Des élèves, des enseignants et des dirigeants des écoles privées comme publiques de N’Djamena, capitale tchadienne, font face à des grands problèmes de sécurité routière. Traverser la rue est véritable chemin de croix surtout pour les élèves qui met leurs vies en danger. Reportage.

Le constat est amer. Un tour durant les heures de pointe, en entrées et sorties des classes, devant certains établissements publics et privés comme le lycée Félix Eboué face à l’Avenue Mobutu et le Lycée Fort Lamy (LFL) sur la Rue de 40 m est un vrai chemin de croix. Au Lycée Fort Lamy où nous nous sommes rendus, les élèves ont toutes les peines du monde pour atteindre leurs salles de classe.  Même scénario à midi lors des sorties des classes finissent.

« La problématique de la sécurité de nos élèves est délicate », a reconnu le proviseur du LFL, Ibrahim Mahamat Iguemir. Les responsables de l’établissement s’organisent chaque jour pour assurer la sécurité de leurs élèves.  « Nous mettons chaque jour 2 surveillants avec des panneaux de signalisation-stop pour contraindre les usagers à s’arrêter et laisser traverser les enfants », dit le proviseur. Il reconnaît que la tâche est difficile à accomplir, « certains usagers tentent toujours de nous rendre la vie compliquée. De tels comportements ont causé un accident à fracture ouverte à un de nos élèves en novembre 2019.»

L’établissement appelle à l’aide souvent la Police. Un des parents d’élèves sous couvert de l’anonymat dit « La seule solution est de demander à la Mairie centrale de construire une passerelle à l’exemple de celle construite entre le lycée Félix Eboué et le Lycée technique commerciale. » Pour des raisons de sécurité routière, une passerelle est construite entre ces 2 lycées. Malheureusement cette passerelle n’est pas utilisée par les élèves qui préfèrent traverser la voie. Ce qui cause assez souvent des embouteillages. Manque de sensibilisation ? On ne saurait le dire. Mais selon les des élèves, emprunter la passerelle est fatigant.

La solution dos d’âne, mais…

Contrairement au LFL, l’École catholique Associe Notre Dame de la Paix communément appelée école Béguinage a réussi à se faire construire un dos d’âne pour la sécurité de ses élèves. C’est une école de niveau primaire. Elle compte environ 1 036 élèves. Et existe depuis plus de 60 ans. Selon la directrice Sœur Claude Marcelle BSAIBE, c’est grâce au Président de la République Idriss Deby ITNO que leur école a eu ce dos d’âne. Elle en est reconnaissante. « Seulement, la peinture du dos d’âne est effacée et on ne peut pas le voir de plus loin ce qui n’est pas trop sécurisant pour nos enfants. » Selon elle, plusieurs fois son établissement a formulé des demandes à la mairie pour remettre la peinture, mais jusque-là rien. Aussi, elle souligne qu’ils ont des panneaux de signalisation pour stopper les voitures et motocyclistes, mais qui ne sont pas bien agencés, « s’ils y a des gens qui peuvent bien les disposer ils sont la bienvenue », dit la soeur. Pour les entrées et les sorties, la responsable de l’école catholique Le Béguinage dit « je me suis rendue à la Police pour demander de mettre au service de l’école au moins 2 policiers pour assurer la sécurité. Il y a beaucoup de choses à faire à savoir, le thermo flash, les masques entre autres, c’est pourquoi la présence des forces de l’ordre va nous aider à avancer ».

Selon la Sœur Claude Marcelle BSAIBE, le problème se pose autour de l’école. « A l’intérieur, les enfants sont en sécurité. On exige que les élèves restent jusqu’à 17h si les parents tardent à venir les récupérer. Quelquefois je les amène dans ma voiture ce qui n’est pas normal, mais on fait avec », conclut-elle.

Dos d’âne ou pas, la sécurité est l’affaire de tous. Il est question de veiller à préserver la vie de tous, car la vie humaine est sacrée. Pour la sœur les automobilistes et motocyclistes doivent faire preuve de civisme. La sécurité de nos enfants en dépend.

Moyalbaye Nadjasna

En dépit de l’inondation de sa cour, le Lycée de Habbena se prépare pour la rentrée scolaire 2020-2021. Reportage.

10 heures 42 minutes. Le ciel dégage un air frais en cette matinée du lundi 12 octobre. Dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena, au quartier Habbena, se dresse le Lycée public d’Habbena. Deux bâtiments d’un niveau chacun. Il y a près de 2 mois, l’accès à la cour de cet établissement était impossible à la suite des inondations. La situation n’est plus la même aujourd’hui. Grâce aux digues faites de remblais, l’accès à l’administration et aux salles de classe est possible. Le Lycée reprend vie.

