La reconduction du confinement de la ville de N’Djamena suscite des réactions. Beaucoup se disent déçus par cette décision.

Avec la nouvelle vague de contamination de la Covid-19, le gouvernement a pris des mesures drastiques afin de limiter la propagation. Le confinement de la ville de N’Djamena décrété le 31 décembre puis reconduit le 7 janvier, pour une semaine, ne fait pas l’unanimité malgré la virulence de la maladie.

Dans les carrefours (les lieux de regroupement des jeunes) et ailleurs, le sujet de conversation est le confinement de la ville de N’Djamena. À Habbena dans le 7e arrondissement, quelques jeunes conducteurs de moto taxi discutent sur la prorogation du confinement. À notre arrivée, ils nous disent, « vous êtes bien arrivés ».  

Parmi ces jeunes, Rondounba Laouroutou, la mine grave, s’emporte « le gouvernement veut nous tuer à petit feu. » Pour lui, ce confinement ne respecte pas les normes. Le gouvernement n’a même pas pris en compte les conséquences de cette décision. « La population a le droit d’être préparée avant qu’une décision la concernant ne soit appliquée », dit-il. Pour Rondounba, c’est un jeu politique, « Ils nous confinent sans les mesures d’accompagnement alors que le Tchadien vit de son quotidien. Les petits métiers sont tous arrêtés et il est difficile de joindre les deux bouts il faudra qu’ils nous trouvent une solution sinon nous sommes prêts pour sortir dans les rues », prévient-il.

Elysée Ngaramadji, lui aussi conducteur de moto taxi est contre ce confinement. Selon lui, c’est une manipulation de la part du gouvernement. « Au Tchad, on vit au jour le jour », dit-il. Les activités génératrices des revenus sont au ralenti les ménages ne peuvent se nourrir puisqu’il y a aucune activité économique, explique-t-il. « Ce confinement est un jeu politique », affirme Elysée. Selon lui, il faut laisser les gens vaguer à leurs occupations. « Je demande au gouvernement de faire preuve d’indulgence », supplie-t-il.

Bien que ce confinement ne soit pas total comme au début, la population souffre selon plusieurs citoyens. Les commerces non essentiels fermés, le transport urbain suspendu, les bars et restaurants fermés, des gens tournent en rond.

Max Loalngar, président de la Ligue tchadienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH) dans un communiqué de presse, a exhorté le gouvernement à ne pas renouveler ces mesures. Selon lui, le renouvellement de cette mesure relève pose problème. « Les libertés publiques sont du domaine législatif. Il est inadmissible que le pouvoir exécutif prenne des actes sans en référer au pouvoir législatif et les imposer à la population comme s’il s’agissait des lois », proteste Me Max Loalngar.

Les mesures d’accompagnement mis en place par le gouvernement ne sont pas du goût du président de la LTDH. Pour lui, la distribution des kits alimentaires prévue par le gouvernement n’est que poudre aux yeux, « pendant la première vague, le gouvernement n’a pas été en mesure d’alimenter les vulnérables. Ce n’est pas cette fois-ci qu’il en aura la capacité », dit-il. La seule solution viable est « de permettre aux N’Djamenois d’être libre de toute contrainte à part l’application stricte des mesures barrières pour pouvoir subvenir eux-mêmes à leurs besoins. »

Djilel-tong Djimrangué

Situé dans les quartiers sud de la ville de N’Djamena, capitale du Tchad, le Centre Don Bosco (CDB) a mis la formation professionnelle au cœur de ses activités. Un grand projet consacré à l’agroalimentaire verra bientôt le jour. C’est le troisième article d’une série sur les lieux de culture et des formations Reportage.

Le Centre Don Bosco, pour mieux exécuter sa mission, a acquis un terrain d’une dizaine d’hectares. Et y a construit des bâtiments. Il est situé à 50 km de N’Djamena, la capitale du Tchad, précisément à Mandalia, une petite bourgade en banlieue sud. Selon le père Jiojo, sur ce site un grand complexe sera bientôt ouvert. Ce nouveau centre aura un internant d’une capacité d’accueil de 50 à 60 d’élèves, des logements pour les formateurs, des magasins, un poulailler, une porcherie, une unité de production d’huile d’arachide, 2 hectares équipés de système d’arrosage de goutte-à-goutte. Tout est fin prêt. D’ici à 2 semaines, la formation des jeunes en agroalimentaire va démarrer. Plusieurs domaines d’enseignement et de programmes agroalimentaires seront lancés.

D’abord, il y aura une formation en production végétale, animale et agroalimentaire. Par exemple, il y aura la culture de la banane, de la pomme de terre, etc. L’ambition du CDB est de tirer à la baisse le prix de la pomme de terre importé du Cameroun. « Il n’est pas normal d’acheter 1 banane à 100 FCFA. A ce prix on devait normalement s’acheter au moins 3 bananes ».

Le centre de Mandalia s’est fixé comme défi de répondre aux besoins de la population de N’Djamena et de ses banlieues. « Nous allons faire de la mécanique agricole, de la mécanique auto. C’est-à-dire fabriquer des outils agricoles et les utiliser. Les tracteurs, les tondeuses électriques ou mécaniques, les semeuses automatiques, etc. Tout cela va entrer dans la formation des jeunes », insiste le père Jiojo. Le CDB voit grand et en perspective, il y a aussi la fabrication des batteuses de mil, d’arachides de haricots, les presses à huile.

