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La dépigmentation volontaire, un phénomène dangereux

Dans les provinces, à N’djaména ou partout ailleurs sur le continent africain, le phénomène de la dépigmentation prend une envergure avec son cortège  des conséquences sanitaires et socio économique parfois fatale pour  les usagers.

Selon le Dr Béassemda Jatiby, Médecin Généraliste au service des maladies infectieuses et de dermatologie de l’Hôpital Général de Référence Nationale (HGRN), chargé des consultations dermatologiques, il est difficile de situer avec exactitude les causes de cette pratique qui  les dangers, prend de l’ampleur sur le continent africain, spécifiquement au Tchad. Cependant, la dépigmentation se définit comme le fait pour une personne de peau noire d’y appliquer des lotions ou produits cosmétiques en vue de l’éclaircir. Ces produits détruisent le taux de mélanine qui donne la coloration foncée à la peau et la rendent plus claire.

Appelé « ambi » dans le langage tchadien, la dépigmentation serait observée au milieu du 20è siècle chez les ouvriers noirs aux Etats-Unis d’Amérique. Ce phénomène provient d’un traumatisme après la traite des noirs et la période post coloniale où, l’homme blanc, reste inconsciemment un model supérieur pour l’homme de couleur. Le teint claire est perçu comme un puissant critère de valeur  dans nos sociétés africaines au point où, la femme, pense qu’être plus claire, la rendra plus jolie, plus lumineuse, plus occidentalisée, par conséquent, à avoir  plus de chance de se trouver un compagnon digne d’elle.

Il existe plusieurs produits utilisés dans la dépigmentation de la peau. On peut citer entre autres l’hydroquinone (le plus connu et le plus utilisé), l’arbutine, l’acide kojique, l’acide azelaïque. L’hydroquinone a longtemps été le principal agent dépigmentant utilisé en cosmétique. Toutes les substances dépigmentant fonctionnent sur le même principe que l’hydroquinone, c’est-à-dire l’inhibition de la mélanine.

L’épiderme, les cheveux, et les poils sont colorés par des pigments : les mélanines, et ces pigments mélaniques servent à protéger l’épiderme et les couches profondes de la peau des agressions externes, en particulier les rayons ultra violets dont le rôle est connu dans le survenu des cancers de la peau.

Comment expliquer l’envergure que prend cette pratique vue le nombre des adeptes qui va crescendo ?

De l’avis de Madame Assira, habitante du quartier Kabalaye (N’djaména), adepte de « ambi » elle aussi, une femme à la peau claire attire plus des regards sur elle et séduit mieux que la femme à la peau foncée. La plupart des hommes aiment les femmes à la peau claire, peu importe qu’elle soit naturelle ou dépigmentée volontaire. Ce sont ces hommes qui nous encouragent à appliquer  davantage ces produits, ajoute-t-elle déconcertée. Pour  Dr Béassemda Jatiby, l’usage de lotions éclaircissantes exprime le complexe d’infériorité de certaines personnes de couleur à l’égard des Blancs. Par souci d’esthétisme, de suivisme ou par méconnaissance, dans tous les cas, la dépigmentation volontaire ne concerne pas seulement les citadines. Bien de femmes en province et dans les villages s’adonnent à cette pratique pernicieuse.

Les scientifiques affirment que dans chacune des races, l’épaisseur de l’épiderme, la structure du derme et sa vascularisation, la répartition de la pigmentation, la richesse et la qualité des annexes (glandes sudorales, sébacées et phanères), la densité des poils et l’équilibre écologique de surface, varient considérablement. Ce qui explique l’importance des paramètres sociaux, environnementaux et dermatologique dans la couleur de chaque individu. Si la peau humaine possède ces qualités, la modifier, fait encourir le risque de compromettre l’équilibre naturel. Les conséquences sont inéluctablement fâcheuses pour les adeptes sur la santé, les revenus financiers et les liens sociaux.

Nombre de femmes et d’hommes qui s’adonnent à cette pratique, limités par la faiblesse de leur revenu se rabattent sur des produits cosmétiques les moins chers. Ceux-ci n’ont pas la même composition et les mêmes effets que les produits originaux. Pourtant, ces lotions contiennent des corticoïdes (anti inflammatoires), de l’hydroquinone (antiseptique). De l’avis de Dr Béassemda Jatiby, ces produits cosmétiques qui proviennent des pays comme le Nigeria, le Cameroun, la Côte-d’Ivoire, l’Afrique du Sud, de l’Asie et certaines pays d’Europe ont des compositions chimique qui ne respecte pas les normes esthéticiennes et dermatologiques.

Les usagers des produits dépigmentant s’exposent à plusieurs complications dermatologiques dont le plus connue est le cancer de la peau. Certaines personnes se font injecter du quinacore en vue d’un éclaircissement harmonieux de leur peau. L’injection de quinacore  blanchit la peau certes, mais affaiblit le système immunitaire, au point de rendre la peau vulnérable aux agressions externes. L’utilisation régulière des corticoïdes favorise les mycoses (maladies de la peau dues aux champignons). De l’avis de Dr Béassemda Jatiby, on suspecte fortement les corticoïdes présents dans les produits éclaircissants d’entrainer des accouchements des bébés frêles, avec petits poids à la naissance.

