Le président du parti « Les transformateurs » Dr Succès Masra dénonce ce vendredi le refus des autorités de la transition d’autoriser la tenue d’une formation des jeunes en leadership et entrepreneuriat dans un hôtel de la place. Il estime que ce refus est contraire à la politique de l’État en matière de création d’emploi pour les jeunes. Reportage.
Plus de 800 jeunes venant de toutes les provinces du pays devraient pendant 2 jours suivre une formation en entrepreneuriat et en leadership sous le thème « entreprendre2022 ». Prévue du 4 au 5 février dans un hôtel de la capitale, les autorités ont refusé la tenue de cette formation pour l’autocréation d’emploi pour les jeunes. L’opposant Dr Succès Masra, président du Parti « Les transformateurs », l’un des formateurs de cette 4e édition de ce rendez-vous du donner et de recevoir des jeunes en quête d’expérience en matière de l’entrepreneuriat exprime son incompréhension par rapport à ce refus. « J’ai été invité en tant que cadre de ce pays qui a un minimum d’expérience internationale pour venir former mes jeunes frères et sœurs qui viennent de partout », explique Dr Succès Masra à la presse. Selon lui, il y a des jeunes tchadiens, brillants qui ont organisé cet évènement et aimeraient faire partir des formateurs pour donner leur modeste contribution. Le jeune politicien révèle que 800 jeunes doivent être formés sur les méthodes de création de richesses pour promouvoir le « made in Tchad » et faire consommer le « made in Tchad ». Dr Succès Masra précise aussi que ce serait l’occasion d’expliquer aux jeunes tchadiens qui ont soif d’apprendre à se prendre en charge de bénéficier des techniques et des expériences des aînés. « Nous sommes dans un pays où on ne veut pas que la jeunesse se prenne en charge. Une jeunesse qui a transformé sa vie, qui a fait de sa vie une entreprise, qui est capable de s’occuper d’elle-même, n’est pas une jeunesse qu’on peut acheter sa conscience », estime-t-il.
Au sujet de la bavure des forces de l’ordre sur les habitants d’Abéché, l’opposant exprime sa tristesse et condamne ces brutalités inouïes qui ont causé des morts. Succès Masra rappelle autorités de la transition que la seule raison pour laquelle les Tchadiens ont accepté qu’elles soient là, parce qu’ils ont promis d’assurer la sécurité. Il ajoute que sur la question de la sécurité, ils sont en train d’échouer et leur demande de se ressaisir.
Le jeune opposant a aussi expliqué les raisons de sa tournée en Europe. Il affirme que cette tournée a pour but d’expliquer aux diplomates, aux militaires et aux économistes européens, le souhait des Tchadiens de choisir leurs dirigeants de manière démocratique. Selon lui, le Tchad n’est pas un pays isolé et n’a pas l’intention de s’isoler, mais a besoin d’avancer avec l’ensemble de ses partenaires.
Jules Doukoundjé
Depuis hier jusqu’aujourd’hui 4 février 2022, les élèves du lycée de Gassi dans le 7e arrondissement de la capitale tchadienne N’Djamena boudent le remplacement d’un enseignant vacataire par un titulaire décidé par l’Administration. Le débordement de cette manifestation a conduit la police à faire l’usage de gaz lacrymogènes pour les disperser. Il y a eu quelques blessés et des arrestations affirme un de censeur rencontré dans l’établissement. Reportage.
Vendredi 4, 11h. Un silence de cimetière plane le lycée de Gassi. Un vieux gardien vient à notre rencontre. Nous déclinons nos identités : journalistes. Il nous accueille et nous montre les bâtiments de l’administration. Il nous dit que le proviseur est absent. Au coup d’œil, toutes les portes de salles de classe sont fermées. Nous sommes chanceux, Luwheta Moïse, censeur chargé de la classe de 2d littéraire est là. Il nous rapporte les faits.
Selon lui, un enseignant vacataire a été recruté pour donner des cours aux classes de 1re S et 2d L2. Il avait remplacé une collègue titulaire absente pour maladie, précise-t-il. Sur instructions de médecin dit-il, elle a bénéficié de deux mois de repos. En attendant, le proviseur a décidé de faire appel à ce vacataire, explique le censeur. Un arrêté d’affectation a été signé récemment. « Deux chargés de cours de Français et un chargé de cours de philosophie ont été mis à la disposition de l’administration. « Naturellement, l’administration a décidé de retirer l’emploi du temps du vacataire et le confier au titulaire. Les élèves se sont opposés et ont dit qu’ils ne veulent plus d’un autre professeur », dit M. Luwheta Moïse.
