La situation sociale actuelle au Tchad n’est pas propice aux jeunes tchadiens. Ils font face au problème au chômage. Découragés certains se livrent à l’alcoolisme, d’autres à l’oisiveté ou à la mendicité. Un groupe des jeunes aveugles a choisi de s’organiser en coopérative. Pour assurer la fonctionnalité de leur organisation, ils ont initié une entreprise de fabrique des briques. Allons-y à sa découverte avec votre rédaction Ialtchad. Reportage.
Ndou, une localité en profondeur du quartier N’Guéli, frontière avec le Cameroun, pays voisin du Tchad. Aux bords du fleuve, il y a toute une entreprise de fabrique des briques crues, séchées et ensuite cuites. Dans ce petit monde, la coopérative des jeunes aveugles à sa place. M. Fangbo Gédéon, sociologue de formation, entrepreneur social et président de la coopérative. A son avis, leur jeune organisation est à sa première année de test dans l’entreprise des briques. « Nous venons de commencer. C’est sur le simple fait que nous avons de talents dans bien de domaine. Maintenant la fabrication des briques nous a tenu à cœur. Nous avons estimé qu’il faut expérimenter et essayer de les commercialiser. Cela peut entrer dans nos stratégies de développer nos activités génératrices de revenus », dit-il.
M. Gédéon affirme qu’ils ne veulent pas s’exposer dans la rue pour mendier ou quémander. Il affirme qu’ils ont fait confiance à leurs talents. Le chef d’entreprise parle de leur objectif qui vise à promouvoir les talents des non-voyants. Il soutient qu’ils ont déniché parmi eux des gens qui ont cette compétence et qui savent fabriquer des briques et bien d’autres choses. Le président de la Coopérative des Jeunes Aveugles Talentueux (CJAT) estime qu’il faut toujours extérioriser ses talents, ne jamais les dissimuler. « Nous avons foi que cela va nous offrir d’autres opportunités. Notre leitmotiv c’est l’homme vivra à la sueur de son front. La sueur de notre front va couler à partir de la fabrication des briques que nous avons entreprises », confie-t-il. Honnêtement, déclare M. Gédéon, son organisation n’avait pas un fonds de déroulement pour démarrer cette activité. Il soutient que ses camarades ont eu seulement une conviction : partager l’idée. Cette assurance dit-il, leur a permis de bénéficier des conseils des amis plus proches d’eux. « On a décidé d’aller voir les autorités de la commune du 9e arrondissement à laquelle nous appartenons. Elles n’ont pas hésité et nous avons dit que c’est la grâce que Dieu nous a faite. La commune nous a donné de Benz de remblais et grâce aux contributions des uns et des autres que nous avons entamé cette œuvre », explique le président de la CJAT.
Le handicap n’est pas une fatalité
Au stade actuel raconte le jeune sociologue et entrepreneur social, ils ont fini avec la fabrication des briques. Il précise qu’ils les ont déjà cuites, actuellement c’est la phase de la vente. « Nous les enfants dignes de ce pays comme le signifie votre organe de presse Ialtchad, nous demandons à la population de venir les acheter. En achetant, ils auraient soutenu et encourager les personnes mal voyantes », lance-t-il. Les entrées nous permettront de continuer, souligne M. Gédéon. Ce n’est pas du tout facile le processus de la fabrication dit-il. Il souligne qu’il faut beaucoup d’autres produits pour arriver au produit fini : fruits secs de palmier domiers, des bus de vaches, etc. il estime le prix un peu cher, un sac entre 3000 à 3500FCFA avec le transport. Pour le sociologue, les fours sont d’une capacité de 20 000 à 40 000 briques. Les gens qui nous entourent sont du domaine et nous aident à les monter facilement, dit-il. D’après lui pour les difficultés, ils ont osé et les ont affrontés. « Sinon, on a besoin de matériels. Si nous pouvons avoir un véhicule pick-up ou une Benz, cela nous aiderait pour transporter nos produits finaux à l’endroit sollicité. Cette difficulté en ce moment nous ne maîtrisons pas et nous n’en avons pas ».
Les jeunes aveugles entrepreneurs s’inquiètent qu’en cas d’abondante pluie, cela va être un peu difficile pour eux d’écouler leur marchandise avec l’état du terrain. Ils cherchent un endroit plus stratégique pour garder leurs briques déjà cuites. « C’est un début mais l’apport des bonnes volontés et des ONG nous serait d’une grande utilité. Si quelqu’un estime que ces enfants du Tchad qui osent méritent d’être encouragés, cela nous viendrait directement au cœur », disent-ils. Ils vendent selon eux, 1000 briques à 75 000 mille francs, transport inclus.
Pour Nekarmbaye Édith, Étudiante en première année de sciences économique à l’Université la Francophonie, membre de la coopérative, même handicapé visuel, on peut beaucoup faire quelque chose dans la vie. « Le handicap n’est pas une fatalité. Il suffit de réfléchir et réunir les idées. Nous l’avons fait et cela se réalise », assure-t-elle. Mme Nekarmbaye Édith dit à aux autres handicapés sans distinction, qu’ils n’ont pas tous perdus. A son avis, il ne faut pas se livrer à la mendicité dans les rues. « Je sais que tous nous avons quelque chose de spéciale en nous que nous pouvons faire valoir pour gagner dignement notre vie », conclut-elle avec optimisme.
Moyalbaye Nadjasna