L’hypertension, le diabète et d’autres souci de santé peuvent survenir après un long usage des produits dépigmentant à base de corticoïde parce que certains jeunes utilisent des produits qui ont une très forte teneur en hydroquinone parfois jusqu’à 22 degrés. La destruction de la mélanine, cette protection naturelle de la peau contre les rayons ultra violets, peut-être fatale. Privée de la vitamine D, la peau devient très vulnérable à toute sorte d’agressions externes des rayons solaires. Cela peut causer le cancer de la peau, voire le cancer du sang ; la cicatrisation des blessures après une intervention chirurgicale devient compliquée et peut conduire éventuellement à la mort. Au-delà de ces complications, la peau est exposée aux acnés, aux brulures, et à l’eczéma etc.

En dehors des conséquences sur le plan sanitaire, il faut noter a fortiori les conséquences sur le plan financier. En effet, l’usage des produits dépigmentant, nécessite d’avoir toujours de l’argent. Christine E. appelée « Kiki la blanche » à cause de la blancheur de sa peau, conséquence de l’utilisation des lotions dépigmentant, confie que malgré qu’elle soit salarier dans une entreprise de la place, elle se voit obligée de « gérer » plusieurs partenaires pour subvenir à ses besoins mais surtout pour ne pas manquer de sa lotion éclaircissante. « Ce maudit produit nous pousse à honnir notre propre corps en jetant dans les bras du plus offrant ». Cette complainte qui sonne comme une rédemption est plus que symptomatique.

Au  plan social, l’usage de « ambi » peut être source d’exclusion. En effet, il arrive des fois que la personne, adepte des lotions éclaircissantes fasse l’objet d’une stigmatisation et discrimination notoire de ses proches à cause de l’odeur répugnante de son corps. « Je peux manger la nourriture que prépare une femme qui s’est déteint la peau. Cependant, en aucun cas, je ne partagerais la nourriture avec elle en période de chaleur à cause de l’odeur répugnant de son corps. Cette odeur peut me faire vomir tout ce que j’ai mangé » souligne avec dédain Dakou Mahamat.

Contrairement à l’opinion de plusieurs personnes, le phénomène de dépigmentation n’est pas seulement l’apanage de l’Homme de couleur c’est-à-dire le Noir d’Afrique. Les Asiatiques, les Indiennes, les Latinos ou Afro-Américaines et certaines Antillaises la pratiquent également. A l’opposé, certains européens veulent à tous prix se bronzer la peau en s’exposant dangereusement aux rayons solaires.

 Nombre de nos concitoyens continuent de se dépigmenter volontairement la peau en dépit des conséquences qui peuvent conduire jusqu’à la mort. L’arrêt à temps peut éviter certaines conséquences lointaines et minimiser les séquelles déjà installées sur la peau. Même si cet arrêt ne les supprimer totalement, cela peut éviter l’issue fatale.

Dingamnaïel Kaldé Lwanga

Sport : Judo Carine Ngarlemdana “Je suis comme un ouragan qui raffole tout sur son passage”.

Benjamine des 4 filles de la famille Ngarlemdana, Carine, la Championne judoka tchadienne à 16 ans seulement, est couverte de médailles. L’unique fille judoka au Tchad à avoir la ceinture noire 1ère dan et  quadruple championne du Tchad toute catégorie confondue,  a accueilli notre Magazine chez elle. Au menu de l’entrevue : ses débuts en judo, la problématique des structures d’entrainements,  ses performances, sa plus belle victoire, sa grande défaite etc. A cœur ouvert,  Carine Ngarlemdana se confie à notre Magazine.

Ialtchad Presse : Quand et comment avez-vous amorcé les compétitions ?
Carine Ngarlemdana :
J’ai d’abord commencé à pratiquer le judo à N’Djamena au Soleil Judo Club à l’âge de 05 ans précisément en 1999.  C’est à l’âge de 12 ans que j’ai commencé les compétitions. C’est en 2006 au Congo Brazza. J’étais un enfant, cependant j’avais déjà l’âme des combattantes. Mon père  Djim-yann Ngarlemdana qui est sportif m’a inculqué cette rage de vaincre toute petite avant même que je n’intègre le club de judo. Je n’étais pas impressionnée à cette première sortie en gagnant la médaille de bronze. 

Ialtchad Presse : Quelles sont vos performances nationales ?
Carine Ngarlemdana : J’ai été quatre (04) fois championne du Tchad toute catégorie confondue. J’ai tout raffolée sur mon passage comme un ouragan. Rire !

Ialtchad Presse : Combien de titres et médailles avez-vous récolté, quels sont ces titres et médailles. Dans quel cadre les avez-vous gagnés ?
Carine Ngarlemdana :
J’ai gagné au total douze médailles dont deux en or, sept en argent et trois en bronze. Je suis vice championne d’Afrique junior. Ce titre, je l’ai gagné à Dakar au Sénégal en juillet 2010, et vice championne sénior d’Afrique Centrale. J’ai été classée cinquième au jeu de la Francophonie en Beyrouth au Liban en 2009. J’ai été aussi classée cinquième au championnat sénior d’Afrique à Yaoundé au Cameroun en avril 2010. J’ai été vice championne au jeu de la Censad à Niamey au Niger en 2009, j’ai été championne en catégorie moins de 70 kg au tournoi international en septembre 2010 à Libreville au Gabon à cet effet, j’ai gagné la médaille d’or. Enfin sur le rang mondial je suis classée 18ème sur 40 lors du championnat du monde junior qui s’est déroulé à Agadir au Maroc. Cependant, je promets faire encore plus si toutes les conditions et moyens sont misent à ma disposition.

Ialtchad Presse : Comment alliez-vous judo et études ?
Carine Ngarlemdana : La pratique du judo n’influence pas sur mes études, au contraire, elle renforce mes aptitudes intellectuelles.