Former des fleuristes et des livreurs

Ensuite, le CDB envisage de proposer aux jeunes des métiers comme, par exemple fleuriste. Pour expliquer cette ambition, le religieux affirme, « nos grands hôtels ici en ville ont besoin des fleuristes formés et quand ils font d’appel d’offres, aucun jeune n’a le diplôme requis ». Il a fallu faire appel à un Indien d’origine pakistanaise pour pourvoir le poste. Ainsi pour père Jiojo cette formation répondra aux besoins des grands hôtels de N’Djamena et au-delà aux besoins des particuliers. « Un fleuriste est payé deux fois plus que le SMIG. C’est un plus pour les jeunes tchadiens », dit M. le directeur.

Aussi, le CDB formera des livreurs. Ils seront la courroie de transmission entre le consommateur et les agro businessman. « L’idéal pour Don Bosco c’est de devenir une école qui forme pour le métier et le besoin du marché d’emploi. C’est pourquoi il faut des spécialistes », affirme le directeur.

Autres formations en vue, c’est la formation technique. Le but est d’avoir des techniciens de conception.  « Ce pays a besoin de milliers des jeunes formés et qualifiés. Nous avons besoin des appuis multiformes », dit père Jiojo. Le CDB reçoit l’aide de l’État tchadien sous forme d’exemption foncière, et au moins 8 enseignants sont mis à la disposition du Centre. Mais ses ressources proviennent en grande partie des frais de scolarité.  D’autres partenaires viennent en appui au Centre.  Il y a entre autres : la mairie, l’Ambassade de France, les ONGS HCR, IRC, Handicap International, l’Ambassade de Suisse, Slovaquie, la Conférence épiscopale de l’Italie et les parents qui sont nos meilleurs et fidèles partenaires. Il y a aussi les bienfaiteurs à l’Église et l’Ambassade d’Allemagne qui à travers une ONG a aidé à construire les bâtiments actuellement à Mandalia, etc.

Enfin, le centre est ouvert à tout le monde, protestants, musulmans et animistes. « Nous accueillons tout le monde. Nous avons une maquette des bâtiments scolaires en projets pour une capacité d’accueil de 3000 élèves. Nous comptons sur l’appui des partenaires pour sa réalisation », conclut le père Marius Jiojo ».

Autres précisions : Saint Jean Bosco, ou Don Bosco, né Giovanni Melchior Bosco le 16 août 1815 à Castelnuovo d'Asti (village de la principauté du Piémont faisant alors partie du Royaume de Sardaigne), et mort le 31 janvier 1888 à Turin (Italie). Il est un prêtre italien.

Moyalbaye Nadjasna

Officiellement les N’Djamenois sont en confinement total depuis le 1er janvier. Mais sur le terrain, montre tout le contraire. Les grandes artères de la capitale tchadienne sont bien animées. Ialtchad Presse a fait le tour de la ville. Reportage.

Il s’agit du confinement total, personne ne doit sortir de sa maison sauf force majeure ou pour se ravitailler, a martelé le ministre d’État, ministre secrétaire général à la Présidence M. Kalzeubé Payimi Deubet le 2 janvier dernier. Cependant, depuis l’entrée en vigueur de cette décision, les N’Djamenois défi cette décision et circulent normalement comme si de rien n’était. Est-ce un ras-le-bol ou une désobéissance à la loi ?

10 h. Mercredi 6 janvier. Nous avons parcouru les principaux axes de la ville. Il est difficile de traverser une voie pour une autre. La circulation est dense.  Chacun est happé par ses courses du quotidien : vendeurs d’essence à la sauvette, marchands ambulants des paires de lunette, réparateurs des motos, ouvriers sur les chantiers, etc. Sur les artères des marchés, les mamans, jarres sur leurs têtes s’affairent, des jeunes gens s’activent cache-nez au menton, menuisiers et charpentiers ont ouverts leurs ateliers. Tous bravent l’interdiction de sortie décréter par le gouvernement. Les autorités ont tenté d’appliquer la force en déployant l’armée. Mais les N’Djamenois refusent d’obtempérer. « Nous tenons beaucoup à plus à notre survie quotidienne, qu’au risque de contracter le coronavirus », dit un passant sous le couvert de l’anonymat. 

En fait, 24h après l’annonce de la mesure, l’ambiance habituelle a repris le dessus. Et la confusion que le gouvernement sème dans l’interprétation du décret portant confinement de la ville de N’Djamena, semble galvaniser les N’Djamenois. Ils en profitent. Sur certaines petites avenues, par exemple au quartier Zongo réputé être celui des mécaniciens par exemple, les gens s’attroupent et se bousculent sans s’inquiéter du coronavirus.

Certes, exception est faite à certaines activités notamment, les centres de santé, les cliniques privées, les boulangeries, les pharmacies, les sapeurs-pompiers, les hôteliers, le personnel de la Société nationale d’électricité et la Société Tchadienne des Eaux, les étals, etc.