Selon le censeur, les élèves disent s’être habitués au vacataire et qu’il est hors de question de le remplacer. Le nouveau venu devrait avoir cours hier, mais les élèves refusaient, soutient l’administrateur. Sur des bouts des papiers, les élèves ont écrit le nom de l’enseignant vacataire et criaient « Éric, Éric! » « On a essayé de les calmer et de leur demander de regagner leurs salles en vain », souligne M. Luwheta. À son avis, les élèves semblent se préparer d’avance à cet évènement. « Alors qu’on se démêlait pour mettre certains en salle, d’autres nous jetaient des pierres. Quelques minutes après, ils se sont retrouvés sur la route entrain de troubler l’ordre public. La CSP 16 juste à côté les a aperçus et elle a appelé le proviseur avant de venir les disperser à coup de gaz lacrymogène », dit le censeur. Hier matin rappelle le censeur, un élève a eu une fracture au bras et dans l’après-midi, un autre s’est fracturé la jambe. Il rajoute qu’un élève était blessé, il a été conduit à l’hôpital par ses parents. « Une vingtaine d’élèves sont arrêtés et gardés au CSP16. Ce matin, nous sommes allés les voir. Nous allons vérifier d’ici là leurs identités pour nous rassurer s’ils sont réellement nos élèves avant que le proviseur n’intervienne », assure le censeur de la 2de.
M. Luwheta signale l’absence du proviseur du lycée littéraire qui se serait rendue à la délégation ce matin. Seulement, déclare le censeur, leur souci est de libérer ces élèves à temps pour ne pas susciter d’autres problèmes. Il insiste et précise que le proviseur n’a pas frappé les élèves. « C’est un chef d’établissement, c’était juste une intimidation pour les faire regagner leurs salles de classe. Naturellement il est dans son rôle », conclut le censeur.
Moyalbaye Nadjasna
Au Tchad, les chefferies traditionnelles s’organisent autour de la figure emblématique du chef, désigné selon les régions. Dans le Nord, totalement musulman, le monarque porte parfois le titre de sultan et dans le sud, animiste et chrétien, c’est l’appellation Mbang ou Gong. Mais ces dernières années, la question des chefferies traditionnelles peinent est sources de tensions. A la vieille du dialogue national inclusif (DNI) Ialtchad Presse lance les débats à travers deux personnalités publiques. L’enseignant-chercheur Dr Sitack Yombatina et sa Majesté Tamitah Djidingar chef de canton Donomanga, dans la province de la Tandjilé et président de l’association des autorités coutumières et traditionnelles du Tchad (ACTT). Reportage.
Les chefs traditionnels sont des auxiliaires de l’administration. Ils sont placés sous la tutelle du ministère de l’Administration du territoire. Représentants légaux de l’État, ils sont chargés de certaines tâches telles que la collecte des impôts. Mais ces dernières années les chefs traditionnels tels que le sultan et le chef de canton rencontrent d’énormes difficultés dans l’exercice de leur fonction. Mal compris, les chefs traditionnels sont parfois bafoués et contestés par leurs sujets, rejetant leur autorité.
Pour l’enseignant chercheur, Dr Sitack Yombatina Béni qui fait l’historique de la chefferie traditionnelle, explique que le canton est une subdivision administrative d’un pays. Pour ce qui concerne le sultanat, il précise que le sultanat a une connotation religieuse musulmane surtout et est légèrement au-dessus du canton. Pour le juriste, le canton est un découpage territorial qui comprend plusieurs communes qui sont réglementées par des textes. Selon lui, le sultanat est un regroupement de plusieurs cantons, une coche au-dessus du canton.
