domicile de M. Yaya Dillo Djerou Betchi, président du Front nouveau pour le changement (FNC). Accueillis et conduits sous le hangar, où est installé M. Dillo, très convivial, entouré de ses proches l’opposant est déterminé. Calme, nous échangeons un tant soit peu. Il est 13h moins lorsque nous roulons vers la maison d’arrêt de Kléssoum. Une demi-heure de route après, le cortège s’immobilise à 13 heures 38 min devant les gendarmes assis sous les arbres en face du pénitencier. Pour cette visite, Yaya Dillo n’était pas seul. Il était accompagné de quelques membres de son association. À quelques mètres de l’entrée principale de la prison, un agent de sécurité interpelle le véhicule. « S’il vous plaît, pourriez-vous garer vos véhicules de l’autre côté ? », demande le policier. Le président du parti FNC se présente, « Je m’appelle Yaya Dillo, je viens rendre visite à quelques prisonniers de guerre ». Le policier lui rétorque « l’accès pour rendre visite aux prisonniers de guerre est interdit ». Il appelle ensuite, son chef, le commandant 1er adjoint de la Maison d’arrêt de Kléssoum se précipite vers nous. Il demande à Dillo, « Président, qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ? ». Yaya Dillo, répond qu’il est venu pour visiter quelques prisonniers de guerre s’ils sont en vie. Le commandant reprend la parole et dit : « il n’est pas permis de venir rendre visite aux prisonniers de guerre sans une autorisation. Je n’ai pas été informé par ma hiérarchie.  Il faut aller voir le Procureur de la République. » 

Aussitôt, le président du FNC, sort son téléphone. Il appelle le Procureur de la République. Ce procureur qui n’était pas en réalité le vrai en la personne de Youssouf Tom. Il échange avec Yaya Dillo avant d’échanger aussi avec le commandant 1er adjoint de la Maison d’arrêt de Kléssoum. Lors de leur échange, ils ne se sont pas du tout entendus puisque selon les instructions données par la hiérarchie, toute personne qui désire rendre visite aux prisonniers de guerre à la Maison d’arrêt de Kléssoum doit impérativement présenter son autorisation délivrée par les autorités compétentes.

13 heures 30 min, M. Yaya Dillo décide repartir à Ndjamena. Cape est mis vers le Palais de Justice, précisément vers le parquet de Grande Instance de N’Djamena. Objectif : rencontrer le procureur de la République, Youssouf Tom, pour avoir une autorisation.

« Un réquisitoire est en instruction, attendre la fin de la procédure judiciaire… »

À 14h 50 min. Nous arrivons au Palais de Justice. Nous nous dirigeons vers le bureau du Procureur de la République. À quelques mètres de la porte du président,  un agent de police judiciaire nous interpelle et nous demande de patienter, car le Procureur de la République a encore une visite. Après quelques minutes d’attente, le procureur nous reçoit dans son bureau. Il demande à Yaya Dillo, qu’est-ce qu’il peut faire pour lui. Dillo, « je suis allé pour rendre visite aux prisonniers de guerre, mais les forces de l’ordre en faction m’ont empêché d’y entrer. Alors est-ce que le PR détient-il la liste des prisonniers de guerre? Si oui, est-ce que Dr Ali Brahim et Saleh Ali Assabala sont vivants ou pas ? » Le procureur de la République M Youssouf Tom répond, « nous avons enregistré un réquisitoire de 224 personnes. Je l’ai envoyé au cabinet d’instruction n°3. Ce sont des dossiers qui sont restés pendants et en aucun cas je ne peux me prononcer sur cette question. »