Au marché Dombolo, non loin de l’Hippodrome, l’attroupement des clients, vendeurs de tomate et mototaxis (clandoman) inquiètes. « Il est vrai, il s’agit de notre vie et de notre santé, mais le gouvernement exagère. D’ailleurs, ils ne se comprennent pas entre eux », disent-ils.

Selon les N’Djamenois, ils écoutent la radio, regardent la télévision et lisent la presse électronique et traditionnelle. Ils demandent aux autorités de les comprendre. « C’est difficile de rester à la maison. Comment nourrir la maisonnée alors », se plaignent-ils.

Selon plusieurs citoyens, il faut bouger pour trouver de quoi manger. « On sait qu’on prend des risques, mais la vie elle-même est un risque. C’est bien que les autorités se soucient de notre santé, mais la faim est aussi une maladie. Une décision pareille doit être suivie par des mesures d’accompagnement. Et vous verrez que personne ne défiera cette mesure », s’énervent-ils en haussant le ton.

Selon le sociologue Mbété Nangmbatnan Félix, le non-respect du confinement par les N’Djamenois s’explique par la question de subsistance. « Il y a plusieurs facteurs, mais le principal est la difficulté de la population à se nourrir », dit-il. Surtout que les habitants de N’Djamena vivent dans l’informel. À ce moment le confinement est presque impossible. Sinon, dit-il, à court terme c’est la mort « les gens ne pourront pas survivre », ajoute-t-il.

Selon le sociologue, même si le gouvernement a averti la population, le confinement ne pourrait pas être respecté. « Le problème fondamental est la capacité à être confiné. Les gens ne peuvent pas. Ils n’ont pas les moyens », justifie-t-il.

Mbété N. Felix trouve que le couvre-feu de 18h à 5h du matin cause des préjudices à une catégorie de la population. « Il y a des mamans qui tiennent des restaurants de fortune la nuit, les bars qui fonctionnent en grande partie la nuit. Empêcher ces personnes de sortir le jour et d’exercer encore la nuit ne peut que les amener à braver la loi», dit-il.

Mbété N. Felix demande aux autorités d’intensifier la sensibilisation sur les mesures de prévention, « plusieurs citoyens ne se sentent pas concernés. Ils pensent que c’est la maladie des N’Djamenois ».

Moyalbaye Nadjasna
Christian Allahadjim

C’est quasiment 6 mois après le premier confinement du mois d’avril dernier que le décret du 31 décembre 2020 confine à nouveau la population N’Djaménoise. Une décision prise après la recrudescence des cas de coronavirus à N’Djamena. Reportage dans les principaux marchés de la place pour constater l’effectivité de la décision.

Du grand marché au marché à mil et celui de Dembé dans le 6e arrondissement, le constat est le même. Les boutiques des produits non alimentaires sont hermétiquement fermées. Les commerçants parfois très fâchés sont prêts à casser notre caméra lorsque nous tentons d’avoir les images des boutiques fermées. Plusieurs qui requièrent l’anonymat disent être choqués par cette décision brutale. Elle fait mal parce qu’ils viennent de se relancer après le premier confinement. « Cette décision est tombée sur nous comme un coup de massue. C’est vrai qu’il faut la santé d’abord. Mais franchement, c’est difficile pour un commerçant de voir ses chiffres d’affaires baisser chaque jour », signifient-ils.

Au grand marché central ou « Souk Kabir », au moins les boutiques qui vendent des articles alimentaires sont ouvertes, les étals des légumes et oléagineux aussi. Au marché à mil, tout ce qui est céréale et produits alimentaires sont vendus. Les ménages se ravitaillent autant que faire se peut. Une femme vendeuse de légumes au grand marché se plaint du coût des transports. « Depuis 3 jours maintenant, je dépense 2000FCFA pour me déplacer de Walia au grand marché aller-retour. Il n’y a pas de minibus pour nous amener. Il faut prendre le clando. Cela me revient cher. Je demande qu’on ait pitié des mamans que se battent pour faire vivre la maisonnée », dit-elle. Pour elle, il faudrait que le gouvernement autorise les minibus tout en limitant les places comme auparavant. « Au moins cela peut nous soulager », déclare-t-elle.

Femmes, hommes, tout le monde s’est abonné à la marche à pieds « la marche à pied, fait du bien. Sinon je prends le bus c’est pour rattraper le temps lorsque je suis en retard. Ce n’est pas grave ! Ce que je veux, comme on nous a dit qu’on doit apprendre à vivre avec la maladie, il faut qu’on fasse avec, le tchadien vit au quotidien », confie Kosbeye Firmin. Les minibus sont tous garés du marché à mil et au marché de Dembé.

Rappelons que le nombre de cas du coronavirus enregistrés ces derniers jours dans la capitale tchadienne est de 15 à 20 cas par jour. Alors qu’on dépassait rarement les 10 cas de début novembre.

Selon le ministre secrétaire d’État de la Présidence de la République, Kalzeubé Pahimi Deubet, il s’agit d’un confinement total de la ville. Personne ne doit sortir sauf cas de force majeure ou pour se ravitailler. Le couvre-feu en conséquence, était reconduit mais cette fois-ci de 18heures à 05heures. Son collègue ministre de la santé M. Abdoulaye Sabre Fadoul dit le contraire. Il affirme que c’est la ville qui est confinée. Ce n’est pas les habitants de la ville. Cette cacophonie met le gouvernement dans l’embarras. Les N’Djaménois ne cachent plus leur exaspération sur cette décision, « ils nous fatiguent », dit un citoyen.