Élèves et parents se bousculent pour les inscriptions, réinscriptions, retrait de changement d’établissement et autres pièces académiques. Dans la pièce principale, deux surveillants se chargent des dossiers d’inscription et de réinscription. Juste à droite se trouve le bureau du proviseur. Une longue file d’attente se dresse devant sa porte.

Mme Habiba Idriss, proviseure du lycée nous reçoit enfin. Il nous a fallu près de deux heures d’horloge de patience. Dans son grand bureau, quatre chaises sont disposées pour les invités. Sur sa table, des lots de dossiers sont empilés çà et là. Elle est débordée par la charge de travail. Elle se permet de petits moments de pause par des gestes presque mécaniques. Elle ôte ses verres correcteurs, recule sa chaise et laisse tomber son dos, dans un grand souffle, sur le dossier de sa chaise en regardant la montagne de dossier sur son bureau.

Mme la proviseure dirige cet établissement depuis trois ans. Depuis le 1er octobre, les cours ont repris pour boucler l’année académique 2019-2020. Douze jours après, ces cours n’ont toujours pas démarré dans son établissement. Non pas à cause de l’inondation de la cour, mais plutôt à cause du « sabotage » des élèves. « Les enseignants viennent tous les jours. Mais aucun élève ne se présente. C’est un sabotage », dit Mme Habiba Idriss. La cause de ce « sabotage » est, selon elle, la décision du ministère de l’Éducation nationale de faire passer systématiquement les élèves en classe supérieure. « Cette décision leur fait prendre la grosse tête parce qu’ils savent que l’année est bouclée ou pas, ils passent en classe supérieure », lâche-t-elle, l’air dégoûtée. Finalement l’administration se prépare pour la nouvelle année académique prévue le 2 novembre. « Nous sommes prêts pour la reprise des cours. L’eau ne constitue plus un problème pour nous », a rassuré la proviseure.

Bien que les eaux se retirent peu à peu de son établissement. Le hic selon Mme Habiba Idriss, ce que ça fait 23 ans que cela se répète. « C’est un chantier inachevé », dit-elle. Selon elle, le lycée a été réceptionné sans clôture ni nivellement de la cour. Pourtant il est construit sur un bassin de rétention. Ce qui serait la cause de son inondation tous les ans. Toujours selon Mme Habiba, des efforts sont consentis tous les ans pour faire de ce Lycée, un établissement agréable.   « Chaque année on déverse du remblai. L’année suivante, c’est comme si rien n’a été fait. Cette cour a englouti des bennes de remblai. Mais on le fait petit à petit aux frais de l’administration », a indiqué Mme Habiba Idriss.

Pour la proviseure, le chantier nécessite de grands moyens. Depuis 23 ans, le gouvernement n’a pas réagi. « Nous en référons à notre hiérarchie chaque année. Cela fait 23 ans qu’on le dit, mais rien n’est fait. Nous espérons toujours qu’un jour le gouvernement trouvera la solution », dit-elle.  En attendant, elle appelle des personnes et organisations de bonne volonté à leur venir en aide pour la finition de la clôture et le remblayage de la cour.

Christian Allahdim

La finale du programme « École des Champions » initié par Naïr Abakar s’est jouée le 15 octobre à N’Djamena, capitale tchadienne. Ialtchad Presse vous fait comprendre ce projet en 6 points.

La phase finale de la sélection du programme École des Champions s’est jouée le 15 octobre dernier en présence du ministre des Sports Routouang Mohamed Ndonga Christian, du partenaire Samuel Eto’o, de l’initiateur Naïr Abakar et des 50 jeunes âgés de 10 à 15 ans. Tous présélectionnés dans trois provinces. Ils ont démontré leurs talents dans le cadre de ce programme.

Qu’est-ce que le concept École des Champions ?

L’École des Champions est un programme initié par le conseiller de l’Union africaine à la Jeunesse, Naïr Abakar. Le programme combine études et sport. Il est à sa première édition. Selon Naïr, le programme se focalise sur le sport parce qu’il (football) est un sport rassembleur au-delà de la race, de la culture. Mais, dit-il, d’autres programmes seront initiés dans d’autres domaines pour le développement de l’Afrique.  

Quelle périodicité?

L’École des Champions est un programme annuel. La première édition n’a concerné que le Tchad avec pour partenaire Kadji Academy sport de Douala. Toutefois, selon l’initiateur, il va s’étendre aux autres pays africains avec le concours des autres académies.

