samedi 23 novembre 2024

DT

DT

Le bien-aimé du peuple tchadien dont le nom ne cesse de revenir comme un leitmotiv, à nos lèvres si assoiffées d’unité, d’union et d’unification, est, bel et bien, Hissein, fils de Billah Korey et de Habré Michalami. Longtemps, il couva son nationalisme dans le désert du B .E.T. (Borkou Ennedi Tibesti) quand il volait, entre autres, au secours d’un jeune tchadien terrassé par un jeune libyen. Jeune écolier de la ville de Faya largeau, Boss étant adolescent gringalet et tout petit, défendit son sol et son sable natals parce que son instinct et son destin lui dictèrent qu’il le fera plus tard dans sa vie d’adulte. Sans aucune violence apparente Hissein changea le cours de la bagarre en aidant son chétif compatriote à renverser le costaud libyen et tout bonnement continua son chemin.  Ce jour-là, les jeunes et les vieillards trouvèrent, en lui un enfant plein d’avenir et de promesses. Désormais les feuilles de palmier cessèrent de frémir à son passage, les jeunes filles ne surent se priver de cris d’admiration en son endroit, les vieillards firent de lui un complice sur qui, il faut compter, les tempêtes de sable commencèrent à l’accompagner dans ses mouvements, ses déplacements et ses décisions.

 L’injustice, dans son pays, était si criante que Hissein l’enfant prodigieux lança son cri de fureur qui domina le rugissement des lions, le miaulement de chats et de panthères, le mugissement  de bœufs, et de vaches et le beuglement des buffles retentit, soudain, comme pour lui dire, nous tous, te suivons dans ta lutte, dorénavant, justifiée.  Et puis un dernier cri de la nature qui propulse, l’adolescent-homme, du foyer familial vers un avenir qui était mi-figue mi-raisin.

Et, ensuite, les dattiers de la palmeraie de Faya se ployèrent, en signe d’adieu, pour l’allaiter de leurs dattes juteuses et succulentes et puis, Hissein s’en est allé. Billah et Habré se confondirent en larmes et les autres les rejoignirent dans leur mélancolie et chagrin, qui, quelques années, plus tard, deviendront le salut et la fierté de tout un peuple : le peuple tchadien en particulier et celui de l’Afrique noire en général.    

A sept cents Kilomètres, à vol d’oiseau, de son terroir, Hissein se conduira en administrateur civil compétent, responsable et incorruptible qui attira l’attention des autorités Kanémiennes, en l’occurrence, le charismatique Alifa Ali Moustapha Ali zezerty  du Kanem qui en fit écho auprès d’un autre nationaliste douteux(parce qu’il procédera plus tard à la cession de la bande d’Aouzou au jeune colonel Kadhafi) au nommé François tombalbaye qui avait, en main, la clef de la réussite ou de l’échec de tout le Tchad. Il devint par la suite, Ngar(Dieu) Ta (donné) en un mot, Dieudonné ce qui, littéralement, signifie ne partage avec personne ce dont Dieu ou Allah t’a comblé. Il faut, ici, se rendre à l’évidence, mises à part les considérations tribales, ethniques, claniques ou encore religieuses, Ngarta a été simplement avide du pouvoir mais il se considérait un nationaliste hors pairs portant sa canne de malheur et qui, ma foi, n’égale ni de près ni de loin le fils de billah Korei notamment Hissein Habré. Malencontreusement (adverbe vieilli mais je parle comme Mohalbaye), c’est Ceux qui sont nés, longtemps après lui comme Djondang notre fameux politicien-juriste de paille et le moraliste saumâtre qui prennent plaisir d’altérer et d’envenimer le cours de l’histoire sans aucune érudition notable mais simplement aux aguets de tout ce qui est susceptible de dresser le Nord du Tchad contre son sud.  Est-ce que les tchadiens ont-ils le droit d’interroger le docte-ancien-ministre qui prétend être hors pairs sur son passage dénotant une révérence presque obséquieuse à l’endroit de son chef IDI quand il était à la tête d’un ministère non pas des moindres sous le piètre règne de la médiocrité qui venait tout juste de s’installer ?  Quelle était ta contribution à la grande œuvre de reconstruction, de l’édification et à l’instauration de la démocratie multipartite quand tu étais ministre décisionnaire du ministère cité plus haut. Qualifier la tête de Hissein Habré de stèle ? Nom d’un chien ! Tu dois être haineux et d’une attitude vipérine ce qui est logiquement impropre aux intellectuels si tu étais, es et en sera un.

Tes minables études ne te serviront qu’à dresser les uns contre les autres. Le code de famille (tu sais de quoi je parle) dont tu faisais mention il y a plus d’une année n’a pas encore vu le jour parce que les tchadiens ont toujours besoin de se sentir en harmonie dans un Etat où le sort et les circonstances les lient de façon sempiternelle.  Exploiter les sensibilités interethniques est une vieille méthode, crois-le-moi, qui ne te mènera nulle part dans tes visées divisionnistes. Get back on earth !

Assez de digression ! Pour revenir à notre héros national, il va sans dire que le régime de l’époque, le contraignit à utiliser la méthode dure pour rappeler ses concitoyens à l’ordre car céder une parcelle de notre territoire national à l’ennemi, ne constitue pas son langage de tous les jours ; Alors que le Ngarta l’a fait sans aucune vergogne lors d’une rencontre avec Kadhafi « le colonel aux petits pieds » comme aime l’appeler le nationaliste Boss.  

Frères et sœurs c’est cet homme qui, par sa sueur et le prix de sa vie, a courageusement défendu sa patrie et l’Afrique tout entière contre la domination étrangère que les pays du Nord et certains de nos compatriotes instrumentalisés veulent juger de manière effrontée. Aujourd’hui, les colonisateurs d’antan omniprésents sur toutes les scènes touchant notre pays, sciemment le musèlent. Et des « compatriotes » comme Djondang, sans vergogne parce qu’ayant mangé dans toutes les marmites, avec leur ironie et mauvaise foi veulent signifier à notre peuple que le silence du Lion traduit une certaine culpabilité.  Quand notre pays fut victime d’un complot international, les dernières paroles du guide éclairé étaient les suivantes :

« Vive le Tchad, vive le Peuple, vive les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles, j’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain et qu’au moins surviendra une punition morale pour la lâcheté et la trahison. »

Le peuple Tchadien et l’Afrique tout entière ne baisseront pas les bras jusqu’à ce qu’un gain de cause soit obtenu dans la rocambolesque affaire de Hissein Habré.

C’est le message de tout un peuple partant de tout un continent !

Troisième partie

Le désamour étant un mot trop ignominieux pour laisser comme héritage à son peuple, le héros national égal à lui-même, nous légua un précieux trésor qu’est cette phrase annonciatrice : « le sacrifice ne sera pas vain».  Il parlait effectivement de ce titanesque sacrifice que les tchadiennes femmes, hommes, enfants consentirent quand il s’est agi de brandir à la face du monde le sentiment de jalousie quant à la préservation de leur indépendance, leur liberté, leur traditions défenderesses et, enfin, la reconquête de la totalité de leur intégrité territoriale grande d’un million deux cents quatre-vingt-quatre mille kilomètres carrés. C’était une noble mission que les tchadiens dans leur ensemble accomplirent avec une véhémence et une témérité extraordinaires. Néanmoins, il n’en demeure pas moins qu’il existe, de nos jours, des tchadiennes et tchadiens qui aient une aussi grande bouche que celle de l’alligator pour débiter et d’aussi minuscules oreilles pour écouter prétextant qu’ils étaient jeunes lors du passage miraculeux de Boss dans notre pays, le Tchad. Ayons quand même la sincérité et la bonne foi de nous souvenir de ce que le messager de la paix dit :

« Le capital étranger, l’impérialisme, ont créé le climat qui a cassé les traditions : celles que montrent Idriss Deby et ses acolytes et qu’aurait réaffirmé la France et la Libye. C’est du Soudan et de la Libye, avec l’aide de la France, qu’Idriss Deby espérera reconquérir le pouvoir afin de continuer à défendre ses propriétés et ses privilèges. Je voudrais m’adresser à la femme simple de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l’ouvrière qui a travaillé dur et à la mère qui a toujours bien soigné ses enfants.»

Nous n’avions besoin ni d’étincelles ni d’ombre pour comprendre ce limpide et transparent message qui se veut comme tremplin à un peuple fragile et vulnérable. Bientôt dix-huit ans, les tchadiens, pour qui, la chose nationale est d’une importance capitale, ne cessent de méditer sans que sommeil ou une quelconque léthargie ne les prennent. Alors que les partisans du désordre, de la médiocrité, de la traitrise et de la lâcheté ne cessent de tenir un langage ahurissant, propre à réveiller les morts. Le combat du Président Habré était le combat de tout le peuple tchadien parce que nous gérions un Etat de siège où de 1982 à 1990 nous avions été malmenés, bousculés, agressés, violés, brutalisés et atteints dans notre dignité d’hommes et femmes libres par des opportunistes et esclavagistes de tous crins. Aujourd’hui, encore, le peuple digne et fier du Tchad dans sa totalité se dresse contre toute éventualité d’inculpation de Hissein Habré qui incarne le rétablissement de la dignité et la fierté de plus de cinq millions de tchadiens, à l’époque des crimes que vous prétendez lui attribuer. Quarante mille personnes exécutées en huit ans ? Ma foi, il y en avait de quoi décimer toute l’Afrique ! Soyons sincères et logiques avec nous-mêmes. Alors, comment expliquer le fait que les autorités sénégalaises sur instruction de la France impose un silence moribond à notre président d’hier, d’aujourd’hui et de demain pendant dix-huit longues années ? ne disait-il pas avant son départ ce qui suit :

« Ils vont sûrement faire taire ma voix et vous ne pourrez plus entendre son métallique. Peu importe, vous continuerez à m’écouter, je serai toujours près de vous, près du Tchad et, vous aurez au moins le souvenir d’un homme digne qui fut loyal avec la patrie. »

  S’il y eut quarante mille personnes disparues sous son règne, pourquoi ses détracteurs n’arrivent-ils pas à présenter quarante mille plaintes en bonne et due forme ? Croyez-le-moi, ils n’en ont pas quarante avec preuve à l’appui.  Honte au Sénégal qui se fait forcer la main pour modifier sa législation constitutionnelle par un colonisateur et esclavagiste dont les effets négatifs continuent de planer sur notre chère Afrique ! Le héros national, Hissein Habré n’est pas un homme qui a la langue dans la poche. Nous tous tchadiens et ses détracteurs savons si seulement, on lui laissait du temps et l’occasion de s’exprimer, il se défendrait de façon lucide et convaincante comme il l’a toujours fait. Mais la France et les autres pays complices ont peur de lui donner cette opportunité. Mais, si jamais le Sénégal se laisse faire par cette mascarade de jugement moyennant quelques milliards de CFA, la région risque de s’embraser et beaucoup de têtes tomberont et au Tchad et au Sénégal. Prenez-le comme une menace si vous le voulez.  Nous voulons d’une vraie justice mais non pas de la parodie et du cinéma.