Au sujet du rôle du chef de canton et du sultan, M. Sitack affirme que les deux jouent pratiquement les mêmes fonctions, mais le sultan est une appellation musulmane. Il est considéré comme le commandeur de la religion, donc en même temps un guide spirituel. Alors que le chef de canton peut être un animiste. Toujours selon M. Sitack, le point commun entre les deux est le pouvoir héréditaire chez le sultan comme chez le chef de canton. Le chercheur souligne aussi que le sultanat existe depuis le 14e siècle. C’est un pouvoir qui se transmet du père en fils comme le chef de canton. M. Sitack Yombatina Béni précise que c’est à partir de la Conférence nationale souveraine (CNS) de 1993 que le débat sur la chefferie traditionnelle s’est posé et jusque-là, aucune solution n’a vu le jour. A son avis la chefferie traditionnelle pose problème dans un pays qui se veut démocratique. Pour lui, la chefferie traditionnelle n’obéit à aucune règle démocratique. Il estime que le mode de désignation est contraire aux règles démocratiques. Et propose qu’on annule la chefferie traditionnelle au Tchad, comme dans certains pays africains. Dr Sitack voudrait qu’on inscrive le problème de chefferie traditionnelle au débat lors du dialogue national inclusif prochain.
Pour le chef de canton de Donomanga, province de la Tandjilé et président de l’association des autorités coutumières et traditionnelles du Tchad (ACTT) Sa Majesté Tamitah Djidingar, on ne peut pas supprimer la chefferie traditionnelle. Ce influent chef de canton affirme qu’il est impensable de parler de la suppression de l’autorité traditionnelle. Il estime que supprimer la chefferie traditionnelle, c’est oser supprimer nos us et coutumes, car la chefferie traditionnelle est l’identité d’un peuple. Sa Majesté souligne que depuis la nuit des temps, les chefs traditionnels ont joué et continuent de jouer un rôle majeur à chaque étape décisive de l’évolution politique du Tchad. « Tantôt adulés, tantôt honnis suivant les périodes et les régimes, les chefs traditionnels sont incontestablement les piliers de l’administration du territoire parce qu’ils connaissent mieux que quiconque les populations dans leur vie profonde », dit le président. Tamitah Djidingar. Il soutient qu’aucun des régimes qui se sont succédé de 1960 à 1990 n’a pris à bras le corps le problème de la chefferie traditionnelle au pays. Mais poursuit-il, c’est avec l’avènement de la démocratie en 1990 que les chefs traditionnels naguère confinés au rang de simples auxiliaires chargés d’aider l’administration publique sont projetés à l’avant-scène de la vie publique.
Jules Doukoundjé
Le savonnier ou l’arbre à savon produit des fruits délicieux. Les fruits de cet arbre sont appelés savonnes. Ils sont appréciés diversement par les consommateurs tchadiens. C’est la saison, il est vendu un peu partout en ville. Les nutritionnistes estiment que même si les avantages de la consommation du savonne est démontré les risques n’en manquent pas. Reportage.
Il s’appelle Mahamat Salib. Il a 25 ans. Il est vendeur détaillant de savonnes. Très tôt le matin, il remplit sa brouette des fruits du savonnier (ou l’arbre à savon). Il parcourt de grandes distances chaque jour pour écouler ses produits. « J’achète le sac de savonnes à 7500 F CFA. Je vends le Koro entre 500f et 300f selon les périodes », dit-il. Selon le jeune marchand, les savonnes viennent de Gelendeng, Linia, du sud-est de la capitale, N’Djamena. En plus d’être vendeur de savonne, le jeune vendeur est un connaisseur de l’arbre à savon. « Vous savez, le savonne a plusieurs vertus. Ceux qui en consomment connaissent le secret. Ce fruit peut soigner le mal de ventre, le rhumatisme, la fièvre jaune », dit-il. Mahamat Salib, affirme aussi que du grain du savonne on peut extraire de l’huile ou le manger comme du pistache.
À peine la conversation achevée, un conducteur de mototaxi l’appelle, « taal, ni doraa hidjilidje » en arabe local. Ce qui signifie, « vient, j’ai besoin du savonne ». « Je ne peux m’en passer des fruits du savonnier. C’est mon bonbon depuis mon jeune âge. Lorsque je vais au village voir mes grands-parents, nous partons en brousse cueillir les savonnes », soutient Mahamat Idriss. Selon lui, il souffre d’hémorroïde et lorsqu’il ressent les symptômes, il consomme le savonne et ça le soulage. Un autre conducteur de mototaxi témoigne, « quand j’en consomme, je passe toute la journée aux toilettes. Même l’odeur me fait vomir. Ce n’est pas du tout de mon goût. Pourtant cela ne fait rien à mes amis qui en consomment », dit-il.