Moyalbaye Nadjasna

Le ministre de la Santé publique Abdoulaye Sabre Fadoul a fait le point global sur la pandémie du coronavirus au Tchad. De mars à janvier 2021, 2 213 cas sont déclarés positifs.

Deux choses sont à retenir de cette communication du chef de département de la Santé publique. Primo, le bilan de la situation épidémiologique de la maladie à coronavirus au Tchad. Secundo, les mesures prises par le gouvernement.

Le bilan du 19 mars 2020 au 3 janvier 2021

Le bilan de la maladie s’élève à 2 213 cas déclarés positifs, selon le Pr Choua Ouchemi, coordinateur de la commission nationale de riposte sanitaire. Parmi ces cas, il y eu 104 décès et 389 patients sous traitement, la plupart à leur domicile.

D’après lui, pendant la première vague de contamination, la situation épidémiologique était maîtrisée. « De mars en juillet, on était arrivé à 11 cas ». Malheureusement, dit-il, entre mi-novembre et fin décembre, la courbe est remontée de façon exponentielle. « Rien qu’entre le 16 au 31 décembre, N’Djamena a enregistré 302 cas positifs ».  Cela s’explique par un relâchement par tous des mesures barrières, a dit le Pr Choua Ouchemi. « Nous sommes encore loin de la fin de cette pandémie ».

N’Djamena est considéré comme l’épicentre de la propagation de cette maladie. Sur les 2 000, plus de 1 000 sont déclarés à N’Djamena avec 63 décès sur 104. C’est pourquoi le gouvernement cherche vaille que vaille à casser la chaîne de transmission en renforçant certaines mesures déjà en vigueur.

Les mesures « impopulaires »

Sur les mesures prises par le gouvernement, le ministre de la Santé publique Abdoulaye Sabre Fadoul a rappelé que celles prises lors de la première vague sont toujours en vigueur. Mais, fait-il constater, elles ne sont plus respectées, surtout les gestes barrières. Vu la montée de la courbe en fin décembre, le gouvernement a pris un autre décret pour réaffirmer ces mesures et en renforcer certaines.

Il s’agit du décret 2585 du 31 décembre 2020 portant confinement de la ville de N’Djamena et renforcement des mesures sanitaires. Ces mesures vont de la fermeture des frontières terrestres et aériennes aux établissements scolaires et services publics et privés non essentiels à l’interdiction de rassemblement de plus de 10 personnes, du transport interurbain et urbain. Sauf dérogation est faite aux services de santé, bancaires, stations-service, commerces des produits alimentaires, hôtels et vols cargo. Le couvre-feu est revu de 20 heures à 18 heures. Toutes ces mesures ne concernent que la ville de N’Djamena pour une durée d’une semaine renouvelable.

Dr Abdoulaye Sabre Fadoul reconnaît que ces mesures ne sont pas populaires. « Ces mesures, s’il faut être honnête et sincère, ne sont pas gaies et populaires. Elles sont même insupportables pour nos citoyens les plus fragiles socialement parlant », admet-il. Effectivement. Mais, se défend-il, le gouvernement n’a d’autres choix de prendre des dispositions qu’impose la situation sanitaire. « Toutes ces mesures ne visent qu’un seul objectif, celui de limiter le rythme de contamination en cassant la chaîne de transmission de personne en personne », souligne-t-il.

Actuellement, le Tchad dispose d’un seul laboratoire pour poser le diagnostic. Neuf sites de prélèvement sont installés en provinces et cinq à N’Djamena. L’hôpital provincial de Farcha, aménagé pour hospitaliser les cas positifs, dispose de 18 lits en réanimation et est doté d’une centrale de production d’oxygène. Bientôt les villes comme Moundou, Bongor et Abéché seront dotées de cette centrale. 

Christian Allahadjim

Le président de l’Union des journalistes du Tchad (UJT) Abbas Mahamoud Tahir a fait un point de presse hier à la Maison des médias du Tchad. Cette sortie médiatique fait suite aux plaintes des journalistes brutalisés au lendemain du ré-confinement de la ville de N’Djamena. Reportage.

Le président de l’Union des journalistes du Tchad (UJT) Abbas Mahamoud Tahir constate le mépris avec lequel, les autorités en charge des mesures de riposte contre la covid-19 traite les hommes des médias.  Selon lui, cette mésestime est visible depuis l’installation de la cellule de veille jusqu’à la dernière mesure du confinement de la ville de N’Djamena. Il rappelle qu’aux termes du dernier décret du 31 décembre passé, N’Djamena est à nouveau confiné pour une semaine renouvelable.

Pour lui, les effets directs de cet acte sont entre autres, la fermeture des établissements scolaires, des universités des lieux de cultes, des bars, des magasins et des grands marchés, des services publics non essentiels et l’interdiction des transports urbains et interurbains. Toutefois, dit-il, les autorités ont choisi d’autoriser certains services tels que les centres de santé, les cliniques privées, les hôpitaux, les boulangeries, les pharmacies y compris les étals de commerce, le transport des produits alimentaires, les services des pompiers, les services d’eau, d’électricité des hôtels et les vols cargo.

