Clôture ce dimanche 12 juin du Marché des produits locaux tchadiens organisée par l'association Bet Al-Nadjah en collaboration avec l'Agence française de Développement (AFD) et autres partenaires à la cour de l'Institut français du Tchad (IFT). Durant deux jours les petites et moyennes entreprises (PME) ont exposé des produits divers et variés fabriqués à base des produits locaux. Ce fut un sentiment de satisfaction pour quelques visiteurs étrangers et une insatisfaction du côté des exposants. Reportage.
Le Marché des produits locaux tchadiens lancé le 10 juin 2022 à la cour de l'IFT sous le thème « valorisation des produits locaux » et le slogan « je consomme local » dont l'objectif est de valoriser la consommation locale et aider les PME à voir de la visibilité et augmenter leurs chiffres d'affaires a pris fin ce 11 juin. Plus d'une trentaine de stands d'agroalimentaires, de cosmétiques, d'artisanat ont pris part à cette exposition temporaire. Des visiteurs étrangers venus de partout se sont rendus sur le lieu pour découvrir les produits locaux tchadiens ou s'en procurer.
Pierre accompagné de sa copine, tous deux visiteurs français, cette visite leur a permis de découvrir les produits locaux tchadiens. Pour M. Pierre « je suis venu découvrir beaucoup de choses et comme je suis assez attaché au tissu, j'en ai acheté une chez les tisserandes locales. Je vous assure que je suis encore retombé amoureux de leur travail », affirme-t-il. Sa copine se dit satisfaite, « j'ai beaucoup aimé la diversité des huiles, des produits cosmétiques, des farines fabriquées localement », confie-t-elle. Un peu plus loin, Sarah, française, accompagnée de son petit garçon et de son mari, affirme « c'est intéressant de venir découvrir les produits locaux tchadiens ». Elle ajoute que cela leur permet de voir ce qu'ils peuvent trouver au Tchad surtout les aliments comme la spiruline ou encore le savon fait à base de beurre de karité. « Dans l'ensemble, j'ai été positivement surprise » martèle-t-elle.
Si le marché des produits locaux tchadiens est apprécié par certains visiteurs étrangers, les exposants quant à eux sont plus ou moins satisfaits et d'autres déçus par l'organisation. Pour Raissa Zenaba Biani, promotrice de Beauté Africaine qui produit des tissus artisanaux, les perles traditionnelles, affirme que « la sensibilisation et la publicité de cette exposition n'ont pas été faites comme il se doit c'est ce qui explique le manque d'engouement de la population sur le lieu ». Elle estime également que deux jours sont insuffisants pour un pareil Marché qui vise à valoriser et inciter à la consommation locale. La promotrice de Beauté Africaine recommande au comité d'organisation de corriger cette erreur à la prochaine occasion et d'étendre l'organisation sur une semaine à dix jours.
Chaibou Idriss Ahmat couturier soutient que « tout début est difficile ». Et rajoute, « la faible présence des visiteurs est dû au manque de sensibilisation ». Toutefois, il assure que cette exposition leur a permis de distribuer leur dépliant et faire la connaissance des nouvelles personnes, de potentiels clients. Pour que la prochaine édition soit un succès, Chaibou suggère l'organisation de ce marché avant que les salariés de l'État et des entreprises gagnent leur salaire, « il est préférable que ce marché soit organisé une semaine avant la fin du mois pour que les salariés puissent venir acheter nos produits, passé cette période, il sera difficile d'augmenter nos chiffres d’affaires », dit-il.
Aïcha Ali est Directrice Générale de Missalisha spécialisée dans les cosmétiques à base de produits locaux, affirme « il y a un manque de publicité et cela est clairement visible de tous, il y a moins des visiteurs, les stands sont inconfortables, exposés au soleil et sans ventilation ». Aicha recommande aux organisateurs à doubler d'efforts tant sur le plan organisationnel que celui de la communication.
Soulignons que le Tchad fait partie des premiers pays au monde où la population consomme des aliments biologiques et le pays regorge d'énormes potentialités artisanales et culturelles. Avec l'explosion démographique de ses vingt dernières années, la population immigre petit à petit vers une alimentation industrielle. Pour que cette dernière puisse continuer à consommer, s'habiller, se chausser local, des jeunes filles, hommes et quelques personnes âgées avec l'appui des associations, ONG et d'autres partenaires se battent au quotidien pour mettre en valeur les produits locaux tchadiens.
Abderamane Moussa Amadaye
Ousmane Bello Daoudou