 C’est le message d’un peuple fidèle à son chef !

Ali Souleymane

Selon les grands médias, l’Alliance Nationale, principale coalition des forces rebelles tchadiennes (ou « mercenaires » selon), vient de déclarer sa disponibilité de participer à un ‘dialogue inclusif’ avec le pouvoir et les autres acteurs. Nous n’allons plus revenir sur les contours de cette terminologie ‘dialogue inclusif’, car c’est par les faits et les intentions réelles des acteurs publics tchadiens que ce ‘machin’ prendra une forme qualifiable. Nous saisissons cette annonce de la rébellion, survenant après une défaite militaire confirmée à mi-mots, pour analyser là où nous en sommes aujourd’hui dans la difficile quête de la paix. Nous essayerons avec l’indulgence des internautes de résumer les positions des belligérants de la crise tchadienne, au regard seulement des faits avérés, pour voir à quelle distance sommes-nous de la paix.

D’une manière générale, la position des rebelles a toujours connu deux variables.
Quand leurs leaders étaient en négociation en 2007 en Libye, ils avaient dans un premier temps, réclamé la participation des partis politiques et de la société civile comme préalable aux discussions. Par quelle alchimie, quelques temps plus tard, ces mêmes leaders déclarèrent publiquement qu’ils lèvent ce préalable de participation des autres acteurs et que les négociations étaient très avancées, à part quelques petits détails à évacuer. Pour les partis politiques (CPDC, FAR…) et les sociétés civiles qui faisaient de cette participation leur credo, ce fut un vrai coup de poignard dans le dos. Puis les Accords de Syrte furent signés en grande pompe le 25 octobre 2007 et largement diffusés pour la première fois. A ce stade, les tchadiens pouvaient espérer approcher la paix. Malheureusement, la sincérité était absente de toutes ces gesticulations. On ne croit qu’aux armes et ce sera comme ça !

La preuve ? Un mois à peine après Syrte, les rebelles déclarèrent ces accords caducs et les hostilités reprirent de plus bel en fin 2007, pour atteindre leur apogée en février 2008 avec le cauchemar de N’Djaména. L’échec de cette énième tentative de coup de force et la gravité de ses impacts ont fini de convaincre l’opinion que la paix n’est pas pour demain.
Avant de tirer une telle conclusion hâtive, analysons les paramètres, côté rebelle, qui rendront difficile un vrai retour à la paix ou même simplement une ‘paix des braves’ (solution ne concernant que les promoteurs de la main armée). Sans se tromper, la conception de la solution finale, pour la plupart des groupes rebelles, sous-entend les éléments suivants :

-   En priorité, le renversement par tous les moyens du général IDI : il parait inconcevable, pour certains leaders ayant été proches de ce dernier et parents, de revenir comme simple ‘courtier’ à ses pieds (question d’honneur tribal ?) ;

-     A défaut, gagner du temps en obtenant une position politico-militaire dans le système qui permettra d’y arriver tôt ou tard ;

-     Pour cela, un désarmement des milices rebelles parait la pire des bêtises pour ces leaders : ils exigent de rentrer avec leurs forces telles quelle, en considérant que la signature d’un accord les reverse automatiquement, avec armes et bagages, dans les forces gouvernementales. De plus, ils avaient contribué eux-mêmes à cette partition de la force publique en assemblage de forces clanico - tribales, selon les alliances secrètes entre familles dominantes ;

-     Pour les groupes rebelles issus des ethnies ‘délaissées’ du pouvoir FROLINAT, le ralliement et le désarment sont possibles, moyennant quelques compensations avantageuses dans l’Administration et l’armée, ce qui explique la facilité avec laquelle ils finissent par rallier le pouvoir en place ;

-     Les Accords de Syrte n’ont jamais reconnu l’Accord du 13 août 07 comme ‘l’Accord de base’ du règlement du problème tchadien, ce qui veut dire que le suffrage universel qui doit fonder la légitimité de tout pouvoir et de toute autorité, parait encore incompatible avec les intérêts et les visées des rébellions tchadiennes. Aucune d’ailleurs n’a jusqu’ici fait des commentaires sur le contenu de cet accord, ses insuffisances et des propositions concrètes pour le compléter utilement et le renforcer.

En face des rebelles, les partis politiques, tout en réclamant le dialogue inclusif, défendent un autre credo. Ils savent qu’ils sont liés par les textes fondant leur existence et régissant leur fonctionnement. Ils savent que, dans les conditions normales d’un pays démocratique, seuls les partis qui siègent à l’hémicycle ou sont capables de tenir la rue dans une confrontation avec l’autorité en place, sont considérés comme les vrais acteurs politiques. Or, dans notre contexte, peu seraient en mesure de remplir ces critères, même si l’étau sécuritaire et répressif se desserrait. Alors, certains sont partants pour espérer que l’application correcte de l’Accord du 13 août 07 correspondrait aussi à leurs intérêts et à leurs visions du pays. Tandis que d’autres visent tantôt la contribution financière promise de l’Etat en s’agitant dans la mouvance présidentielle, sans rien représenter sur le terrain. D’autres encore, selon la logique de l’opportunisme et de la sournoiserie à la tchadienne, ont les pieds des deux côtés du fossé : le jour, ils sont légalistes dans un camp, la nuit ils espèrent la réussite d’un putsch militaire qui les permettraient de s’allier aux nouveaux maîtres du pays dans le partage du gâteau du pouvoir.

Assis autour d’une table ronde ou carrée, face aux rebelles, la position de certains partis politiques sur certains sujets tels que l’actuel mandat présidentiel, serait fort délicate, au risque d’être considérés comme des partisans des dits putschistes. Or, c’est ce qu’espèrent certains des leaders rebelles pour qui la cohabitation avec IDI pour quelques temps légaux encore serait pire qu’une prison !
Maintenant, voyons le côté des sociétés civiles. Le risque le plus évident pour ces activistes est de se faire piéger sur un terrain où les intérêts et la loi de la jungle justifient l’acharnement et les coups fourrés. La société civile ne peut que défendre des règles du jeu claires et sincères. Elle ne peut pas transiger sur des questions inévitables, telles que les crimes politiques, la responsabilité des conflits intercommunautaires, les causes des injustices socio - professionnelles, le caractère impersonnel et non appropriable de la fonction publique, etc… Si elle a le courage de faire de ces points son credo, elle risquerait d’être l’ennemie la plus coriace des autres acteurs publics, principalement tous ceux qui défendent la légitimité de la main armée et de « ses acquis ».  Alors, on peut bien s’interroger sur ce qu’espère la société civile dans des discussions creuses et virulentes qui tourneront quasi-exclusivement sur les attaques de personnes et/ou de clans rivaux autour de la question du pouvoir ? Les réconcilier sur quoi et contre qui ? L’Etat de droit ? La démocratie pluraliste ? Le suffrage universel direct, transparent et incontestable ? Au regard des enjeux, il importe que la société civile cadre préalablement et rigoureusement sa participation à des rounds politiques, au risque que la naïveté et l’inexpérience de certains de ses leaders ne la piège et ne la discrédite durablement.

Du côté du pouvoir et du gouvernement, les tentatives de coup de force des rébellions, depuis au moins les Accords de Syrte, ont fournis une argumentation en béton pour mettre le tout sécuritaire en priorité.
En effet, il n’est aucun régime si menacé par ses opposants, qui accepte gentiment de se faire « hara kiri ». Les actions rebelles, ayant de surcroît échoué plusieurs fois, ont conduit les partenaires extérieurs et même un peu plus d’opinion publique intérieure, à opter pour la sécurité et la stabilité, en d’autres termes faire avec le pouvoir en place, devant l’inconnue lourde en incertitudes. Les partisans de la rébellion armée, actifs sur le Net, devraient prendre en compte cette donne qui va croissante en audience. Les gens en ont marre d’être réduits, avec leurs familles, à fuir ou à se tapir sous leurs lits, dans l’attente que des frères ennemis règles leurs comptes qui semblent ne pas concerner tout le monde. Pourquoi le citoyen lambda en est arrivé à cette attitude ? La réflexion n’est pas exclusive, pourvu qu’elle soit objective. Il est rare, dans l’histoire des peuples, que l’état d’esprit des populations soit plutôt de fuir devant l’avancée des « éventuels libérateurs ». La relecture objective des évènements de février dernier s’impose !

Le sentiment frustrant d’être pris dans l’étau soudanais, malgré la gravité de nos problèmes intérieurs, renforce davantage cette défiance populaire face à l’inconnue des aventures politico-militaires. L’autre revers des tentatives de coup de force des rebelles, c’est le risque de la crispation du pouvoir dans la perspective des prochaines consultations électorales. Car non seulement elles risqueraient d’être hypothétiques, dans l’impossibilité de réaliser de vrais recensements dans un climat de guéguerre permanente, mais elles arriveraient à échéance sans que l’opposition civile n’ait eu le temps de se préparer, à cause de la guerre cyclique. Gageons que la saison des pluies soit mise à profit par les démocrates pour reprendre la main sur les « mains armées », sinon on tournera en rond !

