jeudi 28 mars 2024

Radio Tchad, d’hier à aujourd’hui

Nov 29, 2020

Située au quartier Sabangali, dans le 3ème arrondissement de la ville de N’Djamena, la Radiodiffusion Nationale Tchadienne (RNT) a bercé les oreilles des milliers des générations des Tchadiens. Une radio, quoi qu’on dise, à laquelle les Tchadiens s’identifient et y sont attachés d’un amour presque charnel. Quelles sont ses origines ? Comment fonctionne-t-elle ? Quels services offre-t-elle ? Ialtchad Presse vous ramène aux origines de ce média de service public dans le cadre d’une série de reportages consacrés aux médias tchadiens.

A la Radiodiffusion nationale tchadienne, la conférence de rédaction se tient tous les jours de lundi à vendredi à partir de 9h00. C’est le moment crucial pour, comme on dit dans le jargon des journalistes, « caler » les sujets à traiter. A l’approche de cette heure, la cour de la radio se vide de ses journalistes. Tous se réunissent autour dans la salle de rédaction. C’est un moment culte. Les nouvelles du jour sont inscrites au tableau à l’entrée, après désignation des reporters. Comme dans toutes les rédactions, les propositions de sujets sont débattues et les angles de traitements retenus. Cette pratique date de depuis la création de la radio. « On avait des conférences de rédaction tous les jours à 9h00. Ceux qui doivent aller en reportage y vont et ceux qui sont sédentaires restent à la radio », se souvient M. Evariste Ngarlem Toldé, ancien journaliste de la radio.

Figure de la RNT, Evariste Ngarlem Toldé est entré en 1987. À l’époque, il n’y avait pas encore la télévision nationale. La radio était reine. « Le bâtiment de la radio était construit sur un pilori. Il arrivait que l’eau entre sous l’immeuble. Il y avait les reptiles, les varans, les tortues, les lapins qui sortaient sous l’immeuble de la radio, comme si on était en brousse. C’était un spectacle » raconte avec sourire celui qui était rédacteur, animateur, producteur et même réalisateur jusqu’en 1999.

Au début de l’histoire, le colon. La Radio-Tchad est un projet de l’administration territoriale coloniale française. Elle a été inaugurée en 1955, date des premiers essais. Sa mission : relier la radio coloniale de l’AEF (Afrique Équatoriale Française), émettant de Brazzaville au Congo. L’émetteur appartenait aux PTT (Postes, Téléphone et Télégraphe) et la radiodiffusion ne l’utilisait qu’aux heures vacantes de la Poste.

Arrive l’indépendance le 11 août 1960. Un décret signé le 10 août 1963, par le premier président du Tchad François N’garta Tombalbaye, fixe l’organisation et le fonctionnement de la radiodiffusion officielle du Tchad. La RNT n’est plus une propriété française. Elle appartient désormais au jeune État du Tchad. La même année, des conventions ont été signées entre le Tchad et la France pour lui donner un caractère solennel, national et d’intérêt public. La Radio-Tchad devient un établissement public à caractère industriel et commercial doté d’une personnalité juridique. Elle a une autonomie financière et est placée sous l’autorité directe du président de la République. 

Hier comme aujourd’hui, l’organisation du travail de la maison n’a pas beaucoup changé bien qu’il ait quelques modifications. La structure aussi reste presque la même. Il y a une Direction avec des sous-directions. Entre autres celle de l’information qui a 2 services : celui de l’Actualité et le service des langues nationales. Les services pivots de la RNT. Il y a aussi la sous- direction des programmes et la Sous- direction des services techniques. Le service de l’actualité est placé sous la responsabilité des rédacteurs en chef. Ils sont chargés de l’organisation et du contrôle de l’ensemble des activités nécessaires à la diffusion des informations. Ces derniers collectent et mettent en forme les informations nationales et internationales de toute nature et les présentent sous forme de bulletin, de journaux et des flashs. L’organisation de la couverture des événements nationaux et internationaux d’actualité, la rédaction des chroniques et des éditoriaux relèvent de leurs attributions.

La force de la RNT, c’est sa proximité avec la population est le service des langues nationales. C’est un service qui est chargé de la présentation des journaux dans les langues nationales retenues à la RNT. Il se charge aussi de la promotion de ces langues que de la gestion des speakers en langues pour les reportages et les émissions. Ces langues sont entre autres : le Français, l’arabe littéraire, l’Arabe locale, le Sara, le Foulfouldé, le Toupouri, le Moundang, le Massa, le Boudouma, le Mousseye, le Kanembou, le Beri, le Gorane, le Boulala etc. Cette myriade de langues parlées est une immense richesse culturelle et linguistique. La RNT est la seule radio au monde où foisonnent tous les accents, les origines et les provenances.

La grille des programmes de la RNT privilégie l’animation, l’éducation, les réalités locales et l’actualité. Selon les responsables, cette grille consacre :  15 % aux éditions de l’actualité, 15% de ses émissions à l’alphabétisation, 15% à l’environnement, 15% à la santé, 10% à la culture, 5% à la politique, 5% à la religion, 5% aux droits de l’Homme, 5% au sport, 5% à l’armée, 5% aux émissions de divertissement. Les matinées sont consacrées aux programmes d’animation, d’éducation au développement et à l’actualité.

« Aujourd’hui, j’ai l’impression que les choses ont évolué positivement parce que les moyens ont été mis à disposition. Je vois que le parc auto est un peu garni, les journalistes ont les matériels qui sont miniaturisés. Ce qui est vrai, il y a quand même d’aménagement par rapport à notre temps où on n’avait pas le téléphone portable », dit M. Evariste Ngarlem Toldé.

Néanmoins, dans le traitement de l’information, il estime qu’il y a beaucoup de légèreté. « On a l’impression la relève ne maîtrise pas l’écriture journalistique. Il y a trop de confusion de genres. La qualité n’est plus la même qu’à notre temps. On dirait que ces journalistes travaillent pour juste avoir une place. Ils ne cherchent pas à être des grands professionnels », regrette Evariste Ngarlem Toldé. 

Orthom L’Or
Maurice Ngonn Laukarr

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