Situé entre la radio FM-Liberté et le commissariat du 7e arrondissement, le centre Don Bosco est l’un des cadres rassembleurs des jeunes de N’Djamena, capitale tchadienne. Nous publions le deuxième article d’une série sur les lieux de Culture N’Djamenois. Reportage.

Un léger froid sévit dès 8h ce matin devant la guérite du Centre Don Bosco sis au quartier Abena dans le 7e arrondissement. En face de l’Avenue Jacques Nadjingar, il est difficile de traverser à cette heure de pointe. Travailleurs du secteur public et privé ainsi que les « débrouillards » s’entremêlent sur cette prestigieuse voie. Chacun cherche à atteindre son lieu de travail. Forçant un peu la traversée de l’avenue, nous voilà arrivés à l’accueil. Les agents nous donnent de badges visiteurs, Covid-19 oblige, on se plie aux rituels de lavage des mains. Dans la cour réservée aux sports, élèves et professeur d’Éducation physique et sportive jouent au football et basket-ball.

Père Marius Jiojo, la cinquantaine révolue, cheveux grisollant nous reçoit. Il est le directeur du Centre Don Bosco (CDB) de la ville. « Le CDB a été inauguré en 1999 en présence de l’ancien Archevêque de N’Djamena, Monseigneur Charles Vandam. A l’origine dit-il, le centre Don Bosco devait être installé à Mongo, grande ville du centre du pays », affirme le directeur. L’Objectif majeur du CDB est : la formation professionnelle et humaine des jeunes. Le CDB s’est implanté aussi dans d’autres villes. Notamment à Sarh, Doba et Mandalia. Pour être plus efficace, en 2009, le centre s’est transformé en association. « Beaucoup d’artistes et joueurs de football en vogue ont commencé tout jeune ici à Don Bosco », dit père Jiojo.

Dans l’enceinte du centre, des jeunes filles et garçons suivent différentes formations. Certains suivent une formation en informatique et en couture. D’autres élèves du secondaire, primaires et maternelles, poursuivent des études ordinaires. Le Lycée et collège du Centre Don Bosco créé en 2013. Il a aujourd’hui un effectif d’au moins 900 élèves. En 2020, la 1re promotion des bacheliers a fait son entrée à l’Université.

Noubadoumbaye, est en formation de couture. Il est envoyé par l’ONG Handicap International. « Ce métier va répondre à nos besoins. Nous avons fait déjà 2 mois de formation et l’évolution est bonne. Nous avons appris le découpage des tissus, son assemblage et enfin la couture. Le rythme de la formation est bon. Nous avons un bon formateur », dit l’apprentis couturier.

Noubadoumbaye souhaite avoir un stage de perfectionnement à la fin de sa formation. Pour le formateur, M. Koyoumta Raymond, certains apprentis sont envoyés par des ONG comme Handicap International et UNHCR. D’autres sont venus à titre personnel. « Ce sont des apprentis qui n’avaient au premier jour aucune connaissance de la couture. Depuis qu’ils sont ici, 2 mois en tout, leur progrès me réjouit. J’ai confiance qu’en 6 mois comme prévus, ils auront maîtrisé beaucoup de choses », dit-il.

Penser aux jeunes

Selon le père Jiojo, la formation professionnelle des jeunes est à la raison d’être du Centre Don Bosco. L’encadrement des apprentis dure 9 mois. Trois promotions formées sont déjà sur le marché d’emploi. Les domaines de formation sont variés. Il y a la couture, l’informatique, le secrétariat bureautique, la cuisine, l’électronique, l’électricité bâtiment, le solaire, etc. « Nous pensons grand. Ce qui nous préoccupe ce sont les besoins des jeunes », dit-il.

Pour les responsables du CDB, la plupart des pays adoptent des politiques de retour à la terre, c’est-à-dire à l’agriculture. Le Centre estime qu’au Tchad, la terre ne manque pas. Mais il faudra innover, faire quelque chose de différent. Sortir de l’agriculture ordinaire. « Il faut faire de l’agrobusiness.  Travailler la terre, élever les animaux, transformer les produits pour donner de la valeur ajoutée et être à mesure de les commercialiser », dit le religieux. 

Moyalbaye Nadjasna

Les agents de la Police municipale et de la protection civile ont donné un coup de balai aux différentes avenues de la ville de N’Djamena, capitale tchadienne. Une action citoyenne qui surprend. Reportage.

Une présence inhabituelle pour une action citoyenne. Alors qu’on les croyait seulement dans les marchés et lors des incendies, les éléments de la Police municipale et de la protection civile ont opté pour une action citoyenne ce 21 novembre. Munis des balais, des pelles et des brouettes, ils ont nettoyé la rue Alifa Zezerti dans le 3e arrondissement et d’autres avenues de la capitale. Action qui a surpris plusieurs citoyens du 3e arrondissement.

Selon le directeur de la Police municipale, Colonel Adamou Brahim Maina, son équipe a répondu à la sollicitation de la direction de l’assainissement de l’environnement et de la Santé de la Mairie de N’Djamena. « Nous sommes venus en renfort aux agents en charge de l’assainissement de la ville de N’Djamena », déclare-t-il. Intervenu de gré ou sur sollicitation, Colonel Adamou croit que le déploiement de son équipe pour l’assainissement des avenues ne doit pas être perçu comme un événement extraordinaire. « Ce n’est pas un fait du hasard. Ça fait partie de notre boulot et les textes qui nous régissent font mention de ce devoir », dit le patron de la Police municipale. Il rassure de la disponibilité de ses éléments à répondre promptement à toute autre invitation.  

