dimanche 24 novembre 2024

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Au cours d'une conférence de presse ce jeudi  30 novembre le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), le parti du défunt président Idriss Deby Itno a célébré son 33e anniversaire axé sur ses réalisations à travers le pays. La célébration a eu lieu au siège du parti au quartier Djambalbahr dans le 2e arrondissement.

Pour le Secrétaire général (SG) du parti M. Haroun Kabadi, ce 33e anniversaire est la marque d’une victoire historique sur la dictature, « c'est aussi une victoire des idées des militants du MPS qui ont pris les armes pour combattre cette dictature. C'est grâce aux forces patriotiques du MPS que le Tchad est jusqu’à là resté libre ». Il affirme que la journée de la liberté et de la démocratie est un moment privilégié pour les militants et les Tchadiens en général de pouvoir évaluer tout ce que le MPS a fait depuis son arrivée au pouvoir. « Le MPS a contribué à l'unité, à la paix sociale, à la sécurité de notre pays. Le MPS a apporté toujours la bonne nouvelle ». il dit aussi que le MPS a fait 33 ans de vie commune, il pense que cette vie commune va continuer avec  un État « unitaire fortement décentralisé » dans une gestion où la bonne répartition des ressources sur l'ensemble du territoire national sera une réalité.

Selon le parti, beaucoup des efforts sont faits pour que la nouvelle constitution soit adoptée pour éviter le désagrément du fédéralisme et ses conséquences. M. Kabadi soutient que malgré tout ce que les gens disent sur le MPS, les 209 partis politiques et la centaine des associations de la société civile ont fait encore confiance au parti de la houe et de la Kalash en le désignant chef de file de l'Alliance.

Le SG demande à tout le monde de travailler pour que le Tchad ait de l'avance pour que le Tchad vive non seulement sa démocratie, sa liberté, mais aussi son développement. Il rassure que les militants du MPS sont au début, au milieu et ils seront à la fin sinon la cloche de l'autre côté est la cloche de la division, faisant allusion aux partisans du fédéralisme.

Ousmane Bello Daoudou

Le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP) et la Plateforme Républicaine ont animé un point de presse ce 30 novembre 2023 dans les locaux de la radio FM Liberté. Cette déclaration est axée sur l'appel à la conscience des Chefs religieux face au danger que court le Tchad. Reportage.

Par la voix du président du parti les démocrates Avoksouma Djona Atchenemou, cette lettre a été adressée aux leaders religieux. Elle affirme que l'influence spirituelle s'étend bien au-delà des frontières de lieux de culte, et leur parole a un impact significatif sur la vie de la nation.

La déclaration relève que la nation est confrontée à un défi critique qui risque d'anéantir les minuscules progrès démocratiques réalisés au cours des six dernières décennies. « Nous sommes confrontés aux élections à venir, qui ont soulevé de graves préoccupations quant à leur équité et à leur légitimité », dit-il. Le GCAP et plateforme Républicaine ont appris que le gouvernement actuel favorise activement un environnement qui est très loin d'être démocratique. Car « Il existe en effet de fortes indications de fraudes électorales en préparation et notre crainte est que le pays ne sombre définitivement dans la dictature », a déclaré Avoksouma Djona.

Le GCAP et la Plateforme Républicaine estiment que les voix des religieux portent, et leurs positions sur les questions d'éthique et de morale peuvent avoir un impact profond sur la société. « Il est essentiel que nous préservions l'intégrité de nos processus démocratiques et que nous défendions les valeurs de justice et de transparence pour refuser toutes tentatives de manipulation des élections à venir ».

Selon GCAP, les tchadiens ont perdu toute possibilité de revendiquer leurs droits. Il estime que, « celui qui se trouve à la tête de l'Etat, utilise toutes les ressources publiques disponibles pour acheter les consciences s'il ne se sert pas de la violence pour réprimer toute dissidence ou revendication. Mieux, il fait fi de tout cadre juridique existant en imposant des règles injustes aux populations qui devraient en principe espérer bénéficier de sa protection ».