M. Olbom Jean, doctorant en Nutrition, alimentation et Sciences des Aliments à l’Université Abdou Moumouni de Niamey affirme que les fruits du savonnier à des avantages, mais aussi des risques. Selon lui, ce fruit de son nom scientifique, Balanites aegyptiaca, appartient à la famille de Zygophyllacée. C’est une plante, dit-il, appréciée dans plusieurs régions d’Afrique (Tchad, Sénégal, Niger, Mali). « Les feuilles, et fruits entrent dans l’alimentation de certaines communautés. Les autres parties comme les écorces, racines, tiges, noies, fruits et voire les feuilles entrent dans la médecine traditionnelle à cause de ses vertus thérapeutes », dit le nutritionniste. Il soutient que lorsqu’on consomme le fruit du Balanites aegyptiaca (savonnier), on obtient une graine oléagineuse. « Cette graine est très riche en huile exploitée pour plusieurs intérêts (médicinale et cosmétique) semblable à l’huile d’arachide», dit M. Olbom Jean. Le diététicien précise que le fruit du savonnier contient le sucre complexe, de l’acide linoléique, acide oléique, a plusieurs vitamines, des propriétés antivirales et microbiennes de qualité. Ces vertus souligne-t-il, lui procurent le pouvoir anti-inflammatoire, effet asphyxiant, effet émétique, diurétique, antirhumatismal et fébrifuge. En plus des valeurs soulignées ci-haut, M. Olbom soutient que le savonnier a un pouvoir dégraisseur, très important pour les personnes obèses. Il peut contribuer à l’amélioration de la santé en cas d’hypertension artérielle, de dyslipidémie, assure le nutritionniste.
Les risques sont évidents
Le doctorant en Nutrition explique aussi le côté sombre du savonnier.. « Les fruits sont généralement ramassés par terre, là où les animaux urinent, défèquent et marchent. Le risque d’infection à la fièvre typhoïde, à la diarrhée, à la dysenterie causée par les microbes (Salmonella, …) », soutient M. Olbom.
Le fruit contient selon lui, des saponines triterpenines et diosgenines. Ces composés sont dangereux pour la santé. À une certaine dose, le savonne peut causer des flatulences, des troubles digestifs voire une intoxication alimentaire en cas de forte ingestion.
Moyalbaye Nadjasna
La réduction à 30% du tarif de connexion à internet annoncé par les autorités de transition et les opérateurs de téléphonie mobile est devenue réalité ce 03 février. Airtel a baissé ses tarifs de connexion Internet. Moov Africa ex-Tigo ne l’a pas encore fait, mais promet de le faire incessamment. De nouveaux tarifs de connexion sont proposés aux clients Airtel. Interrogés, quelques utilisateurs du réseau donnent leurs avis. Reportage
« Réduire pour ne pas réduire », c’est la phrase qui est sur toutes les lèvres des internautes tchadiens depuis la publication du nouveau tarif. Airtel a tenu à sa promesse en réduisant les tarifs de connexion Internet. Désormais, la compagnie Airtel propose à ses abonnés les tarifs suivant : 250FCFA = 100 MB valable 1 jour. 350 FCFA= 300 MB valable 1 jour. 55OFCFA= 1GB valable 1 jour. 1000FCFA= 2 GB valable 2 jours. 2500FCFA = 4GB valable 7 jour.
Moov Africa ex-Tigo propose elle pour 250 FCFA=100 MB pour 1 jour. 350 FCFA= 300 MB valable 1 jour. 550= 1 GB valable 24h. Pour les tarifs mensuels les abonnés auront l’embarras du choix. Les offres vont de 1GB à 3000 FCFA pour 1 mis à 10 GB pour 7000 FCFA en terminant avec 75GB 1 mois pour 31 500 F CFA. Les prix de la tranche de 7 jours vont de 1 GB à 1 250 FCFA à 8 GB à 3 500 FCFA.
Mais pour les consommateurs, la réduction n’est pas forte. Pour Mahamat Nour, le nouveau tarif ne convient pas aux consommateurs, ils veulent plus. « Nous voulons que le tarif de connexion soit encore réduit, les appels et messages aussi. Airtel nous demande de détrousser 2500 pour avoir 4G pour 7 jours. Pendant que chez notre voisin le Cameroun, avec 500f, tu as la connexion tout le mois. C’est encore cher à mon avis », a-t-il indiqué. Monsieur Mahamat Nour estime que la réduction n’est pas à la hauteur des attentes des internautes. Elle est également lente. Si on n’améliore pas la qualité du réseau, poursuit-il, la réduction du tarif de connexion n’a pas lieu d’être. Il estime que le nouveau tarif est discriminatoire. « Airtel a fait de telle sorte que quand tu as Airtel money d’abord que cette réduction t’avantage. Nous ne sommes pas obligés de faire Airtel money puisque dans les boutiques à proximité de nos maisons, on ne peut pas en trouver », argumente-t-il.