Gadngar Roasnan Rodrigue est le directeur de l’assainissement de l’environnement et de la santé à la Mairie de N’Djamena. Il explique que l’activité qu’a entreprise son département ce samedi s’inscrit dans la suite logique de la journée de la salubrité instaurée depuis longtemps par la Mairie de la ville. La particularité, dit-il, est la mobilisation des agents de la protection civile et de la Police municipale. Pour lui, les fêtes de fin d’année approchent et N’Djamena doit faire peau neuve. D’autres activités seront menées à part le nettoyage des rues. « Il y aura l’embellissement de la ville. Déjà les jeux de lumière sont en train d’être installés sur les grands artères », dit Gadngar. 

Depuis un certain temps, les autorités municipales sont en guerre contre l’insalubrité. La journée de samedi est décrétée journée de salubrité dans les marchés et les quartiers. Mais cette journée ne semble pas être exécutée comme il se le doit. « Nous ne cesserons jamais de déplorer l’incivisme de la population. Voilà nous sommes en train de nettoyer, mais cela n’a pas suscité l’engouement de la population riveraine. Normalement elle doit se mobiliser pour nous accompagner », déplore le directeur de l’assainissement. La population, de son côté, pointe plutôt le manque de sensibilisation. « La Mairie devrait sensibiliser les associations des jeunes des quartiers. Elles, à leurs tours, vont sensibiliser les ménages. C’est ainsi qu’on se peut mobiliser », dit Youssouf Haroun, un jeune du quartier Blabine. 

Christian Allahdjim

Entre le futur grand hôtel Palace Toumaï, la future cité internationale des affaires sur le Boulevard François N'garta Tombalbaye et l’École Nationale Supérieure des Travaux Publics (ENSTP) sous le soleil ardent, dans la chaleur suffocante et la poussière, les concasseuses sont là, assises, silencieuses. Dans des gestes presque mécaniques, elles cassent du béton le réduisant en briquaillons. Un travail harassant pour joindre les deux bouts. Et pouvoir élever leurs enfants dans la dignité. Ialtchad Presse vous amène en immersion chez des concasseuses. Reportage. 

Fatimé, l’air détendu, étale ses matériels de travail. Un marteau et un seau. Son métier : concasseuse. Elle y exerce depuis 15 ans. Regard endurci, mais le sourire présent, elle nous reçoit en cette matinée froide du mois de novembre. Surnommée la doyenne par ses collègues, Mme Fatimé, la soixantaine est la cheffe d’une quarantaine de femmes qui travaillent sur ce site.

Chaque matin, en compagnie d’une petite fille, elle vient sur le site gagner sa vie. Toute la journée, marteau en main, elle casse du béton pour vendre comme du gravier. Elle a commencé quand la vente du son de mil ou de maïs qu’elle a entreprise ne lui rapportait rien. Elle embrasser alors le concassage. Elle a commencé sa carrière sur un site derrière le lycée Félix Éboué et le stade Idriss Mahamat Ouya. Elle a fini sur le site de la construction de la cité des affaires.

Mme Mariam exerce également dans ce domaine. La cinquantaine révolue, 7 ans d’activité, explique comment elle s’est retrouvée dans ce métier. « Tout est parti après le décès de mon mari. Les membres de ma belle-famille m’ont jeté, moi et ma fille, à la rue. Je ne savais quoi faire pour que moi et ma fille puissions manger. J’ai décidé de venir casser les morceaux des bétons pour revendre », dit-elle posément

Travail pénible

Ces femmes concasseuses tirent leurs revenus de ce pénible métier. Elles s’installent comme elles peuvent sous des petites tentes de fortune, d’autres sous des parasols, elles sont exposées à tous risques sanitaires. À toutes les intempéries. Une vie de souffrance, de lutte pour la survie.

D’abord, il y a les rayons solaires qui brûlent leurs peaux tous les jours avec son cortège des maladies. Ensuite l’inhalation de la poudre que dégage le béton est aussi source de maladie.

Enfin, travailler marteau à la main toute la journée, à frapper du béton de manière répétitive, encore et encore est la recette parfaite à la fatigue du corps et de l’esprit. Et surtout, le revenu ne suit pas la pénibilité du métier. 1 sac de béton concassé coûte 1 000 F CFA. De plus, en cette période de crise économique et sanitaire, l’écoulement du produit sur le marché est difficile. L’industrie du BTP est à l’arrêt. « C’est très difficile maintenant de vendre 1 sac de gravier. Avant on vendait 4 à 5 sacs par jour. Mais avec cette double crise, rien ne marche pour nous », se plaint Fatimé.