M. Dillo, insiste sur le cas du Dr Ali Brahim et M. Saleh Ali Assabala pour savoir s’ils sont morts ou vivants. Il déclare des informations sur les réseaux sociaux affirment qu’ils ont été exécutés sommaires. Le Procureur de la République relève n’avoir aucune information à ce sujet et conseille M Yaya Dillo de prendre son mal en patience et attendre la fin de procédure judiciaire pour voir si la lumière sera faite ou pas sur cette affaire. Le président du FNC persiste et demande au PR s’il peut voir le juge d’instruction en charge des dossiers des prisonniers de guerre. Après avoir quitté le bureau du procureur, Yaya Dillo n’est toujours pas fatigué. Il est 16 heures passées. Il se renseigne et décide d’aller voir le juge d’instruction au cabinet n°3. Le juge d’instruction est absent, son greffier  est présent, mais refuse de se prononcer sur cette affaire. À suivre…

Moyalbaye Nadjasna
Allarassem Djimrangar

Donc cela fait deux mois jour pour jour depuis que le Conseil Militaire de Transition (CMT) a pris le pouvoir par la baïonnette. Cela s’est passé vite. Trop vite comme le clignement des yeux. Le CMT a fait semblant de faire passer à la trappe toutes les institutions. Quelques jours après, il rétropédale en maintenant certaines institutions, par exemple l’Assemblée nationale (AN). Quelques idées ont été lancées comme des ballons d’essai. Un Premier ministre est désigné. Un gouvernement est formé. Depuis lors beaucoup de bruit. Beaucoup de futilités. Beaucoup de paroles. Finalement très peu d’actions concrètes pour faire tourner la transition à plein régime. Cette nonchalance voulue ou pas, fait tourner la transition en rond. 

D’abord le CMT s’ennuie à force de ne pas avancer. Pour s’occuper, la junte n’a rien trouvé de mieux que de convoquer le public à travers le communiqué de la direction du protocole d’État de la présidence (DGPEP) qui dit informer les Tchadiens sur les formules d’appellation du président de la transition. Les Tchadiens attendent le démarrage du processus de la réconciliation, la feuille de route du gouvernement, etc. Au lieu de cela, le président de la transition Mahamat Kaka s’occupe de ses titres. Il a décidé par le truchement de la DGPEP que tout citoyen ou ses collaborateurs qui veulent lui écrire ou lui parler doivent dans une correspondance l’appeler : Général de Corps d’Armée, Président du Conseil Militaire de Transition, Président de la République, Chef de l’État. 

Ou : Général de Corps d’Armée, Président du Conseil Militaire de Transition, Chef de l’État 

Ou encore : Président du Conseil Militaire de Transition, Président de la République, Chef de l’État, Chef suprême des Armées. Le dernier titre est semble-t-il réservé aux militaires. 

A l’oral, il faudra dire : Excellence. 

La priorité de la junte ne semble pas être le démarrage de la transition. La DGPEP rappelle à l’ordre certains qui prennent un peu trop leurs aises en appelant le président de la transition Mahamat Kaka. Surtout les journalistes. Seulement la DGPEP fait dans le zèle en octroyant le titre de président de la République au chef de la junte. Le président de la transition peut s’octroyer les titres qu’il veut sauf celui de Président de la République. Mahamat Kaka ne pourra l’être que s’il décide de se présenter aux suffrages des Tchadiens. Et qu’il les gagne. Pas avant. 

Ensuite, le gouvernement. Il ne semble pas avoir le volant du gouvernail de cette transition. Rien ne se passe comme il se doit. Tout se décide à la présidence. Le Premier ministre Pahimi Padacké Albert (PPA) est semble-t-il trop contrarié, trop à l’étroit.  Le peu d’initiative qu’il entreprend est contrecarré à la présidence. L’entourage du président de la Transition s’amuse à lui faire la leçon. Les conseils de ministres sont devenus fades. PPA avale beaucoup de couleuvres. Le ministère de la Réconciliation et du Dialogue qui est censé impulser la feuille de route n’a toujours pas, deux mois après, ses locaux. Acheik Ibni Oumar et son embryonnaire équipe squattent toujours les suites de l’hôtel Radisson Blu. L’équipe du Premier ministre fait pareil aux villas des hôtes ou à l’hôtel du Chari, on ne sait plus. Comment peuvent-ils travailler efficacement? Quand vont-ils s’installer aux bonnes adresses? Comment? Comment?