Quel objectif ?

Le programme École des Champions vise à promouvoir le football africain à la base. Il est question de dénicher des pépites dans des ligues régionales et leur octroyer des bourses pour intégrer une académie de football afin de réaliser leurs rêves. Comme l’a reconnu Samuel Eto’o, lors de la phase de ce programme joué à N’Djamena, en Afrique, le football n’est pas assez promu et soutenu.

Qui est concerné ?

Le programme concerne les jeunes de 10 à 15 ans. Pour Naïr Abakar, c’est la base pour développer un potentiel. Pour cette première édition, 15 jeunes tchadiens sont bénéficiaires de cette bourse pour intégrer Kadji Academy Sport pour deux ans de formation.

Et l’avenir des jeunes ?

D’après l’initiateur, les jeunes retenus dans le cadre de ce programme ont deux ans de formation à Kadji Academy Sport de Douala. A l’issue de ces années de formation, il y aura des évaluations. Et ces jeunes seront prêts. Certains pourront obtenir des contrats et auront la chance de continuer en Europe, croit Naïr. D’autres non. Pour ces derniers, Naïr Abakar souligne qu’ils intégreront directement l’équipe pépinière des Sao, U13 et U15 du Tchad. Pour Samuel Eto’o, ce sera une fierté que l’équipe nationale tchadienne de football soit constituée dans dix ans de ces jeunes. 

D’où vient le financement ?

Le programme est financé entièrement par l’Union africaine avec le soutien actif de Kadji Academy sport de Douala en tant que partenaire.  


Christian Allahdjim

L'avenue du 11 août est située au quartier Djambal Barh dans le 3e arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djamena. Elle abrite sur ses abords un petit et sympathique marché au citron avec une particularité : pas des vendeurs mais seulement des vendeuses. Le produit vedette est le citron. Immersion sur cette avenue.

Il est 10 h 30 min en ce jeudi 9 octobre. Au contournement du ministère des Affaires étrangères, la petite plaque indique Avenue du 11 août, autrement avenue de l’indépendance en référence à la date de la proclamation de la République du Tchad). Cette avenue qui longe le mur du côté sud de l’hôpital de la Mère et de l’Enfant et les logements de la Mairie est connue des habitués pour son commerce de citron au bord de la route. C’est ce que lui a valu le surnom de la « rue du citron ». On ne peut parler de cette avenue sans se référer au petit marché au citron qui s’est implanté là, il y a 4 ans.

Sur cette avenue, dames de tous les âges et jeunes filles vendent de citron, gingembre, citronnelle, tamarin, pamplemousses, mandarines, etc.  Les clients en voiture, à moto ou encore des piétons viennent acheter, discutent les prix dans un langage très fleuri.

Mme Martine est vendeuse. Devant sa table, elle guette patiemment les clients. Veuve et mère de 5 enfants, elle exerce ce métier depuis plus de 5 ans. Sur ce lieu, elle est à sa troisième année. Elle a choisi de s’installer sur cette avenue pour selon elle, sa proximité aux hôpitaux de la Mère et de l’Enfant et la Référence nationale. « Mais également pour sa fréquentation remarquée aux heures de pointe », dit Mme Martine.

Plusieurs vendeuses affirment que l’emplacement du petit marché au citron est stratégique. En fait, beaucoup d’usagers et de fonctionnaires évitent d’emprunter le tronçon de l’Avenue Charles de Gaule qui passe devant la Présidence de la République. Ils préfèrent prendre cette avenue. Et ils en profitent pour s’approvisionner. Pour eux, le petit marché au citron est accessible sans encombrement.

Fanta Oumar fait partie de ces femmes qui se débrouillent pour être indépendantes et subvenir à leurs besoins. Elle est étudiante en 2e année en Économie à l'université Emi Koussi. Elle se lève chaque jour de bonne heure pour s’approvisionner au marché de Dembé, plus au sud de la capitale tchadienne, N’Djamena, avant de revenir s’installer sur cette avenue. « Pour moi ce commerce est le seul moyen pour moi de préparer la rentrée. Je le pratique occasionnellement. Par exemple, je le fais à chaque congé ou pendant les grandes vacances », dit-elle. Le fameux marché de Dembé est le lieu du premier rendez-vous de toutes les braves dames de la capitale. Elles sont les « lève-tôt » et les « couche-tard » de la ville. Au petit matin, les silhouettes de ces vendeuses arpentent rues et ruelles des environs pour s’approvisionner en produits frais. Chacune selon ses capacités financières. Certaines par sac, d’autres par « coro ».