Grâce à une association, des parasols ont été distribués. D’autres promesses leur ont été faites, mais jusque-là non réalisées. « L’année passée, il y a une organisation qui est venue nous recenser, mais jusqu’aujourd’hui, cette organisation n’est pas revenue », dit Mme Fatimé. Il n’y a pas longtemps, le Ministère de la Formation professionnelle et des Petits Métiers a suggéré aux concasseuses de contracter des crédits destinés à la promotion de la femme dans les entreprises. Mais pour les concasseuses, c’est une suggestion hors de leur réalité. « Nous ne sommes que des démunies et nous n’avons aucune garantie à offrir pour obtenir des crédits », disent-elles en chœur. L’idée des autorités est d’amener ces femmes à abandonner ce métier à risque et se tourner vers des secteurs plus prometteurs. « C’est bien beau, mais le risque de remboursement est élevé. Prendre ce crédit, c’est courir le risque de finir en prison », dit la doyenne Mme Fatimé.

Christian Allahdjim
Djilel-tong Djimrangué

Les inondations du mois d’août passé l’avaient rendu inhabitable, le carré 41 d’Amtoukoui peine à se reconstruire. Et la plupart de ses résidents ne sont pas revenus bien que le carré se repeuple peu à peu. Ialtchad Presse est allé constater. Reportage.


Après la pluie, le beau temps dit une maxime. On est tenté de dire, après l’inondation, la réinstallation. C’est le cas au carré 41 du quartier Amtoukouin dans le 8e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne.

Ce n’est plus le carré inaccessible avec des rues et maisons inondées de tout bord et vide de ses habitants lorsque Ialtchad Presse a fait une série de reportages, il y a trois mois. Cette fois, le carré 41 est bien sur la terre ferme. Les routes un peu plus fréquentables. Et les maisons ou ce qui en reste, plus ou moins habitables. Les restant des eaux stagnantes se sont évaporées.  Mi-août, les eaux de pluie ont plongé les habitants dans un cauchemar. Ils étaient contraints d’abandonner leurs habitations. Aujourd’hui, le carré reprend vie peu à peu et se reconstruit.

Reconstruction

Tout est calme dans le carré 41 ce 17 novembre. Rues et ruelles sont presque vides, quelques passants pressent les pas. Aux devantures de certaines maisons, quelques habitants prennent un bain de soleil. Certaines boutiques également ont ouvert. À l’angle d’une rue, un cabaret a rouvert ses portes. Les clients se font rares. Le carré tente à nouveau de reprendre vie sans toutefois retrouver son rythme d’antan. Dans beaucoup des ménages, c’est encore le vide. La plupart des résidents se sont réfugiés ailleurs. Carré fantôme. Sur place, l’heure est à la reconstruction et à la rénovation.

Djibrine Mahamat avait perdu les 4 chambres de sa modeste demeure lors des inondations. Aujourd’hui, il n’a pas les moyens de les reconstruire. Il s’est démené à construire trois chambres de fortune en tôles recyclées. Un véritable bric-à-brac. Bâtir des maisons en tôles c’est le modèle que plusieurs familles ont choisi en raison de leurs moyens financiers très limités. « Construire une maison nécessite des moyens financiers conséquents. Mais tel que vous me voyez, je ne peux faire qu’avec les moyens de bord pour le moment », dit M. Djibrine. Les familles récupèrent les tôles et les chevrons de ses chambres écroulées à la place des briques. Plusieurs ménages le font.

Devant une maison ravagée par les eaux et clôturée par des tôles, un groupe de jeunes d’une famille se repose. Ils viennent de fabriquer des briques sur les débris de leurs maisons écroulées. Ils ont préféré eux-mêmes constituer la main d’œuvre que de faire dépenser la famille.  Avec ces briques en terre battue, ils vont reconstruire leurs toits pour que vive leur famille.

Un peu partout dans le carré, le temps est à la reconstruction et à la rénovation. Ceux qui sont un peu nantis engagent leurs chantiers de reconstruction. Par contre, les mieux lotis et mieux nantis sont dans la rénovation. Renforcer la fondation des maisons et remblayer la cour des concessions.

La réinstallation semble difficile pour certaines familles. Elles déplorent la non-assistance des autorités durant les inondations et après les inondations. « Nous n’avons vu personne ni du gouvernement ni de la commune venir s’enquérir de notre situation », dit une dame installée dans une chambre de fortune sur les débris de sa maison. Selon les retournés, cette situation a obligé plus d’un d’entre eux à choisir exil de leur carré, le temps de se refaire une santé financière et faire face à la reconstruction ou à la rénovation. Toutefois, la plupart des maisons sont restées encore cadenassées.

Prévenir 

Pour éviter qu’une autre catastrophe frappe encore le carré 41, un ingénieur en génie civil résident au quartier suggère au gouvernement de commencer déjà à étudier les possibilités de construire les canaux pour évacuer les eaux. « C’est le moment d’engager des ingénieurs pour la levée topographique du quartier. Ce qui s’est produit doit interpeller nos autorités », dit-il.

Christian Alladjim
Orthom L’O

La ville de Koumra est créée en 1962. Elle est comme posée en pleine savane comme un cordon qui relie deux villes historiques, Sarh et Moundou, du grand sud. Le chef-lieu de la province du Mandoul est à 680 km de la capitale, N’Djamena. Ialtchad vous amène à la découverte de cette ville de 75 000 âmes réparties dans 10 quartiers.

Samedi 7 novembre 2020, Koumra accueille le chef de l’État, Idriss Déby Itno. La ville a changé de décor. Les grands axes sont aux couleurs nationales. Des effigies du Maréchal du Tchad et des banderoles sont placées sont partout : aux carrefours et devant certains bâtiments publics. Elles souhaitent toute bienvenue au président. La capitale provinciale du Mandoul est prise d’assaut par les forces de sécurités. A 10 heures tout s’accélère. Tout devient intense. Même la circulation. « La ville est devenue bizarre, il y a trop de mouvements, je préfère rentrer pour éviter les accidents », lance une habitante, visiblement habituée au calme de la ville.

