Le savonnier ou l’arbre à savon produit des fruits délicieux. Les fruits de cet arbre sont appelés savonnes. Ils sont appréciés diversement par les consommateurs tchadiens. C’est la saison, il est vendu un peu partout en ville. Les nutritionnistes estiment que même si les avantages de la consommation du savonne est démontré les risques n’en manquent pas. Reportage.
Il s’appelle Mahamat Salib. Il a 25 ans. Il est vendeur détaillant de savonnes. Très tôt le matin, il remplit sa brouette des fruits du savonnier (ou l’arbre à savon). Il parcourt de grandes distances chaque jour pour écouler ses produits. « J’achète le sac de savonnes à 7500 F CFA. Je vends le Koro entre 500f et 300f selon les périodes », dit-il. Selon le jeune marchand, les savonnes viennent de Gelendeng, Linia, du sud-est de la capitale, N’Djamena. En plus d’être vendeur de savonne, le jeune vendeur est un connaisseur de l’arbre à savon. « Vous savez, le savonne a plusieurs vertus. Ceux qui en consomment connaissent le secret. Ce fruit peut soigner le mal de ventre, le rhumatisme, la fièvre jaune », dit-il. Mahamat Salib, affirme aussi que du grain du savonne on peut extraire de l’huile ou le manger comme du pistache.
À peine la conversation achevée, un conducteur de mototaxi l’appelle, « taal, ni doraa hidjilidje » en arabe local. Ce qui signifie, « vient, j’ai besoin du savonne ». « Je ne peux m’en passer des fruits du savonnier. C’est mon bonbon depuis mon jeune âge. Lorsque je vais au village voir mes grands-parents, nous partons en brousse cueillir les savonnes », soutient Mahamat Idriss. Selon lui, il souffre d’hémorroïde et lorsqu’il ressent les symptômes, il consomme le savonne et ça le soulage. Un autre conducteur de mototaxi témoigne, « quand j’en consomme, je passe toute la journée aux toilettes. Même l’odeur me fait vomir. Ce n’est pas du tout de mon goût. Pourtant cela ne fait rien à mes amis qui en consomment », dit-il.
M. Olbom Jean, doctorant en Nutrition, alimentation et Sciences des Aliments à l’Université Abdou Moumouni de Niamey affirme que les fruits du savonnier à des avantages, mais aussi des risques. Selon lui, ce fruit de son nom scientifique, Balanites aegyptiaca, appartient à la famille de Zygophyllacée. C’est une plante, dit-il, appréciée dans plusieurs régions d’Afrique (Tchad, Sénégal, Niger, Mali). « Les feuilles, et fruits entrent dans l’alimentation de certaines communautés. Les autres parties comme les écorces, racines, tiges, noies, fruits et voire les feuilles entrent dans la médecine traditionnelle à cause de ses vertus thérapeutes », dit le nutritionniste. Il soutient que lorsqu’on consomme le fruit du Balanites aegyptiaca (savonnier), on obtient une graine oléagineuse. « Cette graine est très riche en huile exploitée pour plusieurs intérêts (médicinale et cosmétique) semblable à l’huile d’arachide», dit M. Olbom Jean. Le diététicien précise que le fruit du savonnier contient le sucre complexe, de l’acide linoléique, acide oléique, a plusieurs vitamines, des propriétés antivirales et microbiennes de qualité. Ces vertus souligne-t-il, lui procurent le pouvoir anti-inflammatoire, effet asphyxiant, effet émétique, diurétique, antirhumatismal et fébrifuge. En plus des valeurs soulignées ci-haut, M. Olbom soutient que le savonnier a un pouvoir dégraisseur, très important pour les personnes obèses. Il peut contribuer à l’amélioration de la santé en cas d’hypertension artérielle, de dyslipidémie, assure le nutritionniste.
Les risques sont évidents
Le doctorant en Nutrition explique aussi le côté sombre du savonnier.. « Les fruits sont généralement ramassés par terre, là où les animaux urinent, défèquent et marchent. Le risque d’infection à la fièvre typhoïde, à la diarrhée, à la dysenterie causée par les microbes (Salmonella, …) », soutient M. Olbom.
Le fruit contient selon lui, des saponines triterpenines et diosgenines. Ces composés sont dangereux pour la santé. À une certaine dose, le savonne peut causer des flatulences, des troubles digestifs voire une intoxication alimentaire en cas de forte ingestion.
Moyalbaye Nadjasna