Ensuite elles prennent d’assaut les minibus pour rejoindre le petit marché au citron. Sur place, elles le tri des citrons. Les premières qualités (en bon état) sont vendues en l’espèce en détail. Les deuxièmes qualités (amochés) sont vendues aux propriétaires de stand ou espace qui fabriquent du jus. Un « coro » (tasse) de citrons amochés se vend à 1 000 F CFA. Un litre et demi de jus frais de citron est vendu à 1 500 F CFA. « C’est avec le revenu de ce commerce que je m'occupe de mes enfants et de moi-même. Dieu merci, je ne me plains de rien », explique Mme Martine.

Les vendeuses ont le vent en poupe grâce à la pandémie du COVID-19 au Tchad. Les affaires sont bonnes. « Depuis que le coronavirus est arrivé, le commerce marche bien. Je finis parfois mes marchandises avant de rentrer et les bénéfices sont satisfaisants », affirme Marguerite, vendeuse et voisine d’étal de Mme Martine.

L’Avenue du 11 août ou Avenue du citron ? C’est à chacun son avenue. Chose certaine, l’Avenue du 11 août est devenue l’endroit par excellence pour acheter son citron à N’Djamena. Pour commercer avec des dames fortes !

Christian Allahdjim

Les enseignants du Tchad ont célébré ce 5 octobre la journée mondiale des enseignants. À N’Djamena, capitale du Tchad, les festivités se sont déroulées au Centre Almouna. Ialtchad Presse était présent. Reportage.

« L’enseignant a tout donné, jusqu’au fond de son savoir, l’enseignant a donné. Si aujourd’hui tu es président, c’est le fruit de l’enseignant ». C’est par cet hymne dédié à l’enseignant que les festivités commémoratives de la journée mondiale des enseignants, édition 2020, ont démarré au centre Al Mouna de N’Djamena ce lundi 5 octobre.

À 7 heures du matin, le Centre est pris d’assaut par les enseignants. L’auditorium d’une capacité de 700 personnes était plein à craquer. À 9 heures, les protocoles indiquent qu’il n’y a plus de places disponibles. Les retardataires sont orientés vers l’École du Centre où la cérémonie de réjouissance aura lieu. 9heures 30mn, la cérémonie démarre en trombe.

Le président du Comité d’organisation est le premier à prendre la parole. Il rend un vibrant hommage aux enseignants-retraités avant de souligner que l’édition 2020 est placée sous le thème : « les enseignants : mener en temps de crise, repenser l’avenir ».

Il lance le débat sur les aptitudes et les compétences des enseignants à adopter afin de répondre au nouveau défi du Covid-19. Pour le secrétaire provincial du Syndicat des enseignants du Tchad, Mbayana Laoukoura, la journée mondiale des enseignants est le lieu indiqué de saluer l’engagement des enseignants qui se sacrifient pour la réussite de l’éducation de tous les enfants tchadiens. Malheureusement, fait-il remarquer, l’enseignant tchadien travaille dans des conditions défavorables caractérisées par la précarisation. En référence, il cite les mesures drastiques prises par le gouvernement en 2016 pour juguler la crise financière et le risque de contracter la maladie à coronavirus avec la reprise des cours. « La pléthore des élèves expose probablement l’enseignant aux mêmes risques que le corps médical », a-t-il relevé.

Aussi, M. Laoukoura s’est prononcé sur la qualité de l’enseignant. Il précise qu’elle est un critère à ne pas négliger. « La problématique de la qualité de l’enseignement dépend de la qualité de l’enseignant », dit-il. C’est pourquoi il invite la commission chargée de recruter les 20 000 diplômés à la Fonction de prendre en compte cet aspect. « Il faut recruter des enseignants de qualité sans discrimination, loin du clientélisme, du népotisme et de la géopolitique (salve d’applaudissements de l’assistance) », dit-il, sur un ton ferme.

