Code de la famille : le projet qui divise

Sep 08, 2021

C’est depuis plus de 20 ans que le Tchad se penche sur un avant-projet de loi prévoyant un code laïc de la famille. Depuis le temps est passé. Et le pays peine à mettre en place ce code tant attendu. Ce retard serait lié aux divergences des points de vue entre les communautés chrétienne et musulmane. Reportage.

Le code laïc de la famille tchadienne, tant souhaité par l’ancien président Idriss Deby Itno, peine à voir le jour. Beaucoup de Tchadiens souhaitent enfin voir ce Code de la famille. Il devrait, selon les spécialistes, permettre aux citoyens de vivre ensemble sans une discrimination pour les femmes et surtout pour les enfants naturels et les enfants adultérins. Pour le sociologue Mbété Félix, le pays n’a toujours pas réussi à se doter d’un texte définissant le statut de la femme et de l’enfant, en raison des divergences entre les communautés chrétienne et musulmane. Selon lui, certains cadres chrétiens seraient d’accord pour le code judéo-chrétien, mais certains cadres musulmans trouveraient certaines dispositions contraires à l’islam.

Au sujet de la laïcité du code de la famille, le sociologue explique qu’il serait nécessaire d’avoir un code laïque, car il pourrait aider à préserver le vivre ensemble. Toutefois, il précise qu’il serait aussi important de faire un travail de fond avec les communautés avant de décider de promulguer une quelconque loi sur le code de la famille au pays. Pour ce dernier, cette situation difficile serait liée à la position des autorités qui sont à la fois membres des communautés et prendre de telles décisions, demanderait un travail minutieux et consensuel entre les deux communautés. Au sujet de divergences, l’analyste estime qu’il est clair qu’un des principaux irritants est l’âge de mariage de la jeune fille. A son avis, lorsque les gens ne s’entendent pas sur une loi, il n’est pas sage de la promulguer. « L’esprit des lois doit précéder les lois. Or, en ce moment, les gens contestent le code. Il va falloir s’asseoir pour convaincre les sceptiques et avoir un code qui rassemble et ressemble à tous les Tchadiens », explique-t-il.

En raison de l’absence d’un code commun, les chrétiens utilisent le Code civil français daté des années 1958. En revanche, les musulmans, ce sont les pratiques musulmanes, inspirés de la religion, qui prédominent. Il propose que les autorités politiques s’attellent sur l’éducation qui est une clé de voûte, sans cela, forcer la promulgation serait une erreur grave qui réveillerait encore les vieux démons. Le sociologue estime qu’après une bonne éducation, il faut dialoguer, surtout avec la communauté musulmane pour trouver un terrain d’entente. Mbété Félix affirme qu’au Tchad, les choses évoluent au rythme de nos civilisations, nos us et coutumes. Mais à bien des égards, les gens ne semblent pas trouver de compromis entre la religion et la laïcité.

Pourtant, les Tchadiens de toutes les confessions religieuses sont appelés à partager la vie civile, politique et confessionnelle telle que prônée par les textes de loi. Le projet de loi sur le Code de la famille se présente dès maintenant comme un test avant le Dialogue national inclusif prévu pour les mois à venir.

Jules Doukoundjé

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