Pour eux, depuis le début de la transition, « les dirigeants de la transition ignorent toutes les règles d'honnêteté et de transparence. Ils refusent toute possibilité de consensus qui devrait régir un tel processus de retour tant attendu à l'ordre constitutionnel. Car la nouvelle Constitution et l'organisation du référendum écarte la question du choix de la forme de l'Etat le 17 décembre prochain sont bien la preuve que le retour à l'ordre constitutionnel risque fort de se faire sans l'inclusion souhaitée ».

La GCAP compte s'opposer à la poursuite de ces pratiques d'exclusion. « Nous devons surtout faire en sorte que notre pays ne soit détruit par quelques mains qui n'ont aucune capacité à prendre en considération l'intérêt national ou l'intérêt du peuple ».

Noël Adoum

La campagne référendaire a démarré. Deux camps battront campagne. Celui du « Oui » et celui du « Non ». Mais le Tchad étant un pays « à part », ses hommes et femmes politiques étant « spéciaux », il y a dans les faits plus que deux camps. Il y en a au total quatre.

Le premier camp, celui du « Oui ». A sa tête, le Premier ministre Saleh Kebzabo (SK). Ses partisans souhaitent que le Tchad reste un État unitaire, mais « fortement » décentralisé. Ils sont très audibles. Ils font beaucoup de bruits. Et croient dur comme fer que le fédéralisme est un danger. Que le Tchad cessera d’exister. Ils font de la « petite politique » avec une proposition tout à fait valable et défendable. À l’inauguration de leur campagne, leur chef, le « Kaïgama » Kebzabo a vanté leur option en fustigeant les fédéralistes, les qualifiant de divisionnistes, de sécessionnistes. Des arguments pour faire peur. Pas d’arguments économiques, administratifs, rien. Pour un homme politique de son envergure, c’était plutôt paresseux. A cela il faut ajouter la mauvaise foi des partisans du « Oui » d’avoir enfreint, par purs calculs politiques, les recommandations du dialogue national en présentant un seul choix : la constitution d’un État unitaire décentralisé floqué d’une nouvelle invention tchadienne, le concept « d’État unitaire fortement décentralisé ».

Le deuxième camp, celui du « Non ». Il est à plusieurs têtes. Il y a le bloc de Baniara-Yorongar-Béasemda et le groupe de Brice Mbaimong Guedmabaye. Ils veulent que le pays devienne un État fédéral. Ils ne sont pas audibles en ce début de campagne, mais disent se préparer à faire échec aux vœux des partisans du « Oui » qu’ils accusent d’être contre le vrai changement. Ils n’ont pas les moyens de leur ambition fédérale. Difficile pour eux de financer leur campagne. Par contre, disent-ils, leur option est de plus en plus comprises, de plus en plus populaire. Ils ont parmi eux des extrémistes du fédéralisme comme si cette option réglera d’un coup de baguette magique tous les problèmes du pays.  

Le troisième camp, celui du « boycott ». Il est bicéphale (à 2 têtes). Il y a la coalition de plusieurs partis avec un porte-parole Max Kemkoye. Il y a aussi l’ancien Premier ministre Pahimi Padacké Albert. Tous dénoncent la malfaisance qui a jalonné toute la seconde phase de la transition. Pour eux ce référendum est mal foutu. Ils ont déjà presque perdu la bataille sauf si les Tchadiens boudent les urnes et suivent l’appel au « bureau de vote mort ».

Le quatrième camps, celui du « ni oui ni non ». C’est celui du parti Les Transformateur dirigé par Succès Masra. Ils choisissent de ne pas choisir parce que, disent-ils, il y a des partisans de l’État unitaire et du fédéralisme dans leur organisation. Une position sans prise de position. Ils iront donc vers où le vent les mènera. Ce n’est pas fort. Autrement dit la question est trop brûlante et clivante pour eux. C’est bien dommage. Il vaut mieux prendre une position et l’assumer que ce « ni, ni » qui les fait paraître aux mieux comme des frileux, au pire comme des opportunistes. C’est surprenant de la part de ceux qui veulent transformer le pays. Et qui se définissent comme des durs qui tracent un chemin dur. Cette ambiguïté risque de leur causer des problèmes durant la campagne et de leur coûter politiquement cher dans leur ambition de copiloter le reste de la transition. Pire, il risque d’engendrer des interrogations sur leur sincérité politique. J’ai hâte d’entendre leurs arguments de campagne.