A midi, la grande voie bitumée qui longe le marché moderne est prise d’assaut par les habitants de la ville, en majorité de jeunes. Placés des deux côtés du « goudron », tous attendent l’arrivée du président de la République. « Ce sont des jeunes qui se cherchent et qui sont toujours au-devant de la situation. Ici les femmes sont laborieuses. Elles ne baissent jamais les bras. La ville regorge plusieurs groupements féminins. Koumra est en train de s'agrandir. Nous avons bénéficié de 18 km de route bitumée. Une promesse de 12 autres km nous attend. Notre ville est une ville laborieuse, cosmopolite où il fait bon vivre », dit le maire de la ville, Guidimbaye Madjiro Christian.

Mais quelles sont les potentialités de cette ville qui accueille le chef de l’État ?

D’abord, il y a une myriade de groupements qui créent des activités génératrices de revenus. Elles sont d’excellentes gestionnaires de ces organisations. Les jeunes s’y accrochent et font pieds à pieds leur place. Ville agricole, Koumra est réputée pour son karité et son sésame de qualité supérieure. Même s’il n’y a pas de données officielles sur la capacité de production annuelle, il est reconnu que c’est la province du Mandoul qui approvisionne les autres provinces du pays, surtout en Karité. Le président Déby Itno, lors de son séjour, a promis aux femmes d’industrialiser ce secteur. Les cultures du karité et du sésame rapportent beaucoup de revenus à la population, même si l’exploitation de ces ressources est encore informelle et artisanale.

Longtemps caricaturée comme la ville « aux voleurs coriaces », aujourd’hui elle respire la quiétude. Le maire de la ville se veut rassurant, « C’était faux. Et même si c’était vrai cela est maintenant un phénomène disparu, parce que les forces de sécurité se mettent au travail. Il y a toujours des brigades qui font des patrouilles partout dans la ville, ce qui fait que l’insécurité est maîtrisée. Nous remercions beaucoup les forces de sécurité pour leurs efforts dans ce domaine. Nous, hommes politiques natifs de cette ville nous avons toujours demandé aux jeunes de travailler la terre plutôt que de voler ».

S’il y a bien un autre phénomène qui gangrène la ville de Koumra et toute la province du Mandoul, c’est l’excision. Le président Deby Itno, « je m’adresse directement aux chefs traditionnels, aux chefs religieux, aux cadres du Mandoul et particulièrement à nos sœurs et femmes exciseuses en disant : il faut arrêter. Il faut arrêter définitivement cette pratique moyenâgeuse ». Des instructions sont données séance tenante pour traduire en justice ceux qui se livrent encore à cette pratique.

Le lendemain, la ville s’est réveillée dans le calme. Plus d’agitations. Finie l’effervescence. Le président et sa délégation ont mis le cap vers une autre ville du pays.

Maurice N’gonn Lokaar

Le Projet d’appui aux réfugiés et communautés d’accueil (PARCA) a été lancé le 8 novembre dernier à Koumra, chef-lieu de la province du Mandoul, par le chef de l’État, Idriss Déby Itno.  Ialtchad Presse a rencontré le coordonnateur national du projet, Japhet Doudou Beindjila, revient sur le bien-fondé de l’initiative. Entrevue.

Bonjour, monsieur, le coordonnateur national ! Qu’est-ce que le Projet d’appui aux réfugiés et communautés d’accueil ?

C’est un Projet d'appui aux réfugiés et aux communautés d'accueil. C’est une initiative du gouvernement de la République du Tchad qui a bénéficié de l'appui financier et technique de la Banque Mondiale pour aider les ménages vulnérables qui sont autour des camps des réfugiés et également les réfugiés eux-mêmes. L'idée c'est de faire en sorte qu'il y ait un équilibre entre les réfugiés et les communautés hôtes. Depuis toujours, les réfugiés ont bénéficié de l'appui de tous les partenaires. La Banque Mondiale et le gouvernement ont réfléchi. Et ils ont constaté un déséquilibre. Il fallait corriger cela à travers le PARCA. Le but est de diminuer les tensions autour du partage des ressources naturelles entre les réfugiés et les communautés hôtes.

Pourquoi avoir choisi la province du Mandoul ?

C'est simplement parce que nous avons également des réfugiés dans le Mandoul, à Moïssala. Mandoul fait partie de la province qui appuie le projet. Comme je le disais, l'idée c'est d'amener le changement au sein des communautés hôtes qui sont autour des camps. Les Tchadiens ont beaucoup souffert de cette crise des réfugiés qui a envahi le Tchad depuis quelques années. Ils sont là sur le sol tchadien, on a utilisé les mêmes ressources, les Tchadiens ont tout donné pour les réfugiés. Maintenant ils sont devenus plus pauvres que les réfugiés. Donc il faut corriger ce déséquilibre. Et apporter un appui aux Tchadiens qui ont accueilli leurs frères réfugiés de la Centrafrique, du Soudan etc.

Quels sont les domaines d'intervention ?