Ensuite c’était au Secrétaire Général du SET M.  Ngartoidé Blaise de s’adresser à l’assistance. Il a axé son discours sur les négociations en vue de l’application intégrale de l’accord du 9 janvier dernier. Il affirme qu’elles sont sur les bons rails. « La levée du gel des effets financiers des avancements et reclassements est prévue pour le mois d’octobre (acclamation de la salle). Le paiement des frais de transport est pour le mois de décembre (brouhaha). » Il souligne que 90% des revendications des enseignants sont satisfaites. Et le maître de cérémonie d’ironiser « l’enseignant a tout donné, mais il a aussi tout gagné. Nous aurons notre 13e mois avec la mention honorable (hilarité dans la salle). »

Le gouvernement de son côté dit avoir fait des progrès. Et soutient que les principes syndicaux n’autorisent pas à enclencher des actions au risque de mécontenter le partenaire. Le secrétaire provincial du SET de N’Djamena prévient, « le débrayage sera automatique si au mois d’octobre les salaires sont payés sans aucune augmentation (applaudissements). »

La célébration a pris fin dans une ambiance bon enfant au centre Al Mouna autour de 12 heures. Toute l’assistance se dirige vers l’École du Centre. « La fête se passe là-bas », lance au micro le maitre de cérémonie. Au rythme de la musique, des rafraîchissements ont été offerts, des pas de danse ont été esquissés le tout accompagné des fortes déclarations des différentes positons des syndicalistes. « Rendez-vous, l’année prochaine », disent les enseignants.

Christian Allahdjim

Le baccalauréat est un diplôme qui sanctionne le cycle secondaire et ouvre les portes des études supérieures aux lauréats. Au Tchad, après l’obtention de ce diplôme, les jeunes bacheliers ont du mal à s’orienter et à s’intégrer dans la vie active. Reportage.

L’obtention du baccalauréat est une chose et s’orienter dans les études supérieures en est une autre. Beaucoup de jeunes sont confrontés à ce problème. Ils ne savent pas ou hésitent à faire un choix clair. Pourtant, ce choix s’avère déterminant pour la future carrière des jeunes et comme le dit un adage populaire « si on ne sait pas d’où on vient, il faut savoir où on va ».

Saleh Moïdjingar Issa, jeune de 22 ans habitant le quartier Amtoukoui, dans la commune du 7e arrondissement. Il vient de réussir son baccalauréat série A4, « jusqu’à présent il n’a pas encore choisi sa filière de formation. Avant, il voulait faire la communication et dit-on que ceux qui finissent en communication n’ont pas beaucoup de débouchés, donc il est pour le moment dans l’embarras de choix », dit-il.

Ildjima Katcheng est bachelière de 18 ans. Elle a choisi les Relations Internationales. Ce choix, elle l’a fait elle-même. Ses parents lui ont demandé de faire le Droit, mais elle préfère les Relations Internationales puisque ça fait déjà quelque temps qu’elle a jeté son dévolu sur cette filière. « Bien que cette filière n’existe pas encore à l’Université de N’Djamena, je compte commencer avec une autre filière avant de me spécialiser en Relations Internationales », dit la jeune bachelière.

Ces deux exemples illustrent bien, la difficulté dont sont confrontés les jeunes pour choisir une filière après le baccalauréat. Et souvent leur choix est en inadéquation avec le marché du travail. Du côté des parents, les avis divergent. Certains parents laissent libre cours à leurs enfants. D’autres estiment qu’il est préférable que les parents fassent le choix de formation à leurs places.

Quelle filière pour quel débouché ?

Pour Bananeh EHNENKI, Enseignant à l’École Normale Supérieure (ENS) de N’Djamena et pédagogue, « jadis, le conseil d’orientation allait d’établissement en établissement avec des dépliants qui offraient des possibilités après le baccalauréat, mais cette pratique a disparu aujourd’hui ». Pour une bonne orientation, il faut que l’élève ait une capacité ou une aptitude à exercer tel ou tel métier. Et la décision ne doit pas être prise seule, elle doit être prise en concertation avec les parents, l’élève et le conseil d’orientation de son établissement. « Malheureusement aujourd’hui, il y a des élèves qui, après le baccalauréat font parfois de choix erroné, hasardeux et par suivisme », se désole Bananeh EHNENKI. Le pédagogue rajoute qu’il ne faut pas faire le choix par rapport à son ami, mais par rapport à ses propres aptitudes, à ses ambitions et à ses moyens.

Le critère de l’offre d’emploi entre aussi dans le choix de la filière de formation, car vous pouvez suivre une formation, l’achever dans de bonnes conditions et vous vous rendriez compte qu’il n’y a rien sur le marché de travail. Il faut donc, bien analyser le marché de travail avant de faire le choix. Auquel cas, votre choix doit s’orienter vers l’auto-emploi.

« Le système éducatif tchadien manque de système de récupération et de passerelles pour permettre à tous les élèves d’aller vers les qualifications qui leur permettront d’être pratiques. Et de faire quelque chose dans la vie », dit Bananeh EHNENKI. Pour résoudre ce problème, le pédagogue suggère la multiplication des établissements de formation professionnelle pour récupérer des élèves qui ne sont pas destinés à faire de longues études, ainsi dit-il, on aura le moyen de limiter le chômage et de promouvoir l’auto-emploi. Il existe de nos jours, des filières prometteuses comme l’informatique, la médecine, l’enseignement, le secteur agricole et bien d’autres que les jeunes bacheliers peuvent aisément s’orienter.

