La population tchadienne, particulièrement celle de N’Djamena, crie son désarroi face à la cherté de vie. L’augmentation des prix de denrées de première nécessité asphyxie les ménages. Hier, lors de sa première session de l’année 2022, le Conseil national de transition (CNT) évoque un risque de famine dans certaines localités tchadiennes. Reportage.
La population tchadienne est entre insécurité alimentaire et inflation des prix denrées sur les marchés. Une alerte lancée par le président du Conseil National de Transition (PCNT) Haroun Kabadi hier à l’ouverture de la première session. La famine guette certaines provinces du pays. M. Kabadi justifie cette prévision par la mauvaise pluviométrie de cette année. Le PCNT appelle le gouvernement à prendre des mesures appropriées. Les zones du pays les plus menacées sont, selon lui, le Bahr-El Khazal, le Lac, le Kanem et le Hadjer-Lamis. Selon le rapport des Nations unies publié en mars 2021, il a été fait mention de l’insécurité alimentaire. Ce document a prévenu entre juin et août que, « si rien n’est fait en faveur de la population déjà identifiée en insécurité alimentaire, la situation se dégraderait en période de soudure », le rapport a précisé que la situation risquerait de basculer en crise. Au moins, 1 148 995 personnes ciblées seraient en insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Le Conseiller national Brahim Ben Said, affirme que la pluviométrie a été mauvaise et la récolte aussi. Mais, dit-il, d’autres situations comme le covid-19, les difficultés de transport maritime ne sont pas à occulter. « La plupart de nos produits alimentaires viennent de l’extérieur. Tout cela vient se greffer sur la situation alimentaire. C’est pourquoi le spectre de la famine est déjà perceptible. On le sent déjà au début du mois de janvier. Plus on avance, plus la vie devient chère », dit le conseiller. À son avis, le gouvernement devrait chercher de partenaires financiers, et voir les commerçants notamment de grossistes capables d’amener certains produits alimentaires. Il estime que si le gouvernement agit vite, cela pourrait soulager un tant soit peu la population. Sinon le problème est réel, soutient-il. « Les stocks de l’Office National pour la sécurité alimentaire (ONASA) récupérés auprès de nos cultivateurs ne sont pas suffisants pour répondre à cette difficulté. Avec 13 ou 14 millions d’habitants, ce n’est pas facile comme on le voit. Le Tchad est très vaste. Il faut nécessairement renforcer l’ONASA par l’extérieur », suggère le conseiller. Il suppose qu’il faut plus importer les produits comme le riz, le maïs, le mil, le blé, le haricot, l’huile, etc. M. Ben Saïd dit également que la vie coûte très cher aujourd’hui. Il demande au gouvernement de disposer d’un magasin un peu social avec des prix raisonnables. Toujours selon lui, le gouvernement peut aider les commerçants à avoir de facilité auprès des banques pour importer plus des produits alimentaires.
Le Conseiller apprécie l’exonération des taxes sur les produits alimentaires. Mais il faut aller plus loin pour mettre la population à l’abri de toute spéculation, signifie-t-il.
Moyalbaye Nadjasna