Selon Abbas Mahmoud Tahir, le 2 janvier, le ministre d’Etat, ministres secrétaire général à la Présidence de la République Kalzeubé Payimi Deubet a fait une communication en affirmant que la capitale, N’Djamena, est totalement confinée. Personne n’est autorisé à sortir. Mais, déplore-t-il, les médias privés comme publics sont ignorés. Or, déclare Abbas Mahmoud Tahir, les autorités ont fait appel aux médias pour relayer les informations au public. A la sortie de la rencontre, plusieurs journalistes des médias et techniciens ont été brutalisés, dit le président de l’UJT.

Le Bureau Exécutif de l’UJT, rappelle Abbas Mahamoud Tahir, en a assez de rappeler aux autorités les difficultés des journalistes à exercer librement leur métier. « Sans les médias, aucune action de lutte contre la pandémie ne réussira ». L’UJT, dit-il, ne peut se servir de caution morale pour les violations de la liberté d’exercer des professionnels des médias.

Selon lui, cette violation par les forces de l’ordre et les autorités du rôle des médias dans la lutte contre la pandémie est inadmissible. Il affirme que les journalistes bravent tous les risques pour informer la population sur les mesures prises par le gouvernement. « Par conséquent, nous en appelons au bon sens du gouvernement afin de prendre une autre décision permettant aux journalistes d’exercer leur métier en cette période d’exception faute de quoi, nous serons dans l’obligation de convoquer une rencontre d’urgence et appeler les médias, journalistes, techniciens et communicateurs à rester chez eux jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée », conclut le président de l’UJT.

Moyalbaye Nadjasna

Qu’est ce qui a pris le leader de l’opposition tchadienne Saleh Kebzabo lors de sa déclaration à Backchoro, un village perdu dans la région du Mayo-Kebbi? Je me pose encore cette question. Je cherche encore la réponse. Lui Kebzabo tenir un discours pareil. Je voulais lui poser la question avant d’écrire cette chronique. Je me suis ravisé en monologuant « il me fera une réponse de politique ». Je me suis assis devant mon ordinateur. Une fine neige tombait sur la ville. Une idée me traverse l’esprit et me suggère un titre qui résume cette sortie : Kebzabo a fait son bachibouzouk à Backchoro. Il vient peut-être de signer sa mort politique. Je dis bien peut-être. Mes premières phrases claquent sur le clavier de mon ordinateur.

Ils sont ainsi….

Je le croyais homme d’État, il se révèle homme de tribu avec son « moi aussi je suis un Banana ». Je le croyais homme politique d’envergure, il se révèle politicien provincial. Je le croyais esprit espiègle, il se révèle un esprit tribal. Je le croyais tchadien, il se révèle « Banana ». Je le croyais franc, il se révèle expert en double langage. Un pour les intellectuels « éduqués ». Un autre pour les villageois sans éducation. Il a déçu beaucoup des gens.

Donc Kebzabo prend fait et cause pour les agriculteurs. Serait-il tombé bas? Oui il est tombé plus que bas. Au fond d’un fossé. Dans les entrailles de l’incitation à la haine entre Tchadiens. Dans la détestation de l’éleveur. L’essentiel de son discours dans le village de Backchoro se résume à cela. Qui l’aurait cru? Faudra écouter et réécouter ce discours pour s’en rendre compte.

À l’entame de son discours, Kebzabo se décrit comme « Banana » en opposition au « non Banana ». Sublimement il suggère d’être contre l’autre, ceux qui ne sont pas « banana » et qui peuplent la région. Surtout les pasteurs peuls et autres. Les non Banana qui agressent, envahissent leurs champs et détruisent leurs récoltes. Où? Au Mayo-Kebbi. La zone la plus pacifique du pays. Pacifié depuis des générations. Même au temps les plus troubles du pays éleveurs et agriculteurs ont vécu en parfaite harmonie. Dans un esprit que beaucoup d’autres tchadiens ne comprennent pas. Le génie MK. Je me rappelle feu mon grand-père l’illustre Imam Modibo Soudy lorsque dans la panique de la guerre civile amis et disciples accouraient vers lui. Qui réclamant une prière pour la paix. Qui s’interrogeant sur la malédiction de la violence qui ravageait le pays. Assis sur sa natte et son tapis en peau de chèvre, il interrompait sa lecture du Saint Coran, relevait la tête et leur répondait inlassablement : « vaguez à vos occupations. Bongor et le Mayo-Kebbi seront tranquilles ». Et ce fut le cas. Rien de grave ne s’est passé dans la région, mais ça s’était dans le passé me rétorquera-t-on. 

Les propos de Kebzabo, des propos aussi chargés, personne ne les comprendrait au Mayo-Kebbi. Surtout après une tuerie entre éleveurs et agriculteurs. Cette sortie manque de sagesse. Surtout qu’elle vient de la part de celui qui prétend diriger un jour ce pays. Ce n’est pas à la hauteur de l’homme. Quelles qu’en soient les circonstances, verra-t-on le défunt professeur Ibni Oumar tenir un tel langage après le sang versé? Il serait facile de dire que c’est la politique. C’est simpliste de dire que c’est précampagne électorale.