Il y a deux composantes clés. La première composante est le renforcement des infrastructures communautaires. Le projet va investir dans la construction des écoles et des centres de santé, des châteaux d'eau pour renforcer la communauté hôte. Nous allons également construire des écoles dans les camps des réfugiés et là où il y a un besoin. S'il n'y a pas de besoins, nous allons faire tous ces investissements dans les camps donc ce sont les Tchadiens qui vont bénéficier de cet appui.

La deuxième complaisante est le transfert monétaire non conditionnel. Ce sont les filets sociaux. Sur la base des enquêtes que nous réalisons, nous arrivons à identifier les ménages vulnérables, c’est-à-dire pauvres. Dans le Tchad profond, vous trouverez des gens qui vivent dans des difficultés. Ce sont ces gens-là qui sont nos cibles. Le PARCA s’attaque à leurs problèmes, on essaie d'apporter des ressources financières directes. C'est de l'argent qu'on donne à la communauté, en raison de 45 000 FCFA par trimestre. On donne à chaque ménage qui est identifié et sélectionné. Nous avons une base de données, sur la base d'une enquête. Nous avons eu à la phase pilote. Les résultats sont très encourageants. Tous ceux que nous avons appuyés, 96% sont des personnes démunies. C'est l'étude qui a montré cela. Et c'est cela qui nous encourage. L'appui continu des plus hautes autorités est présent et nous exécutons leurs orientations.

D’autres provinces sont concernées par le projet ?

Nous intervenons dans 7 provinces du Tchad, là où il y a les réfugiés, dans un rayon de 25 kilomètres à savoir : Logone oriental, Ouaddaï, Lac, Wadi Fira, Ennedi Est, Moyen Chari et Mandoul. En ce qui concerne la proportion de financement, nous appuyons à 70 % la communauté hôte et 30 % pour les réfugiés.

Important à savoir : d’un montant global d’environ 67,5 milliards de FCFA, le PARCA couvre, à travers les programmes Filets sociaux, 130 000 ménages pauvres et vulnérables. Ces derniers sont bénéficiaires des transferts monétaires non conditionnels et des subventions d’activités productives, dont 18 800 ménages vulnérables de la province du Mandoul.

Entrevue réalisée par Maurice N’gonn Lokaar

Les quartiers Walia et Toukra dans le 9e arrondissement ressemblent à des îles en plein cœur de N’Djamena. En cause la crue du fleuve Chari et du Logone.  Ialtchad Presse est allé le constater. Reportage.

Walia. Carré Ngonba dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Un silence de cimetière y règne sur ce carré qui abrite l’ex cimetière Sud de N’Djamena. Quelques maisons abandonnées se dressent au milieu des eaux. A l’entrée de l’ex cimetière, quelques jardiniers s’activent à arroser et planter des légumes. À côté d’eux, des manœuvres chargent une benne de sable.

L’air frais qui souffle en cette matinée du 13 novembre sur le carré Ngonba semble ne produire aucun effet sur Pabamé. Pantalon noir replié jusqu’aux genoux, t-shirt noir aussi, il s’active à renforcer le barrage autour de sa concession. L’eau y est déjà entrée, mais stoppée grâce à une petite digue faite des briques. Depuis le début de la semaine, les eaux du fleuve Chari ont débordé de leur lit et se sont déversées sur le carré. Ngonba s’est retrouvé brusquement inondé. 

Les eaux rendent l’accès difficile à la concession de Pabamé, notre conversation s’est tenue à distance comme au temps des Sao. La légende raconte que les Sao, hommes de grande taille, pouvaient communiquer entre eux sur des kilomètres. Selon M. Pabamé, depuis douze ans qu’il habite le coin, c’est la première fois que les eaux du fleuve ont débordé pour atteindre ce niveau. « Cela ne s’est jamais produit depuis que je vis ici. Les anciens du coin disent que c’est un phénomène qui se répète chaque 10 ans », dit-il. Les voisins de M. Pabamé se sont réfugiés dans d’autres quartiers. Même une partie de l’ancien cimetière s’est retrouvée sous les eaux. Malgré tout il est resté avec sa famille sous les eaux. « Je suis le seul à rester malgré l’inondation. Mais là je vois d’autres voisins qui ont commencé à regagner leurs demeures », fait-il observer.

Pour bloquer l’écoulement des eaux du fleuve au quartier, les habitants de Ngonba se sont mobilisés pour construire un barrage sur les berges du Chari. « C’est ce qui a ralenti la montée des eaux. Le niveau d’eau a commencé à baisser », affirme M. Pabamé. 

Toukra. Le même scénario se dessine. Les eaux du fleuve Logone ont débordé pour se déverser également dans les quartiers Dingangali, Ngueli, Ngoumna, etc. Les quartiers comme Dingangali et Ngueli ont été évacués simplement. Ses habitants ont été relogés sur le site de Toukra. A Ngoumna par exemple, la résistance s’organise encore grâce à des digues. Vers Toukra, les maisons qui ne sont pas inondées sont encerclées par les eaux obligeant les résidents à vivre comme sur une île.