Enfin, ce début de campagne ne semble pas intéresser les Tchadiens. Ils sont préoccupés par leur dur quotidien. Ils sont désabusés par la politique et les politiciens. Pour l’instant, ils ne croient aucun des camps. Le début de campagne référendaire est pour eux un non-évènement. J’ai insisté dans mes échanges avec plusieurs sur l’importance de ce rendez-vous politique pour l’avenir du pays. Les plus pessimistes boudent. Les plus optimistes répondent  « Allah khalib, Dieu est en contrôle ». Pourtant, Dieu n’a rien à voir.

Bello Bakary Mana

Au cours d'une conférence de presse organisée cet après-midi à la Bourse de travail ce 28 novembre 2023, l'Alliance panafricaine fête la proclamation de la République en dénonçant « la continuation de l'asservissement du peuple tchadien », dit-elle. Les organisateurs affirment « s'engager pour une souveraineté effective du Tchad ». L’Alliance exige le démantèlement des bases militaires françaises installées au Tchad d'ici le 28 décembre 2023.

Pour les organisateurs de cette conférence, la proclamation de la République est un acte politique majeur dans lequel un État déclare son statut en tant que République. Pour eux, en proclamant la République à l’époque, l'Etat devait affirmer normalement le principe de la souveraineté populaire « le pouvoir émane du peuple et est exercé par des représentants élus pour le bien du peuple ».

Ils affirment que le Tchad fait face à trois principaux fronts de lutte : le front externe, la poursuite de la domination de l'Afrique par des puissances néo coloniales et impérialistes malgré les pseudo indépendance politique et le front interne contre les valets. Ils demandent l'annulation de tous les accords coloniaux entre la France et le Tchad, exigent l'arrêt immédiat de toutes les manœuvres et intimidations de la diplomatie française à l'égard des membres de l'opposition libre. L’alliance panafricaine soutient que l'indépendance est factice, le néo-colonialisme est en cours et continue à nous imposer des valets, mais aussi des systèmes économiques au service du capitalisme occidental.

Enfin, ils présentent leur alliance comme une alliance panafricaine né d'une coalition d'actions de partis politiques, d'associations, d'intellectuels et des citoyens qui ont une nouvelle vision éthique de la lutte citoyenne pour la restauration de la dignité de chaque Tchadien.

Pour rappel, le panel était composé de Dr Évariste Toldé, Naibeye E. Koumbairi,a président du parti panafricaniste du Tchad, Bishop Amane Coordonnateur de Nekemando, Doudé et plusieurs activistes. Cette conférence de presse était initialement prévue au Centre Al Mouna, mais délocalisée à la Bourse de travail.

Ousmane Bello Daoudou

4 Tchadiens sur 5 ne mangent pas de fruits au quotidien comme recommandé par les spécialistes de santé. La rédaction a échangé avec la nutritionniste Haloua Jean-Baptiste sur le sujet. Reportage.

M. Saleh Ibrahim est étudiant à la faculté de Droit de l'Université de N'Djamena, il avoue avoir consommé la dernière fois un fruit, il y a une semaine. « Les fruits sont chers, une banane coûte 150 à 200 F, alors qu'avec cette somme je pourrais m'offrir un bon plat de ris à la sauce tomate au campus », dit-il. Un autre à côté affirme, « je préfère la quantité pour me rassasier, les fruits sont destinés aux personnes aisées ». Si certains clament la quantité, d'autres connaissent l'importance du fruit pour le corps humain. « Je préfère la qualité pour ma santé et faciliter la digestion », rétorque Papou Soumaïne, assis non loin d'eux.

