A mi-parcours, la convergence des organisations politiques (COP) a évalué la transition conduite par le Conseil militaire de la transition (CMT). C’est au cours d’une conférence de presse que le coordonnateur et porte-parole de cette organisation politique, Salibou Garba a mis sur la place publique le non-respect des exigences de l’Union africaine (UA) par les autorités de la transition. Reportage.
Les autorités de la transition font la sourde oreille et agissent comme ils veulent, c’est ce que pense le coordonnateur de la COP, M. Salibou Garba. Au cours d’un échange avec la presse ce mercredi à N’Djamena, il a dénoncé la non-application des 11 points exigés par l’UA devant permettre de bien conduire la transition. C’est dans ce sens que la COP a présenté à la presse l’évaluation de la mise en œuvre des recommandations et des exigences de la 996e session du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA.
Le 14 mai dernier, le CPS s’était réuni à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour statuer sur la situation de la transition tchadienne. Pour la réussite de la transition, le conseil a proposé plus de 10 points devant permettre de bien conduire la transition. Ces conditions sont le respect du délai de 18 mois, la réécriture de la charte de la transition et bien d’autres points. Mais 9 mois après, le constat selon une frange de la société civile et de l’opposition est que le CMT n’applique pas les recommandations de l’UA.
Au sujet de la promotion des libertés et de la protection des droits humains, il souligne que les restrictions au droit à l’expression perdurent et les forces de défense et de sécurité continuent à semer la terreur au sein des populations. « Dans un processus de transition aussi confondante comme celle du Tchad, qui a vu l’implication agissante de la communauté internationale, il est de la responsabilité des acteurs politiques de suivre et d’analyser », estime l’opposant Salibou Garba. A son avis, après 9 mois de transition, il n’est toujours pas sûr que le dialogue nation inclusif tel que réclamé par la quasi-totalité des acteurs politiques et sociaux aura lieu.
À propos du délai du DNI, le coordonnateur de la COP, estime qu’une prorogation du délai, quelle qu’en soit la durée ne conduira pas à la cessation de l’usage des armes comme moyens de conquête du pouvoir.
Abondant dans le même sillage, Max Kemkoye, président national du Parti Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP) et membre de la COP, ce n’est pas le rôle des partis politiques d’évaluer les exigences de l’UA. Selon lui, c’est la communauté internationale qui a concédé la légitimité au CMT et que l’opposition était prise dans un agenda qu’elle ne maîtrisait pas. Le président de l’UDP estime que c’est à la communauté internationale de faire l’évaluation, mais elle ne l’a pas fait et la COP soucieuse de l’avenir du pays s’est évertuée à le faire. Il assure que la COP a et va utiliser les moyens diplomatiques pour faire respecter les exigences de l’UA pour le respect de la transition.
Au sujet de la division de l’opposition, Max Kemkoye précise que l’opposition travaille contrairement à ce que pensent ces détracteurs. Selon lui, la diversité des plateformes créées par l’opposition ne constitue pas un frein pour celle-ci. Au contraire ajoute-t-il, en faisant tout cela que les pressions vont se croiser pour faire reculer les autorités en charge de la transition. Il regrette que la question de l’armée n’ait pas été prise en compte normalement par les autorités en charge de l’organisation du futur dialogue. L’opposant note que c’est l’armée qui est à l’origine de tous les problèmes institutionnels et constitutionnels au Tchad.
Jules Doukoundjé