La dimension personnelle et clanique est essentielle dans les atermoiements de tout processus de normalisation. Nous avions dit plus haut que le désarmement effectif des forces rebelles, avant ralliement, leur paraissait inacceptable dans leurs perspectives secrètes. Il y aurait d’autres raisons plus sociologiques à cela : la vendetta ! Cette barbarie d’un autre âge qui a fini par s’imposer dans la vie publique tchadienne, comme la tradition albanaise de la vengeance, empêche ses promoteurs de concevoir une vie normale où la sécurité, l’intégrité physique et la quiétude seraient simplement assurées par les services sécuritaires de l’Etat sans exclusif. La masse des crimes de sang commis de sang-froid et non jugés, les codes d’honneur violés à l’occasion des représailles sur le terrain des affrontements fratricides (viols, vols aggravés à main armée, assassinats, massacres intercommunautaires) rendent difficile l’acceptation d’un désarmement social général. Tandis que, à l’exemple tragique du leader de l’ex-rébellion FUC rallié, il serait désormais inacceptable pour le général IDI de permettre à des ‘Robin des Bois’ de faire la parade à N’Djaména devant les portes du palais rose avec leurs Toyota et leurs sbires armés jusqu’aux dents, sous- couvert d’accords de réconciliation. Les grandes tranchées et le dispositif défensif de la ville en témoignent amplement. Alors, quelle sera l’alternative pour les leaders les plus coriaces de la rébellion armée ? Pourront-ils supporter la mésaventure de Jean-Pierre Bemba ou de Mahamat Nour Abdelkérim ? Accepteront –ils l’exil et la renonciation en échange de la paix ?

En conclusion, au regard de tout ce qui précède, on est loin d’espérer un retour imminent de la paix, surtout que certains acteurs sont habitués à cette situation de chaos permanent depuis leur jeunesse.
Ils pourront persister aussi longtemps que le destin n’en décide autrement, peu importe le prix pour les tchadiens ! Tant que les parrains extérieurs peuvent tirer leurs profits de cette sale guerre, tant que la majorité silencieuse et ses élites démissionnaires se camperont dans la peur et la fatalité, tant que l’argent nerf de la guerre coulera à flot pour soutenir les conflits au détriments des impératifs de développement et de lutte contre la pauvreté, les tchadiens doivent accepter de vivre l’enfer comme leur lot et leur mérite collectif !

Quelqu’un avait écrit sur le Net : « Que valent plus ces révolutionnaires que le défunt Néhémie dans la dénonciation de l’injustice ? ». Tentative de réponse : mon ami Néhémie était précurseur d’un Tchad Nouveau qui est encore à l’état de fœtus dans l’esprit de ses compatriotes, donc trop en avance sur le temps. C’est peut-être aussi notre malheur commun, les amis de Néhémie, de Béhidi, de Dr Ibni et de ceux qui tiennent encore le nez hors des eaux boueuses et puantes du pays de Toumaï le troglodyte et des Sao ?

Enoch DJONDANG

Le VIe Congrès ordinaire de la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) devait se tenir ce mois de février 2008 à Abéché, la capitale historique et politique du Nord-Est du Tchad. Ce choix de lieu avait été décidé au congrès précédent tenu à N’Djaména. Un congrès, c’est l’occasion pour une organisation de faire le point sur son bilan, sur le contexte environnemental, se définir de nouvelles orientations et se doter d’une nouvelle direction. La LTDH, créée par le Manifeste du 15 février 1991 à N’Djaména, est la première organisation associative des droits humains au Tchad.

Elle était une organisation mythique pour les Tchadiens pour plusieurs raisons :

-     Elle était créée dans un contexte encore marquée par la peur au sortir d’une dictature féroce, celle de Hissène Habré ;

-     Elle apportait un concept nouveau d’humanisation de la société tchadienne et faisait du respect du droit du citoyen un élément central de son combat ;

-      Elle s’était fondée sur une base pluraliste reflétant réellement la diversité nationale : parmi la centaine des premiers membres fondateurs, il y avait toutes les sensibilités régionales et politiques, même des cadres du parti au pouvoir MPS ;

-     Dès le départ, elle avait mis la barre de la lutte très haute, en consentant de grands sacrifices dans un contexte de violences criminelles terrifiantes : un an seulement après sa création et le jour même de son premier anniversaire le 16 février 1992, son Vice-président l’avocat BEHIDI Joseph fut lâchement assassiné par des professionnels du crime. Par la suite, certains de ses militants payeront cher leur engagement à travers le pays ;

-     La LTDH avait acquiert par sa détermination une capacité d’agir sur l’ensemble du territoire, jusqu’aux coins reculés et oubliés comme le Tibesti : que des violations massives des droits humains se passent au fin fond du Ouaddaï, du Sud ou du Lac Tchad, elle relevait le défi de la dénonciation et de la gestion de crise ;

-     La LTDH avait aussi risqué gros dans des cas difficiles comme Ninguilim au Ouaddaï, les 300 Goranes déportés du Nigeria, les évènements du 13 octobre 1991 (Affaire Hadjéraï), la dure répression dans le Sud, etc. Elle avait même démontré sa notoriété en défendant le cas des compagnons arrêtés de feu Abbas Koty, ce qui à l’époque n’était pas du goût d’une certaine opinion très remontée contre le Clan au pouvoir ;

-     En dehors de ce combat de la protection quotidienne des droits des citoyens, la LTDH avait formé plus d’un millier de citoyens de toute provenance sociale, professionnelle et religieuse. Par exemple, elle avait participé à la formation en droits humains et droit humanitaire de nombre de promotions de gendarmes tchadiens, d’agents d’exécution des lois, d’autorités administratives et militaires et d’autres sociétés civiles.

-      À l’actif de la LTDH, des mémorandums, des rapports annuels sur l’état des droits humains, des rapports d’enquêtes de bonne facture, ainsi que des outils pédagogiques de sensibilisation et de formation.

C’est dire que cette organisation occupe encore et toujours une place affective dans la plupart des milieux. Posséder une carte de la LTDH avait été salutaire à de nombreux voyageurs sur les routes hantées par les vrais faux malfaiteurs de notre pays.

Malheureusement, comme nous sommes au Tchad, les maux et virus qui minent et qui ruinent tous les espoirs naissants dans notre pays, sont aussi passés par les couloirs de la LTDH. Aujourd’hui, elle n’est que l’ombre d’elle-même. De nombreux militants et membres fondateurs ne cessent de nous interpeller, en tant que Président fondateur, sur l’appréciation critique qu’ils se font du déclin irrésistible de leur organisation. Car la LTDH n’appartient et n’appartiendra à personne en propre. Elle n’a pas été créée pour servir des intérêts et penchants mondains des uns ou servir de strapontin de positionnement pour les autres. Elle ne peut être au service de réflexes tribalistes, régionalistes ou partisans inavoués. Si l’on en est arrivé là, c’est le développement d’un mal endogène lié aux contradictions et aux antagonismes internes de notre société tchadienne. Ce mal qui veut que tout soit régionalisé, partitionné, dévié de l’initial, pour s’adapter à la petitesse des individus. Je passe sur les voies et moyens utilisés à ces fins honteux, que vous connaissez tous pour le vivre à ciel grand ouvert à tous les niveaux de pouvoir social au Tchad.

Aujourd’hui, si je suis obligé de prendre la plume pour battre le rappel des militants de la LTDH, c’est que l’heure est grave et qu’il faut que le VIe Congrès sorte notre organisation de la faillite. L’état des droits humains a dépassé les limites du tolérable. Il y a des régions où, sans exagérer, la vie n’est pas loin de l’état primitif et sauvage de l’humanité. Cette situation ne saurait être tolérée que si les acquis de notre lutte n’avaient pas existé. Aujourd’hui, la LTDH dispose d’un réseau intérieur incroyable de militants qu’elle n’utilise plus : ils sont partout, dans toutes les institutions de l’Etat, civiles, militaires, sécuritaires. Il y en a parmi les rébellions armées, les oppositions politiques. Beaucoup s’interrogent et attendent à quand leur organisation retrouvera ses marques de noblesse ? Ce n’est pas pour la gloriole d’un individu ou d’un groupe de potes, mais pour un Tchad débarrassé de l’oppression, de la négation de la valeur de l’humain et de la vie. Ce n’est pas pour se positionner politiquement mais pour bien rappeler aux acteurs publics en mal de pouvoir les gardes fous, les limites à ne pas franchir.

Si aujourd’hui l’opinion internationale ne voit que des hommes de violence, des voyous, des aventuriers comme identité commune à tous les Tchadiens, c’est parce que la défaillance des défenseurs des droits humains se fait de plus en plus sentir. Il y en a pourtant qui continuent de se battre dans leur coin courageusement, mais que peuvent-ils seuls contre un système monstrueux qui enfle chaque jour un peu plus, en se nourrissant de la déchéance des élites ?

D’autre part, toute organisation doit s’adapter au contexte stratégique du moment. Après avoir oscillé durant plusieurs années entre le Sud et certaines parties du grand Nord, le centre de gravité des violations massives et systématiques des droits humains s’est focalisé pour une longue période dans la partie Nord-Est du pays. C’est là que devraient prioritairement être orientées nos actions, sans négliger le reste. Quand la donne évolue ainsi, l’organisation devrait aussi s’y adapter. Nous avons besoin de reconstruire et de consolider des bases militantes solides et intégrées dans les parties les plus sensibles actuelles du territoire national, dont principalement le Nord-Est.

La LTDH ne peut se donner autres priorités au risque qu’il s’agisse d’une déviance de nos traditions de lutte et d’engagement. L’esprit du mouvement associatif et la conscience citoyenne devraient désormais être promus dans ces contrées du Nord abandonnées à la barbarie et aux tourments de toutes sortes. Si vous convenez avec moi qu’il devrait en être ainsi, les militants de la LTDH où qu’ils soient devraient faire un plaidoyer interne et social pour que l’organisation retrouve force, légitimité et cohésion pour se remettre en ordre de bataille. Les hommes de valeurs ne manquent pas pour être les moteurs de ce réveil salutaire.

Par exemple, il serait raisonnable que le Congrès reporté d’Abéché porte à la tête de la LTDH quelqu’un de reconnu pour son engagement, son ancienneté et son intégrité dans le combat mené, surtout connaissant et maîtrisant mieux la problématique humanitaire gravissime de l’Est. Le camarade Abdelkérim, président de la Fédération LTDH du Ouddaï- Biltine répondrait bien à ce profil. De plus, ce militant a une vision vraiment nationale de la lutte et l’as souvent démontré. Au moment où il faille mettre un terme aux griefs répétés de nos militants originaires du Nord et d’autres régions marginalisées dans les actions, ce sera un signal fort du Congrès à l’opinion et aux partenaires. Le fait de résider en quasi-permanence à Adré n’a pas vraiment d’incidence sur cette option Abdelkérim. Les moyens modernes actuels et la dernière réforme interne de la LTDH responsabilisant les présidents de fédérations et renforçant le Secrétariat permanent du siège national le permettent : il faut simplement les hommes qu’il faut !