Ialtchad Presse : Comment préparez-vous les compétitions ?
Carine Ngarlemdana : Je travaille très durement avec mes maîtres encadreurs en plein air, dans le dojo, ils me font faire le randori c'est-à-dire le combat, je travaille le Kumi Kata, les courses de vitesse pour augmenter le rythme de travail, et je fais aussi de la musculation.

Ialtchad Presse : Les structures répondent elles aux normes pour vos entrainements et préparations ?
Carine Ngarlemdana :
Non, pour être honnête, cependant, je m’adapte à ces manquements.

Ialtchad Presse : Quelles sont les difficultés que vous rencontré ?
Carine Ngarlemdana :
On n’accorde pas de crédit au judo alors que nous honorons toujours le Tchad en ramenant des médailles. A 16 ans seulement j’ai remporté douze médailles à mon pays mais je m’entraine toujours dans des conditions déplorables et je manque de soutien.

Ialtchad Presse : Quels sont vos petits secrets avant de monter sur le tatami pour affronter vos adversaires ?
Carine Ngarlemdana :
J’ai toujours mon livret de prière sur moi. Je prends un temps de prière seule avant de monter sur le tatami, et après le combat, je viens m’agenouiller pour le remercier même si je perds le combat.

Ialtchad Presse : Quel est votre plus grand souvenir en judo ?
Carine Ngarlemdana :
J’ai perdu un combat à Ouchdah au Maroc en 2009 en dix secondes seulement contre une Tunisienne. Cela a été un cauchemar  pour moi. Mais j’ai pris ma revanche en battant une Tunisienne au championnat  d’Afrique junior au Maroc il y a quelques mois. C’était fantastique pour moi.  

Ialtchad Presse : Quels sont vos prochains challenges après celui de Maroc dernièrement ?
Carine Ngarlemdana :
En février 2011, auront lieu les jeux de la Censad ici à N’djamena, il y aura également TIVINDJAM en avril 2011, et les championnats juniors et séniors avant les jeux olympiques de Londres (Angleterre) 2012. Je travaille hardiment  pour ces challenges et je suis prête. Permettez que j’interpelle directement la Première dame Hynda Déby Itno de nous venir en aide pour faire flotter notre drapeau et retentir notre hymne nationale à ces occasions. Je voudrais finir mon propos en remerciant  Ialtchad Presse pour s’être déplacé pour cette entrevue.

Interview réalisée par Dingamnaïel Kaldé Lwanga

De passage à N’djaména pour la supervision des matchs des SAO (Junior et Sénior) comptant pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et la Coupe du Monde, L’ex footballeur international tchadien Japhet N’doram dans une interview accordée à Ialtchad Magazine, passe au peigne fin les problèmes qui minent le football au pays de TUMAÏ.

Ialtchad Presse : Bonjour Japhet N’doram. Vous n’êtes plus à présenter, cependant, dans quel cadre êtes-vous à N’djaména (Tchad) ?
Japhet N’Doram :
(RIRE). Je suis venu au Tchad par le biais de la Fédération Tchadienne de Football Association (FTFA) et le Ministère de tutelle, pour assister à des différents matchs  de l’équipe nationale que ce soit au niveau Sénior ou Junior, dans le but de prodiguer des conseils et surtout de connaitre réellement le niveau de notre football et apporter des parades dans le futur.

Ialtchad Presse : Quelles sont les causes qui expliquent l’élimination prématurée des Sao Junior et Sénior ?
Japhet N’Doram : On a beaucoup de carences techniques et tactiques, voire physiques dans la mesure où on n’a pas travaillé ces bases assez tôt dans le jeu. Quand on arrive à des niveaux internationaux avec un niveau de championnat aussi faible comme le notre, forcement on a du mal à rivaliser avec les autres.

Ialtchad Presse : Après cette élimination prématurée, quelles leçons tirer ?
Japhet N’Doram :
L’élimination, est du côté des Juniors. Nos Sao Séniors ont encore cinq (05) autres matchs à livrer. Nous avons une possibilité de nous qualifier pour la suite de la compétition. Cependant, il faut faire quasiment un exploit tout en comptant sur les faux pas de nos challengers pour espérer poursuivre l’aventure. Ce qui est tout à fait plausible en football, mais bon, on sait bien que dans notre groupe, on n’est pas forcement les favorites. Les trois premiers matchs que nous avons livrés nous serviront de leçons d’apprentissage pour corriger les lacunes pour les cinq autres matchs qui restent.

Ialtchad Presse : Comment faire pour rendre le football tchadien professionnel et plus compétitif ?
Japhet N’Doram :
Je pense qu’il y a plusieurs facteurs. Le premier c’est l’incohérence dans l’organisation que ce soit au niveau de la ligue, qu’au niveau de la fédération. Le deuxième problème est un constat technique et c’est assez important. Nous avons des jeunes joueurs pétris de talents mais qui n’ont plus de base parce qu’ils passent du quartier pour jouer directement en première division. Ils n’ont pas de base qui leur permet de faire des compétitions.

Ialtchad Presse : Le technicien que vous êtes, est-il sceptique?
Japhet N’Doram : Je suis plutôt optimiste. Il y a de la volonté manifeste et perceptible du côté de nos dirigeants. Maintenant, il faut savoir se concerter pour relever le niveau de notre football. Je pense que l’objectif principal serait de revenir à la base, prendre les jeunes et pouvoir les former, leur donner les bases qui leur permettra d’être compétitifs.