Pour ne pas tomber dans le piège de l’embarras de choix de filière de formation ou de choisir une filière en inadéquation avec le marché de travail, le pédagogue conseille aux jeunes bacheliers de ne pas faire de choix hasardeux et par suivisme. Avant de s’engager dans une formation, il faut se fixer un objectif et ne pas compter sur la Fonction. Aussi, il faut demander conseil aux aînés, discuter avec les parents et se rapprocher des spécialistes pour éviter le regret d’avoir fait des études qui ne conduisent nulle part.

Ousmane Mahamat Alfahal

La rentrée scolaire 2020-2021, fixée au 1er octobre, est décalée au 2 novembre 2020. Raison, finaliser le programme scolaire 2019-2020.

La nouvelle a pris de cours tous les acteurs du système éducatif. La rentrée scolaire 2020-2021, initialement prévue le 1er octobre, est repoussée au 2 novembre. Et c’est à 48 heures de la rentrée que la décision est tombée. Dans le communiqué qui l’annonce, la Direction Générale du ministère de l’Éducation nationale explique ce décalage par la nécessité de finir le programme scolaire 2019-2020. Retour donc à la case départ.

C’est en raison de la pandémie du Covid-19, le ministère de l’Éducation nationale a suspendu les cours dans tous les établissements d’enseignement. Pour sauver l’année scolaire 2019-2020, le ministère a autorisé la reprise des cours dans les classes d’examen. Cette décision a abouti à l’organisation du baccalauréat, du brevet d’étude fondamentale, et des concours d’entrée dans des écoles techniques. Toujours dans le but de finaliser le programme scolaire, le ministère a prévu un mois de cours pour les élèves des classes intermédiaires. Le mois de septembre était retenu. Mais ce scénario a été abandonné pour revenir à nouveau. « Cette reprise concerne uniquement les classes intermédiaires », a précisé le communiqué. Autrement, les élèves des classes intermédiaires ont un mois pour finaliser le programme scolaire en cours.

Selon les explications obtenues auprès de la direction générale du ministère de l’Éducation, durant ce temps, des évaluations peuvent être organisées. Ceux qui auront assez de difficultés doivent être accompagnés (cours de soutien) en dehors des heures régulières, nous a confié notre interlocuteur. Mais ces évaluations ne doivent en aucun cas être considérées comme examen de passage. « Le passage au niveau supérieur est systématique », a rappelé notre source.

À partir du 1er octobre, les élèves de la maternelle en 4e puis de la 2de en 1ère reprendront le chemin des classes pour boucler l’année 2019-2020. Ceux qui passent pour la 3e et la Terminale doivent attendre le 2 novembre pour commencer la nouvelle rentrée. Dans le programme, la reprise des cours sera séquencée : jeudi 1er octobre : CM1, CM2, 6e, 5e et 2de ; Vendredi 2 octobre : CE1, CE2, 4e et 1ère et samedi 3 octobre : maternelle, CP1 et CP2. Ceci « pour permettre une gestion aisée de l’effectif des élèves et éviter tout débordement », indique le communiqué. La nouvelle rentrée scolaire est quant à elle fixée , pour l’instant, le 2 novembre 2020 sous le thème : « renforcement des enseignants, apprentissages et promotion de l’éducation civique face à la Covid-19 ».

Le Directeur général de la Société nationale d'électricité (SNE), Mahamat Adoum Ismaël, a fait une déclaration ce mercredi 30 septembre. Il est revenu sur les coupures d'électricité intempestives, et a clarifié la situation. Reportage.

Les usagers de la Société nationale d'électricité à la capitale et en provinces font face depuis quelques semaines à des délestages intempestifs. Cette situation est due principalement à des difficultés d’ordres techniques, financier et matériel, souligne d'emblée le directeur général de la SNE, Mahamat Adoum Ismaël. « Je voudrais profiter de l’occasion pour adresser à notre aimable clientèle en mon nom propre et en celui de l’ensemble des travailleurs de la SNE, toutes nos excuses pour le désagrément que cela a pu leur causer », ajoute-t-il.

