Marché de Dembé : les vendeurs chassés des trottoirs

Mar 21, 2022

Hier dimanche 20 mars dans la matinée, les forces de l’ordre ont débarqués au marché de Dembé et demandent aux vendeurs de libérer l’espace. Dans la précipitation, certains ont pu ramasser leurs articles. D’autres par contre arrivent avec un retard et leurs marchandises sont emportées par les personnes mal intentionnées. Les femmes pleurent et se lamentent. Ialtchad Presse est allé sur la place du marché. Reportage

L’espace clôturé appelé ironiquement maison d’arrêt où se vend toutes sortes de produits alimentaires et non alimentaires est vide. Sur les lieux dégagés, on peut voir des enfants qui viennent fouiner pour voir s’ils peuvent trouver quelque chose à emporter. Les forces de l’ordre sont installées partout dans le marché avec des chicottes et du gaz lacrymogène pour réprimer les belliqueux. Les femmes vendeuses avec sur leur tête les marchandises ne savent pas où les étaler. Elles sont obligées de se promener avec leurs produits sur la tête dans l’espoir de trouver un acheteur. D’un côté on libère de l’espace, de l’autre côté les femmes transforment les devantures des propriétés privées en marché. Difficile de circuler. Les vendeurs et les acheteurs ne se retrouvent plus.

Les lieux de vente des produits alimentaires ont changé d’endroit. Les acheteurs font le tour du marché pour trouver les produits désirés. Madame Dingambaye Mélanie vendeuse des ingrédients pour la sauce longue n’en revient pas. Elle est prévenue du déguerpissement et arrive pour sauver quelques-uns de ses produits. Les larmes aux yeux, elle explique son cas. « J‘étais à l’église quand on m’a appelé pour me dire que les forces de l’ordre sont en train de déguerpir les commerçants du marché. J’étais venu précipitamment, mais je n’ai pas trouvé mes marchandises au complet », affirme-t-elle. À son avis, les forces de l’ordre sont venues le samedi dans l’après-midi et les vendeurs pensaient que c’était pour sécuriser les lieux comme il y a beaucoup de vols. Pourtant, ils préparaient notre déguerpissement, ajoute-t-elle. Mme Mélanie souligne également que les forces de l’ordre disent que l’espace clôturé appartient à un individu et qu’il veut son lopin. Mais pourquoi ne pas avertir avant de procéder au déguerpissement ? s’interroge-t-elle.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, certaines personnes ont profité de la confusion pour voler les produits des autres. Madame Achta Yacoub est une victime. Ses sacs de fleurs d’oseille, de gombo et du sésame consignés dans le magasin du marché sont emportés par des voleurs. Elle n’a rien retrouvé. Madame Zara est en pleure, « j‘ai pris certains de ces produits en prêts. C’est quand j‘ai fini de vendre que je rembourse l’argent emprunté du grossiste. Mais là je ne sais même pas ce que je vais faire ». Se lamente-t-elle. En attendant de trouver un espace pour étaler leurs marchandises, les vendeurs errent sonnés, les regards lointains, dans les environs du marché.

Kouladoum Mireille Modestine

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