Un autre consommateur Alhadj Abbas Abakar dit que les utilisateurs veulent une vraie réduction. Et non une baisse de façade. Il propose un forfait illimité qui, selon lui, est bénéfique pour tous. « Nous voulons acheter illimité à 2000f valable pour un mois. Sinon leur forfait de 4G à 2500 valable 7 jours c’est de la vraie arnaque. Quand on prend le tarif de connexion au Tchad par rapport à d’autres pays il n’y a même pas comparaison. Alors si on décide d’améliorer, qu’on le fasse bien », a-t-il affirmé. A son avis, non seulement la réduction n’est pas avantageuse, mais le réseau est défaillant. Pour accéder à une page, cela prend trop du temps, pourtant les consommateurs le veulent en un clic, a-t-il ajouté.
Kouladoum Mireille Modestine
Le gouvernement a décidé de lever la mesure interdisant, en juin 2021, les personnes handicapées de traverser le pont de N’guéli vers Kousserie. Ces personnes à mobilités réduites jubilent la décision, ce 03 février 2022. Elles s’étaient réunies à l’école officielle de Chagoua, 7e arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djaména. Leur porte-parole, Ali Oursingbé Justin évoque leur arrivée à la terre promise, mais de grands défis restent à relever. Reportage.
« C’est depuis hier à 10h que nous sommes entrés en terre promise. 7 mois de rampe, 7 mois de difficultés, 7 mois de revendication et l’heure est enfin arrivée. On va maintenant conjuguer le verbe danser », déclare M. Ali Oursingbé Justin, porte-parole des personnes handicapées. Les personnes handicapées remercient le gouvernement et surtout leur ministre de tutelle Amina Longoh qui a toujours plaidé leur sort. Elles saluent aussi le travail remarquable fait par la presse. M. Ali Oursingbé affirme que chacun d’entre eux va affûter dès maintenant son filet pour aller à la pêche.
Selon lui, ils sont arrivés, mais les défis à relever sont immenses. Il demande à ses camarades d’être prudents et de ne pas se laisser manipuler par une tierce personne. À son avis, la route est certes ouverte, mais ils doivent se comporter de manière responsable. Il y a des principes, dit-il. « Ceux qui nous ouvrent la route aujourd’hui vont nous critiquer demain. Il faut faire très attention et restez éveillés. Nous ne rejetons personne. J’attire l’attention de Judas Iscariote de 21e siècle. On n’a pas demandé le départ de quelqu’un », avertit M. Ali. Il alerte ses camarades de ne pas transporter sous aucun prétexte des choses interdites. Le porte-parole des personnes handicapées instruit ses amis de regarder le futur et non l’argent. « Chères personnes handicapées, montrons au gouvernement que nous ne sommes pas de personnes handicapées « saakit », mais plutôt des gens responsables. Hier nos enfants arrachaient les gâteaux des autres, mais désormais ils ne le feront plus », dit-il.
Selon la ministre de la femme, Amina Priscille Longoh « l’accord de principe conclu, les personnes vivant avec un handicap pourront désormais traverser tout en étant soumis aux règles douanières et sécuritaires applicables à tous, dans le respect de leur dignité conformément à la convention relative aux droits des personnes handicapées ratifiée par le Tchad. »
M. Ali Oursingbé informe ses camarades qu’ils vont s’organiser avec de badges. Celui qui n’a pas son badge ne peut pas aller à Kusser, dit le porte-parole. « Sans autorisation, aucun tricycle ne traversera le pont de N’guéli. Peut-être cela nous prendra du temps pour nous organiser, mais le mieux c’est de mettre de l’ordre que de travailler dans le désordre. Celui qui passe outre nous sera responsable de sa turpitude », admet-il. Il affirme que beaucoup de choses sont encore à revendiquer. M. Ali souligne qu’ils ne sont pas les seules personnes handicapées à N’Djamena. Mais d’autres sont dans les 23 provinces du Tchad. Il plaide pour que le gouvernement puisse par exemple leur donner des moyens pour mener des activités génératrices de revenus.