Enfin, le Conseil National de Transition (CNT) est sur toutes les lèvres. Et dans tous les esprits. Un comité ad hoc est mis en place. Ses membres sont désignés. Tout le Tchad attend l’annonce de la liste des cooptés. Tout le pays veut en faire partie, mais il n’y a que 93 places. Ça joue des coudes au portillon. Il semble que le président de la Transition exige qu’il faille être lettré et de bonne moralité pour en faire partie. Il veut aussi du sang neuf. Et un Conseil ouvert sans politique « politicienne ». C’est une bonne chose, mais le jeu politique à ses propres codes, ses propres règles, ses propres réalités et sa propre raison. La tentation est grande de continuer à faire de la petite politique avec cet organe. D’ici à voir plus clair, le CMT et le gouvernement piétinent. Le risque de l’enlisement est sérieux. Très sérieux. 

Bello Bakary Mana

21 juin, c’est la fête qui commémore la musique à travers le monde. Les artistes et musiciens tchadiens ne dérogent pas à la règle. Un plan et plus, la covid-19 les avait privés de vivre de leur art alors qu’ils vivaient déjà une situation de précarité. Reportage

Les artistes tchadiens particulièrement les musiciens sont en fête ce 21 juin 2021. Ils célèbrent la Musique d’une manière spéciale ce matin au centre culturel Baba Moustapha. Ils ont échangé avec la Haute Autorité des Media Audiovisuels (HAMA). Artistes musiciens, les plasticiens, des comédiens entre autres se sont exprimés.

Dounia Togyangar, est artiste plasticien, comédien et écrivain. Pour lui, au temps de l’Égypte pharaonique, ce sont les plasticiens qui ont construit la pyramide et y ont mis l’information transmise jusqu’aujourd’hui. « Pour la promotion de la paix par les arts, je vous renvoie au rond-point de l’armée appelé rond-point cheval. Le cavalier qui a une lance à la main au bout de cette lance se trouve un pigeon, symbole de la paix. C’est une œuvre plastique qui appelle les gens au jour le jour à la paix. Au rond-point de la mairie, j’interpelle le ministère de la Culture, celui de la communication et la HAMA qui parle de ce pays. Le lion symbolise le roi de la forêt, le symbole de la puissance de l’Afrique qui est devenu le nage queue des dauphins, un animal marin dans un pays enclavé », s’insurge-t-il. Selon lui, chaque jour, les œuvres plastiques passent dans les films et les télévisions, mais s’il s’agit des forfaits donnés par l’ONAMA aux artistes, l’art plastique est écarté. Il trouve cela injuste et plaide que cette situation soit revue.

Un autre artiste Allamine Kader déplore le fait que les artistes soient considérés comme des « amuseurs publics ». D’après lui, ils ont un rôle important à jouer aussi bien dans la société que pour la promotion de la culture. Pour lui, les artistes portent en eux de message de paix et du vivre ensemble.  « Les hautes autorités de la culture tchadienne ne prennent rien au sérieux, pire encore les Tchadiens. Les médias nous abandonnent parce qu’on n’a pas de jetons à donner aux journalistes. Ce que nous apportons n’est pas forcément des finances. C’est ce que nous ressentons dans notre for intérieur que nous exprimons. Le secteur des arts est abandonné », dit-il. Pour cet artiste, l’art ne concerne pas seulement les artistes, mais aussi les journalistes culturels, les promoteurs culturels, etc. Il plaide pour que les Tchadiens consomment locale. Il s’interroge pour savoir s’il faut prendre d’autres mesures pour imposer cela ? « S’il faut réellement payer les droits d’auteurs, nous allons renvoyer tout l’argent que l’État donne aux pays étrangers. Car les accords de réciprocités ne sont pas encore signés ». Tous les pays qui ont les droits d’auteur note-t-il, ont fait la promotion de leurs artistes locaux. Il cite l’exemple du Cameroun voisin. « Il n’y a pas de raisons qui justifient le rejet de la musique tchadienne par les Tchadiens. En effet, nous sommes conscients de ce que nous faisons, nous faisons peut-être même plus que les autres parfois. Il faudrait que les droits soient pris en compte tel qu’il est stipulé dans les textes », indique-t-il. Aider les artistes à vivre aussi de leurs arts, un an et demi de covid-19 a rendu difficile leur vie, souligne-t-il.