Haloua Jean-Baptiste, nutritionniste de formation, dit que le corps humain a besoin de fruits, « ils sont riches en vitamines, en fibres, en micronutriments et en antioxydants ». Ils permettent à l'organisme humain de bien fonctionner en facilitant dans la digestion des aliments ingérés, à fabriquer des anticorps et à désintoxiquer l'organisme, dit-elle, « les fruits  représentent d’excellentes sources de vitamines et de minéraux essentiels à un système immunitaire solide », rajoute la nutritionniste.

En réponse à ceux qui estiment que les fruits sont chers, Mlle Haloua propose une alternative, « le corps humain a besoin des micronutriments et vitamines surtout hydrosolubles qu'on trouve spécifiquement dans les fruits et aussi dans les légumes. Alors, ces personnes qui ne mangent pas de fruits chaque jour peuvent consommer des légumes de saison du terroir disponibles à moindre prix ».

Au sujet des conséquences de l’abandon ou de défaut de consommation de fruits, la nutritionniste dit, « les conséquences se manifestent par des carences en vitamines et micronutriments essentiels pour celui qui ne mangent ni fruits, ni de légumes. Pour les personnes qui mangent de légumes, les carences sont moins nombreuses. En revanche, si la personne ne mange pas des oranges qui sont riches en vitamines C, mais mange en retour de la laitue, celui-ci va satisfaire ses besoins de vitamine C contenus dans la laitue. Donc les fruits et légumes sont complémentaires, le danger c’est lorsqu'on ne mange aucun des deux légumes ».

Abderamane Moussa Amadaye

Depuis quelques mois, les restaurants de grillade se sont multipliés sur plusieurs avenues de la capitale tchadienne, N’Djamena. Les propriétaires affirment que c’est un business rentable. Ialtchad Presse s'est rendu sur le terrain pour faire le constat. Reportage.

Viandes grillées sur de grandes grilles en plein air, des odeurs alléchantes embaument les bords des avenues bitumées de la capitale tchadienne, N’Djamena. Du quartier Dembé, Chagoua, Habena, Ndjari en passant par Rond-point SNER puis Diguel, plusieurs restaurants de grillades sont alignés les uns après les autres sous un soleil ardent. Les Tchadiens et la consommation de viande grillée c’est une longue histoire d’amour. Pas étonnant que la prolifération de ces restaurants prend de l'ampleur : viande de bœuf, de chèvre, de mouton ou encore dromadaire sont dévorés à longueur de la journée et de la nuit jusqu’à minuit à certains endroits de la ville.

Axe rond-point Hamama. Hissène Blama est un jeune boucher et restaurateur âgé de 33 ans, affirme qu'il ouvre ses portes à 8h du matin, « je pars à l'abattoir à 5h du matin pour ramener les carcasses de 4 moutons. Je les nettoie puis la grillade commence dans l’attente de premiers les clients». Concernant l’achalandage, M. Blama poursuit, « Alhamdoulilah les clients arrivent tous les jours manger la viande grillée. Parfois si je débute le matin comme ça, j’arrête vers l’après-midi et la quantité de viande fraîche emmenée est dans la plupart des cas épuisée, au cas échéant je continue jusqu'à 23h avant de fermer».  

Un peu plus loin, à l’agence de voyages d’Abéché. M. Goudja Abdramane la cinquantaine est lui aussi boucher et restaurateur depuis 20 ans. Il soutient que sa viande est toujours bien aimée à cause de la qualité des moutons qu'il sélectionne, « je me bats pour finir au moins 13 carcasses de moutons par jour ». Il ajoute, « les clients viennent demander la viande grillée pour leur petit déjeuner à partir de 7 heures du matin. Je suis sur cet endroit depuis 20 ans, je paie les taxes et le loyer qui me coûte 100 milles FCFA par mois » dit-il.