Moyalbaye Nadjasna
Abéché la capitale de l’Est tchadien est connue pour être une ville hospitalière, cosmopolite et intellectuelle. C’est la ville de tous. On dit que celui qui va à Abéché y laisse une peu de son âme. Ceux qui y sont nés, qui y ont grandi partout où ils vont, ils racontent leur ville avec beaucoup d’emphase. Abéché reste en eux malgré la distance, malgré les années. Mais voilà « Abbacha » la ville du savoir et du savoir-vivre est martyrisée, brisée, violentée. Elle est devenue involontairement le péché originel du président du Conseil militaire de transition (PCMT). Abéché est piétinée par notre faute à tous, par notre faiblesse à tous. Cette faiblesse de ne jamais vouloir s’indigner collectivement devant l’abject. Cette lâcheté de détourner le regard. De faire comme si rien de grave ne s’est produit. Ainsi, notre vilénie a permis d’abattre des abéchois comme des oies sauvages sous nos yeux. Assassinés parce qu’ils manifestaient contre l’intronisation dans leur ville d’un chef de canton. Les disperser à coups de gaz lacrymogènes ne suffisait plus il fallait tirer sur eux à coup d’armes de guerre. Il fallait les humilier même lorsqu’ils enterraient leurs morts le lendemain. La souillure du supplice suprême jusqu’à dans les tombes pour que cela serve de leçons. Le président du CMT Mahamat Idriss Deby Itno doit sévir contre les auteurs de ce massacre pour effacer cette infamie. Comment?
D’abord, le PCMT, suivi du CMT et du gouvernement de transition doivent sortir de leur ambiguïté. Ils doivent abandonner cette vieille méthode qui consiste à envoyer une délégation gouvernementale distribuer des enveloppes pour calmer les esprits. Et noyer ensuite le problème dans une commission et un rapport. Une solution sparadrap qui couvre la plaie sans la guérir. Suspendre le sultan et le chef de canton est insuffisant. Il fallait démettre le gouverneur et le nouveau sultan. Un sultan déjà mal assis sur un trône controversé. Et qui, selon plusieurs sources, est à l’origine de la raison de cette contestation. Il serait le maître d’œuvre de l’intronisation dans la ville et à la place de l’indépendance d’un chef de canton sans véritable territoire, une insulte suprême pour Abéché ville conservatrice. Et oh, geste de lèse-majesté, il a planifié, disent ses détracteurs, d’accueillir ce chef de canton dans l’ancien palais royal. Inadmissible pour les abechois.
Ensuite, le PCMT ne doit pas gouverner par mimétisme durant cette transition. Pour mieux administrer ce pays, il faudra changer de méthode. La nomination des militaires à la tête des gouvernorats doit être abandonnée. Les militaires ont pour mission de défendre la patrie. Ils ne sont pas formés pour diriger une administration. Il faudra donc remettre à la tête des gouvernorats des administrateurs civils. La militarisation de l’administration civile est une erreur. Il n’y a pas longtemps, la palmeraie de Faya, capitale de la région de Borkou s’est enflammée parce que le gouverneur, un militaire a agi militairement. Il a été démis de ses fonctions, mais il semble que le PCMT et le gouvernement n’ont toujours pas tiré des leçons.
Enfin, les manifestations d’Abéché contre l’intronisation du chef de canton cachent le vrai problème: la désignation forcée, voire usurpée du nouveau sultan du Dar Ouaddaï. C’est l’arbre qui cache la forêt de la discorde. Presque tous les ouddaïens digèrent mal la méthode peu orthodoxe avec laquelle le nouveau sultan leur a été imposé. Ce sultan est l’épicentre de la contestation. Le PCMT a hérité d’un péché paternel qu’il a mal géré. La seule façon pour lui de laver ce péché originel est de, vite, rendre justice aux abéchois afin qu’Abéché panse ses plaies, respire la paix et pardonne.
Bello Bakary Mana
A mi-parcours, la convergence des organisations politiques (COP) a évalué la transition conduite par le Conseil militaire de la transition (CMT). C’est au cours d’une conférence de presse que le coordonnateur et porte-parole de cette organisation politique, Salibou Garba a mis sur la place publique le non-respect des exigences de l’Union africaine (UA) par les autorités de la transition. Reportage.