Dans sa diatribe, M. Kebzabo est allé loin. Trop loin comme aucun d’autre ne l’a fait. Est-ce de la frustration politique? Il y a quelques esprits retors qui tentent de justifier ces propos par la déliquescence de l’État. L’injustice du régime. Le comportement des généraux éleveurs. Faut-il pour cela s’attaquer à des paisibles citoyens? Pire, il semble que cette sortie est voulue, préparée et l’endroit pour le prononcer sciemment choisi. Si c’est un calcul politique, c’est une faute grave. Si c’est une stratégie délibérée, c’est une double faute politique. Kebzabo n’est, désormais, plus ce poids lourd politique reconnu par presque tous les Tchadiens. Il est, après sa sortie aux yeux de ceux qu’il appelle les « nordistes » sans éducation. Et qui ont des bons postes alors que les sudistes « clandoman éduqués » tirent le diable par la queue, un homme qui prône la haine.

« ..les éleveurs ont appelé au secours leurs parents de Kélo, de Moundou, de Laï, de Gagall. Ils sont venus de partout à cheval, à moto habillés en noir, ils crient partout Allahou Akhbar. Ils viennent égorgés. Tout ce qu’ils rencontrent, ils allument le feu ». Il rajoute, « …l’histoire des éleveurs avec les flèches doit s’arrêter. Pour l’arrêter, vous les jeunes, vous devez vous organiser, organisez-vous avec les sifflets. Ne dormez pas la nuit même par tour de garde organisez-vous avec les sifflets quand les bœufs s’approchent sifflez… » Cette phrase à elle seule suffit amplement. Ce n’est ni plus ni moins que d’appeler les villageois à s’organiser en milice d’autodéfense. Il relative tout cela en soutenant qu’ils n’auront pour toutes armes que leurs sifflets. Qu’est-ce qui garantit que ce sera le cas?

Kebzabo appelle aussi au nombre. Et donne la technique pour vaincre la horde des éleveurs venus envahir les terres des sudistes cultivateurs, les vrais propriétaires des terres, comme si être éleveurs est synonyme de citoyens sans droits, surtout sans droit à la terre. Cette histoire éleveurs agriculteurs est devenue un fonds de commerce pour tous. Kebzabo s’il était honnête devait expliquer l’origine de la rixe qui a vu les siens, « ces agriculteurs », égorger un paisible vieil éleveur rentré du marché à bétails avec une centaine de millions en poches. Plus quelques autres millions appartenant à ses proches parents qui, après des années de durs labeurs, se préparaient à aller à la Mecque, remplir leur devoir religieux. Non. Il passe tout cela entre pertes et profits politiques haranguant des gens qui ont vécu ensemble depuis la nuit de temps oubliant au passage que les éleveurs sont aussi de la région. Et peuvent aller, venir et s’installer où et quand ils veulent dans ce vaste pays.

Enfin, une épée de Damoclès pend sur la tête de l’ex-chef de file de l’opposition. Le ministre de la Justice a saisi l’Assemblée Nationale pour lever l’immunité politique du député Kebzabo qui a bien prêté le flanc. Certains de ses amis crient à la mise à mort politique. D’autres croient dur comme fer que c’est une cabale contre leur chef. Bref, ses adversaires politiques en profitent pour achever la bête politique. Kebzabo ne savait-il pas que la politique est une fosse à lions ? Même ses parents culturels, les Peuls, sont fâchés. Ils l’ont exprimé à travers leur association Tabital Pulaaku. Dommage. En bon bachibouzouk qu’il se débatte pour en sortir au plus vite. Sinon c’est peut-être sa mort politique…enfin, peut-être.

Bonne année.

Bello Bakary Mana

Il a commencé le leadership dans le milieu jeune dès son entrée à l'université de N'Djaména. Il a été membre de la Chambre des délégués, puis secrétaire général de l'Unet. En 2014, Abakar Dangaya a été élu président national de cette organisation faîtière des étudiants. Avec son master 2 en Psychologie, le jeune Abakar a été élu le 4 décembre dernier, président du Conseil national des jeunes du Tchad (CNJT). Dans une interview exclusive accordée à Ialtchad Presse, il revient sur son programme pour la redynamisation de ce conseil et aborde les questions liées à la jeunesse.

Après votre élection comme président du bureau exécutif du Conseil national des jeunes du Tchad, quel est votre sentiment ?

C'est un sentiment de satisfaction, de reconnaissance et de gratitude à l'égard de tous ceux qui m'ont porté à la tête de cette organisation. Je voudrais profiter pour leur réitérer encore une fois de plus mes remerciements.

Après plusieurs tractations, pour une fois, votre élection a fait l'unanimité. Qu'est-ce qui est à l'origine selon vous ?

Pour moi, c'est tout d'abord ce sentiment de désarroi de toute la jeunesse tchadienne qui était en manque de repère. Il était question de trouver une personne qui peut inspirer et aspirer un petit peu de confiance pour le futur. C'est pourquoi nous étions plusieurs candidats en lice. Je pense que ce n'est pas la personne de Abakar Dangaya qui a convaincu l'électorat, mais c'est le plan d'action que Abakar Dangaya a proposé. C'est donc cette quête perpétuelle de confiance, d'une issue pour la jeunesse qui nous a porté à cette responsabilité.