Axe Dembé-marché à mil. Brahim Seïdou Abdou travaille avec ses collaborateurs, il affirme que la viande grillée est le goût préféré des Tchadiens, « je vends le tas à 1000 FCFA et des oignons servent d’accompagnement ainsi que le piment rouge mélangé aux épices dont les bouchers restaurateurs ont le secret pour attirer la clientèle. Grâce à ce métier, je nourris ma famille et je subviens aux besoins de ses 4 épouses ».

Au bord des avenues des 3e, 5e et 6e arrondissements, les bouchers restaurateurs vendent des brochettes, des poulets braisés, etc., « les clients ne manquent pas », disent-ils heureux de faire leurs métiers et de gagner de l’argent.

Noël Adoum

L’Accord du 31 octobre dernier dit « Accord de Kinshasa » décline un nouvel épisode de la vie politique tchadienne depuis la séquence ouverte par le décès tragique du président Idriss Deby père suivi de sa succession héréditaire à la tête de l’État, de l’organisation du « dialogue national exclusif », des massacres du Jeudi Noir et bientôt du référendum fermé sur la constitution.

Politiquement, l’Accord de Kinshasa se prête à trois différents angles de lecture : le premier, certainement un peu candide, en fait un véritable instrument d’ouverture d’une parenthèse enchantée, permettant un réel et sincère partage de la gouvernance du pays. Le deuxième, plus circonspect n’y voit, s’agissant des obligations du gouvernement, à l’exception de la stipulation relative à l’amnistie générale, qu’un instrument purement proclamatoire, ressassant de simples déclarations d’intention sans contrainte juridique. Comme Saint Thomas, il conseillerait d’attendre de voir la mise en œuvre avant d’en juger. Le troisième angle est d’inspiration radicale ou simplement réaliste, il voit en cet accord au mieux, un instrument opportuniste d’hypnose des Transformateurs et de leur leader en ce tournant institutionnel décisif pour le pays et au pire, un agent usuel et classique de ralliement d’un adversaire redoutable et en l’occurrence, de renoncement sans frais à l’idéal Transformateur.

Objet juridique non identifié

Sur le plan juridique, il demeure nettement que cet accord est un « objet juridique non identifié » (objni). Il n’appartient à aucune des catégories juridiques connues. Sa qualification procéderait d’un exercice hasardeux sauf à le faire rentrer dans la qualification « balai » de catégorie innommée. En effet, cet accord que les analystes et commentateurs politiques qualifient « d’accord de principe » ne l’est pas. Il n’est pas non plus un accord autonome, c’est-à-dire définitif. Par définition, un accord de principe constate un consensus préliminaire des parties sur les objectifs précis des négociations à mener, en définissant la méthode et la forme, le champ ou le domaine, le calendrier et le délai, les gages éventuels de leur bonne foi à mener à bonne fin les négociations et le cas échéant, les conditions objectives de la rupture des négociations. Où trouve-t-on dans l’Accord de Kinshasa les indications relatives notamment au domaine, à la méthode, au calendrier, au délai et aux objectifs précis des négociations à mener entre le régime et les Transformateurs, sauf à considérer qu’il en existe une version cachée ? Par ailleurs, par sa vocation prospective de la quête du consensus des parties, l’accord de principe se distingue en cela d’un accord d’étape et encore plus d’un accord définitif dont la visée du consensus est rétrospective. Or l’Accord de principe de Kinshasa, s’agissant de l’amnistie des victimes et des bourreaux du Jeudi Noir, marque le constat d’un consensus définitif des signataires, dans une approche plutôt rétrospective. Il n’est pas non plus un accord définitif et donc exécutoire, d’une part en l’absence d’obligations contraignantes définies de façon précise et assorties de sanctions pour chacune des parties, et d’autre part, en raison de l’essentiel de ses stipulations qui sont de simples déclarations d’intention, renvoyant à des hypothétiques négociations futures.