Ialtchad Presse : Qu’est-ce que vous faites de concret pour la promotion du sport tchadien notamment le football ?
Japhet N’Doram :
Concrètement, je ne peux me targuer de quoique ce soit si ce n’est les couleurs de mon pays que j’ai défendu et que je continu de défendre bien que j’ai reçu plusieurs propositions juteuses ailleurs. Je reste toujours en contact permanent avec le football tchadien. Je suis impliqué et je suis entrain de voir dans quelle mesure essayer de relever notre football qui est en perdition depuis quelques années. A partir de ce moment là, ensembles avec les pouvoirs publics et les instances en place, on verra dans quelle mesure mettre un système en place pour nous permettre d’aller de l’avant.

Ialtchad Presse : Et si on vous confie les rênes de l’équipe nationale ?
Japhet N’Doram :
Aujourd’hui, je dirais non parce qu’il y a en place un entraineur qui essaye de faire de son mieux avec les moyens de bords. N’doram ne fera pas de miracles dans l’immédiat. Cependant je m’inscris dans l’avenir  si on venait à me confier les rênes de l’équipe nationale. C’est une grande responsabilité que j’assumerai avec fierté en tant que fils du pays.

Ialtchad Presse : Quel message donnerez-vous aux jeunes qui veulent emboiter vos pas ?
Japhet N’Doram :
Le message que je peux leur transmettre, c’est de toujours bosser dur et ne jamais courber l’échine et se résigner. Seul le travail libère l’homme. Il faut des motivations réelles pour permettre à nos jeunes de ne pas baisser les bras. Cela nécessite d’énormes sacrifices sur tous les plans. La jeunesse tchadienne est courageuse et j’ai confiance en elle pour porter haut les couleurs de notre patrie un jour. Cependant, j’insiste qu’ils soient avant tout passionné du football.

Ialtchad Presse : votre dernier mot….
Japhet N’Doram :
Je trouve que vous faites un travail formidable pour un jeune Magazine que le votre. Je vous exhorte d’aller de l’avant et de promouvoir d’avantage le sport, la culture de notre terroir tout en contribuant à l’instauration définitive de la paix dans notre pays. Quand il y a la paix, le développement s’ensuivra.

Interview réalisée par Hamid Kodi & Dingamnaïel Kaldé

Depuis quelques temps, la capitale N’Djamena se métamorphose. Cette mutation spectaculaire qui s’opère ne laisse pas indifférent les habitants de la capitale. De la modernisation en passant par les actions de la commune à rendre la ville propre et viable, les avis divergent.

Comment les habitants de la capitale jugent l’action et la gestion des autorités.

Selon Madame BOURKOU Louise enseignante retraitée et ancienne député du Tchad « la municipalité travaille, elle dépense de l’argent et cela se voit. La capitale grandit de plus en plus, la maintenir propre, est une bonne politique. J’encourage le chef de l’Etat d’avoir nommé une femme à la tête de la Mairie». Pour Mahamat Issaka, boutiquier, grossiste des produits pharmaceutiques au marché de Dembé, les actions de la Mairie sont à saluer « je suis commerçant intellectuel et je comprends le souci de nos autorités à rendre notre capitale belle, propre et viable. Cependant, la grande source d’inquiétude, c’est notre jeunesse. Il n’y a pas assez de choses pour eux. Ils s’ennuient, consomment des boissons frelatées, fument, ne font pratiquement rien, ils se résignent. Quel serait leur avenir ?»

Un jugement partagé par Marcel Nahoyal « On tire le diable par la queue, la vie devient de plus en plus chère, la situation de notre jeunesse est d’autant plus critique. Nos autorités prennent des décisions bidon sans tenir compte de la situation socio économique de la population. La grande majorité de la population n’a rien à manger, au lieu de penser à améliorer la condition de vie de leur population, elles prennent des décisions sans mesures d’accompagnement et sans préparer au préalable la population ». Cet habitant de Moursal (quartier populaire de N’Djamena), officier gendarme à la retraite, reconnait cependant une amélioration indiscutable de la salubrité et du cadre de vie dans la capitale.

Par arrêté N° 138/M/SG/2010 portant interdiction de la vente des emballages en plastique « léda » et de la vente d’eau minérale dans les emballages en plastique dans la ville de N’Djamena, l’équipe à la tête de la municipalité voudra assurer le bien-être de la population dont elle fait partie. Ces centaines de milliers de lédas polluent énormément l’environnement et la consommation des eaux contenues dans certains sachets exposeraient les habitants de la capitale à des maladies. Selon le rapport du 26 mai 2010 du chef de Service d’Hygiène et Santé de la Mairie, sur 24 échantillons des entreprises d’exploitation d’eau minérale, 17 montrent la présence de streptocoques fécaux, staphylocoques, salmonelles qui sont les agents pathogènes à l’origine de la fièvre typhoïde.

La situation délétère qui prévaut au Tchad enfonce injustement les familles démunies et les jeunes. Tant dans les provinces qu’à la capitale, les populations vivent entre les lignes quotidiennement fluctuante et oppressante drapée dans les oripeaux du social. Le peuple flagada, embrigadé face à la montée inflationniste des prix se résigne. En effet, la spéculation s’est structurée ces dernières années et a renchéri de manière exponentielle les prix des produits de première nécessité sur les marchés.