Cohabiter avec les eaux

Madjirangué Aristide, habite Gardolé Djedid près de 3 ans déjà. Bottes au pied, il marche en direction du goudron. Il doit se rendre en ville pour quelques courses. Bien que sa cour ne soit pas inondée de l’intérieur, à la devanture déjà il faut plonger les pieds dans l’eau.  Chaque jour, il faut marcher dans les eaux pour rejoindre la grande voie. « C’est fatigant la marche dans l’eau. Mais on n’a pas le choix », se lamente-t-il. Lui aussi dit que ce phénomène se répète à chaque 10 ans. « Depuis 2012, c’est cette année que ça se reproduit ». Mais précise-t-il, ce n’est pas avec la même ampleur. « Pour la première fois, c’était à une faible intensité. Mais cette fois, c’est inquiétant. » Justement, le niveau d’eau ne fait qu’augmenter de jour en jour. Cependant, souligne Aristide, il n’y a pas des maisons écroulées dans son secteur. « Heureusement qu’ici il n’y a que des maisons en dur. Sinon cela allait très grave. »

Malgré le niveau d’eau qui ne fait qu’augmenter, certains habitants ont préféré être des insulaires en cohabitant avec les eaux. Ils refusent d’abandonner leurs maisons et leurs biens à la merci des voleurs. Le vol a augmenté dans les différents quartiers inondés. Pour assurer la sécurité de leurs biens, certains pères de famille évacuent les progénitures et gardent la maison à la nuit tombée.

Walia et Toukra sont pris en sandwich par les eaux du fleuve Chari et Logone plongeant les populations dans le désarroi.  Tout porte à croire que la fin de leur calvaire n’est pas pour demain.

Christian Allahdji

Le début du mois de novembre marque la période de fraîcheur au Tchad. Dans les marchés de la capitale, N’Djamena, les prix de vente des blousons et pulls grimpent vertigineusement. Reportage.

10h30 mn. Après la salubrité du samedi, à l'entrée nord du grand marché « Soukh Kabir » de N’Djamena, les commerçants s'agitent pour étaler leurs marchandises. À cause de la salubrité décrétée chaque samedi par la Mairie de la ville de N’Djamena, les marchés et les boutiques ouvrent à 10 heures seulement. Un peu plus loin, du côté ouest chez les vendeurs des friperies, on discute entre clients et vendeurs.

Ali est un commerçant des friperies. Il vient de déballer quatre ballots d’habits. Sur les quatre, trois sont uniquement pour les blousons et les pulls. Il explique que c’est la période et ces types de vêtements sont les plus sollicités. Femmes, hommes, et jeunes entourent son étal. D'un air joyeux, il fait la publicité pour attirer plus de clientèles, il vend à la criée « le froid arrive, venez chercher les habits pour vos enfants et pour vous, vous ne les trouverez pas demain. »

Prix en hausse

Les clients cherchent parmi les montagnes de blousons pour tirer le bon choix. Après avoir choisi, ils discutent le prix. Les clients crient à l’inflation des prix. « Il ne fait pas encore vraiment froid, mais le prix des blousons est très élevé », dit une mère. « Pour un enfant de 2 ans, le vendeur me dit, le dernier prix est à 2 500f. J'ai trois enfants de 2 à 10 ans, il me faut au moins 10 000f pour avoir leurs blousons. Je n'ai pas cette somme alors je laisse tomber », explique une mère de trois enfants rencontrées au marché.

Djabo Remy, un père de famille, est l'un des clients de M. Youssouf, vendeur des blousons au marché central. « J'ai deux petits garçons, l'aîné part à l'école et le petit a 1 an et demi. Pour cette période, je dois les habiller chaud ». Mais s'inquiète-t-il, « le prix est vraiment élevé, j'ai prévu acheter 4 blousons pour eux, mais là je n’ai pris que 2. Ça m'a coûté 6 000 f. »

Certains clients s’emportent à cause des prix « c'est toujours comme ça avec les commerçants. Ils sont prêts à profiter d'une occasion et comme ils savent que les clients sont dans le besoin, et qu’ils sont obligés d'acheter malgré le prix. Ce sont les profiteurs ». D’autres s’aventurent dans d’autres marchés de la ville. « Le grand marché est pour les riches. Moi j'irai voir ailleurs. Le prix n'est vraiment pas abordable ici », dit une jeune mère.

12h15mn. Marché de Dembé, dans le 6e arrondissement de N’Djamena. C'est un marché populaire très fréquenté. Dans les allées des vendeurs des blousons, il y'a un attroupement devant une boutique. Dans ce couloir, l’ambiance bon enfant y règne. Jeunes comme vieux fouillent dans le ballot des habilles. Dans le souci de faire un bon choix les demande l'avis des autres, « s’il te plaît madame, est-ce que mon choix est bien ? Est-ce qu'un enfant de tel à tel âge peut porter ? » Ce sont les questions que les clients se posent.

Après le choix, c’est l'étape de la discussion du prix au commerçant. Hamadou demande les prix de ces choix. Dans un visage serré, le commerçant lui communique les prix. Étonné par la hausse du prix, Hamadou réagit aussitôt « c'est parce qu'il commence à faire froid. C'est quoi le problème ? ». Déterminé à acheter, il discute longtemps avec le vendeur et pour finir, ce dernier a demandé à Hamadou d'aller voir ailleurs. « Pour trois blousons, j'ai dit 5 000f et il me dit d'aller voir ailleurs.  Je viens tenter ma chance dans d'autres boutiques ».

