21 juin, c’est la fête qui commémore la musique à travers le monde. Les artistes et musiciens tchadiens ne dérogent pas à la règle. Un plan et plus, la covid-19 les avait privés de vivre de leur art alors qu’ils vivaient déjà une situation de précarité. Reportage
Les artistes tchadiens particulièrement les musiciens sont en fête ce 21 juin 2021. Ils célèbrent la Musique d’une manière spéciale ce matin au centre culturel Baba Moustapha. Ils ont échangé avec la Haute Autorité des Media Audiovisuels (HAMA). Artistes musiciens, les plasticiens, des comédiens entre autres se sont exprimés.
Dounia Togyangar, est artiste plasticien, comédien et écrivain. Pour lui, au temps de l’Égypte pharaonique, ce sont les plasticiens qui ont construit la pyramide et y ont mis l’information transmise jusqu’aujourd’hui. « Pour la promotion de la paix par les arts, je vous renvoie au rond-point de l’armée appelé rond-point cheval. Le cavalier qui a une lance à la main au bout de cette lance se trouve un pigeon, symbole de la paix. C’est une œuvre plastique qui appelle les gens au jour le jour à la paix. Au rond-point de la mairie, j’interpelle le ministère de la Culture, celui de la communication et la HAMA qui parle de ce pays. Le lion symbolise le roi de la forêt, le symbole de la puissance de l’Afrique qui est devenu le nage queue des dauphins, un animal marin dans un pays enclavé », s’insurge-t-il. Selon lui, chaque jour, les œuvres plastiques passent dans les films et les télévisions, mais s’il s’agit des forfaits donnés par l’ONAMA aux artistes, l’art plastique est écarté. Il trouve cela injuste et plaide que cette situation soit revue.
Un autre artiste Allamine Kader déplore le fait que les artistes soient considérés comme des « amuseurs publics ». D’après lui, ils ont un rôle important à jouer aussi bien dans la société que pour la promotion de la culture. Pour lui, les artistes portent en eux de message de paix et du vivre ensemble. « Les hautes autorités de la culture tchadienne ne prennent rien au sérieux, pire encore les Tchadiens. Les médias nous abandonnent parce qu’on n’a pas de jetons à donner aux journalistes. Ce que nous apportons n’est pas forcément des finances. C’est ce que nous ressentons dans notre for intérieur que nous exprimons. Le secteur des arts est abandonné », dit-il. Pour cet artiste, l’art ne concerne pas seulement les artistes, mais aussi les journalistes culturels, les promoteurs culturels, etc. Il plaide pour que les Tchadiens consomment locale. Il s’interroge pour savoir s’il faut prendre d’autres mesures pour imposer cela ? « S’il faut réellement payer les droits d’auteurs, nous allons renvoyer tout l’argent que l’État donne aux pays étrangers. Car les accords de réciprocités ne sont pas encore signés ». Tous les pays qui ont les droits d’auteur note-t-il, ont fait la promotion de leurs artistes locaux. Il cite l’exemple du Cameroun voisin. « Il n’y a pas de raisons qui justifient le rejet de la musique tchadienne par les Tchadiens. En effet, nous sommes conscients de ce que nous faisons, nous faisons peut-être même plus que les autres parfois. Il faudrait que les droits soient pris en compte tel qu’il est stipulé dans les textes », indique-t-il. Aider les artistes à vivre aussi de leurs arts, un an et demi de covid-19 a rendu difficile leur vie, souligne-t-il.
« Les journalistes doivent critiquer les prestations des artistes… »
Un tiers défenseur des œuvres artistique relève que les artistes tchadiens par rapport aux autres sont dans une précarité totale. « Ils ne vivent pas de leur art. En d’autres termes, l’on contribue à une mort lente de la culture tchadienne. Les Bars, les hôtels et bien d’autres qui utilisent les œuvres des artistes sans rien verser doivent être interpellés », dénonce-t-il.
Un autre artiste, Masra. « Les textes de la HAMA sont caducs, ils doivent être adaptés à l’évolution du temps », déclare-t-il.
Aimé Palyo accuse les journalistes de ne pas faire de bonne analyse sur les œuvres artistiques. Selon lui, les musiciens sont des analphabètes. « Ils ne cherchent pas à évoluer et restent carrés dans leur genre musical. Le peu de revenus c’est pour le dépenser dans l’alcool et les femmes. Les musiciens ne font pas des efforts dans les compositions, ils prennent les chansons du terroir pour le mettre sur la guitare mal accordée et signent de leur nom », dit-il.
Les questions de budgets de productions culturelles, d’assistance de la HAMA aux artistes et de leur faible représentativité dans cette institution ont été également soulevées.
Moyalbaye Nadjasna
Allarassem Djimrangar