Au Tchad, la tomate est produite en abondance, mais elle est une denrée périssable. La plupart des producteurs et les grossistes jettent les invendus qui risquent de pourrir entre leurs mains. N’existe-t-il pas des techniques de conservation ? Reportage
La tomate est produite dans plusieurs zones du pays. Le Tchad ne dispose qu’une seule usine de transformation de fruit à Doba. Elle est fermée depuis plusieurs années. La plupart des producteurs des tomates après un dur labeur voient pourrir leurs produits. Selon Moustapha Djibrine, tout le monde est perdant : producteurs, grossistes et même les consommateurs. « Vous voyez, ils sont dans des caisses, sinon pendant le transport tous vont pourrir. On dit qu’une tomate pourrie pourrit toutes les autres. Malgré cela, c’est difficile. On finit toujours par en jeter », déplore-t-il.
Pour Mahamat Abdelkrim Ahmadaye, technicien à Direction de la Nutrition et de la Technologie Alimentaire (DNTA), il est possible de conserver les produits agroalimentaires comme la tomate. D’abord, c’est un problème de volonté, le vouloir c’est déjà le pouvoir, dit-il. Pour lui, la tomate fait partie des fruits qu’on peut conserver d’une manière élémentaire sans avoir besoin de connaissances techniques agro-industrielles très approfondies Il propose aux producteurs trois techniques de conservation artisanale et ancestrale de la tomate. Il faut d’abord pellée la tomate.
La première technique consiste à sélectionner les tomates mûres, les laver, les chauffer, laisser refroidir et les éplucher. Les pétrir puis les passer à la stérilisation à un degré souhaité, le laisser refroidir, embouteiller et étiqueter.
La deuxième technique explique-t-il, c’est la conservation sèche. « On sèche la tomate après avoir découpé en tranche », dit le technicien.
Travailler en amont
« En période de pic, de forte production, il faut un travail en amont. Il faut former les producteurs. Quel type de tomate produire ? Parce qu’il y a plusieurs variétés », déclare Mahamat Abdelkrim Ahmadaye. Pour lui, l’agriculture n’est pas un métier de pauvre. Selon lui, au Soudan, au Nigeria et aux États-Unis, c’est de grosses fortunes qui investissent dans l’agriculture. « Lorsque le Président de la République demande aux Tchadiens de s’investir dans l’agriculture, le message n’est pas agressé au petit paysan sans moyens au fond du village qui vit avec moins d’un dollar par jour ». Il rajoute « je demande aux opérateurs économiques d’aimer la terre, la main d’œuvre est là. Ce sont des milliers d’emplois pour les jeunes. Et nous, en tant que nutritionnistes et technologues nous feront le suivi », dit-il. M. Mahamat Abdelkrim Ahmadaye demande à la population et aux producteurs de venir vers eux, les techniciens pour recueillir de conseils. Au lieu de jeter les tomates invendues, « nous allons leur proposer des solutions ».
Le technicien de la DNTA affirme que la DNTA est un service public. Il est ouvert à la population. Il indique que la direction dispose des ressources humaines compétentes pour former les producteurs.
Il interpelle les autorités et les partenaires techniques et financiers de se rapprocher de la DNTA pour voir ensemble les faisabilités de vulgarisation de plusieurs techniques au plus grand nombre.
Moyalbaye Nadjasna