Pour cette même raison, l’Accord de Kinshasa se distingue également des avant-contrats (comme peut l’être notamment un pacte de préférence, une promesse unilatérale ou synallagmatique) qui sont pour leur part de véritables contrats avec des obligations exécutoires et contraignantes, mais destinés à préparer la conclusion d’un contrat définitif. Un seul exemple pour illustrer la confusion de genres : la partie B (page 3) intitulé « Des points de discussion à poursuivre après le retour à N’Djamena », stipule que « les parties signataires s’engagent à poursuivre le dialogue avec pour objectif », au troisième alinéa, « poursuivre la politique d’inclusivité dans le processus de transition à travers la prise en compte des propositions et actions additionnelles permettant de rendre plus inclusive pour tous les acteurs ». Soit, mais la stipulation ne précise ni le calendrier, ni le délai, et encore moins les domaines institutionnels transitionnels concernés par les négociations ; elle ne comporte pas non plus d’obligations contraignantes pour les parties. Ajouter à cela, la stipulation obligeant le leader des Transformateur à respecter à la fois la charte révisée de la transition et le calendrier du retour à l’ordre constitutionnel, quel pourrait bien être l’objet des négociations si ce n’est d’un ou deux strapontins ministériels sans pouvoir sur le cours de la transition ?  Enfin, l’Accord de Kinshasa se distingue de la catégorie de contrat-cadre qui n’est pas exécutoire sans les contrats d’application. Or l’exécution unilatérale et manifestement intéressée des stipulations relatives à l’amnistie disqualifie cette dernière qualification. Soit, mais là n’est pas l’essentiel.  

Seul mérite : le retour au bercail

L’Accord de Kinshasa a néanmoins un mérite, le seul, celui d’avoir permis le retour au bercail du leader des Transformateurs et de son board. En effet, par métaphore martiale, qu’est-ce que peut bien valoir un général d’armée en campagne sans sa troupe ou loin du théâtre des opérations ? L’exil est redoutable qui plus est, s’il est subi et par un homme politique à la popularité au zénith comme l’est le leader des Transformateur. Poursuivre l’exil est à terme, perdre le liant unique avec les militants en déshérence et dont le Mouvement Patriotique du Salut (MPS, parti politique de Deby père) et les alliés ne demandent qu’à en faire main basse.  En cela, le reproche ne peut lui être fait d’avoir signé cet accord lui permettant à nouveau de savourer son aura depuis la « Place de l’espoir » même si à bien des égards, il paraît difficile pour la transition de l’assigner longtemps à l’exil hors du Tchad, au risque de compromettre la chance de légitimer auprès des partenaires à commencer par la France et l’Union africaine (UA), la séquence des échéances électorales en cours sans la participation des Transformateurs et de leur leader.

De même, il ne peut être fait le reproche comme y ont procédé allègrement certains des contempteurs du leader des Transformateurs, d’avoir passé par pertes et profits les victimes du Jeudi Noir ou même de les avoir purement et simplement sacrifié sur l’autel de son confort matériel. En effet, il n’est pas besoin d’investigation poussée pour établir que les auteurs, donneurs d’ordre et concepteurs des massacres du Jeudi Noir se recrutent directement et essentiellement dans le cœur pouvoir de Deby fils, en l’occurrence Mahamat Idriss Deby Président de transition. Dès lors, comment obtenir la poursuite et la condamnation des commanditaires et des exécutants quand ceux-ci sont solidement installés aux manettes du pouvoir et que de leur bon vouloir dépend la mise en route de l’action pénale ? Sauf à se faire hara-kiri, ceux-ci n’y consentiront pas en l’état de leur position de pouvoir.  Dans ces conditions, obtenir la condamnation ne serait-ce que d’un lampiste procède d’une gageure. Qui plus est, les Transformateurs n’ont pas de conseillers à l’assemblée transitoire pour voter ou non la mesure. Et puis c’est oublié qu’outre la Cour Pénale Internationale (CPI) et la compétence universelle des juridictions de certains pays qui permettraient de poursuivre outre-frontières les auteurs de ce crime odieux, une autre majorité au pouvoir au Tchad, peut toujours proposer et adopter une nouvelle loi revenant sur cette amnistie par son abrogation partielle et une imprescriptibilité des faits, permettant de poursuivre et de condamner les auteurs malgré le temps passé et l’amnistie opportuniste votée de la troupe de Haroun Kabadi au Conseil national de Transition (CNT). Une chose est l’idéal révolutionnaire qui reste dans le meilleur des cas, un mirage confinant à la négation du réel et une autre chose, est le réalisme politique qui postule de viser l’idéal mais en considération de la réalité des rapports de forces. L’exigence d’une justice immédiate pour les victimes dans les conditions actuelles est une condamnation intemporelle à l’exil et au renoncement au combat politique sur le terrain pour offrir un destin alternatif au pays.

