Lors d’un point de presse ce 23 décembre, le Bureau exécutif (BE) du Syndicat national des Douanes (SYNAD) a dénoncé la violation du statut particulier du douanier prévu par les articles 4 et 44 de la loi portant Statut Général de la fonction publique. Le Syndad le réclame.
M. Mbaihognon Tanaagueum Jude, président du BE du Synad revendique la préservation de ce statut particulier, « ce statut est un droit irréfragable prévu par la loi. Elle ne révèle pas d'une personne qui interdit ou limite l'exercice aux fonctionnaires des Douanes ».
M. Tanaagueum affirme que ne pas avoir ce statut expose la Douane tchadienne à une gestion informelle et irrationnelle. Selon lui, certaines autorités civiles ou militaires s'ingèrent par le biais des trafics d'influence dans la gestion de la douane en remplaçant les douaniers professionnels par des individus sans aucune formation par simple décision du Directeur général des Douanes.
Le Synad demande l'implication du président de transition pour protéger la douane tchadienne afin de rétablir l'ordre juridique en mettant fin au nomadisme professionnel, « parce qu’aux Douanes doivent exercer des douaniers de métier » dit-il.
Pour rappel, le statut particulier est un ensemble des dispositions juridiques qui régissent les conditions de travail des fonctionnaires, en matière de recrutement, d'avancement, de promotion, de rémunération et éventuellement des sanctions applicables à tous les fonctionnaires.
Ousmane Bello Daoudou
La STDC dit avoir constaté que le déroulement du vote s’est effectué sans incident majeur, « les citoyens se sont rendus aux urnes, ont exprimé leur suffrage dans le calme et la sérénité. Pour le vote des militaires et des civils, nous avons remarqué un retard à l'ouverture des bureaux de vote, le manque des matériels, une méconnaissance de certains membres des bureaux de vote dans le remplissage des procès-verbaux, le manque d'engouement manifeste des populations pour ce scrutin et surtout l'absence des délégués des partis politiques dans la plupart des bureaux ».
A cela s'est ajouté, l'inexistence de certains bureaux de vote dans certains endroits prévus par la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (CONOREC). Ce qui a conduit à jumeler dans quelques arrondissements des bureaux de vote ainsi que le retard dans leur ouverture, l'inexactitude d'informations relatives aux procès-verbaux, le manque des documents nécessaires de l'opération électorale.
La STDC recommande aux autorités la révision de la composition de la CONOREC et du fichier électoral, l'élaboration d'un Code électoral consensuel, l'inclusivité de toutes les forces vives pour la suite de la transition, la transparence dans la préparation et l'organisation des prochaines élections présidentielles, législatives et locales.
Enfin, la STDC soulève la question du constat de la dislocation du G5 Sahel et rappel au Tchad et à la Mauritanie de rejoindre l'Alliance des États du Sahel constituée du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Noël Adoum
Dans une conférence de presse ce 22 décembre 2023, le Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP) a invité le président de transition à l'annuler le scrutin du 17 décembre dernier et à ouvrir un dialogue minima pour résoudre la crise que traverse le pays.
Pour Avocksouma Djona, la consultation référendaire du dimanche dernier a été une défaite cuisante pour le président de transition, la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (CONOREC) ainsi que leurs acolytes, dit-il. Selon, le GCAP les irrégularités et le boycott par les Tchadiens sont des motifs pour annuler purement et simplement ce référendum. « M. Mahamat Idriss Deby ITNO doit prendre un décret pour annuler ce scrutin référendaire. Il grandirait et se revêtirait de l'habit de démocrate. Il n'a aucun autre choix. La confiance ne peut revenir qu'à ce prix. A vouloir forcer les choses, il ne ferait que compliquer davantage les choses. Là où il y a un problème, il y a toujours une solution et celle que nous proposons est la meilleure », a déclaré professeur Avocksouma Djona.
