Le Parti pour le Rassemblement et d’Equité au Tchad (PRET) traverse une crise sans précédent. Plusieurs membres du bureau politique national ont démissionné pour des raisons de la gestion opaque du Président national. Mais celui-ci rejette cette allégation et justifie que son parti est victime d’une évolution fulgurante en moins de 4 ans et de la jalousie des aînés. Reportage
Rien ne va plus au Parti pour le Rassemblement et l’Equité au Tchad (PRET), de Me Bongoro Théophile. Plusieurs démissions ont été enregistrées au bureau politique national.
Pour le président national du Parti PRET et membre du Conseil national de la transition (CNT) Me Bongoro Théophile, son parti ne traverse pas seulement une crise. Lui préfère parler de crise de croissance parce que le parti a grandi très vite. Selon lui, le parti a précédé ses fondateurs et l’intelligence humaine n’aime pas de telles assations. « Le parti date de 4 ans seulement, mais il a fait parler de lui tout de suite par rapport à certaines formations politiques qui l’ont précédée », explique-t-il. Il souligne que son parti est parti au primaire et c’est ce qui est rare au Tchad. Son parti a battu le leader de l’opposition de l’époque (Saleh Kebzabo). Autre raison, selon l’opposant, c’est le fait d’avoir conduit une liste au CNT, une liste investie par des partis qui sont anciens à son parti, mais qui leur a permis de prendre place au Comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) et au CNT. Le président national du PRET estime que cela a fait croire aux gens avec qui il mène la lutte et qui font de la politique un emploi, pensent que vous êtes venus pour gêner. « Le tchadien est resté dans ce schéma stéréotypé que l’enfant ne peut rien faire sans son père », justifie-t-il.
Au sujet de la défection des trois vice-présidents, il précise que ces vice-présidents n’ont pas démissionné. Il soutient que le premier vice-président est fonctionnaire international et le statut de son employeur ne lui permet pas de faire la politique et c’est pareil pour les deux autres. Concernant sa méthode peu orthodoxe à gérer le parti, Me Bongoro dit que son parti est composé de gens du métier libéral, et des enseignants qui sont des penseurs. Il souligne que si l’on ne met pas une petite goûte d’autorité, qu’ils appellent dictature, il n'y aura pas de discipline dans le parti. Au sujet de sa participation au CNT, le président national du PRET précise que son adversaire est en train de vouloir vendre parti. Il ajoute qu’ils ont été accompagnés par 16 formations politiques aux dernières élections en tant que membres de l’opposition et c’est à ce titre qu’ils ont été contactés après le décès du Maréchal pour participer au CNT. À propos de la suspension du parti souhaité par son adversaire, il répond que son adversaire est juriste. Et qu’il y a des conditions limitatives énumérées dans les lois portant régime des partis politiques au Tchad. Me Bongoro annonce que son adversaire a été radié du parti PRET.
Mais Me Fonessoubo Timothée ex-secrétaire national administratif du parti, a balayé du revers de la main les arguments du président national. Selon lui le PRET a été réfléchi pour ne pas ressembler aux autres formations politiques au Tchad. Il affirme que le PRET a un véritable problème managérial qui a entamé la cohésion au sein du bureau politique national et a déstructuré tout mécanisme de prise de décision. Me Fonessoubo estime que le parti a été créé pour militer dans l’opposition démocratique, et pour ce faire, des verrous ont été prévus pour empêcher les élites dirigeantes d’abuser de la confiance des militants. Pour étayer son argument, il cite l’article 10 du règlement intérieur du parti qui stipule que « aucune nomination à un poste politique ne peut se faire sans avis formel de la direction du parti ». Il précise aussi que le même règlement intérieur dans son article 11 prévoit que « tout militant qui se fera nommé en violation des directives du parti, s’auto exclut d’office sans qu’il ait lieu de faire recours à la convention nationale pour se prononcer sur les éventuelles sanctions ».
L’ex-secrétaire national administratif souhaite qu’après sa démission, ceux qui les ont remplacés soient signalés au ministère de l’Administration. Il affirme qu’il quitte le parti et il n’est plus comptable de ce qui adviendra.
Jules Doukoundjé