Critique de la nouvelle posture des Transformateurs

Mais pour autant, si l’on ne peut que s’incliner devant les propos du leader des Transformateur prononcé à son meeting du 19 novembre 2023 selon lequel « un parti démocratique comme le nôtre, sa stratégie ne peut pas être définie par un autre parti politique, ni par une société civile, ni par un journaliste, même si nous aimons bien nos amis journalistes, ni par un activiste ni par n’importe qui que ce soit… C’est un parti de stratégie qui définit lui-même sa stratégie », il demeure cependant que l’Accord de Kinshasa est invariablement et irrémédiablement d’intérêt public. Ceci légitime, son appréhension, son analyse et sa critique par les acteurs politiques et les commentateurs du débat public, mais au-delà par toute personne intéressée par la chose publique. C’est même de l’essence de la démocratie dont l’apprentissage reste laborieux au Tchad.     

Et de ce fait, les Transformateurs peuvent encourir la critique non pas de la signature, mais du respect de l’Accord de Kinshasa qui n’en est pas un, en s’imposant une abstinence politique qui confine au renoncement alors même que s’ouvre la campagne référendaire et que ne varietur, la CONOREC continue son œuvre de turpitude ; de même que la HAMA, la sienne de l’anéantissement du débat public ; le projet de constitution, la charte de la transition, les résolutions du « DENIS » sont maintenus en l’état, idem du calendrier du retour à l’ordre constitutionnel. De même, l’héritier président de transition poursuit allègrement son exercice de prédilection de massification des généraux du clan dans l’armée, de contrôleurs généraux du clan dans la police et des membres non qualifiés du clan dans la haute administration. Or, le régime dont il résulte de la part du lion dans l’accord, qu’il a visiblement tenu seul la plume de la rédaction, ne s’est acquitté que de la seule obligation juridique dont – il est par ailleurs, le véritable gagnant à savoir l’amnistie des crimes du 20 octobre 2022. Il n’en fera rien d’autre si ce n’est de bouts de gras jetés à sa discrétion aux Transformateurs.    

Il va de soi qu’en l’absence d’une part, d’un véritable accord institutionnel permettant un rééquilibrage des pouvoirs entre les différentes institutions de la transition et la composition de leurs membres et/ou d’autre part, d’un accord matériel programmatique de gouvernement, toute réconciliation déclaratoire comme celle instrumentée par le fameux Accord de Kinshasa ne sera qu’un marché de dupes permettant au pouvoir Deby fils de se blanchir à moindres frais et surtout de poursuivre sa trajectoire comme si de rien n’était. De quel recours disposeront Les Transformateurs, sur quels fondements et devant quel garant ou juridiction ?  Pas plus que l’actuel Premier ministre Saleh Kebzabo, le ministre de la Justice Mahamat Ahmat Al Habo, le Secrétaire général de la présidence Gali Ngoté Gatta, l’ex-Premier ministre Pahimi Padacké Albert et toute la cohorte des faire-valoir passés et actuels du régime. Or, Les Transformateurs sont une force politique avec une puissance de frappe et une audience que les illustres ex-opposants cités, devenus  des « has been », ne sont plus depuis très longtemps.