Madame Agnès Guessiri, commerçante de céréale au marché de Atrone un des quartiers de la capitale, les autorités font beaucoup de progrès « Nous étions sans abris et exposés aux intempéries. Aujourd’hui, nous sommes dans des boutiques ou sous des hangars solidement construits. Je comprends la décision de nos autorités (Communiqué N° 005/PR/PM/MISP/SEISP/SG/2010. Ndlr) à interdire la construction et l’exploitation des kiosques et des hangars anarchiquement construits en bordure des voies publiques alors qu’il y a beaucoup de marchés pour mener à bien leurs activités. S’il y a trop de désordres dans nos marchés, c’est la faute de la mairie qui n’arrive pas à se faire respecter. Où se trouve alors l’autorité de l’Etat représentée ici par la Mairie ?».  Si elle note de nombreux progrès pour l’entretien de la capitale, elle regrette en revanche le manque de mesure d’accompagnement à certaines décisions, l’augmentation des prix des loyers et du coût des denrées alimentaires est la préoccupation première. Il faut compter  10 000f à 15 000f CFA (15 à 30 euros) pour une pièce (1e chambre) et 30 000 f à 45 000 f pour deux pièces dans les quartiers populaires. Ailleurs, les tarifs sont plus élevés. Une maison de trois à quatre pièces peut monter jusqu’à 250 000f (300 euros ???) alors que le salaire d’un fonctionnaire oscille entre 50 000 et 150 000f CFA.

Comme partout ailleurs, le Maire de la ville, du moins le président du comité de gestion de la commune (le cas de N’Djamena) est vue comme un responsable dont l’influence sur les conditions de vie de ses concitoyens est déterminante. Aussi, les habitants de la capitale n’hésitent-ils pas à lui faire des remarques sur des sujets qui ne sont pas de sa compétence mais de celles de l’Etat. Citons en exemple la hausse des prix des produits de première nécessité sur les marchés, la cherté des loyers corroborée par  le prix exponentiel des matériaux de construction, la pénurie en eau et électricité, l’urbanisation de la ville etc.

N’Djamena sur la route de la modernité

Au moment où les N’Djaménois ne savent à quel saint se vouer, les décisions de construire les pavés et de construire en dur les maisons en bordures des voies publiques tombent comme un couperet. La capitale fait peau neuve, cependant, la conjoncture fait grincer les dents.

Les efforts des autorités du pays, à moderniser N’Djamena (Un des objectifs majeurs du Chef de l’Etat Idriss Deby Itno) se traduisent dans les faits.

Les rares immeubles de plus de trois à quatre niveaux et une foultitude de maisons en dure ou semi-dure qui se succèdent sans cohérence apparente ne seront que des souvenirs les années à venir. Les tas d’immondices exécrables avec leur odeur pestilentielles, disparaissent peu à peu. Les centaines de milliers des lédas qui jonchent  les rues de la capitale se volatilisent. De centaine de mètres de bitumes sont construites dans la capitale, des complexes et bâtiments administratifs  poussent comme des champignons. Quoi de mieux pour booster le développement harmonieux du Tchad, un des crédos du chef de l’Etat. 

Dingamnaïel Kaldé Lwanga

Nadjina la sprinteuse tchadienne la plus titrée

Ialtchad Presse : Pas de doute, tout le magazine ne peut suffire pour rappeler votre remarquable carrière sportive. Vous êtes la sprinteuse tchadienne la plus titrée de tout le temps avec quatre records nationaux : 100m ; 200m ; 400m et 800m. Vous avez été championne d’Afrique, quatre médailles d’or aux jeux de la francophonie. Que devient la gazelle ?
Kaltouma Nadjina :
La gazelle est là, dans la vie comme sur la piste et bien dans ses jambes. D’ailleurs, en septembre dernier j’ai prouvé de la plus belle façon avec les deux médailles d’or aux jeux de la francophonie à Beyrouth. J’ai défendu mes deux titres soit le 400 mètres plat dames avec un chrono de 51 sec 4/100 et le 200 mètres avec un chrono de 23.09 en battant mon propre record de 23.15 sec des 5ème jeux de la francophonie.

Ialtchad Presse : Après plus de quinze ans de carrière sportive avez-vous le sentiment d’avoir accompli votre mission ?
Kaltouma Nadjina :
Oui j’ai accompli ma mission en termes de carrière sportive. Le bilan est là. J’ai été plusieurs fois championne d’Afrique, médaillée des championnats du monde d’athlétisme en salle à Birmingham et sextuple médaillée francophone.

Ialtchad Presse : Vous êtes mère d’une petite fille, comment conciliez-vous famille, carrière et études ?
Kaltouma Nadjina :
En général, je m’en sors parfaitement par la grâce de Dieu. J’ai le support de toute ma famille et surtout celui de mon mari qui m’encourage dans toutes mes activités. Aussi la présence de ma belle-famille au Canada comble mon absence de temps en temps auprès de ma fille. Elle est bien entourée. Après la piste et les entraînements, je m’occupe de mon foyer en tant que femme Africaine.

Ialtchad Presse : Depuis dix ans ta résidence permanente est à Calgary, capitale de l’Alberta une des provinces de l’Ouest canadien, parlez-nous de votre ville.
Kaltouma Nadjina :
Calgary est ma deuxième ville d’accueil au canada après Vancouver. Je m’entraîne dans cette ville depuis dix ans. Les gens sont sympa la plupart des athlètes dans la province d’Alberta me connaissent. Calgary est une ville propre et agréable pour vivre en famille. Le coût de vie dans cette ville est trop élève. Elle est même classée la troisième ville la plus chère au Canada, c’est la province pétrolière.

Ialtchad Presse : Quels sont vos projets ?
Kaltouma Nadjina :
Pour le moment, nous avons entamé le projet de construction d’un club pour la jeunesse Tchadienne. Ce club sera à la disposition des pépinières en athlétismes au Tchad.