« Les journalistes doivent critiquer les prestations des artistes… »

Un tiers défenseur des œuvres artistique relève que les artistes tchadiens par rapport aux autres sont dans une précarité totale. « Ils ne vivent pas de leur art. En d’autres termes, l’on contribue à une mort lente de la culture tchadienne. Les Bars, les hôtels et bien d’autres qui utilisent les œuvres des artistes sans rien verser doivent être interpellés », dénonce-t-il.

Un autre artiste, Masra. « Les textes de la HAMA sont caducs, ils doivent être adaptés à l’évolution du temps », déclare-t-il.

Aimé Palyo accuse les journalistes de ne pas faire de bonne analyse sur les œuvres artistiques. Selon lui, les musiciens sont des analphabètes. « Ils ne cherchent pas à évoluer et restent carrés dans leur genre musical. Le peu de revenus c’est pour le dépenser dans l’alcool et les femmes. Les musiciens ne font pas des efforts dans les compositions, ils prennent les chansons du terroir pour le mettre sur la guitare mal accordée et signent de leur nom », dit-il.

Les questions de budgets de productions culturelles, d’assistance de la HAMA aux artistes et de leur faible représentativité dans cette institution ont été également soulevées.

Moyalbaye Nadjasna
Allarassem Djimrangar

Autorisée par le ministère de la Sécurité, la marche du consortium des associations féminines a eu lieu ce lundi. Objectif, dénoncer les violences faites aux femmes et l’impunité qui y va avec. Reportage.

Le rendez-vous est pris à 9 heures, devant le palais de Justice de N’Djamena. C’est de là que doit partir le cortège de la marche contre les violences faites aux femmes. Selon Epiphanie Dionrang, présidente de la Ligue tchadienne de défense des droits de la femme, le choix du lieu de départ est symbolique, « c’est la Justice qui doit condamner les violeurs. Malheureusement ce n’est pas le cas. Nous sommes ici pour dire non à l’impunité. »

11 heures, des consignes sur la marche sont données. Top départ. La Police prend ses dispositions. Près d’une soixantaine de femmes, habillées en noir « signe de deuil » et en orange « symbole de la lutte contre les violences basées sur le genre » se mettent en rang. Pancartes en mains, des papiers collés sur des poitrines, sifflets à la bouche, la marche peut commencer. L’hymne national est entonné. Et la manifestation prend son envol. « Pas des violences », entonne Nguemta Patricia, secrétaire de l’association Femme aussi. « Faites aux femmes », reprennent en chœur les autres manifestantes durant tout le trajet de la marche qui va du palais de Justice au palais du 15 janvier.

C’est une première fois qu’une marche en faveur des droits de la femme est autorisée. Et les manifestantes en sont ravies. « C’est ma première fois de marcher pour cette cause et je me sens vraiment motivée », déclare Nguemta Patricia. « Moi je me sens libérée. Je croyais que ça n’allait pas être possible mais on nous a laissées cette opportunité », se réjouit Constance Nérolel, leader d’une association féminine.