Les autorités de la transition font la sourde oreille et agissent comme ils veulent, c’est ce que pense le coordonnateur de la COP, M. Salibou Garba. Au cours d’un échange avec la presse ce mercredi à N’Djamena, il a dénoncé la non-application des 11 points exigés par l’UA devant permettre de bien conduire la transition. C’est dans ce sens que la COP a présenté à la presse l’évaluation de la mise en œuvre des recommandations et des exigences de la 996e session du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA.
Le 14 mai dernier, le CPS s’était réuni à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour statuer sur la situation de la transition tchadienne. Pour la réussite de la transition, le conseil a proposé plus de 10 points devant permettre de bien conduire la transition. Ces conditions sont le respect du délai de 18 mois, la réécriture de la charte de la transition et bien d’autres points. Mais 9 mois après, le constat selon une frange de la société civile et de l’opposition est que le CMT n’applique pas les recommandations de l’UA.
Au sujet de la promotion des libertés et de la protection des droits humains, il souligne que les restrictions au droit à l’expression perdurent et les forces de défense et de sécurité continuent à semer la terreur au sein des populations. « Dans un processus de transition aussi confondante comme celle du Tchad, qui a vu l’implication agissante de la communauté internationale, il est de la responsabilité des acteurs politiques de suivre et d’analyser », estime l’opposant Salibou Garba. A son avis, après 9 mois de transition, il n’est toujours pas sûr que le dialogue nation inclusif tel que réclamé par la quasi-totalité des acteurs politiques et sociaux aura lieu.
À propos du délai du DNI, le coordonnateur de la COP, estime qu’une prorogation du délai, quelle qu’en soit la durée ne conduira pas à la cessation de l’usage des armes comme moyens de conquête du pouvoir.
Abondant dans le même sillage, Max Kemkoye, président national du Parti Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP) et membre de la COP, ce n’est pas le rôle des partis politiques d’évaluer les exigences de l’UA. Selon lui, c’est la communauté internationale qui a concédé la légitimité au CMT et que l’opposition était prise dans un agenda qu’elle ne maîtrisait pas. Le président de l’UDP estime que c’est à la communauté internationale de faire l’évaluation, mais elle ne l’a pas fait et la COP soucieuse de l’avenir du pays s’est évertuée à le faire. Il assure que la COP a et va utiliser les moyens diplomatiques pour faire respecter les exigences de l’UA pour le respect de la transition.
Au sujet de la division de l’opposition, Max Kemkoye précise que l’opposition travaille contrairement à ce que pensent ces détracteurs. Selon lui, la diversité des plateformes créées par l’opposition ne constitue pas un frein pour celle-ci. Au contraire ajoute-t-il, en faisant tout cela que les pressions vont se croiser pour faire reculer les autorités en charge de la transition. Il regrette que la question de l’armée n’ait pas été prise en compte normalement par les autorités en charge de l’organisation du futur dialogue. L’opposant note que c’est l’armée qui est à l’origine de tous les problèmes institutionnels et constitutionnels au Tchad.
Jules Doukoundjé
La population tchadienne, particulièrement celle de N’Djamena, crie son désarroi face à la cherté de vie. L’augmentation des prix de denrées de première nécessité asphyxie les ménages. Hier, lors de sa première session de l’année 2022, le Conseil national de transition (CNT) évoque un risque de famine dans certaines localités tchadiennes. Reportage.