Les Transformateurs devraient reprendre le cours de leur marche là où elle s’était arrêtée le 20 octobre 2022, fédérer leur force avec celle de l’opposition sérieuse pour infléchir les conditions du référendum et à défaut, faire front pour et lors des élections générales avec des listes communes. Alors seulement, et au regard du rapport de force issu des urnes qui pourrait leur être significativement favorable dans certaines parties du territoire malgré l’héritière de la CONOREC, il sera possible de négocier et de convenir d’un accord de gouvernement avec le pouvoir.  

À défaut et à terme, la désillusion risque d’être totale et fatale au pays si le souffle de l’espoir, jamais élevé au niveau où l’ont hissé Les Transformateurs retombe à plat ou débouche sur la sempiternelle logique d’accompagnement du pouvoir Deby fils auquel ont toujours habitués les Tchadiens, toutes les graines d’espoir politique passées depuis 1990.

Enfin, on peut s’incliner non pas devant le talent, mais le fabuleux destin héréditaire du président de la transition. Mais on peut surtout être admiratif du parcours universitaire et professionnel, de la culture et de l’audace politique du leader des Transformateurs et espérer pour le bien public qu’il gouverne et le plus tôt le Tchad. Mais de là à considérer comme certaines voix les plus autorisées du landerneau que « le Tchad leur appartient à eux deux » (Président de transition et leader des Transformateurs), ne manque pas de dérouter si ce n’est de créer un malaise par le germe du culte de la personnalité et in fine de la dictature. Qui plus est, sauf à revenir à la féodalité qui est une négation de la République, une telle assertion est une insulte à l’intelligence humaine et surtout au principe d’égalité entre citoyens consacré par toutes les constitutions successives du Tchad et qui est la raison d’être d’une démocratie multipartiste.   

Abdoulaye Mbotaingar

En grande pompe, la coalition pour le "OUI" au référendum constitutionnel a lancé officiellement sa campagne au Palais des arts et de la culture de N'Djamena à NDjari dans la commune du 8e arrondissement.

Ils sont par milliers cet après-midi du 25 novembre au palais des arts et de la culture. Les anciens adversaires politiques, Mouvement patriotique du salut (MPS), ancien parti au pouvoir et l'Union nationale pour le développement et le renouveau, de l'actuel premier ministre, ancien chef de l'opposition font désormais cours ensemble. Les signataires de cette coalition ont rempli l'agora du palais avec drapeau, drapelet, t-shirt, plaque et banderoles appelant à soutenir un État Unitaire fortement décentralisé, qu'ils estiment tous, la forme de l’Etat, la mieux adaptée pour le Tchad.

Accueilli avec ferveur, le Premier ministre en veste noire, drapelet du OUI à la main, a appelé les membres de sa coalition et les tchadiens à voter OUI. Il estime que le projet de l'État unitaire fortement décentralisé est un projet d'un État véritablement moderne qui fera du Tchad une démocratie moderne avec des institutions fortes. Il justifie également que la coalition a bien préparé son cheval de bataille pour remporter ce référendum constitutionnel. Pour ce qui est du fédéralisme, l'ancien chef de fil de l'opposition sous Deby père a affirmé que l'État fédéral est dangereux pour le Tchad. Selon lui, la fédération est une ouverture, un balisage pour les guerres de sécession, des conflits tribaux et de repli identitaire.

Contrairement aux partisans de l'État Unitaire, les fédéralistes eux aussi se sont mobilisés hier, 25 novembre pour désigner l'ancien farouche opposant, premier partisan du fédéralisme sous Deby père, Ngarlejy Yorongar comme président de leur bloc. A cette occasion, ils ont invité les tchadiens à retirer leur carte et de voter non pour que le fédéralisme triomphe sur l'État unitaire qu'ils estiment après plus de 50 ans d'indépendance n'a changé le quotidien d'un iota. « La fédération est l'idéal pour un partage de pouvoir et des richesses à l'égalité de tous les tchadiens », a déclaré Brice Mbaïmon.

Abderamane Moussa Amadaye

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