Des messages tels que « brise le silence », « respectez mon vagin », « je ne suis une femme pas un objet », « arrêtez d’utiliser vos pénis comme des gaz qui nous explosent », « ma famille le sait mais personne n’en parle » sont lisibles sur des pancartes et autres moyens utilisés par les manifestantes.

Une quarantaine de minutes de marche sous un soleil de plomb. Au rythme des coups de sifflet couplé à l’hymne national, les manifestantes atteignent le palais du 15 janvier, point d’arrivée. Sur place, des messages sur le mobile de la marche ont été adressés en français, en arabe local et en ngambaye. Puis des recommandations ont été faites aux autorités en charge de la Justice. « Garantir une protection des droits de femme, rendre indépendantes les institutions judiciaires, créer une unité spéciale de gestion des cas de violences faites aux femmes et assurer une répression rigoureuse et conforme aux textes des auteurs de violences faites aux femmes », telles sont ces recommandations.

Si la mobilisation à cette marche n’a pas été de taille, néanmoins l’organisation a été une réussite. Et les initiatrices s’en félicitent. « L’organiser est déjà une réussite. Car, c’est pour la première fois que les autorités ont donné leur aval pour une telle marche. On a fait un pas », dit Madtoingué Djemilla Carole, artiste musicienne. Même sentiment de la part d’Epiphanie Dionrang : « je peux dormir aujourd’hui mais pas profondément », exprime-t-elle sa joie, avec réserve. Pour elle, la satisfaction sera totale lorsque les autorités prendront en compte leurs différentes recommandations.  « Tant que celles-ci ne sont pas prises en compte par les autorités, la lutte continue », prévient-elle.

Le travail qui reste à faire d’accentuer la sensibilisation pour aider les femmes à sortir de leur silence, continuer à dénoncer, à dire non. « Nos violeurs sont souvent à la maison, à nos lieux de service. Ils nous terrorisent après leurs actes. Mais il faut que la peur change de camp », raisonne Nguemta Patricia. « Il faut que la Justice tienne compte des douleurs des victimes. Il ne faut pas qu’on traite les violeurs selon la catégorie sociale ou professionnelle », renchérit Constance Nérolel.

La marche initiée par le consortium des associations féminines devrait avoir lieu en 2020, dans le cadre des 16 jours d’activisme. Elle n’a pu être organisée ce 21 juin 2021. D’après les initiatrices, d’autres actions seront menées pour défendre les droits de la femme. « Dès l’instant que j’entends qu’une femme a été violée ou violentée, je reprendrai la lutte », affirme Epiphanie Dionrang. Il faut signaler que quelques hommes sont venus manifester leur soutien à ces marcheuses pour le respect de la dignité de la femme et la Justice.

Christian Allahadjim
Orthom L’Or

L’association panafricaine HOUSE OF AFRICA et la Cellule nationale de coordination de l’association pour la promotion de l’élevage au sahel et en savane, planchent ce, 19 mai à la Bibliothèque national de N’Djamena, sur la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable(ODD), Agenda 2030 des Nation Unies. Reportage.

50 organisations de la société civile (OSC) au Tchad se concertent avec l’association panafricaine HOUSE OF AFRICA(HA) afin d’élaborer un rapport indépendant sur l’exécution nationale de l’Agenda 2030 des Nations unies. Il s’agit du suivi et l’évaluation de la mise en œuvre de 17 objectifs des ODD au Tchad. Pour Abdeldjalil Bachar Bong, président de HOUSE OF AFRICA, ces organisations de la société civile convié œuvrent dans de domaines variés entre autres, la paix, l’environnement, l’eau, monde rural, la femme, l’éducation, l’enfance. L’un des objectifs de cette journée de réflexion, dit-il, c’est de sensibiliser et contribuer aux 17 objectifs de développement durable. « On va réfléchir ensemble sur les 17 objectifs des ODD, apprécier le niveau d’appropriation et d’engagement de la société civile tchadienne dans sa mise en œuvre et le suivi. Examiner les moyens et rôles jouer par les OSC. Rédiger un rapport indépendant sur l’implémentation des ODD pour l’examen volontaire 2021. Collecter les contributions et les recommandations représentées pour le suivi et la mise en œuvre des ODD au Tchad. Voir éventuellement quelle synergie d’action à mener », signifie-t-il.