La LTDH est une machine complexe, délicate et sensible. Sa gestion interne et quotidienne, ses rapports tant avec ses membres qu’avec le grand public et les partenaires stratégiques, financiers et politiques devraient être confiés à des mains expertes. Car c’est là que pourraient se former les contreperformances. Il n’y a pas de meilleur profil actuellement que le camarade Eric Dessandé ! Membre fondateur, sa forte personnalité ; ses talents de gestionnaire et d’animateur pointilleux font de lui l’homme qu’il faut pour reprendre en main la direction technique de la LTDH, en qualité de Secrétaire Général Exécutif. Nous sommes sûrs qu’il saura refaire du siège de notre organisation cet endroit sacré de refuge de plus d’un désolé de ce pays malade.

Je tiens à préciser ici que je n’ai contacté ni Abdelkérim ni Eric et que je procède dans la plus grande transparence par le Net, car la LTDH est un nerf vital de notre pays. Je ne le fais pas non plus par calcul, je n’y gagnerai rien de particulier sinon que je voudrai voir le Manifeste pour une Société de droit au Tchad, acte fondateur de notre lutte commune, reprendre sa place dans la vie de la LTDH et de tous ses militants où qu’ils se trouvent. C’est aussi mon devoir en tant que Président fondateur. Nous devons rester fidèles à cet engagement qui est plus noble que toutes les autres causes qui se disputent tragiquement l’espace de notre pays et notre peuple !

Et je suis convaincu que si la LTDH et les organisations qui ont été les piliers de notre processus démocratique se ressourçaient, le spectre du chaos permanent qui est en train de pousser à l’exil des milliers de nos compatriotes, surtout avec février 2008, sera brisé. Il n’est aucune force opposée au progrès moral et social qui pourrait résister indéfiniment et impunément ! J’invite donc les camarades militants de la LTDH de sortir de leur silence ou découragement pour adresser des messages d’encouragements, des critiques objectives et des suggestions à leur organisation à l’adresse suivante, pour un tournant historique avec le Vie Congrès ordinaire à Abéché !

Enoch DJONDANG
Ancien Président fondateur

Tout tchadien soucieux de son pays et de son avenir, a suivi avec inquiétude et amertume, les derniers événements du 02 février 2008 qui se sont dramatiquement déroulés dans notre pays, causant  des pertes humaines parmi les civils, des blessures graves, des dégâts matériels considérables, toute en obligeant des milliers des civils à quitter leurs âtres vers d’autres endroits, à la recherche d’une paix qui devient de plus en plus impossible dans ce vaste pays, ayant quelques fils dont les cœurs semblent être plus restreints pour une cœxistence pacifique. Mais au-delà de tout ce malheur dont le peuple tchadien est la première et dernière victime, Nous devons nous penchons sur les issues qui pourraient un jour nous aider à stabiliser ce pays tant ravagé par des guerres calamiteuses durant plus de quarante ans, empruntant toujours la même voie qui n’arrangera ni le pays, ni son peuple. 

Je pense qu’il est temps que l’élite politico-militaire tchadienne ,prenne  conscience que cette patrie ne mérite pas cette situation de non-paix, non-guerre ,tout en mettant en considération que ce qui se passe et ce passera, n’est pas une fatalité, mais plutôt une situation montée de toutes pièces par certains fils du Tchad, aux yeux desquels, le pouvoir est une fin et non pas un moyen de gérer le pays, bâtir une nation solide débarrassée de haine et d’égoïsme, faire du Tchad un pays de droit…et j’en passe. Conséquences : le pays se déchire et s’engouffre dans un bourbier politico-militaire, bourré de banalités ethnico-claniques, mécontentements des uns envers les autres, règlements des comptes, etc. Tout cela au détriment de tout un peuple meurtri par des longues querelles dévastatrices, qui n’ont rien apporté comme remède à une crise qui rappelons-la était au début entre soi-disant Sudistes et Nordistes, avant de faire son virage historique vers le Nord qui n’arrive pas à s’en débarrasser.

La nouvelle source du mal 
Ceux qui connaissent l’Histoire du Tchad remarquent aisément que cette ancienne-nouvelle situation qui prévaut au pays, n’est qu’une série continuelle de notre passée sombre, ajoutons à cela un nouvel élément qui vient  se figurer sur la  longue liste des causes à l’origine de cet interminable crise, à savoir l’Or noir qui, au lieu d’être une bénédiction pour ce malheureux peuple, est devenu l’une des principales sources du mal tchadien.si donc les uns et les autres continuent à se battre pour présider les tchadiens seulement, ce pays ne connaîtra jamais la paix et la stabilité, deux éléments sine qua non pour toute démarche vers le développement et le progrès.

Monsieur le Président de la République
Vous connaissez comme tout le monde que certains régimes africains, le Tchad inclus, avaient plus ou moins utilisé la fameuse méthode militaire pour régler à la racine les différends politiques qui les opposaient à certaines forces rebelles, mais finalement aucun de ces régimes n’a pu voir ce cher rêve se concrétiser.au contraire, ladite méthode était souvent la cause principale de leurs effondrement face à des insurrections, Rebellions, coup d’Etat, révoltes…je vous laisse le choix de les qualifier. Un exemple parmi d’autres : l’ex chef d’Etat somalien Mohamed Siad Barré n’avait-il pas adopté l’option militaire pour remédier les maux politico-sociales de son pays durant presque trois décennies, sans pour autant atteindre cet objectif, laissant finalement son pays dans l’actuelle impasse que tout le monde connait. Concernant le Tchad, après votre arrivée au pouvoir pour but de libérer le peuple Tchadien de la Dictature, et d’instaurer ensuite une Démocratie réelle, tous les tchadiens ou presque, avaient souhaité avec optimisme la morte définitive du malheur politique tchadien. Vraisemblablement, ce n’est pas le cas, ne serait-ce que dans la donne actuelle des choses qui se caractérise par une série d’affrontements militaires et une stabilité invisible. Tout cela, à mon humble avis, nous amène vers une évidence selon laquelle le choix militaire peut résoudre une crise temporairement, mais jamais définitivement et que seul  un dialogue politique sérieux, inclusif et sincère, peut sauver le Tchad de son chavirage, car, nous ne sommes pas les premiers à  emprunter cette voie pacifique, et ne sommes non plus les premiers à avoir des crises en Afrique, puisque il y a des pays qui ont connu des crises plus dramatiques que les nôtres (Rwanda, Burundi, Liberia, etc.) et sont finalement parvenus à résoudre leurs crises, pas via des dialogues des sourds se contentant à partager un morceau de gâteau appartenant à tout un peuple, mais grâce à un  dialogue sincère et nationaliste. Ces vifs exemples nous prouvent qu’il n’y a pas de nation sans contradiction, cette dernière est l’essence même de la vie, comme le disait feu Ahmed Sékou Touré. J’aimerai bien, mon Président que vous reconnaîtriez l’existence d’une crise multiforme au pays, dont les solutions ne sont pas forcément militaires et ne sont non plus impossibles, si les uns et les autres décident sincèrement un jour de s’inspirer d’expériences d’autrui en matière de règlement pacifique des crises. Tout en divorçant cet égoïsme politique.

Messieurs les opposants politico-militaires
Je ne trouve pas intéressant de douter sur vos causes, ni de les qualifier de quoi que ce soit, je laisse cela à chaque tchadien conscient de juger ce qu’il voit. l’important pour moi en tant que jeune tchadien c’est la paix, la stabilité et la concrétisation des aspirations de la jeunesse tchadienne, voire de tous les tchadiens sur la terre tchadienne qui nous est tous chère et qui comme vous le savez a beaucoup souffert et risque de souffrir encore, si nos dirigeants politiques  n’abandonnent pas cette  sombre voie militaire qui n’a jamais réglé définitivement les choses, soit au Tchad soit ailleurs, nous avons vu  la venue de plusieurs formations politico-militaires au pouvoir scandant des nobles slogans comme : la libération du peuple, l’instauration de le Démocratie, d’une Justice libre, et la liste peut s’allonger. Mais en fin de compte rien ne se réalise en ce sens. Conséquence : le peuple concerné par ce changement ne s’adhère plus à cette thèse qu’il l’avait essayée suffisamment. Pis, la vive mémoire de ce peuple garde toujours les mauvais souvenirs du choix militaire qui a prouvé, jusqu’à ce que le contraire soit prouvé, son échec total à ramener la stabilité et la paix dans un pays qui n’est pas encore en mesure de faire un miracle à la Mauritanienne. Bref, que Monsieur X s’empare du pouvoir, en évinçant Monsieur Y, à cause de ses milles et un défaut, est une chose et garantir aux autres que ce changement ne sera pas un simple changement de façade comme, en est une autre. Essayez donc Messieurs de nous chercher d’autres alternatives politiques qui pourraient nous faire sortir de ce vicieux cercle.