Il estime que la solution serait l'organisation d'un dialogue politique à minima qui doit regrouper toutes les tendances de l'opposition civile ou armée. Dans la foulée, le GCAP a annoncé un nouveau mot d'ordre de, disent les membres, barrer la route à la constitution qui sera issue du référendum. «Nous ne devons jamais accepter l’imposition d’une constitution que nous avons rejetée. L'heure de la dictature, du vol et de tripatouillage est révolue. Nous devons manifester par tous les moyens pour empêcher que ce qui est en cours ne se produise pas. Dès à présent, nous lançons un nouveau mot d'ordre: Halte à l'imposture et au vol. Ce n'est pas notre constitution», dit le GCAP.
Enfin le porte-parole du GCAP, Max Kemkoye s'est indigné au sujet de la suspension des salaires de certains enseignants grévistes ce mois de décembre. M. Kemkoye estime que priver les enseignants du public de leur dû est mal, dit-il. Pour soutenir les enseignants, le GCAP a annoncé la mise en place d'un panier de solidarité ouvert à la radio FM liberté qui selon M. Kemkoye sera dédié aux enseignants victimes de la politique du Premier ministre Kebzabo et du président de transition Mahamat Idriss Deby. Ils invitent les Tchadiens à contribuer pour soutenir les enseignants.
Abderamane Moussa Amadaye
Dire que les Tchadiens se sont peu déplacés pour aller voter le 17 décembre dernier est un euphémisme. Ils ont simplement refusé d’aller choisir. C’était prévisible. Cela a été visible. Incontestable. Ce refus est une autre manière de s’exprimer. Les Peuls ont un adage qui décrit bien cette situation « le silence est une parole puissante, plus forte que les mots ».
Alors, comment comprendre cette faible participation? Quel est le message? Quelques raisons pour expliquer ce silence…
D’abord, la première raison. Les Tchadiens ne veulent plus de ce système politique archaïque et désuet imposé par le défunt Deby père, son parti politique le Mouvement patriotique de salut (MPS), ses alliés de circonstance ou de toujours et ceux qui accompagnent ce système vaille que vaille. Cela depuis plus de 30 ans. Ils attendaient de Deby fils l’application du concept philosophique de la « Tabula rasa », faire table rase. Autrement dit, effacer le passé et recommencer à zéro. Renaître à nouveau comme disent les philosophes. Écrire autre chose sur une feuille vierge. Ils lui ont donné cette chance, mais il n’a pas su ou pu la saisir. Il s’est laissé embobiner dans une transition sans ambition où des « momies politiques » ont tenu à bout des bras un système agonisant. Objectif : conserver des avantages à leur seul profit à coups de combines politiques.
Ensuite, la deuxième raison. Les Tchadiens vivent dans l’indigence la plus crasse. Ils manquent de tout. Du minimum vital : pas d’électricité chez eux malgré la manne pétrolière, pas des routes malgré le pétrodollar, pas de soins malgré le « pétrocfa ». Les Tchadiens ne mangent pas à leur faim, s’ils arrivent à le faire, c’est une fois par jour. La cherté de vie est insupportable. Ils ont l’impression que personne ne les écoute, l’État est aux abonnés absent. Ils constatent qu’une minorité d’élite coopte toutes les richesses, font de l’entre-soi, vivent entre eux, se promeuvent entre eux en s’autoapplaudissant, se défendent entre eux, s’accusent entre eux, etc. Et les nargue chaque jour, comme ils disent, qu’Allah fait naître le jour et la nuit. Alors à quoi sert le vote? À rien, selon leur expérience.