Selon la direction générale de la SNE, tout est mis en œuvre afin de trouver une solution à la crise énergétique. Des moyens conséquents sont mis à la disposition de l’entreprise pour relever le défi, a dit M. Mahamat Adoum Ismaël. Il explique que pour la ville de N'Djaména qui représente plus de 95% de l’activité de la société, 7 groupes sur 14 sont en arrêt. Les 7 restants et les 3 opérateurs privés produisent que 70 MW, soit une énergie livrée de 1 680 000 KWH par jour pour des besoins de la ville estimés à 2 400 000 KWH. La ville n’est alors couverte qu’à 70%. Ce déficit est aggravé, quand surviennent des défauts et des pannes dus à la vétusté des lignes de distribution et à un réseau de transport surchargé.

Difficultés

« L’état délétère dans lequel se trouve aujourd’hui l’entreprise découle principalement de l’état de ses finances, déficitaires. Ce sont les conséquences du non-paiement des factures par 1/3 des clients. Ils s’alimentent illégalement ». Selon le DG, des fraudes organisées se généralisent au détriment de l’équilibre financier de l’entreprise, mais aussi, et très souvent du danger que présente le risque d’électrocution en période de pluie et d’humidité.

Mahamat Adoum Ismaël soutient que les problèmes de production, de transport, de distribution, de délestage, de branchement, de compteurs et de lenteur bureaucratique ne peuvent être résolus en 1 jour. Pour trouver une solution durable, il faut un travail pharaonique, du temps, des infrastructures sophistiquées et des réformes de la société.

Espoir

Pour le directeur général, il faudra que la SNE répare et réhabilite les groupes. Ainsi la production totale peut être portée à 121 MW. A cela s’ajouteront les 32 MW de la Centrale Denali en construction à Djarmaya. Ce qui donnera au total 153 MW pour un pic estimé en mai 2021 à 130 MW. Il y aura alors un excédent de 23 MW.

C’est seulement à ce prix que « La lumière brillera dans les foyers et le délestage ne sera qu’un mauvais souvenir », conclut le directeur général Mahamat Adoum Ismaël. Juste après cette déclaration, plusieurs abonnés ont exprimé leur scepticisme dans les réseaux sociaux.

Maurice Ngonn Lokar

Submergée par les eaux des pluies la rendant impraticable, il y a quelques semaines, l’avenue du 10 octobre est ouverte de nouveau à la circulation. Pour faire suite à notre article alors que l’avenue était impraticable lors des inondations, Ialtchad Presse est reparti constater s’il y a eu une amélioration. Reportage.

Soulagement. C’est ce qu’on peut lire sur les visages des usagers de l’avenue du 10 octobre rencontrés ce lundi 28 septembre. Il y a un mois et demi, cet axe était impraticable à la suite des grosses pluies qui l’ont submergée. Pour rejoindre le centre-ville, les habitants d’Abena, Amtoukoui, Boutalbagar, Kamnda, Ndjari étaient contraints de faire le contournement soit par l’avenue Pascal Yoadoumnadji soit par l’avenue Taiwan. Ce qui leur faisait plus de kilomètres, d’énergie et de carburant. 

Depuis quelques semaines, les eaux ont commencé par baisser laissant la voie de nouveau accessible. Malgré les crevasses et les nids-de-poule, bus commerciaux, véhicules particuliers, motos reprennent leur trajet sur cet axe. Plus aucun de pirogues ne navigue sur les eaux. Place à la libre circulation. « Enfin, c’est plus agréable comme ça », dit Ahmadaye, motocycliste. Il dit être fatigué de contourner ce tronçon.

Pour éviter de tomber dans des creux, un groupe enfants joyeux sert de guide aux usagers.  D’autres tentent de remblayer ces creux contre quelques pièces de monnaie demandées auprès des passants. La circulation est pêle-mêle. Rien n’est respecté. Même pas le sens interdit. C’est à qui mieux mieux. « Ici, il faut oublier les règles de la circulation », affirme un motocycliste. Chaque usager roule sur la chaussée de son choix. « Les gens roulent à contre sens sur une voie rapide. Ce désordre rend de fois la circulation dense », renchérit Ahmadaye qui invite ses concitoyens à faire preuve de civisme.

De l’autre côté, sur l’avenue Pascal Yoadimnadji, c’est le même sentiment de soulagement. Les embouteillages constatés chaque matin et soir ne sont plus réguliers. Autrefois, l’impraticabilité de l’avenue du 10 octobre a fait que l’avenue Pascal Yaodimadji était plus achalandée. La jonction sur l’avenue Mathias Ngarteri était devenue un véritable carrefour où des embouteillages monstres se forment tous les jours s’est désengorgée. La circulation est plus fluide actuellement.

