L’utilisation des produits cosmétiques décapants, appelés communément produits éclaircissants, par les femmes pour dépigmenter la peau est préoccupant. Ce phénomène constitue une menace grave pour la santé de la femme tchadienne, car il entraine des complications dermatologiques. Certains spécialistes tirent la sonnette d’arme et appellent les autorités à agir pour lutter contre ce phénomène. Repartage.
L’utilisation des produits décapants pour éclaircir la peau, est devenue de plus en plus un phénomène banal dans la société tchadienne. Pour être belle, certaines femmes ne lésinent pas sur les moyens. Elles mélangent plusieurs produits décapants, selon leurs bourses, pour éclaircir la peau. L’utilisation abusive et sur une longue durée pourraient avoir des conséquences néfastes pour la peau noire. Des dermatologues et en gynécologues sont inquiets. Ils sont préoccupés par ce phénomène qui gangrène la société tchadienne. Pour arrêter, l’effet de propagande, ils interpellent les autorités en charge de la santé publique à agir vite avant qu’il ne soit trop tard.
Certaines estiment que ce sont les hommes, prisés par le teint clair qui poussent et encouragent les femmes à utiliser ces produits dangereux pour la santé. Fani Kolbo, une jeune femme habitant au quartier Chagoua dans le 7ème arrondissement raconte que c’est depuis 6 ans qu’elle se dépigmente la peau. Selon elle, c’est son petit ami qui l’a contrainte à se lancer dans cette aventure. Fani Kolbo dit qu’elle avait la peau bien foncée, mais c’était son petit ami qui faisait des yeux doux pour une fille de teint claire du quartier qui l’a poussée à changer de crème. Aujourd’hui, la jeune dame cherche à abandonner cette pratique. « J’ai tenté d’arrêter de me dépigmenter la peau, mais ce n’est pas facile. Quand j’ai changé mon savon et ma crème éclaircissante, ma peau a changé de couleur et s’est mise à se détériorer », dit-elle. Elle regrette d’avoir utilisé les produits décapants et exhorte les femmes à la peau noire à la la protéger.
Pour Amina Sadié, l’utilisation des produits décapants pour éclaircir la peau est une pratique normale dans leur famille. Elle souligne que c’est dès leurs bas âges que leur mère les oint avec ces crèmes éclaircissantes. Elle ajoute aussi qu’elle a grandi dans ce milieu et qu’il lui serait difficile d’arrêter. La jeune dame dit avoir conscience des dangers liés aux maladies de la peau, mais que sans cela, elle ne se sent pas belle.
Alertant les femmes sur les dangers qu’elles encourent en utilisant les produits décapants, le Dr Manikassé Palouma, affirme que la dépigmentation est une mauvaise pratique qu’il faut arrêter. Selon lui, les femmes pensent qu’en éclaircissant la peau, elles pourront attirer l’attention des hommes, mais elles s’autodétruisent. Il souligne que même sur le plan religieux, elles défient Dieu, en voulant se décaper la peau. Il explique que le pigment protège contre les ultras violets, mais ce pigment est détruit par les produits décapants et cela expose la femme à des risques de cancer de la peau. « En utilisant ces produits décapants sur la peau, ça passe dans la circulation sanguine et ce sont les produits toxiques à tous les niveaux et ça peut causer d’autres dégâts », précise Dr Manikassé Palouma. Selon lui, ces femmes qui se dépigmentent, ont une peau fragile et si jamais elles sont opérées, la cicatrisation devient difficile.
Face à cette situation, qui constitue un défi majeur pour les femmes tchadiennes, le secrétaire général (SG) de l’association pour la défense des droits de consommateurs (ADC) Daouda Elhadj Adam demande aux tchadiennes de méditer sur ce phénomène dangereux qui gagne toutes les couches sociales. Le SG de l’ADC exhorte les organisations féminines et aux femmes leaders d’inscrire la lutte contre la dépigmentation dans leur plan d’action en vue de son éradication. Daouda Elhadj Adam appelle les autorités du Ministères de la santé publique et de la Communication d’initier de larges campagnes de sensibilisation sur les dangers et les conséquences de l’usage des produits décapants. Il souhaite aussi que les autorités prennent des mesures appropriées pour éradiquer ce fléau.
Jules Doukoundjé