Les issues verrouillées de la crise
Je suis persuadé que  les deux parties, à savoir oppositions politico-militaires et l’actuel régime conduit par le Président Idriss Deby Itno, détiennent les clefs des portails qui nous mènent  vers des heureuses issues politiques, il suffit donc qu’ils les utilisent, au lieu de tenter vainement à forcer des serrures bien codées, qui ne deviennent franchissables qu’en  introduisant les clés, accompagnées au même moment des mots de passe suivants :

- le Tchad est une chose, l’appartenance, régionale, ethnique et clanique en est une autre ;

- Renoncez à l’option militaire ;

- Instaurer une Démocratie réelle et non de façade ;

- Écartez le pays de certaines banalités ethnico- claniques;

- Débarrassez-vous de cette illégale et cupide ruée vers la présidence ;

- Bannir le maintien à tout prix du pouvoir (ça coûtera cher au pays) ;

- Reconnaissez l’existence d’une longue et sérieuse crise tchado-tchadienne (au-delà des aspects externes) ;

- Faire sincèrement face aux sérieux problèmes socio-économiques du pays ;

- renforcez les rôles des Institutions Républicaines ;

- laisser le parlement d’être le vrai représentent du peuple, pas une simple chambre d’enregistrement ;

- faire une véritable armée Républicaine capable de défendre la légalité constitutionnelle du pays et son intégrité territoriale ;

- cherchez la paix sociale avant de se tourner à la stabilité politique ;

- Faire disparaître ou Réduisez tout simplement, toute forme d’exclusion politique, économique ou sociale ;

- Cessez de vous appuyer sur des étrangers qui ne visent finalement que leurs intérêts stratégiques ;

- Inspirez-vous d’expériences de certains pays africains, en matière de résolution politique et pacifique des crises ;

- Utilisez les richesses du pays pour le bien du pays ;

- Laissez le quatrième pouvoir faire son noble travail ;

- Cessez de croire qu’une Union politique ou militaire, de circonstance et (pas de conviction) peut aller loin ;

- Reconnaissez enfin que vous (les deux parties) répétez les mêmes scènes de cette très longue
    et onéreuse parodie tchadienne ;

- Respectez et faire respecter les Droits de l’Homme tchadien ;

- N’enrôlez pas des gamins dans les conflits politico-militaires ;

- Ne marginalisez pas la société civile ;

- Sachez que tout opinion politique diverse n’est forcément pas ennemi de qui que ce soit ;

- N’exportez pas la bien existante crise tchadienne aux autres, parce que ces derniers, après avoir bien connu son existante, essayent de remédier les leurs via les nôtres ;

- Reconnaissez que la crise du Darfour et l’Or noir tchadien ne sont que des gouttes qui ont fait
      déborder le bien plein marre tchadien ;

- Mettez dans la tête qu’on peut tromper un peuple une ou deux fois, mais pas toujours. 

- Sachez que tous les tchadien n’ont pas certes, la maturité politique, mais ils ont quand même
     appris la langue de bois via leur élite politique, sans l’avoir étudiée ;

- Arrêtez les arrestations arbitraires ;

- s’il y a des coupables dans quoi que ce soit, laissez la Justice faire son travail ;

- Rappelez-vous en fin, que vous étés tous responsables devant l’Histoire et devant Dieu aussi. 

Les Tchadiens vous exhortent Messieurs, à d’utiliser ces vingtaines des mots de passe ou bien quelques-uns, avec les clefs que vous détenez, afin que ce pays puisse déverrouiller à ses fils quelques issues, par lesquelles sortiront tous les tchadien de cette effroyable et longue impasse politico-sociale. 

Abdelsemi Ahmat

L’an 2007 est partie. 2008 est arrivée. Comme d’habitude, à pareil moment, c’est l’heure des bilans. Oui, il convient de prendre du recul, dresser un bilan sans complaisance de l’année qui vient de s’en aller.

D’abord, il faut préciser que 2007 a été riche en actualité.
L’espoir était né fin 2006, lorsque le leader du front uni pour le changement (FUC) Mahamat Nour Abdelkerim a fumé le calumet de la paix avec le gouvernement de N’Djamena, sous l’égide du guide libyen.
En Février 2007, le FUC scelle son entrée au gouvernement, et Mahamat Nour Abdelkerim fut nommé ministre de la défense nationale. Tout le monde avait applaudit à l’époque. Mais la lune de miel n’a été que de courte durée, elle a finie comme elle a commencée, raille un leader de l’opposition Tchadienne.

Ensuite, c’est la tenue du dialogue entre la majorité présidentielle et ses alliés d’un côté, et l’opposition démocratique, du moins celle réunie au sein de la coordination pour la défense de la constitution (CPDC) de l’autre. Ces pourparlers parrainés par l’union européenne et la France ont débouchés le 13 Août 2007 à la signature d’un accord, baptisé « Accord pour le renforcement du processus démocratique au Tchad ». Le document signé constitue une feuille de route importante pour la suite du processus électoral, tant décrié, s’il est réellement appliqué par les signataires. Refonte du fichier électoral qui sera désormais informatisé et fiable, composition paritaire de la CENI, la CNRE…, les principales préoccupations de l’opposition ont été prise en compte, une première dans l’histoire politique du Tchad depuis la conférence nationale souveraine de 1993. Là aussi, tout le monde ou presque avait applaudi. Près de six mois après la signature dudit accord, les langues se délient, « rien est fait du cote du pouvoir pour son application » lance irrité IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH, le porte-parole de la CPDC sur BBC Afrique mi-décembre 2007.

Dans la même lancée, on a assisté à une avalanche d’initiatives de paix.
Le groupe dit « de Libreville » conduit par l’ancien président GOUKOUNI WEDDEYE a tout essayé. En vain. Parallèlement, des négociations se poursuivent discrètement, pour aboutir plus tard à des accords parcellaires. Une partie des opposants au régime DEBY rentrent au bercail mi-octobre après avoir conclu un accord grâce à la médiation du président Béninois, à Cotonou. À Syrte, le gouvernement représenté par le « super » ministre d’état, signe un accord de paix et de réconciliation nationale avec les principaux mouvements rebelles opérant à l’est du pays (CNT, UFDD, RFC, UFDD /F). À peine cet accord signé, qu’un de ces signataires annonce les couleurs. « L’accord est caduque », comme pour préparer les esprits. La suite on la connaît.
Reprise des hostilités le 25 Novembre 2007, soit un mois tout juste après la signature de la paix en Libye, au grand dam du guide Libyen, médiateur dans la crise Tchadienne, qui depuis s’est enfermé dans l’omerta. Le brisera-t-il ? Les deux camps se rejettent la responsabilité de la reprise des combats, d’une rare violence selon des sources proches des deux états-majors.

L’accord de syrtes est-il caduque au regard de la situation actuelle ? « Il est encore valable pour ceux des signataires qui ne l’ont pas violé », précise le gouvernement. « Nous sommes toujours pour l’application de l’accord » affirment les rebelles de leur côté. Véritable comédie disent en cœur certains observateurs de la scène politique Tchadienne.

Et puis, à un moment où personne ne s’y attendait, une affaire tout aussi insolite qu’amusante s’invite dans l’arène publique tchadienne déjà troublée. L’affaire de l’ONG Française « Children Rescue ou Arche de Zoé », puisque c’est de cela qu’il s’agit. Cette rocambolesque affaire a mis à nue la légèreté qui caractérise l’administration Tchadienne. Ce qui a le plus laissé pantois plus d’un, c’est bien la visite impromptue de Nicolas SARKOZY a N’Djamena début Novembre. Il y est reparti en compagnie des journalistes français et des hôtesses espagnoles venue couvrir l’opération de « L’arche de Zoé », du nom de cette ONG française qui a voulue emmenée en France 103 enfants à partir d’Abéché à l’est du Tchad. Cette affaire a failli crée un séisme diplomatico -politique entre N’djamena et Paris. Les choses sont rentrées dans l’ordre, entre temps. Les deux présidents (SARKOZY et DEBY) se sont vus en marge du sommet Afrique- UE de Lisbonne du début du mois de Décembre, puis discrètement à Paris quelques jours plus tard.
La justice a été dite, et les membres de l’ONG ont été condamnés à 8 ans de travaux forcés, avant d’être rapatriés par vol spécial de la compagnie nationale « TOUMAI AIR TCHAD » affrété par le gouvernement français ce vendredi 28 Décembre vers la France. Les magistrats français essayeront de reconvertir leur peine de travaux forcés en peine criminelle. La peine de travaux forcés n’existant plus dans le catalogue du code pénal français, pourtant copie conforme de celui utilisé par les ex colonies de l’espace francophone, dont le Tchad fait partie.

ET en cette fin d’année 2007, le spectre de la reprise des hostilités à l’est se pointe à l’horizon. Le gouvernement voyant le mal venir a préparé les esprits, à travers un communiqué lu sur les antennes de l’Office Nationale de Radiodiffusion et de Télévision du Tchad (ONRTV). « Le soudan est en train d’entraîner, d’armer les rebelles tchadien en vue de déstabiliser le Tchad », dit en substance le communiqué. Le soudan de son côté a porté plainte contre le Tchad qu’il accuse d’avoir violé son territoire pour bombarder les positions des forces rebelles basé au Soudan.

Comme on le constate, l’année qui s’est achevé augurait des jours heureux pour le Tchad, tant les initiatives de paix essaient prometteuses. Hélas, les faits nous démontrent le contraire. La paix est loin d’être acquise, à moins d’un sursaut patriotique de dernière minute. Nous espérons que les différents accords signés çà et là seront appliqués.

En attendant, l’espoir a simplement été déçu, et c’est grand dommage pour le Tchad et les Tchadiens dans leur grande majorité.

C’est en tout cas ce que je pense.

Bonne et heureuse année 2008 à tous.

Eric TOPONA MOCNGA

Voici la réflexion faite à Doba le 05/01/85 d’un grand leader du pouvoir FAN d’Hissen Habré dans son agenda confisqué plus tard en avril 1989 et lui-même tué dans les geôles par la sinistre DDS: il s’agit de feu Brahim Mahamat Itno, Ex-Ministre de l’Intérieur, cousin direct de M. Idriss Déby Itno : « Nous vivons dans un monde en perpétuelle mutation où tout change des mains, sauf les contradictions ; donc, faisant parti de ce monde en permutation, nous sommes en droit de se poser la question  pourquoi ces guerres dans ce monde dit « humain » ? Quels sont les mobiles de ces guerres ruineuses ? Ont-ils un trait commun ? Il y a un trait commun : c’est la recherche des possibilités ou moyens à atténuer à renverser ou à terrasser ou à finir avec son adversaire, alors que les origines des différents conflits sont différentes. Je pense qu’il soit utopique de s’attarder sur les causes des différents conflits de ce bas monde des déshérités. Selon mon humble pensée, eu égard au monde, à l’histoire et aux actualités, les conflits constituent la continuité du monde ou même la vie. J’estime qu’elle soit nécessaire pour la survie du monde humain car les mobiles des conflits sont nombreux et diversifiés qu’ils ne peuvent aboutir à un monde sans conflit qu’à la fin de ce bas monde des déshérités, et ceci ne soit possible qu’à la fin »

Le décor a été bien planté par ce combattant intrépide à l’époque où il était chargé de pacifier la partie sud du Tchad. Seulement, sa thèse se retournera contre lui et les siens quand les rivalités et les susceptibilités internes de son redoutable régime au pouvoir atteindront leur maturité. Feu Brahim Mahamat Itno avait parfaitement raison de la lecture qu’il se faisait de la vie dans son pays. Bien d’autres compatriotes, sans l’avouer, partagent encore la même dialectique conflictuelle : tous les partisans de la main armée pour la conquête, le partage et/ou la confiscation du pouvoir sont de cette école.