La population tchadienne est entre insécurité alimentaire et inflation des prix denrées sur les marchés. Une alerte lancée par le président du Conseil National de Transition (PCNT) Haroun Kabadi hier à l’ouverture de la première session. La famine guette certaines provinces du pays. M. Kabadi justifie cette prévision par la mauvaise pluviométrie de cette année. Le PCNT appelle le gouvernement à prendre des mesures appropriées. Les zones du pays les plus menacées sont, selon lui, le Bahr-El Khazal, le Lac, le Kanem et le Hadjer-Lamis. Selon le rapport des Nations unies publié en mars 2021, il a été fait mention de l’insécurité alimentaire. Ce document a prévenu entre juin et août que, « si rien n’est fait en faveur de la population déjà identifiée en insécurité alimentaire, la situation se dégraderait en période de soudure », le rapport a précisé que la situation risquerait de basculer en crise. Au moins, 1 148 995 personnes ciblées seraient en insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Le Conseiller national Brahim Ben Said, affirme que la pluviométrie a été mauvaise et la récolte aussi. Mais, dit-il, d’autres situations comme le covid-19, les difficultés de transport maritime ne sont pas à occulter. « La plupart de nos produits alimentaires viennent de l’extérieur. Tout cela vient se greffer sur la situation alimentaire. C’est pourquoi le spectre de la famine est déjà perceptible. On le sent déjà au début du mois de janvier. Plus on avance, plus la vie devient chère », dit le conseiller. À son avis, le gouvernement devrait chercher de partenaires financiers, et voir les commerçants notamment de grossistes capables d’amener certains produits alimentaires. Il estime que si le gouvernement agit vite, cela pourrait soulager un tant soit peu la population. Sinon le problème est réel, soutient-il. « Les stocks de l’Office National pour la sécurité alimentaire (ONASA) récupérés auprès de nos cultivateurs ne sont pas suffisants pour répondre à cette difficulté. Avec 13 ou 14 millions d’habitants, ce n’est pas facile comme on le voit. Le Tchad est très vaste. Il faut nécessairement renforcer l’ONASA par l’extérieur », suggère le conseiller. Il suppose qu’il faut plus importer les produits comme le riz, le maïs, le mil, le blé, le haricot, l’huile, etc. M. Ben Saïd dit également que la vie coûte très cher aujourd’hui. Il demande au gouvernement de disposer d’un magasin un peu social avec des prix raisonnables. Toujours selon lui, le gouvernement peut aider les commerçants à avoir de facilité auprès des banques pour importer plus des produits alimentaires.
Le Conseiller apprécie l’exonération des taxes sur les produits alimentaires. Mais il faut aller plus loin pour mettre la population à l’abri de toute spéculation, signifie-t-il.
Moyalbaye Nadjasna
Le bureau national de l’Union National des Etudiants Tchadiens (UNET) a organisé un point de presse hier 1er février au campus universitaire de Toukra. Au cours de ce point de presse, l’UNET dénonce la mauvaise gestion des œuvres sociales et bien d’autres problèmes liés aux activités académiques. Reportage.
Le bureau national de l’UNET sort de son silence pour dénoncer quelques maux qui minent le bon fonctionnement des activités académiques et sociales au sein de l’université de N’Djamena. L’UNET dénonce l’utilisation de 5 bus pour le déplacement des élèves au stade Idriss Mahamat Ouya le 22 janvier dernier lors du meeting de l’homme politique et ministre de l’Environnement Mahamat Ahmat Lazina. « Madame la ministre de l’Enseignement supérieur a donné l’ordre au directeur de parking d’octroyer cinq bus pour le transport des élèves au stade Idriss Mahamat Ouya pour une activité. Nous avons contacté le directeur du Centre National des Œuvres universitaires pour des explications. Ce dernier nous a dit qu’il est en déplacement et n’est pas informé ». Pour le vice-président, l’UNET à organiser une activité à la faculté de Farcha et avait de la peine pour le transport des étudiants à la fin des activités. L’UNET considère cela comme un mépris à l’endroit des étudiants.
Aussi, le vice-président du bureau national de l’UNET, Madjadoum Adjimbaye Trésor fustige le comportement du président de l’université de N’Djamena professeur Mahamat Daoussa Haggar. Pour lui, le président de l’université par un arrêté a exclu injustement trois de leurs camarades du bureau national L’UNET. L’UNET considère cet acte comme un règlement de compte suite à l’événement survenu au campus universitaire de Toukra lors de la visite inopinée de madame la ministre de l’Enseignement supérieur Lydie Béassoumda. Car selon l’UNET, les étudiants arrêtés ont été acquittés par le juge pour infraction non constituée. Cela a mécontenté le président de l’université qui a exclu leurs camarades de bureau par un arrêté. A-t-elle précisé. L’UNET se demande si le président de l’université est au-dessus des lois lorsque la justice a rendu son verdict.
L’UNET lance enfin un appel au président du Conseil Militaire de Transition Mahamat Idriss Deby, sur la nécessité de rétablir la bourse d’étudiant. Pour l’union, le contexte actuel lié aux conditions d’études exige le rétablissement de cette bourse dans un délai raisonnable.
Kouladoum Mireille Modestine