À côté de Hamadou, un père de 6 enfants dit n’avoir pas d’autres choix que d’acheter ces blousons. Il explique qu’il avait remis 10 000f à sa femme pour l’achat de ces habits contre le froid. Malheureusement madame est rentrée les bras ballants disant que le budget était insuffisant. « Je ne l’ai pas crue. C’est pourquoi, je suis venu au marché moi-même pour constater je suis face à la réalité. J'ai utilisé 15 000f pour avoir 6 blousons pour mes enfants », dit-il.

Comment se protéger du froid ?

Selon Dr Madjimbaye Todjimngar Séverin, coordonnateur à la Clinique La Melina, le froid est défini comme une baisse de la température ou absence de la chaleur. Toujours selon lui, ce phénomène naturel a son côté positif et négatif. 

Selon Dr Séverin, le côté positif ce que le froid aide à mieux dormir, à améliorer la circulation sanguine, à réduire la douleur dans le corps. Le côté négatif, Dr ce que le froid expose à des pathologies virales d’origine respiratoire. Il conseille aux personnes âgées différentes astuces naturelles qui consistent à : se couvrir tout le corps avec de préférence des habits en coton, porter des bonnets, des gants et des chaussettes. Il conseille également de s’hydrater suffisamment avec des boissons tièdes telles que les tisanes au détriment des jus de fruits. Pour Dr Séverin le sport est un bon moyen pour lutter contre le froid. La nuit, précise Dr Séverin, il est un impératif de bien fermer les portes et les fenêtres ainsi que tout trou pouvant permettre à l’air de pénétrer dans la chambre. L’utilisation des crèmes hydratantes empêche la pénétration du froid par les pores, dit-il. À ceux qui ont des enfants, Dr Séverin leur conseille d’appliquer des menthes à l’entrée des fosses nasales pour les empêcher d’inhaler de l’air frais. Mais également de les laver un peu tôt avec de l’eau tiède.

Pour les personnes vivant avec des maladies respiratoires, Dr Séverin leur demande de renforcer leur système immunitaire en buvant des tisanes et des boissons tièdes accompagnées de citron. Mais aussi de bien se couvrir le corps.

Christian Allahdjim
Orthom L’Or

Les eaux de pluie entraînent des déviations, ici et là il y des trous et tas de terre. Des secousses infernales fatiguent le corps. Et les voyageurs arrivent en compote à destination. Tel est le vécu des voyageurs qui prennent la route reliant Mongo à Am-Timane. Alors que la province du Salamat est considérée comme le grenier du Tchad, le manque d’infrastructure routière handicape le développement de la région. Reportage.

Un calme de cimetière règne, les rues ne sont désertées, personne en vue. Pourtant, le beau temps et une température d’à peine 32°C sont au rendez-vous. Un espace paradisiaque, tantôt des montagnes apparaissent, tantôt les plaines s’étend comme un tapis verre sur lequel les animaux pâturent. Nous roulons, la nuit tombe. Nous arrivons à Mongo, la capitale de la province du Guéra.

C’est l’aube. Le muézin appelle à la première prière de la journée. Comme de coutume, le véhicule doit s’arrêter pour permettre aux uns de prier et aux autres de se dégourdir les jambes. Un geste, deux mouvements, tout est fin prêt et nous reprenons le chemin. Direction : Am-Timane, capitale de la province du Salamat.

Il est 6 heures du matin. Notre cortège se met en branle. 270 kilomètres sont à parcourir. L’engouement et l’enthousiasme chez les uns, la curiosité et des interrogations, chez d’autres. Soudain, le véhicule roule sur la terre battue. De petites secousses, ensuite des grandes. On s’interroge : pourquoi ? « C’est la fin de la route bitumée », répond Abdelmadjid, le chauffeur.

Ici, commence un long trajet d’épreuves. « Un chemin de croix », dit Senoussi, un quinquagénaire originaire de la province. Il est un habitué de cette route.  Durant tout le trajet N’Djamena-Mongo, il raconte les merveilles d’Am-Timane. Mais à voir l’état de la route, l’incompréhension se lit aux visages. « Vous dites qu’Am-Timane est le grenier du Tchad et elle a une route pareille ? », s’interroge ironiquement Abdelmadjid. Senoussi tente de lui expliquer l’historique de la construction de cette voie.

La pose de pierre date de 2015 …

« C’est depuis 2015 que la pose de pierre pour la construction de la route Mongo-Am-Timane a été posée », explique Senoussi. Mais « jusqu’à présent, les travaux n’ont pas encore commencé pour des raisons que je ne sais pas », dit-il avec désarroi.

Un avis que partage Kaltouma, notre cheffe de bord. Elle est un ex-membre du Bureau Politique National du Mouvement patriotique du Salut (BPN-MPS), le parti au pouvoir. « La récession liée à la chute du prix du pétrole est la principale cause du coup d’arrêt de ce projet », dit-elle. Pendant ce temps, nous avançons lentement mais sûrement. Comme dirait le Roi Christophe, « Un pas, un autre pas, encore un autre, tenir à gagner chaque pas ». Nous faisons ici, un kilomètre, un autre kilomètre, encore un autre kilomètre et nous tenons à gagner chaque kilomètre. Il est 13 heures, nous arrivons à Aboudéya, ville à plus de 120 kilomètres de notre destination finale.