Dire qu’il ne devrait pas avoir de conflits dans notre pays, c’est renier et la réalité et les fondements même de notre patrie. Voyons pourquoi le Tchad est par nature une terre de conflits permanents.

1) Le territoire national présente une diversité naturelle qui est en elle-même avant tout une source de conflits : faire coexister dans un même territoire juridique de grands déserts, des savanes, des chaînes montagneuses sauvages, des forêts et lacs, c’est assembler des modes de vie qui peuvent être totalement différents. Ce n’est pas un tort pour les tchadiens, mais la diversité des milieux naturels, certains plus favorisés que d’autres, fournit déjà une part d’explication aux difficultés d’entente entre les composantes humaines du pays.

2) Ces composantes elles-mêmes sont si diverses qu’elles ont peur les unes des autres. Jusqu’aujourd’hui, la grande majorité des citoyens tchadiens ne se connaissent pas. Cela s’observe dans les milieux publics où le réflexe sécuritaire est au regroupement systématique sur la base des affinités naturelles. Tout ce qui est en dehors est non seulement « étranger » mais potentiellement dangereux. Des parents l’enseignent même à leurs enfants : se méfier de qui ne parle pas votre langue et ne vous ressemble pas ! Des cadres et responsables publics sont aussi marqués par ces préjugés que des citoyens ignorants n’ayant jamais voyagé. Ces cadres collaborent mieux avec n’importe quel étranger qu’avec des Tchadiens comme eux présentant une différence naturelle. Bien des conflits à l’issue dramatique n’ont été que la simple expression de cette peur de l’inconnu. Par exemple, si l’enfant a mangé chez un tel membre de telle ethnie avec ses camarades et se plaint après de maux de ventre, pas de doute : il a été empoisonné car ces « gens » seraient des « sorciers ».

3) Les composantes ethniques tchadiennes souffrent du fait de n’avoir pas de références historiques passées communes à revendiquer. Que voulez-vous qu’un sara, un moundang et un gorane revendiquent ensemble au-delà de la colonisation française ? Un pays ? Un royaume ? Une culture ? Ces gens ne se connaissaient pas avant cent ans. Ils n’ont vraiment réellement commencé à s’accepter que quand le colonisateur leur a légué de force un « État » à partager en commun en 1960. Un Etat dont ils n’ont pas jeté eux-mêmes les bases. Dès le départ, chacun a transposé sa différence, non pas comme un apport à la construction de l’État et de la Nation, mais plutôt comme un bouclier de retranchement. L’État était encore considéré jusqu’à récemment par nombre de nos populations comme la chose des Blancs donc pas forcément en symbiose avec les natures profondes des sociétés tribales archaïques.

4) Il faut constater ce phénomène de l’ignorance de l’autre par le fait que les ethnies se découvrent au fur et à mesure que se développent les coups de force et les affrontements sanglants. Les Goranes étaient découverts par les autres autour de l’affaire Claustre et surtout en février 1979. Avant eux, les Mbayes furent connus avec le règne de Malloum et Kamougué. Puis on découvrira les Béri (Zaghawa, Bidéyat) avec l’entrée du MPS, puisque avant cela ils étaient officiellement appelés « légion islamique » par le régime Habré. D’évolution en évolution de crise, on connaît maintenant les Tamas, les Hadjéraï, les Krédas, etc. On connaît même enfin que les Kim ne le sont pas tous, sinon des Kossop, des Eré, des Kolop… Certains se demandent si le Dr Aldjinedji ou les deux derniers chefs de la diplomatie, avec leur peau blanche, pouvaient être de « vrais Tchadiens » comme vous et moi ? Qui dit que j’en suis un ? Avec les prochaines crises, on finira par se connaître enfin mieux entre tchadiens ?

5) Le Tchad des conflits ne s’arrête pas à ça seulement. Officiellement, trois formes de culte révélé sont partagées par les tchadiens : Islam, Catholicisme et Protestantisme. En principe, les religions révélées véhicules des valeurs qui transcendent les différences naturelles et les rend dynamiques dans la construction de grands projets de société, sauf au Tchad. Et pour cause : pendant longtemps, les gourous de ces religions au Tchad ont étranglé ces valeurs nobles en imposant, au nom de leur culte, leurs tares et leur ignorance à leurs ouailles pour les manipuler. Ce qui fait qu’en 1979 par exemple, il n’était pas question pour le Tchadien d’admettre autre idée qu’il était sujet et victime d’une guerre religieuse, jusqu’à ce que les vicissitudes du pouvoir lui démontrent le contraire, à ses risques et périls. Aujourd’hui, après une traversée du désert tragique, les croyants de tous les cultes semblent se raviser et revenir à une lecture plus orthodoxe et moins politisée de leurs dogmes. C’est toujours de l’apprentissage dans la douleur !

6) L’absence de symbolique historique commune a toujours favorisé les fausses thèses à l’actif de la guerre permanente. Par exemple, pour légitimer la lutte du FROLINAT, on a inventé un Nord et un Sud qui auraient de vieux comptes à régler. Malheureusement, avant le Tchad indépendant, il n’y avait jamais eu un « Tchad Nord » et un « Tchad Sud » organisés en entités viables, au point de développer des échanges conflictuels de telle ampleur. Il n’y avait qu’une pléiade de royaumes, de communautés éparses, certaines soumises à d’autres, même des groupes totalement isolés dans leur naturel. D’où sont venus le « Nord » et le « Sud » conflictuels ? De l’imaginaire de faiseurs de conflits ! Aucune thèse historique valable à l’appui. Par exemple, l’Histoire des peuples du Mayo Kebbi Ouest était essentiellement liée au Cameroun, Nigeria et Afrique de l’Ouest. D’où pouvait venir des conflits anciens avec des Goranes, des Arabes, des Ouaddaïens dont les montures n’avaient jamais traversé le fleuve Chari avant l’arrivée des Blancs ?

7) L’Histoire présente aussi tente de s’écrire avec de l’encre illisible. Au lieu de mettre en avant ce qu’il y a en commun entre peuples divers du même pays, en vue de partager et de revendiquer un même patrimoine historique, les différents régimes qui se sont succédés ont développé le narcissisme du « chef fondateur » de la nation qui, elle-même ne sera autre chose que la pâle tentative d’imposition de dynastie éphémère à la tête du pays. Ainsi, après la revanche Nord-Sud inventée, on a évolué coup sur coup vers la stratification tribale et pyramidale du pays. Beaucoup parlent encore des Institutions nationales en termes péjoratifs : gouvernement sous Habré = gouvernement gorane, sous Deby Itno = gouvernement Zaghawa, etc. On se demande à quel siècle un gouvernement sera simplement celui de la république et non de X ou Y ? La question ne se pose pas encore puisque des groupes se battent armes au poing pour remplacer la dynastie actuelle. Multiplier cette tendance par le nombre d’ethnies ou de blocs régionaux en attente d’accéder au pouvoir un jour, et si par chance le Tchad ne disparaissait pas avant, la Somalie sera le pays modèle du continent entre temps.

8) Le Tchad des conflits est aussi celui de l’égoïsme et de l’arrogance triomphateur. Aujourd’hui que notre pays dispose de tant d’élites formées sur tous les plateaux planétaires du savoir-faire, c’est seulement en ce moment que les égoïsmes prennent le pas dans la vie publique. Car si ces Tchad conflictuels, à défaut de ne s’être jamais pris au sérieux, ont progressivement effacé les derniers liens symboliques et affectifs entre les Tchadiens, nombreux sont ceux qui se découvrent encore des différences fondamentales inconciliables dans leurs propres groupes. Nous avons cité l’exemple des Kim, mais ils ne sont pas seuls : il y a Ngambaye et N’gambaye, Gorane et Gorane, etc. selon les cantons et entités qui se créent pour afficher ces différences négatives.

L’absurdité tchadienne est qu’on évolue vers l’éclatement national sous le couvert bienveillant de l’État. Il serait plus judicieux que chacun prenne son autonomie que de morceler indéfiniment l’État qui a pour rôle fondamental de rassembler, de brasser. En tous cas, j’aurai aimé retrouver le royaume indépendant de mes ancêtres que de morceler mon terroir d’origine, sans lendemain sous le couvert d’un État qu’on est en train de tuer. Car je ne pourrai rien tirer de ces morcellements administratifs en terme positif de développement communautaire et de libertés que ce que seul l’État des quatorze préfectures est en mesure de m’apporter. Malheureusement, ce sont des cadres instruits qui sont les moteurs de ce démantèlement de l’État et donc de la République ! Au point qu’on peut créer des unités administratives par un simple ordre de mission ? Cela n’a rien à voir avec la décentralisation qui est un processus méthodique, contrôlé et progressif.

9) Le Tchad des conflits se nourrit dans la promotion de l’ignorance caractérisée au sein de la gouvernance. L’État est une conception moderne de la société, et qui devrait éliminer progressivement les différences et les disparités antagonistes au sein d’un même pays. Si des nations comme l’Égypte, le Maroc, le Mali ou l’Irak ont survécu à des siècles d’histoires, c’est justement parce que les composantes ethniques, sociales et religieuses de ces pays ont toujours agi pour consolider ce sentiment d’appartenance éternelle à un même pays, pas le contraire comme au Tchad ! Ainsi, tous ceux qui ont géré à divers niveaux ces nations citées, savaient qu’il y avait des limites à leurs ambitions personnelles. Ils savaient que la plus grande honte d’un dirigeant est de détruire l’héritage commun des peuples ou du moins de dégoûter par ses excès les générations montantes. Notre actualité tchadienne est concentrée sur les luttes autour d’un pouvoir vomi par les uns et convoité par les autres. N’djaména vient de payer un acompte à ces luttes en février dernier. Cependant, comment cet État vacillant pourrait se redresser et se construire si à tous les niveaux sont placés des mains indélicates, des têtes brûlées ? Et cela, même les oppositions y ont contribué, surtout à main armée ! Alors dans ce cas, cette source de conflits majeurs demeure, même en cas de changement de titulaire du pouvoir central car elle est ancrée dans l’obscure mentalité des élites tchadiennes.