Ialtchad Presse : Un message aux concitoyens ?
Kaltouma Nadjina :
Paix. Paix. Paix, c’est la mission de chacun de nous tous ici. Le Tchad regroupe de nombreux talents qu’il faut juste soutenir. Hélas sans la paix, rien ne peut se faire. En tant qu’ambassadrice de bonne volonté, j’œuvre pour la paix dans mon pays. Je profite de votre tribune pour lancer un appel à tous les Tchadiens, surtout à la jeunesse d’être optimiste et de prendre au sérieux tout ce qu’elle entreprendra. Mes remerciements à toute l’équipe de Ialtchad Presse

Moussa Yayami, Hamid

Capitale politique et siège des institutions du pays, N’Djaména est aussi la capitale du Mouvement sportif tchadien car c’est à N’Djaména où se trouvent les sièges des organes dirigeants du sport 250 associations. Toutes les 250 associations et fédérations sportives que compte le pays ont pignon sur rue à N’Djaména  qui abrite le siège du Comité Olympique et  Sportif Tchadien et le siège de la discipline reine qui est la Fédération tchadienne de football Association.

Ces dernières années, La capitale a bénéficié  d’infrastructures sportives avec la construction des stades dans les arrondissements. La pratique du sport dans la capitale n’est plus l’panage des sportifs pratiquants. Depuis que le sport figure dans les ordonnances, les N’Djaménois et N’Djaménoises pratiquent de plus en plus le sport pour des raisons de santé. A tous les niveaux, les N’Djaménois pratiquent le sport et il suffit de  se rendre au stade Idriss Mahamat Ouya et dans certains stades d’arrondissement pour apprécier le regain d’intérêt pour le sport qui se dégage chez les N’Djaménois et N’Djaménoises. Le visiteur qui débarque à N’Djaména ne manquer pas de terrain de sport pour  faire quelques exercices physiques.

La vocation sportive de la capitale tchadienne ne saurait être démentie dans la mesure où la ville vient de vibrer au rythme sportif avec le lancement officiel des activités du mouvement sportif tchadien qui a été marqué le 9 février 2019 par un gigantesque défilé qui a regroupé 250 associations et Fédérations sportives au stade Idriss Mahamat Ouya.

 Cette manifestation est un événement de taille dans la mesure où, l’occasion a été donnée organisateur, de mobiliser les acteurs et promoteurs du sport, pour revitaliser et redynamiser le mouvement sportif dans la capitale et dans le reste du pays. Dans leurs messages, ils ont  indiqué que le sport occupe une place de choix dans la 4ème  République et N’Djaména la capitale doit être  la capitale du Mouvement sportif tchadien.  

On les connait à travers leurs émouvantes paroles et leur ton métallique. Samouraï est un groupe né des tripes des étudiants qui ont voulu dire stop aux calvaires de la jeunesse. Panik, Prophète et Cyclone sont les gladiateurs du rap tchadien. A la veille du lancement de leur album, Ialtchad Presse est allé à leur rencontre, découvrez ce trio sans façon.

Ialtchad Presse : Comment vous introduire aux lecteurs du Magazine ?
Samouraï :
Nous sommes le Possy Samouraï avec trois (3) guerriers qui sont : Panik l’enfant seul, Prophète Dachette et Cyclone la Révolution.

Ialtchad Presse : Quand et comment est né le groupe samouraï ?
Samouraï :
Samouraï est un groupe crée le 09 mai 1999 par des étudiants. En créant Samouraï, nous ne voudrons pas seulement exprimer notre ras-le-bol face aux multiples problèmes qui entravent le plein épanouissement de la jeunesse tchadienne, notamment le chômage, la précarité,  mais nous voulons partager nos idées et nos œuvres avec ces milliers de jeunes martyrisés.  Nos textes s’adressent à des jeunes sans distinction d’ethnie ou de religion. Nous sommes des « conscientisateurs ». Voilà notre raison d’être.

Ialtchad Presse : Parlant de musique quel genre prêchez-vous ?
Samouraï :
Nous faisons du Rap, du real Hip-hop engagé qui sort de nos entrailles. Nous croyons que c’est le seul moyen ou plutôt le moyen le plus civilisé pour décrier les situations difficiles comme le chômage, la misère que nos gouvernants refusent ou ne parviennent pas à gérer.

Ialtchad Presse : Quelles sont vos réalisations à ce jour ?
Samouraï :
Faire de la musique au Tchad n’est pas du tout facile à cause de la situation socioéconomique du bled. Les sponsors ne répondent pas, les financements sont quasi inexistants. Cependant, on s’est démenés à sortir un album intitulé « Lettre ouverte ». Il y a d’ailleurs un titre qu’on a envoyé pour participer au Prix Découvertes RFI.

Ialtchad Presse : Récemment vous étiez au Gabon, c’était dans quel cadre ?
Samouraï :
Nous étions au Gabon dans le cadre du festival Gabao Hip hop. Le Festival Gabao est devenu aujourd’hui incontestablement la principale plate-forme de promotion et de diffusion des musiques et cultures urbaines en Afrique Centrale. La compétition est sans égale, les artistes sont venus d’un peu partout et l’organisation a été un succès. Dommage qu’on n’a pas remporté le prix du meilleur groupe rap de la sous-région.

Ialtchad Presse : Comment se porte la musique au Tchad?
Samouraï :
La musique au bled c’est de la merde, c’est comme le bled lui – même qui va clopin-clopant. On ne tient qu’à deux fils au maximum : la persévérance et l’espérance. Quoique difficile, nous ne démissionnons pas, nous irons montrer au reste du monde que la musique tchadienne existe et qu’elle va de jour en jour mieux.