Le tarissement des eaux sur cette voie a fait disparaître deux activités : le lavage des engins et la traversée à pirogue. Au pic des inondations, des jeunes utilisaient ces eaux pour laver motos et voitures. Ils ont aussi développé un autre secteur d’activité en mettant des pirogues pour la traversée. Avec le tarissement des eaux, ces jeunes se sont retirés. Ils ont concentré leurs activités aux bords des deux bassins de rétention aux abords de l’avenue. « Le business continu, mais un peu loin », dit Mbairamadji Noël.

Christian Allahdjim

Le passage systématique en classe supérieure décidé par le ministère de l’Éducation nationale ne fait pas l’unanimité. Une bonne partie des parents, d’élèves, d’enseignants et des chefs d’établissement ne sont pas d’accord. Reportage.

« Cette nouvelle rentrée va être catastrophique », prédit Ndonane Allandigta, chargé de cours en Philosophie au Lycée de Walia. En cause, la décision du ministère de l’Éducation de faire passer systématiquement les élèves en classe intermédiaire et ensuite en classe supérieure. La raison officielle est la perturbation des cours par la pandémie du Covid-19.

« C’est une décision bidon », dit M. Modobé Jean, parent d’élèves rencontré au lycée Hérédité. Pour lui, la décision du gouvernement est infondée.  « Dans la plupart des systèmes éducatifs, surtout en Afrique, il y a le redoublement. Dire que les élèves doivent passer systématiquement relève de la complaisance », fustige-t-il avant de rajouter, « si c’est le cas, pourquoi ceux qui ont passé les examens ne sont pas tous admis d’office ? » D’autres parents ont des mots très durs. Mme Solkem, mère de 3 élèves rencontrée au Lycée Ibrahim Mahamat Itno (LIMI) de Farcha, confie que tous ses enfants ont raté la moyenne et ils vont tous reprendre. « Je ne tolère pas les bêtises que le gouvernement est en train d’organiser. Cette décision est un crime contre la jeunesse », accuse-t-elle.        

Les parents ne sont pas les seuls à fustiger cette décision qu’ils jugent incompréhensible. Comme par solidarité, les élèves ne sont pas en reste. Fabrice Allata est élève en classe de Première L au Lycée Apha 3. Pour lui, cette décision fait la promotion de la médiocrité. « Ceux qui ont de faibles moyennes doivent absolument reprendre. Sinon ça va être pire. Déjà que le phénomène de baisse de niveau ternit l’image du système éducatif tchadien », dit-il.

Certains élèves se disent conscients de leur avenir. Comme, Allasra Ferdinand, élève en Seconde unifiée au Lycée Ibrahim Mahamat Itno (LIMI). Il refuse de passer en classe supérieure bien que la décision l’y autorise. « J’ai une moyenne annuelle de 8,45/20 et j’ai pris la décision de reprendre ma classe et je ne regrette pas », insiste-t-il. Par contre, d’autres élèves estiment qu’ils n’ont pas le choix. « Qui suis pour contredire une décision gouvernementale. J’ai accepté malgré ma mauvaise moyenne », justifie un autre élève qui devrait redoubler.

Pour les chefs d’établissement, le sujet est délicat. « Je ne peux pas me prononcer sur une décision politique », a sèchement répondu un chef d’établissement privé. « Mais c’est anti pédagogique en tout cas », se résume-t-il. Pour le directeur d’un collège privé à Farcha, le passage systématique des élèves en classe supérieure est une décision salutaire. Il s’explique, « faire reprendre les élèves, c’est une manière de les retarder. » Si les avis sont divergents, tous reconnaissent que l’avis des parents compte. La direction du LIMI explique que les élèves qui ont des faibles moyennes passent ou redoublent seulement après accord des parents. Passage ou redoublement, Casimir, élève en seconde, conseille aux parents de trouver des répétiteurs à leurs enfants. Sinon, dit-il, ils auront des difficultés.

Il faut rappeler que c’est à cause du dépistage du 1er cas de coronavirus au mois de mars passé, que le gouvernement a suspendu toutes les activités académiques. Les cours ont été dispensés en ligne (Internet) pour les élèves des classes d’examen. Initialement, ceux des classes intermédiaires doivent reprendre les cours en présentiel en septembre pour boucler l’année. Mais revirement à la dernière, ces cours sont annulés. Et la nouvelle rentrée est déjà arrivée. Pris en tenaille, le gouvernement a décidé par cette mesure controversée de régler le problème de retard.

Christian Allahdjim
Orthom L’Or

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