Le cortège s’arrête. C’est le Dhuhr, la deuxième prière musulmane. Abdelmadjid vérifie l’état de la voiture. Le soleil est à son zénith, la chaleur est accablante, les regards sont vides, les traits sont tirés de fatigue, c’est dans cet état que nous poursuivons notre chemin. Le dernier tour est, semble-t-il, amorcé. Du moins, l’on l’espère.

Crise financière et écroulement du grand pont

La seule crise financière due à la chute des prix du pétrole en 2016 n’explique pas tout, dit-on. Une autre raison explique le retard dans les travaux de construction sur l’axe Mongo-Am-Timane. Il s’agit de l’écroulement du grand pont d’Am-Timane.

Selon le chef de canton Hémat, Halata Attahir Hileon, l’écroulement du pont serait à l’origine de l’arrêt des travaux.  « On m’a expliqué que l’écroulement du pont à l’entrée de la ville serait la cause. Ce pont aurait été la cause de la déviation des eaux. Conséquence : les eaux de pluie se déversent dans la grande voie. Impossible alors de continuer les travaux. » Le mauvais état de la route est un « handicap pour l’économie de la province », affirme le Chef Attahir.

Économie paralysée

Le développement passe par les routes, dit-on. Des routes construites et entretenues. Ce n’est pas la Province du Salamat qui fera exception. Le manque des voies praticables dans la province est une barrière à l’essor de l’économie locale. Pour rappel, la province est considérée comme l’un des greniers du Tchad.  C’est la difficulté que rencontre Halimé, vendeuse de poissons. Elle exerce ce métier depuis une décennie.  « Nous avons assez de poissons frais qu’on ne peut pas acheminer vers Mongo ou N’Djamena pour écouler. Ces produits ne peuvent pas arriver en bon état. On ne peut pas aussi les conserver ici parce qu’il n’y a pas d’électricité. Nous sommes obligés de les faire sécher. Et même ça, nous n’arrivons pas à les envoyer en dehors de la province vu le mauvais état dans lequel se trouve la route », dit-elle.

Il y a plusieurs Halimé Tidjani dans le Tchad profond. « Un appel est lancé aux autorités compétentes de sortir cette population de l’enclavement interne, de l’isolement », conclut le chef de canton Hemat.

L’heure tourne, le moteur aussi. Il est 15 heures. Nous arrivons enfin à Am-Timane. 

Adelph Djekornondé

Décidé en 2009, le projet de construction de la Maison des médias du Tchad peine à se réaliser. Une initiative de la Présidence de la République décide de louer un siège temporaire, mais problèmes, il y a aujourd’hui cumul d’arriérés de loyer. Le propriétaire menace d’expulser les locataires. Reportage.

C’est dans une position inconfortable que sont les dirigeants de la maison des médias du Tchad. Ils croulent sous la pression des arriérés de loyers et d’expulsion manu militari.

Tout commence depuis les états généraux de la communication de 2009. Au sortir de cette grande messe des médias tchadiens, des résolutions ont été précises. Parmi laquelle celle de construire une maison de presse. « En 2009, les états généraux ont recommandé à l’État de construire une maison de Presse », dit François Dingames, ancien directeur de la Maison des médias du Tchad (MMT), proche du dossier.

Mais à cette époque, l’État n’avait pas construit cet édifice. Il ne pouvait pas. Seul alternatif : louer une maison pouvant servir temporairement de siège aux médias. « Depuis lors, c’est le président qui paie le loyer régulièrement. Chaque fois, on lui envoie une note de rappel et il paie », explique l’ancien directeur de la MMT.

Mais cette année (2009), des inquiétudes ont été émises çà et là. En effet, selon, Abderamane Barka, président du conseil d’administration de la MMT, lors de l’ouverture de la formation des filles et jeunes femmes journalistes, « un notaire a menacé d’expulsion les occupants ». La raison ?

Arriérés accumulés

« Cette année, nous avons envoyé la note, mais cela a coïncidé avec le Covid-19. Depuis lors, on a envoyé des lettres de relance, mais c’est resté sans suite. Normalement, chaque année, nous payons. Mais cette année, c’est l’absence de la subvention qui a fait défaut », dit François Dingames.

Le propriétaire est décédé. Et ses biens sont gérés par un notaire. Le notaire, après deux notes d’avertissement et un coup de fil, a opté en dernier recours à l’expulsion. « Ils nous a dit de nous acquitter des arriérés parce que les enfants du propriétaire ont des besoins financiers », affirme M. Dingames.

1 million de francs CFA par mois

C’est 1 million par mois qui est tiré du guichet unique afin de payer le loyer.  Depuis le mois de janvier, aucune somme n’a été versée. Ce qui constitue un cumul d’arriéré de presque onze mois. Soit 11 millions.

En une année, 12 millions sont payés rien que pour le local. Fort de ce constat, l’on se demande où en est la construction du siège ?

Et le projet ?

Les résolutions des états généraux de 2009 ne sont pas jetées aux oubliettes. La preuve : 20% du fond pour la construction a été versé cette année au trésor public. Mais malgré cela, d’autres obstacles se dressent.

« Ce qui nous manque maintenant, c’est le ministère de l’aménagement du territoire et de l’habitat. Ils nous ont donné une lettre d’attribution de terrain. Mais il manque une lettre qui précisera les dimensions. C’est au vu de cette lettre que les appels peuvent être lancés et démarrer la construction », dit l’ex-directeur.

Mbaidangrao Djekornondé Adelph

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