Ialtchad Presse : Que peut-on savoir de vos projets?
Samouraï :
Beaucoup de choses en réalité. Cependant, pour l’immédiat, nous nous attelons à lancer au courant du mois de novembre, notre album et faire sa promotion. C’est un album de 12  titres intitulé    « Lettre ouverte ». Ensuite nous envisageons aller en tournée dans les provinces et puis dans les pays voisins notamment au Cameroun et en Centrafrique Dieu voulant.

Ialtchad Presse : Une dédicace à vos fans ?
Samouraï :
Big up à tous nos fans,  à ceux et celles qui nous supportent malgré tout. Samouraï vous dit Respect ! C’est grâce à eux que nous sommes devenus ce que nous sommes, qu’ils se rassurent qu’on leurs donnera toujours le meilleur de nous-même pour mériter encore, un peu plus leurs supports.

Ialtchad Presse : Un autographe à Ialtchad Magazine ?
Samouraï :
(Rire !) Vous ne manquez pas d’humour.  Ialtchad comme le nom l’indique est subtilement un appel à l’unité autour de l’Etat nation, parce que tous, nous sommes les fils d’une seule nation le Tchad, notre patrie aimée. Alors Ialtchad, (fils du Tchad) debout et à l’ouvrage, l’avenir est à vous. Ialtchad c’est nous ! C’est vous ! C’est tous les tchadiens ! Nous vous couronnons avec des encouragements massifs. Croyez-nous, dans la petite liste des exceptionnels tchadiens qui ont fait quelque chose pour leur pays, votre place est assurée. A vous aussi respects.

Yasmine Kaman

L’ensemble musical le plus en vue et le mieux structuré du Tchad Soubyanna Music représenté par son Directeur Artistique dans une interview exclusive accordée à Ialtchad Presse, lève le voile sur la raison de leur scission avec leur ancien groupe Safi Music, et  retrace la genèse de Soubyanna Music. Il énumère par ailleurs les entraves de l’orchestre et leur perspective d’avenir. En outre,  Sa Majesté Caman Seïd n’est pas allé du dos de cuillère pour tirer le rideau sur ce qu’il qualifie de pseudo conflit qui opposerait Soubyanna Music à Placide Marouf alias Cidson Obama… Entretien

Ialtchad Presse : Quand et comment a été créé le groupe Soubyanna Music. Expliquez-nous les raisons ?

Caman Seïd : La date de la création de Soubyanna Music coïncide avec la date de la proclamation de l’indépendance du Tchad. C’est le 11 août 2002. Les objectifs qu’on s’est fixés dans notre groupe d’avant c’est-à-dire Safi Music étaient foulés aux pieds par nos leaders et on a préféré créer notre propre groupe et continuer notre aventure musicale.

Ialtchad Presse : Quelle est la raison fondamentale de votre scission avec votre ancien groupe Safi Music ?
Caman Seïd :
Ce qui importe pour nous présentement, c’est la projection vers le futur. L’avenir de Soubyanna Music, l’avenir de notre carrière musicale sont entre autre nos soucis majeurs. Le showbiz évolue au Tchad. L’industrie de la musique s’émancipe de plus en plus dans notre capitale. Au-delà des concerts qu’on donne les week-ends ; Soubyanna Music est une institution, une école qui a pour leitmotiv la promotion de la musique du terroir. Vous conviendrez avec moi que la problématique de l’originalité de la musique tchadienne est un sujet des débats dans le milieu culturel actuellement. Soubyanna Music est en perpétuel création pour apporter sa pierre à l’édifice afin d’assoir un genre musical authentique aimé et accepté des mélomanes et du public. Soubyanna Music se mets au-dessus de certains  débats stériles, de certaines considérations à l’époque de l’âge de la pierre taillée pour donner plus de visibilité à la musique tchadienne. Le temps a réparé les frustrations du passé de Safi Music ; on a muri. Maintenant que la page est tournée, parlons du présent et du futur. Il y a toujours eut des scissions dans des groupes, ce n’est pas un phénomène nouveau et extra. Considérez les choses comme telles et mettons cela dans les calendes grecques.

Ialtchad Presse : Il y a une sorte de contraste, une concurrence pas du tout heureuse entre Soubyanna Music et un Ex membre du groupe, Marouf Placide alias Cidson Obama. Pourquoi cette tension larvée ?
Caman Seïd :
Parlez plutôt de pseudo conflit parce qu’en réalité, il n’y a pas de conflit entre nous. En plus, de quelle concurrence parlez-vous, et sur quel plan d’ailleurs ? (ironisant) je ne savais pas que vous avez de la peine à distinguer le jour et la nuit. On ne compare jamais une institution à un individu. Ce sont les médias et certains animateurs des radios de proximité et une frange de la population qui ont créé ce pseudo conflit. Il a voulu voler de ses propres ailes, c’est plutôt encourageant. Cependant, je ne tolérerais plus qu’on parle de manière subjective de Soubyanna Music. On n’aime pas construire dans ce pays. On aime plutôt détruire. C’est dommage. Le Tchad est immense, que celui qui veut voler de ses propres ailes, n’a qu’à voler mais je conjure qu’on laisse tranquille Soubyanna Music.

Ialtchad Presse : Pourquoi n’appelez-vous pas le chat par son nom ?
Caman Seïd :
Je ne veux point faire de la publicité de quelqu’un. Pourquoi Soubyanna Music doit le caresser dans le sens du poil. Nous  sommes des intellectuels, des personnes réfléchies, cadres de Soubyanna Music raison pour laquelle nous ne voudrons pas nous prêter  à certains jeux futiles. Cependant, à un moment donné, il faut taper des points sur la table pour faire taire certains énergumènes qui tiennent des propos incongrus à l’endroit de Soubyanna Music. Nous assumons notre responsabilité et l’avenir  dira qui a raison.