Selon Abdeldjalil Bachar Bong, ils vont collecter des données qui seront soumis au gouvernement, à l’Assemblée Nationale, au système des Nations Unies(NU) et aux autres parties prenantes. « Ce rapport sera présenté par vidéoconférence lors de forum de haut niveau sur le développement durable qui aura lieu d’ici le 6 au 15 juillet 2021 à New York », informe-t-il. D’après lui, le forum de New York est la principale plateforme des NU pour le suivi et l’examen de l’Agenda 2030. Il rajoute que les OSC jouent un rôle clé et incontournable dans la mise en œuvre du PND. Le 17ème et dernier objectif, poursuit-il, promet un partenariat efficace entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile pour la réalisation des ODD sur le plan mondial, régional, national et communal. « C’est un partenariat inclusif basé sur des principes et valeurs communs. La préoccupation c’est le peuple et la planète », souligne le président de HA. Il demande à la société civile tchadienne d’être active, participative, contributive au développement et non une SC civile de politique politicienne. « Le programme 2030 est une feuille de route et ses objectifs et cibles sont des outils pour y parvenir », termine-t-il.

« Un examen volontaire de la mise en œuvre des ODD… »

Rappelant la genèse des ODD, M. Simon Y. Fouda Ekobena, représentant de la coordonnatrice Résidente du système des NU au Tchad, indique que l’Agenda 2030 a été adopté 2015. Les ODD, clarifie-t-il, succèdent aux OMD. De quoi s’agit-il ? « C’est un ensemble d’objectif agrée par tous les pays du monde pour atteindre une planète développée dans laquelle il n’y aura pas de pauvreté et la plupart des maux réduits à l’horizon 2030 », définit-il. Il souligne que cet Agenda s’étale de 2016 à 2030.  D’après lui, 2021, est un moment charnier d’évaluation de cet Agenda. Pour lui, les OSC jouent un rôle très important surtout pour le Tchad à la croisée du chemin de son histoire suite à la tragédie de ces derniers jours. « Le SNU salue l’appui du gouvernement dans ce processus d’examen volontaire. L’examen volontaire c’est tout simplement, l’examen fait par le gouvernement et ses partenaires sur la mise en œuvre de l’Agenda 2030 au Tchad. Pour la 2ème fois le Tchad fera sa présentation d’ici juillet en New York », signifie-t-il.

Pour Nassour Bahar Mahamat Itno, Directeur général du ministère de l’Économie, de la Planification, du Développement et de la Coopération internationale, représentant son ministre, l’Agenda 2030 définit un plan d’action global pour la réalisation des ODD, englobe les aspects socioéconomiques et environnementaux. « La mise en œuvre recommandée est inclusive et participative. Les OSC ont été étroitement impliquées dans la définition de ces objectifs. Elles ont souligné le caractère global et ambitieux de ce processus du développement durable. Il leur faut davantage une implication permanente », note-t-il. Selon lui, la société civile peut utiliser les ODD comme outil de suivi des actions du gouvernement dans la lutte contre la pauvreté, comme un argument de plaidoyer pour prioriser certaines thématiques et encourager la prise en compte de populations le plus marginalisées.

Le Tchad dit-il, en signant cet Agenda, entend parvenir à un développement résiliant de changement climatique. Pour atteindre cet objectif cohérente avec la vision du Tchad que nous Voulons à l’horizon 2030, Nassour Bahar Mahamat Itno demande une franche collaboration de tous. Il renchérit qu’il faut sensibiliser, mobiliser et surtout renforcer les capacités des différentes parties prenantes. « Le gouvernement devrait identifier tous les acteurs et les mettre au même niveau d’information puis renforcer la cohérence de leurs actions alignées avec les ODD », conclut le DG.