10) Tout ce que nous venons d’évoquer ci-haut est de notre responsabilité commune, sans qu’aucun ne se dérobe. Maintenant, il faudrait ajouter les conflits liés à la gouvernance actuelle pour avoir un tableau complet du Tchad réel. Généralement, dans les débats, on s’évertue à tout mettre sur le dos du régime actuel, ce qui est en partie faux. Nombre de phénomènes décriés par les tchadiens ont une origine ancienne. Même le recours à la main armée est un phénomène plus ancien s’inscrivant dans une logique de revendication et de conquête du pouvoir importée de pays parrains qui n’ont jamais pratiqué la démocratie et qui n’acceptent même pas les principes élémentaires des droits humains tels que l’égalité des races. Les influences de ce modèle archaïque sur la société tchadienne ont davantage compliqué l’ambiance quasi conflictuelle déjà existant.

Ce long développement vise à démystifier la terreur des conflits dans l’esprit des Tchadiens. Les conflits font partie de nos réalités assemblées, sauf qu’il ne faudrait pas les légitimer et les instrumentaliser. En les affrontant par la recherche de la vérité et de l’équité, l’on se rendra compte que toutes ces sources de conflits évoquées plus haut, sont aussi sources de solutions extraordinaires et passionnantes pour ceux qui veulent s’en sortir, le pays avec. Donc, en allant à un dialogue inclusif, il faut d’abord accepter que les autres soient différents et qu’il en sera toujours ainsi. Ensuite, il faudrait recenser et mettre en commun ce qui pourrait constituer les symboliques, le patrimoine commun en vertu duquel chaque communauté accepte de plein gré de faire partie d’une entité éternelle qu’on appelle Tchad. Ceux qui croient qu’avec les armes ils pourront toujours s’imposer aux autres se trompent et n’ont pas d’exemples concluants à l’appui de leur théorie dans l’histoire des nations. Ils sont simplement en sursis, car soient ils gagnent et le pays disparaît, soit le pays gagne et eux disparaîtront dans leurs formules anachroniques : une seule alternative qui se joue au hasard des intérêts géostratégiques et non pas d’une prétendue supériorité naturelle sur les autres !             

Enfin, si les conflits dans leur développement, affectent la vie de chacun (misère, humiliation, exil, disparitions…), les nombreux tchadiens qui sont restés silencieux en se croyant plus prudents, devraient comprendre que c’est pendant le naufrage qu’on sauve sa vie, non pas après quand elle n’a plus de sens et qu’il n’y a plus de pays !

NB : Il faut soutenir l’action de la Commission Indépendante pour le Dialogue Inclusif, on ne sait jamais, la paix pourrait venir par n’importe quel chemin !

Enoch DJONDANG

Chers amis,
Je romps le silence que je me suis imposé depuis mon dernier article sur www.ialtchad.com/opinion/’’L’illusion de pouvoir pour lequel les tchadiens s’entredéchirent…’’ du 06/12/07, article que les tristes évènements de février dernier ont largement confirmé, une fois de plus pour ma peine. Je connais mieux que quiconque les risques encourus d’une arrestation, d’une élimination ou d’une disparition en cette période de folies fratricides qui anime les élites de notre pays. Mais nous est-il permis de se taire face à la menace et à la probabilité tangible d’une disparition tragique de notre pays, hypothèse encore plus insupportable pour des gens sensés que la somme des désastres et des folies consommées ? 

Dès le départ, nous avions dénoncé le fait que la majeure partie de nos élites (qui s’expriment) et de la diaspora est fortement acquise à l’apologie de la violence politique, comme s’il s’agissait d’un jeu d’enfants, après plus de trois décennies d’expérimentation de cette recette. Aujourd’hui, au grand jour à N’Djaména en ce mois de février 2008, après que les compatriotes ruraux de l’Est et du Centre l’avaient déjà maintes fois subies depuis trois ans sans répit et dans l’indifférence générale, l’opinion découvre la réalité de la mise en œuvre des théories fratricides des uns et des autres. La population de la capitale, réfugiée, déplacée, déguerpie ou non, vit amèrement dans sa chair et dans son âme ce déclin collectif, dans l’impuissance totale. Tandis que les tons, les préjugés, les mesquineries et l’insensibilité des élites positionnées sont restées les mêmes, comme si cela ne suffisait pas encore ?

Il y a eu plusieurs évènements classés ‘graves crises’ au Tchad depuis le tout premier d’envergure, la révolte populaire du 16 septembre 1963 à Fort-Lamy (Quartier Mardjane Daffek et Centre-Ville), matée dans le sang par la jeune armée nationale de l’époque sous Tombalbaye. Mais ce qui s’est passé dans la semaine du 02 au 08 février 2008 à N’Djaména dépasse encore l’entendement. Non pas que février 1979 ait été déclassé en horreur et en folie. En 1979, il y avait cette cassure nord-sud qui atteignait son apogée, drainant ses préjugés, ses rancunes, ses revanches, ses victimes, entre l’école revancharde du FROLINAT et les pouvoirs fantoches en place. Février 2008 a-t-il quelque chose en commun avec 1979 ?

1)     Le contexte est différent : une guéguerre fratricide et interminable de clans apparentés ou rivaux, instrumentalisés, financés et lourdement armés par les mêmes puissances qui n’ont cessé d’endeuiller la nation tchadienne depuis plus de 35 années ;

2)     Comme ce fut le cas avec les régimes précédents, ces milieux gangrenés par le virus de la contestation armée, usent d’arguments fallacieux pour prendre en otage tout processus de normalisation de la vie publique et de la construction d’un Etat de droit moderne ; rien ne peut se faire de façon durable et pour le bien des générations futures, tant que l’appât d’un pouvoir juteux, qui est censé délivrer toute une communauté de la misère endémique, devient un motif suffisant pour déclencher les aventures politico-militaires ruineuses ;

3)     Avec la multitude des accords signés et aussitôt dénoncés ou violés, il est probant que les acteurs publics ne seraient pas tous prêts à sacrifier leurs ambitions et leurs tares pour donner une chance historique à notre pays ; pire : quand le péril physique est mis en relief, la méfiance épidermique et les arrières- pensées obscures conduisent inévitablement à des incidents malheureux, comme ce fut le cas des disparitions d’hommes politiques le 03 février dernier ;

4)     Il y a un choix absolu à faire au niveau politique entre les deux modèles, démocratique ou à main armée, qui se disputent la scène publique ; il n’y a pas d’autres alternatives. C’est une question préjudicielle qui mérite une réponse claire de tous : pouvoir, opposition, société civile et rébellion armée. On ne peut pas continuer de faire cohabiter les deux modèles dans un même pays en ce 21e siècle. Chaque modèle procède d’une vision de société et d’un historique différent. Les intérêts en jeu sont aussi divergents. Si l’écrasante majorité des tchadiens choisit finalement la démocratie et l’Etat de droit universellement pratiqué, alors il restera aux politico-militaires de se référer intégralement aux Accords de Syrtes du 25 octobre 2007 qui les concerne exclusivement. En considérant ces accords comme une annexe de l’Accord du 13 août 2007 qui est fondamental. Dans l’optique d’un dialogue inclusif, c’est l’une des premières questions préalables sur laquelle chacun doit se prononcer !

5)     Comme il est aussi illusoire de croire qu’un simple dialogue inclusif, face à face entre tous ces acteurs autoproclamés suffirait à purger le pus du mal tchadien. Le fond du problème est l’enjeu du pouvoir et de la survie des groupes ethno –claniques qui se battent pour son contrôle. Dans l’ambiance de désordre régnant, d’aucuns croient fermement ne pas trouver leur compte si jamais le Tchad redevenait un pays normal, avec des règles consenties et respectées par tous et une certaine égalité entre les citoyens. Ceux-là, de quelque bord qu’ils soient, sont malheureusement les plus présents et actifs sur la scène et les mieux connus et soutenus de l’étranger, auxquels s’ajoutent de nombreux opportunistes. Les autres tchadiens paieront toujours plus chèrement le prix de leur apathie !

6)     La guéguerre tchadienne n’est pas une fatalité mais un vrai business pour certains : pourquoi le courage manque-t-il tant aux élites de faire l’analyse critique et le bilan humanitaire et économique du phénomène de la violence politico-militaire de manière impartiale et rigoureuse ? Pourquoi des élites trouvent normal l’instrumentalisation de groupuscules sans véritables projets de société et se confondant de surcroît avec des clans en train de se faire décimer inconsciemment sous ces illusions de domination guerrière ? Pourquoi un tchadien digne de ce nom ne se poserait-il pas des questions sur la prospérité du commerce des armes en direction de son pays, soit disant pour soutenir tel contre tel ? Nos élites auraient-elles perdu le bon sens, à cause de la haine viscérale, jusqu’à ce niveau insoutenable d’archaïsme intellectuel ?

7)     Un constat amère : le silence voire l’impuissance des organisations de défense des droits humains durant cette énième crise majeure, à quelques exceptions près ; tous n’étaient pas directement menacés et il y avait des marges pour agir ne serait-ce que vérifier les infos, pour contrecarrer les ravages occasionnés par la rumeur folle, ou encore interpeller les belligérants sur les dégâts collatéraux subis par la population ? Malheureusement ces évènements ont mis à nu l’absence de stratégie de gestion de crise et de capacité d’anticipation qui faisait la notoriété d’antan de ces organisations. La recherche de positionnement personnel, le goût de la villégiature offerte aux leaders à la faveur de l’évacuation des étrangers, sans justifier dans bien des cas d’une menace directe réelle et la confusion de rôle avec les partis politiques ont démobilisé la base militante, et pire dévoilé l’incapacité de gérer la proximité des citoyens dans une telle kermesse de violations massives des droits humains. Cette carence se ressent fortement, sauf qu’elle relève encore de tabous ! La presse indépendante a été plus responsable en justifiant sa mise en quarantaine volontaire.