Ialtchad Presse : Qu’est-ce que Soubyanna Music fait de concret pour la promotion de la musique tchadienne ?
Caman Seïd :
Soubyanna Music est une école. Nous avons une dizaine de jeunes qui ont intégré le groupe sans toucher auparavant un instrument musical. Maintenant, chacun d’eux excelle dans son instrument de prédilection. Nous, les cadres, essayons de leur transmettre les connaissances que nous avons acquises tout le long de notre parcours musical. Nous avons un cadre culturel ouvert et accessible à tous les autres artistes pour leur spectacle. Nous comptons enregistrer notre troisième album. À cet effet, nous allons inviter quelques artistes musiciens nationaux en featuring  avec nous. Ceci, pour encourager le brassage et l’inter relation entre nous. Nous avons aussi contacté des musiciens internationaux de renom pour entrer au studio avec nous et le contact est établi.

Ialtchad Presse : Ne trouvez-vous pas très monotone vos prestations tous les week-ends dans votre royaume culturel ?
Caman Seïd :
Vous empêchez vous de boire de l’eau plate pour étancher votre soif ? « Non » me répondrez-vous surement. Eh! Ben, les fans et supporters de Soubyanna Music ont toujours soif de nous. Cette sympathie et attachement inconditionnel de nos fans et supporters méritent des réponses. Cette réponse, c’est jouer pour eux. Nos fans aiment ce qu’on fait, la preuve, ils sont présents tous les week-ends à nos concerts avec le même enthousiasme.  Je ne peux vous décrire cette alchimie, cette ambiance qui prévaut dans nos concerts. Nous formons une grande famille, la communion est extraordinaire entre nous. À N’Djamena, il manque des cadres et structures de divertissement pour que les  gens viennent se relaxer pendant les weekends.  Ne soyez pas surpris, si je vous dis que nos supporters nous suivent à Sarh, Moundou, Abéché pour suivre nos concerts. C’est notre humilité et professionnalisme qui nous créditent ce capital de sympathie. On parle de monotonie lorsqu’une activité devient chiante. Or, nous, même si on joue de lundi à lundi, nos supporters répondrons toujours présents et nombreux.

Ialtchad Presse : Vous avez deux albums (Eternel et Se souvenir…) sur le marché discographique, vous avez votre cadre (Royaume Culturel) pour vos spectacles. Vous vous estimez satisfaits ?
Caman Seïd : La construction de notre cadre pour nos productions est certes un pas de géant quand on sait que la situation socioéconomique des artistes musiciens tchadiens est peu reluisante. Cependant, l’enregistrement des deux albums reste pour nous un chantier à peine entamé. Nous progressons lentement mais très surement. Ces réalisations sont loin d’être une fin en soi.

Ialtchad Presse : Vous êtes l’un des groupes le mieux structuré au Tchad jouissant d’une autonomie financière relative. Comment gérez-vous ce statut et cette image ?
Caman Seïd :
Donnez à César ce qui est à César. Ne lésinez pas sur les mots. Soubyanna Music est actuellement et, reste jusqu’à preuve du contraire, le meilleur groupe musical du Tchad. Nous avons une structure qui est l’épine dorsale de l’Association culturelle de Soubyanna Music. Nous avons le président avec ses deux vices, un manager, un chargé de communication, des conseillers. Côté artistique, nous avons le chef d’orchestre, le directeur artistique, des chargés de matériels et de discipline, un leader des jeunes etc. lorsqu’une structure s’organise bien, elle prospère. Mais cela n’explique pas que Soubyanna Music roule sur l’or. Nous avons énormément de difficultés d’ordre matériel et financier mais avec la grâce de Dieu et le soutien de nos supporters  nous tenons encore la barque. On s’organise bien et c’est cela la force de Soubyanna Music.

Ialtchad Presse : Voilà un an que Talino Manu est mort. Vous qui l’avez côtoyé des années durant, quel sentiment vous anime à cet effet ?
Caman Seïd :
Talino Manu reste pour nous sur le plan humain un grand frère, sur le plan artistique une icône, un leader incontesté. L’artiste qu’il est, a laissé un grand vide à combler dans la famille des artistes. J’éprouve une joie immense en voyant Toumaï Star Accadémy pérenniser l’héritage artistique de Talino Manu. Je crois qu’on doit soutenir ce groupe. Repose en paix MANU ; c’est le moins qu’on puisse dire.

Ialtchad Presse : Quels sont les projets avenir de Soubyanna Music ?
Caman Seïd :
Bientôt, vous aurez sur vos téléphones portables et sur les écrans de votre téléviseur deux clips inédits et en exclusivités de Soubyanna Music pour annoncer l’album de nos clips. Le public réclame depuis longtemps et nous allons répondre à leur requête parce que le public compte beaucoup pour nous. Nous fignolons la dixième année d’existence  de Soubyanna Music que nous allons fêter à N’Djamena, Moundou et Abéché. Voilà pour le moment le moins qu’on puisse vous dire sur nos projets avenir.

Ialtchad Presse : Votre dernier mot …
Caman Seïd :
« Le crapaud a beau coasser et se gonfler, il n’atteindra jamais la taille de l’éléphant ». J’adore cette maxime ivoirienne qui met en relief un batracien et un pachyderme. C’est plein d’enseignement. Et pour finir, permettez que je félicite votre Magazine pour cette importance qu’il accorde à la culture tchadienne en consacrant une place de choix aux artistes musiciens. Ialtchad Presse, l’appellation est subtile et perspicace. Longue vie à vous.

Interview réalisée par Dingamnaïel Kaldé Lwanga

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