Lancée depuis janvier 2020, l’Agence nationale des titres sécurisés (ANATS) peine à délivrer dans un délai court la carte d’identité nationale. Les demandeurs éprouvent d’énormes difficultés pour accéder à ce document. Reportage.
Chaque jour des centaines de Tchadiens, de tous les âges et de sexes, se lèvent tôt pour se rendre au gouvernorat de la ville de Ndjamena, située dans le 6e arrondissement de la capitale tchadienne. Objectif du déplacement, l’obtention de la carte nationale d’identité (CIN). Mais, bon nombre éprouvent d’énormes difficultés pour obtenir le précieux sésame. Certaines personnes rencontrées dans la cour du gouvernorat expliquent leurs calvaires pour avoir la fiche permettant de se faire filmer. Pour avoir la fiche, les autorités en charge exigent aux demandeurs d’aller verser une somme dans une banque partenaire et de présenter le reçu. Sans le reçu, il est quasi-impossible d’obtenir la fiche individuelle de renseignement. « Ils ont demandé d’aller d’abord verser l’argent à la banque et ensuite tu viens te mettre en rang. Tu peux passer toute la journée au gouvernorat pour avoir une simple fiche. C’est vraiment triste », rouspète Aladin Mbaïlaï.
Ce jeune explique que c’est depuis plus de 3 semaines qu’il a versé de l’argent dans le compte de l’institution publique, mais qu’il peine à se faire enrôler. Beaucoup sont dans la même situation qu’Aladin Mbaïlaï. Certains quittent tôt la maison pour occuper une place plus avantageuse dans les rangs. Mais là encore, peine perdue. « On vient à 5 heures du matin, espérant occuper une bonne place dans le rang, mais il y a toujours beaucoup de gens avant toi. D’autres par contre sont privilégiés. Ils peuvent avoir la fiche et se faire filmer le même jour », se plaint Chaïbou Boulayngar Bémadji. Assis sous un arbre et visiblement fatigué, Mbaïhougadodé Richard, souligne que ce n’est pas admissible de traîner plus d’un mois pour avoir une juste pièce nationale d’identité. Selon lui, il y a un véritable manque d’organisation pour faire fonctionner normalement l’administration publique. « Je suis venu de loin, j’ai laissé ma femme et mes enfants. Maintenant j’ai fait un mois sans rien obtenir », dit-il.
La lenteur dans la délivrance de la CIN, pousse certains citoyens à s’interroger sur la compétence des agents chargés de faire les enrôlements. Ils estiment que ces agents seraient recrutés sur la base de clientélisme et non sur leur compétence. D’autres, en revanche, affirment que c’est le sous-effectif du personnel qui serait la cause de la lenteur. Ils proposent aux autorités de l’ANATS de recruter davantage du personnel qualifié et compétent pour alléger le travail et soulager les citoyens demandeurs.
Pour faciliter le travail, les autorités ont ouvert plusieurs guichets dans les provinces du pays. Mais pour répondre aux besoins pressants des citoyens, celles-ci devraient s’évertuer à trouver des solutions satisfaisantes et durables.
Jules Doukoundjé