Moyalbaye Nadjasna

La marche pacifique dénommée « Week-end noir » initiée par la plateforme des diplômés en instance d’intégration à la fonction publique ce, 19 juin sur l’ensemble du territoire national a été très tôt dispersée par les forces de l’ordre et de sécurité. Plusieurs arrestations ont été signalées par les leaders de cette marche. Reportage !

20 personnes arrêtées dont 16 relaxées immédiatement, 4 femmes gradés au Commissariat de sécurité publique (CSP 15) de Boutalbagara, 6 blessures légères signalés selon Adissou Dibam, l’un des leaders de la plateforme des diplômés en instance d’intégration a la Fonction publique tchadienne. Devanture du lycée Sacré-Cœur, rond-point 10 octobre 7ème arrondissement, rond-point de Walia 9ème arrondissement et rond-point Farcha, 1er arrondissement sont les itinéraires de la marche pacifique dénommée « Week-end noir » initiée par la plateforme des diplômés en instance d’intégration à la fonction publique ce matin dès 6 heures. Tout au long du trajet, les forces de l’ordre et de sécurité déployés ont quadrillé les secteurs définis pour cette marche.

Atrone, dans le 7ème arrondissement, devant un hôtel de la place, nous les unités du Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP) en campement sont présents. Quatre véhicules en tout. Au rond-point du pont à double voie, quelques éléments de la commission mixte de sécurité sont aussi visibles. Sur l’avenue principale, la circulation est libre. Des citoyens vaquent à leurs occupations.  Au rond-point du quartier Chagoua, la présence policière est en alerte avec quatre véhicules bourrés d’hommes en treillis. Nous continuons notre ronde. 7 heures 30 minutes, devant le lycée Sacré-Cœur, pas de mouvement suspect. Même pas un élément de la Police. Juste à côté, au terrain Feest Africa, quelques éléments de la commission mixte de sécurité composés de la Garde nationale des nomades du Tchad (GNNT) et le Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP) sont encore visibles avec une dizaine de véhicules.

M. Adissou Dibam se félicite de la marche pacifique qui a eu lieu à N’Djamena, la capitale, ainsi que dans les provinces du pays. Selon lui, ce n’est pas la police nationale qui a arrêté les 4 manifestantes. C’est plutôt les Agents de renseignement (ANS) qui les ont arrêtés pour les confier aux forces de l’ordre et de sécurité. « Notre marche de ce samedi n’est pas un échec. La preuve en est que malgré que la ville de N’Djaména a été quadrillé par les forces de l’ordre et de sécurité, nous sommes sortis. Donc, c’est une réussite parce qu’il y a une détermination totale des diplômés », dit Adissou Dibam. Il souligne que s’ils n’obtiennent pas une solution idoine à leurs revendications, ils vont toujours continuer à manifester jusqu’à satisfaction totale. « Ce qui nous marque le plus à travers cette marche, c’est la volonté et la détermination des jeunes diplômés qui disent non à l’injustice sociale, au népotisme, au clientélisme et qui revendiquent de manière farouche leur intégration à la fonction publique particulièrement l’insertion sociale », note-t-il.

Il rappelle qu’ils ont eu une audience avec le feu président de la République Idriss Deby Itno qui leur avait promis l’intégration malheureusement, la mort l’a emporté.  « Aujourd’hui, le Conseil militaire de transition (CMT) dans son programme politique refuse de recruter les personnels civils mais entend recruter des militaires. Cela nous surprend parce que le pays n’est pas dans une situation de guerre. Ils disent que l’intégration des jeunes n’est pas une urgence », lance-t-il.

Aux dernières nouvelles, les quatre femmes gardées au commissariat de police de Boutalbagara ont été libérées.

Allarassem Djimrangar

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