Enfin, la troisième raison. Les Tchadiens ne veulent pas entendre ceux qui parlent en leur nom. Qu’ils soient opposants, amis du pouvoir, anciens ou nouveaux alliés. Déjà, certains acteurs politiques ou de la société civile crient victoire en affirmant que les Tchadiens ont choisi leur option : « le boycott » a gagné, le « Non » est gagnant, le « Oui » gagnera. Certains ont salué leur « patriotisme », d’autres ont applaudi leur « calme », beaucoup parlotent, mais les Tchadiens sont silencieux. Ils observent, médusés, ces agitations, ces récupérations. Ils n’attendent ni Messie ni prophète. Par leur faible participation, ils veulent que le président de transition renverse la table. Ils veulent que des nouvelles têtes émergent et qu’un nouveau système de gestion et de partage des richesses soit inventé: par exemple le fédéralisme. Pourquoi pas? Même Deby père, désespéré, l’avait évoqué comme solution. Surtout que l’État unitaire décentralisé « fortement » ou « faiblement » n’a apporté que misère, guerre et népotisme. Il est minuit moins 5 minutes pour Deby fils. Sinon, la prochaine fois, les Tchadiens couperont des têtes. À commencer par celui du chef, enfin, peut-être…
Bello Bakary Mana
La Mission d'Observation du référendum constitutionnel de la coordination des associations de la société civile et de défense des droits de l'homme (CASCIDHO) a animé un point de presse ce 21 décembre pour présenter son rapport sur le scrutin du 17 décembre dernier.
Mahamat Digadimbaye, coordonnateur de la CASCIDHO, affirme que la consultation référendaire du 17 décembre s'est déroulée dans le calme et la sérénité nonobstant quelques ratés techniques. Il a cité l'insuffisance de formation et de qualification des membres de bureau de vote, la mauvaise répartition des bulletins de vote, l'absence de la liste d'électeurs dans certains bureaux de vote ou encore la dispersion des listes électorales et des cartes d'électeurs. « Ce scrutin a été libre, transparent, crédible démocratique et répond aux normes internationales d'organisation des élections. La CASCIDHO salue la maturité et la participation du peuple tchadien », a-t-il déclaré. M. Digadimbaye soutient que ce référendum est une étape importante pour l'encrage de la démocratie au Tchad et est déterminant pour le retour à l'ordre constitutionnel.
Le coordonnateur a aussi formulé quelques recommandations à l'endroit du gouvernement et aux forces vives , tels que, le dialogue l'implication de la société civile dans le processus électoral.
Abderamane Moussa Amadaye
Dans une déclaration à la presse, le Front du « NON » au référendum constitutionnel s’est expliqué sur le vote. Son coordonnateur national, M. Brice MBaimon Guedmaye affirme que le 17 décembre dernier les tchadiens ont fait leur choix sur le projet de constitution. « De l'organisation par la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (CONOREC) en passant par la campagne, le front du Non a enregistré les irrégularités gravissimes dont les auteurs sont du camp des partisans du Oui. Ils ont violé les dispositions de la loi électorale ».
Selon lui, ces irrégularités sont de plusieurs ordres. Il y a le vote des mineurs, le renvoi des délégués des bureaux de vote accrédité par le Front du « Non », les menaces, les agressions, les arrestations et le bourrage des urnes.
Ensuite, il a demandé au président de la CONOREC de respecter le délai prévu par la loi électorale qui dit « lorsque le référendum conclut au rejet du projet de Constitution, un autre scrutin est organisé dans une période n'excédant pas soixante jours ».
Enfin, M. Brice a martelé que la victoire du « Non » est visible, « le Tchad passe de l'État unitaire à l'État fédéral parce que les Tchadiens ont choisi en toute lucidité et souveraineté ».
Ousmane Bello Daoudou
La plateforme le Tchad d'abord a présenté son rapport d'observation sur les constats sur le terrain et fait des recommandations. C’était cet après-midi au musée national dans le 5ème arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djamena.
Le porte-parole de cette plateforme M. Djadode Bekoutou Isidore affirme que son organisation s’est déployée durant ce scrutin du 16 au 17 décembre dans 7 provinces du pays avec 420 agents. « La campagne s'est déroulée dans un climat calme, mais un incident fâcheux s’est produit, c’est, par exemple, l'interception des véhicules portant inscription « Halte au référendum » par les forces de l'ordre ».
