Le championnat national de football tchadien lancé le 3 juillet dernier. 12 équipes sont venues de tous les horizons du pays pour compétitionner durant 2 semaines. Les conditions d’accueil laissent à désirer. L’hébergement des joueurs, leur sécurité physique et sanitaire est déplorable. Certains sont campés à l'Académie de Farcha, d'autres dans des maisons des particuliers. Au quartier Farcha, les joueurs de cinq équipes provinciales et les arbitres dorment par terre sans moustiquaires ni ventilation adéquate, boivent de l'eau de robinet et font leur besoin dans des toilettes infectes. L'équipe d'Ialtchad s'est rendue sur le lieu pour constater. Reportage.
À quelques jours avant le lancement du championnat national, un responsable du comité de normalisation de la Fédération Tchadienne de Fotball Association s'est confié à notre micro. Il a affirmé que toutes les dispositions ont été prises pour le logement, la sécurité et la santé des joueurs qui vont compétitionner le championnat national de football organisé à N'Djamena par manque des infrastructures dans les provinces. Il avait signalé que les équipes seraient logées dans des structures professionnelles et sécurisées (hôtels). Ialtchad presse à vérifier. Et ces dires qui se sont révélés faux devant l’épreuve des faits. Le constat est plus qu'amer.
Un fait vérifié : par exemple à l'Académie de Farcha, situé dans la commune du 1er arrondissement de la capitale tchadienne, 5 équipes de provinces et leurs staffs techniques, notamment FC Amboko de Goré, Gazelle FC de Sarh, As Santé d'Amdjarass, Expérience FC de Bongor et Espoir de Guera y compris certains arbitres sont répartis dans les trois bâtiments de l'Académie. Les joueurs sont entassés comme des prisonniers dans des petites pièces.
Dans une pièce, plus de 20 joueurs dorment côte à côte dans aucun espace restreint. Ils dorment sur des lits installés par terre et sans moustiquaire. Les conditions de toilettes ne sont pas hygiéniques. À la douche, l'eau de robinet coule à un moment et s'arrête brusquement. Malgré la chaleur et ce début de saison pluvieuse avec la prolifération des moustiques, le délestage électrique est intempestif à l'Académie. Il fait chaud et la ventilation est quasi-absente. Les climatiseurs sont aux arrêts, certains sont même pris d'assaut par les araignées. Pas d'eau potable pour certaines équipes sur le lieu. Pour contenir leur soif, des jarres ont été déposés pour mettre d'eau non potable. Ces conditions sont pénibles pour les joueurs professionnels et de surcroît pour un championnat dit national qui devrait être organisé dans une excellente condition.
Quelques joueurs, arbitres et staffs techniques ont donné leur impression
Hassan Henry, capitaine confie qu'ils sont au nombre de 23 joueurs dans une chambre. Le délestage intempestif leur pousse à charger leur téléphone ailleurs, « nos conditions d’hébergement sont lamentables », lance-t-il. Pour Chancelin, vice-capitaine de l'équipe As Santé d'Amdjarass, les conditions de logement de joueurs sont décevantes, « on ne peut pas quitter des kilomètres de chez nous, d'Amdjarass pour être hébergé dans des conditions pareil où plusieurs joueurs sont logés dans une même pièce en plus on dort par terre, sans moustiquaires en pleine période de palu où les chambres sont remplies de moustiques », déplore-t-il. Chancelin appelle les autorités responsables de cette compétition à changer « à la prochaine édition, il faut penser aux joueurs, c'est eux qui font le football, donc il faut des conditions réunies pour eux » a-t-il confié.
Ce n'est pas seulement les joueurs qui sont exclusivement affectés par ces conditions, il y a aussi les arbitres. C'est le cas de Philippe. Il affirme qu'ils sont logés dans le même bâtiment des joueurs et dorment aussi par terre. Il estime que c'est anormal les conditions d'hébergement des arbitres et de surcroît mélangé avec les joueurs des équipes en compétition. Il souligne qu'aucune condition sécuritaire et sanitaire n'est réunie pour les arbitres. Philippe interpelle la Fédération Tchadienne de trouver au plutôt que possible une solution à ce problème. Du côté de staff techniques des équipes, c'est la désolation. Abdoulaye Adoum, préparateur physique de Gazelle FC de Sarh, « ici les conditions d'hébergement ne sont pas réunies et ceci à des répercussions sur la santé physique et morale des joueurs » a-t-il déclaré. Il ajoute également que les moyens qui ont été mis à leur disposition est insuffisants surtout pour la récupération alimentaire, « 3000 FCFA par jour est insuffisant pour le repas d'un joueur, mais on fait avec. Nos joueurs partent manger dans les gargotes. C'est inquiétant pour leur santé, mais nous n'avons pas le choix » martèle-t-il.
Pour Ahmat Salim, membre staff du staff technique de Espoir de Guera affirme que les conditions d'hébergement sont honteuses, « nous avons enregistré des joueurs touchés par le palu, il s’agit d’un entraîneur de gardien », confie-t-il.
Si certaines équipes sont logées à l'Académie de Farcha dans des conditions aussi inhumaine et irresponsable, d'autres par contre sont bien pris en charge par les administrateurs de leur club, c'est le cas de Foullah Édifice FC. Par la grâce de certains cadres de provinces résidant à N'Djamena, certains clubs sont pris en charge par ces derniers. Mais cette prise en charge est contraire aux règles sportives.
Rappelons que le championnat national lancé officiellement le 3 juillet dernier prendra fin le 17 du même mois. Si tout semble rose de l'extérieur, à l'intérieur, c’est pourri. La situation d'hébergement, de sécurité et de santé des joueurs à l'Académie de Farcha en est une parfaite illustration. Le championnat national risque de mal finir si jamais les conditions de joueurs ne sont pas prises au sérieux.
Abderamane Moussa Amadaye