Avec tout ce qui se passe, nous devons aussi admettre l’échec collectif de notre processus démocratique par le comportement inqualifiable et récurrent d’une frange importante de notre population, lors de chacun de ces évènements politico-militaires, C’est l’échec sans appel de tous : des gouvernants, des partis politiques et de la société civile qui n’ont pas su éduquer le peuple dans le sens souhaitable ! Ainsi, tout le monde est devenu dangereux et anarchiste au Tchad. (Comme écrit sur le mur d’une des prisons secrètes de l’ancien régime : ‘l’homme tchadien est devenu un loup pour l’homme tchadien’).

Notre jeunesse, abandonnée à elle-même, est une source de grandes inquiétudes. Au vu de ses agissements quasi-quotidiens notoires, dans les cours d’école jusqu’au vandalisme honteux des 2-4 février dernier, elle ne s’illustre que par les casses, à l’image lamentable des aînés. Les ravages causés en deux jours de folie seulement sur les patrimoines publics et privés à N’Djaména devraient faire réfléchir les uns et les autres. Certaines personnes ont poussé le cynisme à trouver normal la casse des patrimoines des proches du pouvoir, mais restent silencieux sur les ravages du centre médical populaire ‘Assiam Vantou’, de MASOCOT (Programme Vih-SIDA) et même de l’OANET (pourtant siège des Associations !), fait d’armes des mêmes pillards en quête de ‘libération’ ? Ceux qui y voient l’expression d’un ras-le-bol populaire autant que ceux qui conviennent que c’est le summum de l’incivisme et de l’inconscience collective : dans un cas ou l’autre, il y a danger en vue pour l’Etat de droit démocratique !

Chose encore plus curieuse, c’est le fait qu’après le drame du début février, aucun sursaut patriotique n’est au rendez-vous : l’état d’esprit actuel des acteurs politiques et politico-militaires ne pourra que difficilement favoriser des entreprises de cohabitation pour le bien du pays. Il n’y a plus de confiance et l’argent perfide n’y changera rien. Il est très possible que la population subisse encore des drames plus critiques que celui des 2-3 février 08 à cette allure, en y participant elle-même.

Pour le dialogue inclusif (si cette solution pouvait encore marcher ?), il va falloir se montrer sérieux, trouver des tchadiens sérieux et conséquents pour les mettre autour de cette table ronde, définir les contours, la portée et les limites de ce processus, les thèmes-clés (étant entendu qu’on ne peut répéter une CNS bis), les qualités des acteurs et de quelle légitimité se prévalent-ils pour engager le peuple sans être mandatés, qui va garantir l’application des décisions ou résolutions, etc. Cette question de la garantie est de loin la plus difficile, car la versatilité et la perfidie passent pour des vertus au sein de la classe politique en général. Quand il est question de trahir pour une miette, on rivalise en ridicules !

Si l’on place l’Accord du 13 août 2007 au centre du dispositif de sortie de crise, avec comme annexe 1 les Accords de Syrtes du 25 octobre 2007 pour les politico-militaires de tous bords, il restera la racine du problème à discuter, à savoir la définition politique et consensuelle du profil d’une Armée Nationale et Républicaine véritable et les mécanismes contraignants pour sa mise en œuvre avant la fin du mandat actuel, avec une implication forte de la Communauté internationale. Voilà, à notre humble avis les éléments clés de la sortie de crise !

On est habitué aux rififis tchadiens : un dialogue inclusif précipité étalera au grand jour les supercheries et les perfidies, en plus de cette capacité incroyable de diaboliser ; aucune solution miracle qui n’aie été déjà proposée auparavant et, à la fin du spectacle le meilleur : une course effrénée et sans pitié pour les postes dans les organes retenus. Peu importe le prix des crises qui surviendront pour les populations, les bonus de morts, les nouveaux déplacés et exilés, les casses du patrimoine administratif des villes!… Nul n’imagine à ce point combien les acteurs publics devraient avoir comme problème de conscience ? Alors, face à face, yeux dans les yeux une fois encore, pourquoi pas ?

Nous souhaitons nous tromper pour une fois dans notre analyse, mais seul Dieu fera en sorte que les uns et les autres soient réellement au rendez-vous de la paix et de la justice ! La déchirure de février dernier semble plus profonde qu’en 1979 et, en plus des faits de l’état d’urgence, aura de graves conséquences sur la vie publique à court et à moyen terme. Il faut que les uns et les autres en prennent conscience et évoluent dans leur vision du pays, sinon la chute collective dans le gouffre somalien sera irrémédiable au prochain couac ! Si la griffe de l’état d’exception ne nous emporte pas, nous sommes toujours disposés aux échanges francs avec ceux qui le souhaitent et qui aiment réellement le Tchad.

Enoch DJONDANG

Auparavant, je voudrais faire une remarque d’ordre méthodologique relative au ton critique que je vais utiliser par rapport à l’expérience Tchadienne.  Comme la sociologie est une science critique et, à ce titre, sa vocation est de faire prendre conscience du caractère social des institutions et des représentations, surtout lorsqu’elles se cristallisent, s’ossifient et perdent leur vitalité et leur pertinence. À cet effet, critiquer l’archaïsme ou bien l’ignorance de la société Tchadienne, ce n’est pas dénigrer les Tchadiens, ni porter atteinte à sa valeur culturelle, mais plutôt attirer l’attention sur des chemins culturels hérités du passé et ne véhiculant plus l’humanisme qui était le leur à une époque où ils étaient en harmonie avec l’environnement. La sociologie n’est pas un discours idéologique ou apologétique ; elle est une analyse des pratiques sociales dans leur historicité et leurs contradictions. Par pratiques sociales, j’entends l’interaction entre les hommes dans la vie de tous les jours, à travers les institutions que sont les entreprises, les administrations, l’école, l’université, les hôpitaux, la famille, le voisinage, les associations, etc.

Toutes ces interactions se fondent sur des représentations qui leur donnent leur légitimité et leur pertinence. Or la modernité à laquelle nous avons aspirée, a détruit les structures sociales antérieures que nous semblons incapables de maîtriser. Chacun de nous, pauvres ou riches, exprime un malaise, en ayant le sentiment que la « vie normale » se déroule ailleurs. Cet ailleurs mythique, source de frustrations individuelles et collectives, est l’expression de notre incapacité à nous organiser pour profiter des vastes potentialités humaines et naturelles de ce pays. Le Tchadien vit un malaise profond et un désespoir total dont les causes sont objectives, renvoyant à la crise profonde et globale du lien social, perceptible dans la violence politique, et aussi dans les formes brutales des rapports entre individus dans la rue, dans l’entreprise, entre fonctionnaires et administrés, dans les familles, entre frères, entre frères et sœurs, bref une crise dont l’origine est à rechercher dans la formation des classes sociales et la naissance de l’individu. Elle marque le passage d’une forme de sociabilité à une autre, une sociabilité incarnée jadis par l’oncle généreux et le voisin solidaire à une sociabilité désincarnée, asséchée, et qui ne répond qu’a l’injonction de l’argent. C’est l’argent qui aujourd’hui remplace l’affabilité de l’oncle, la générosité du cousin, la disponibilité du voisin et la solidarité des gens anonymes. Ceci indique que la société Tchadienne est en cours de formation et que l’individu mesure désormais son effort sur le critère monétaire qui structure le lien social sur le donnant-donnant et « les eaux glacées du calcul au comptant ».La crise provient de ce que le nouvel ordre social se construit dans l’anarchie, dans le rapport de forme et dans la brutalité, sans que les individus aient conscience de ce qui leur arrive. ON se plaint de ce que X a changé, ou que Y a perdu le sens des valeurs ou que Z n’a rien de son père. Certains disent que DIEU a été oublié, d’autres disent que peut être Dieu à maudit TOUMAÏ. Et pourtant les mosquées et les églises sont aussi pleines que par le passé.

Sans nier l’intérêt individuel, la société traditionnelle, celle de la génération de nos parents et grands-parents, a toujours su canaliser l’appétit pour les richesses matérielles par les valeurs morales, le sens de l’honneur, le nife, etc. Aujourd’hui, l’échange monétaire, l’urbanisation et le salariat ont libéré les logiques de l’intérêt individuel. L’évolution de la structure morphologique, malgré des résistances bien réelles, est portée par un individualisme imposé par les formes d’organisations des sociétés occidentales : Une chambre pour famille conjugale, salariat, voiture etc. Important cette morphologie, sans qu’elle n’ait le choix, le Tchad n’a pas mis en place les institutions et le droit qui vont avec cette dernière.

Interface entre les familles Tchadiennes et le marché international, l’Etat est pris d’assaut par les réseaux de corruption que favorise la structure néo-patrimoniale du régime dans lequel des castes sont au-dessus des lois. Détenir une position dans l’appareil de l’Etat, particulièrement dans l’armée, la douane, les services des impôts, dans le service de marché public et récemment au ministère de contrôle d’Etat et de moralisation, c’est s’assurer une place stratégique dans le noyau de l’économie basée ces dernières années sur la rente pétrolière, or les secteurs traditionnellement créateurs de richesses de ce pays ont connu un recul énorme.  Certes la corruption n’est pas propre à la culture Tchadienne ; mais elle est une tendance naturelle dans toutes les sociétés individualistes, que la modernité a neutralisée par l’autonomie de la justice et la liberté de presse. Dans l’économie rentière que nous connaissons tous, ce qui est consommé par une famille est retiré à une autre, selon le modèle du jeu à somme nulle. C’est ce qui explique la corruption à tous les niveaux de l’appareil de l’Etat et aussi la dureté des rapports dans la vie quotidienne marqués par la jalousie, avec ce sentiment que le voisin ou le collègue du travail a pris la part qui ne lui était pas due. En un mot, économie rentière a peu de chance de donner naissance à une société civile où le pouvoir économique se sera émancipé du pouvoir politique. Cette théorie est confirmée par l’expérience historique des sociétés civiles occidentales, expérience qui montre en outre que le développement économique suppose que l’autorité soit publique et institutionnalisée et que le pouvoir soit séparé en branches exécutives, législatives et judiciaires. C’est à ce prix que les occidentaux sont sortis de l’état de nature de Hobbes pour construire l’espace public de l’Etat de droit. Avant de voir si le Tchad a les moyens de cette évolution.

Que Dieu bénisse le pays de TOUMAÏ

Adam Abdramane Mouli alias Djidda

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