M. Bekoutou soutient que les manquements s'articulent autour de non-respect de l'article 34, 35 du code électoral, le manque de sensibilisation des militaires sur les procédures du vote et la proximité des bureaux de vote et leur ouverture n'a pas toujours été respectée dans certains bureaux conformément à la loi électorale. Aussi, il n’y a pas eu assez d’endroits pour les isoloirs ou pas d’isoloir du Tout.
Le « Tchad d’abord » recommande au gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires bien avant le jour du scrutin, de recadrer les partis politiques pour permettre aux acteurs politiques de jouer leur rôle, bien aménager les espaces destinés aux bureaux de vote.
Ensuite, la plateforme recommande à la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (CONOREC) à renforcer les capacités des agents électoraux, de mener les actions d'éducation civique et électorale, de rendre disponible la liste électorale pour éviter les retards d'ouverture et de clôture des bureaux de vote.
Enfin, à la communauté internationale, le « Tchad d’abord » recommande de collaborer en mettant une cellule de veille électorale regroupant les observateurs nationaux et internationaux.
Pour finir, la plateforme dit être satisfaite par le déroulement de l'élection et la maturité des Tchadiens.
Ousmane Bello Daoudou
La 3e édition du colloque international sur les humanités en hommage au Pr. Khalil Alio a été clôturé ce Mardi 19 décembre 2023 dans la grande salle du musée national du Tchad dans la commune municipale du 5e arrondissement de la capitale tchadienne. Reportage.
Ce colloque a été organisé en hommage au regretté Pr.Khalil Alio qui était le président du comité scientifique de la 2e édition l'année dernière. Cette 3ème édition est placée sous le thème, « Transdisciplinarité et développement dans le bassin tchadien : enjeux et défis ». Cette assise scientifique a réuni plusieurs enseignants chercheurs nationaux et internationaux, des participants des sciences humaines notamment de l'Histoire, la Géographie, la Sociologie, l'Anthropologie, etc.
Pour Mariam Issa Nassour doctorante au département d'Histoire à l'Université de N’Djamena participante, explique que le colloque des humanités est axé sur le développement du bassin tchadien particulièrement sur la pluridisciplinarité. Elle se dit satisfaite de ce colloque avec l'intervention des enseignants chercheurs des universités du Tchad et d'ailleurs dont du Sénégal, du Cameroun etc. « La thématique la plus importante est la langue qui est un marqueur et facteur pour le développement et la cohésion sociale », dit-elle. Elle déclare avoir découvert la valeur des différentes langues tchadiennes et leur instrumentalisation dans ce colloque sans oublié les langues officiels, l'arabe et le français importées d'ailleurs mais qui peuvent bien animer la cohésion sociale entre les tchadiens. Car « la langue est un moteur et un instrument de tolérance entre les tchadiens et les africains d'une manière générale ».
Yaya Abianga Richard, doctorant au département d'histoire à l'université de N’Gaoundéré déclare que le colloque a pour objectif de faire rayonner la science. Car lorsque les universitaires se réunissent, c'est pour se mettre à table et discuter sur les idées scientifiques. « Ces derniers ne peuvent être écoutés que lorsqu'il y a des pareils événements ». Ils sont venus dans l'optique d'apprendre pour sortir édifier et clarifier sur certains éléments scientifiques. Il relève que 3 axes ont été présentés notamment les questions linguistiques et littéraires, qui selon lui, « les uns ont abordé la langue comme le socle du développement, les autres comme un aspect de développement et les derniers ont parlé de la cohésion de l'importance de la langue qui est le marqueur le plus important du patrimoine, de l'identité ». Car pour décrire une communauté, un individu, il faut parler la langue.
Toujours selon M. Richard, ces 3 thématiques ont mis en exergue les différentes langues parlées dans la province du Guera. Sur d'autres axes, « les thématiques étaient variées sur la migration et les conflits. Car toutes les langues sont importantes et il est important de valoriser nos langues locales afin de sortir des éléments sémantiques et morphologiques », a-t-il conclu.
Noël Adoum