Le CNCJ a longtemps souffert d'une léthargie qui n'a pas permis son épanouissement. Selon vous quels ont été les réels problèmes de cette organisation ?

C’était un problème d'organisation du fait des dirigeants. Le fait de demeurer longtemps à la tête de cette structure la rend obsolète dans la mesure où ce sont les mêmes personnes avec les mêmes idées qui finissent parfois de devenir un peu contre-productives. Ce qui fait que les jeunes avaient perdu confiance en ce conseil. Comme vous le savez, le bureau sortant à fait plus de sept ans à la tête du conseil alors que le mandat est de trois ans. En matière de leadership à la tête des organisations, parfois ça crée des soucis quand un dirigeant met assez de temps. C'est ce qui a fait que le conseil a perdu ses valeurs et un peu ses prérogatives. La jeunesse a perdu confiance en lui. Mais aujourd'hui, avec la lueur d'espoir qui a prévalu lors de ce dernier congrès, nous nous disons que la jeunesse attend beaucoup de nous et nous nous devons d'être vraiment prudents, organisés pour pouvoir relever ce défi.

Sur quoi repose votre plan d'action ?

Nous avons proposé un plan d'action axé sur 14 piliers avec un accent particulier sur l'unité de la Jeunesse. Nous disons que sans l'unité, rien n'est possible dans la mesure où les jeunes aujourd'hui ont beaucoup de talents, d'énergie et de qualités, mais ils sont en manque de soutien, d'orientations. Ils n’ont pas de parrainage alors que, avec un conseil digne et crédible, nous pouvons parrainer, orienter, appuyer ces jeunes-là. Pour nous il nous faut d'abord l'unité. En dehors de l'unité, il y a des problèmes qui concernent la jeunesse telle: l'emploi, la perte de confiance entre nous les jeunes et les décideurs publics, le volontariat, l'éducation, la citoyenneté et tant d'autres.

La politisation du CNCJ a longtemps été décriée. Que comptez-vous faire pour dissocier la politique des actions de votre organisation ?

Il faut reconnaître que le conseil est un intermédiaire entre le pouvoir public et l'ensemble de la Jeunesse. Il est au-dessus de toutes les organisations politiques. Le conseil représente toute la jeunesse. Il n'y a pas une jeunesse de l'opposition, il n'y a pas une jeunesse de la majorité, il n'y a pas une jeunesse de la société civile.  Ce que les gens ignorent, c'est qu'ils ont tendance seulement à limiter simplement le Conseil comme une organisation de la société civile. Maintenant, ce que doivent faire les membres du conseil c'est de ne pas prendre parti dans le cadre des positions politiques et autres.

En ce qui concerne la politisation, je pense qu'il y a une question des hommes. Ils n'ont peut-être pas compris les missions du Conseil. Celles-ci sont claires. En tant que représentants, on doit être dans la ligne même de ces missions.  Le défi est grand. Sortir de cette bannière de la "politisation" dépend de toute la jeunesse. Il faut que la jeunesse soit simplement unie en dehors de toute opinion politique. Ça nous déchargerait nous tous de toute critique et ça nous aiderait plus à réaliser des projets en faveur de la Jeunesse.

Quelles sont les actions prioritaires que vous comptez mener pour la redynamisation du Conseil national des jeunes du Tchad ?

J'ai toujours mis l'accent sur l'unité de la Jeunesse. Cette unité ne saurait se faire sans une redynamisation. Il y a prioritairement l'installation de toutes les coordinations provinciales du Conseil. Car on a 22 Provinces plus N'Djamena. Cela nous rapprocherait de toute la jeunesse, urbaine tout comme rurale.

Quel message avez-vous, au nom du Conseil national des jeunes à l'endroit de la jeunesse tchadienne ?

Nous ne sommes pas un appât pour quelqu'un. Nous ne sommes pas une marionnette pour quelqu'un. Aujourd'hui la jeunesse est divisée parce que tout simplement les hommes politiques utilisent cette jeunesse à leur guise. Dans tous les discours on dit la jeunesse est le fer-de-lance. La jeunesse est fer de lance que lorsque ces hommes politiques ont besoin d'elle. La jeunesse devient un problème lorsque ces hommes politiques arrivent à atteindre leurs objectifs. Pour moi, il est grand temps que chaque jeune se dit : « je dois me construire, je dois construire mon pays », au lieu d'accepter aveuglément de suivre des gens qui ne vont jamais nous rendre la vie facile.

Propos recueillis par Maurice Ngon Lokar

L’Association Tabital Pulaaka Tchad pour la promotion de la culture peule a, lors d’un point de presse tenu ce 31 décembre, réagi aux propos du député Saleh Kebzabo. Elle se dit indignée et qualifie ces propos d’incitation à la haine.

Selon Dr Sali Bakari, Secrétaire général de l’Association Tabital Pulaaka Tchad, les propos de Saleh Kebzabo tenus dans le Mayo-Kebbi et la Tandjilé sont hors de la République. Il qualifie ce discours d’un appel à l’extermination systématique des éleveurs, des propos incitant au massacre en appelant les jeunes et en leur conférant la responsabilité de sécurité au détriment de l’État, affirme le SG. Or, le député Saleh Kebzabo fait semblant d’oublier, indique-t-il, que seul l’État dispose la mission régalienne de sécurité des personnes et des biens. Pour Tabital Pulaaku, c’est un mode opératoire qui a déclenché morts, arbitraires et désolations partout à travers le monde.

