Le ministère de la Sécurité publique a jugé irrecevable la demande d’autorisation de la marche de la Coalition des actions citoyennes Wakit Tamma prévue pour ce 28 mai. Tout de même, Wakit Tamma tient à marcher le jour j pour le même motif c’est-à-dire protester contre l’ingérence de la France dans les affaires internes du pays et dénoncer l’installation de leurs bases dans certaines provinces du pays. Reportage.
Selon nos sources l’agent chargé de la réception des courriers au ministère de la Sécurité publique a refusé de réceptionner la correspondance envoyée par Wakit Tamma. Elle est renvoyée au ministère via le service d’un huissier. On a signifié à ce dernier que la lettre est irrecevable. Pour Wakit Tamma, avec ou sans autorisation, la marche du 28 mai aura lieu. Parce que c’est l’Assemblée Générale (AG) qui en a décidé ainsi. Alors le ministère a l’obligation de soit encadrer la marche, soit la réprimer affirme Adoum Soumaïne, porte-parole de Wakit Tamma. Pour lui, lorsqu’un service de l’État refuse de recevoir les courriers déposés par les citoyens, c’est qu’il y a un problème. Faisant allusion à la raison de la marche, Adoum Soumaïne soutient que la France est en train de piller les ressources du pays et n’acceptant pas cela. « Selon les données de l’INSSEED, 42% des ménages tchadiens sont pauvres donc vivent en dessous de la pauvreté c’est quasiment la moitié des ménages tchadiens qui vivent dans une situation de pauvreté. Les ressources qui sont censées les sortir de cette pauvreté sont tout simplement pillées par un pays et quand on proteste on se retrouve en prison. Nous allons toujours protester contre la France, au gouvernement de se ranger du côté de la France ou du côté de la population tchadienne», explique-t-il. Il précise également que si quelque chose arrive à leurs camarades emprisonnés injustement la responsabilité incombe à la France.
Entre temps, le président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme CNDH Mahamat Nour Ahmat Ibedou a été reçu en audience ce 25 mai par le président du Conseil Militaire de Transition (CMT). Il est allé faire une prise de contact quant à la nouvelle équipe de la CNDH qui vient d’être mise en place. Et aussi, il a profité de l’occasion, en sa qualité de Conseil du gouvernement pour rappeler au président du Conseil Militaire de Transition la nécessité de se pencher sur les questions des droits de l’Homme. Pour le président de la CNDH Mahamat Nour Ahmat Ibedou, les droits de l’homme sont les attributs de la bonne gouvernance alors il faut tout faire pour décrisper les tensions sociales. « Nous avons rappelé au chef de l’Etat l’importance que cette transition soit véritablement apaisée. Dans cette situation, il fallait qu’il se penche davantage sur les arrestations des leaders de Wakit Tamma afin d’éviter que la situation ne dégénère », a-t-il précisé.
Pour le porte-parole de Wakit Tamma, la rencontre du président de la CNDH et du président du CMT est normale. Le président de la CNDH est dans son rôle et ses obligations de prendre ce genre d’initiatives, a-t-il dit. Il espère qu’à travers cette audience le droit sera enfin dit pour que leurs camarades recouvrent la liberté.
Kouladoum Mireille Modestine