En adoptant les mots Nord/Sud dans le contexte tchadien, nordistes / sudistes des mots chargés d’amertumes et des stigmates de la guerre civile passée est indigne de M. Kebzabo. Le débat Nord/Sud est colonial, dépassé et vénéneux. Cela ne doit pas être un credo de certains hommes politiques. Pour le SG de Tabital Pulaaka Tchad, le désarmement que le pays a connu s’est effectué sur l’ensemble du territoire national. Et les mesures relatives à l’interdiction de port d’armes s’appliquent aussi dans tout le Tchad, ajoute-t-il.

L’Association Tabital Pulaaka Tchad dit trouver irrationnel et hétérodoxe le raisonnement du président de l’UNDR. Pour lui, attribuer exclusivement les bœufs des éleveurs aux officiers de forces de l’ordre, aux administrateurs civils au sud du pays au-delà de la mauvaise foi, est un mensonge grossier. Dr Sali Bakari se dit désolé du fait que le député se fait une représentation imaginaire de profession éleveurs-agriculteurs. Il présente, dit-il, les éleveurs comme nordistes, détenteurs de pouvoir, bourreaux des sudistes dont la plupart sont agriculteurs.

Pour le SG, de tels propos ne sont pas dignes de Saleh Kebzabo, député et chevronné de la politique tchadienne, qui a pourtant toujours prôné l’unité nationale. « Kebzabo en tant que député, a un mandat national donc député des agriculteurs et des éleveurs », relève Dr Bakari. Il rappelle que dans cette région, les agriculteurs et les éleveurs ont toujours cohabité en harmonie depuis la nuit des temps. Ils se sont même mariés et par conséquent, condamnés à vivre ensemble, signifie-t-il.

Le SG appelle les jeunes de la région et au-delà, de ne pas céder à l’instrumentalisation par des esprits haineux et divisionnistes, « quel que soit le problème, ensemble, la solution est possible ».

Pour lui, l’Association Tabital Pulaaka Tchad pour la promotion de la culture peule condamne les propos haineux et d’incitation à la révolte du député Saleh Kebzabo qui compromet le vivre ensemble des Tchadiens.

Moyalbaye Nadjasna

Le député Saleh Kebzabo est visé par une action publique. Le ministère de la Justice lui reproche des délits d’atteinte à la paix et à la tranquillité publique. 

La note date du 28 décembre. Elle émane du Garde des Sceaux, ministre de la Justice M. Djimet Arabi. Dans cette correspondance adressée au président de l’Assemblée nationale M. Haroun Kabadi, le Garde des Sceaux a exprimé son souhait de voir le député Saleh Kebzabo répondre de ses actes devant la Justice. Autrement, il demande de lever l’immunité parlementaire de M. Kebzabo.

Selon la note du ministère, il est reproché au député Saleh Kebzabo des propos incendiaires constitutifs des délits d’atteinte à la paix et à la tranquillité publique. Faits prévus et punis par les articles 181 à 183 du Code pénal tchadien, indique le ministère. Le document précise que les faits reprochés à l’élu de Léré remontent au 22 décembre lors de son déplacement au sud du pays, précisément dans la région du Mayo-Kebbi Est.

La procédure

Le député Saleh Kebzabo bénéficie actuellement de l’immunité parlementaire. Et selon l’article 109.1 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, il ne peut être ni poursuivi ni arrêté en matière criminelle ou correctionnelle sans l’aval du parlement ; sauf cas de flagrant délit.

La demande du ministère de la Justice est sur la table du président de l’Assemblée nationale. Il ne reste que la composition d’une commission ad hoc de 21 membres. Les conclusions de cette commission présentées sous forme de proposition de Résolution doit recueillir la majorité des deux tiers (2/3) des membres de l’Assemblée pour son adoption. Si la commission conclut à un rejet de la demande, celui est considéré comme adopté, dit le point 8 de l’article 110.

Il n’y a pas un délai pour que l’Assemblée donne suite. Toutefois, le règlement intérieur indique que si la demande est intervenue en pleine session, la question sera débattue en plénière. Au cas contraire, donc hors session, ce n’est que le Bureau de l’Assemblée qui se prononce. Actuellement les députés sont en session. Ils seront en vacances le 5 janvier 2021. La question sera-t-elle débattue en plénière ou à huis clos ?

Enfin, les membres de l’Association Tabital Pulaaku Tchad qui regroupe les Peuls tchadiens disent être indignés par les propos du député Kebzabo qui vise leur communauté et au-delà tous les Hommes épris de paix. Selon eux, les propos proférés ne sont rien d’autre que de l’incitation à la haine envers les Peuls, une communauté déjà stigmatisée. Et dont les membres dans la zone en question sont en majorité des pasteurs (éleveurs). « Nous organiserons une conférence de presse très bientôt pour répondre à M. Saleh Kebzabo. Et nous examinons les possibilités d’intenter des poursuites judiciaires », dit le président de Tabital Pulaaku M. Ousmanou Ahmadou Bakary très remonté contre celui que les Peuls considèrent comme un de leur, rajoute-il.

Christian Allahdjim

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