Le parti socialiste sans frontière PSF a organisé une marche pacifique ce 18 février 2022 à N’Djamena pour réclamer la justice aux victimes de massacre d’Abéché et de Sandana. La marche est partie du rond-point Dembé à la bourse du travail. Reportage.
Ils sont quelque 300 militants et sympathisants à répondre présents à l’appel du président du Parti Socialiste sans Frontière Yaya Dillo Djérou Béti ce 18 février. Les militants sont habillés aux couleurs du parti. À 08h 12 min, le cortège se lance, mais sans le président Yaya Dillo. C’est arrivé non loin du Centre National de Traitement de Fistule qu’il est arrivé avec une escorte de trois véhicules. Pas à pas, les marcheurs arrivent au point d’arrivée de la marche : la bourse du travail.
Tour à tour, les veuves des militaires montent au podium pour dénoncer les injustices dont elles font l’objet après le décès de leur mari. Elles accusent les autorités de n’avoir rien faire pour elle depuis la disparition de leurs maris il y a 14 ans. Yaya Dillo intervient à son tour. Il déplore d’abord le nombre insignifiant des militants qui sont sortis pour la marche avant d’aborder les raisons de la marche. Il a qualifié la tuerie d’Abéché de terrorisme d’État, « comment les autorités qui sont censées protéger leurs populations leur tirent dessus, les tuant. C’est un massacre. C’est du terrorisme et de l’irresponsabilité de nos gouvernants. Nous n’allons pas accepter cela », a-t-il martelé.
Aussi, il demande le limogeage du gouverneur de la ville d’Abéché. Il appuie sa thèse par le fait que les autorités sont incapables de gérer les problèmes. Pour le cas de Sandana, le président du PSF parle de conflit intercommunautaire entretenu. « Ces communautés vivaient ensemble depuis longtemps. Quand il existe un différend entre eux, les autorités locales prennent parti. C’est cela qui crée les tensions. Sinon comment comprendre qu’une communauté peut tuer une dizaine de personnes innocentes parce que 1 seul des siens est mort », regrette-t-il.
Faisant allusion aux veuves des militaires, Yaya Dillo demande aux forces de l’ordre de ne pas soutenir un régime qui opprime le peuple. Il s’adresse aux forces de l’ordre en leur disant de ne pas mourir pour rien, « ne mourrez pas pour la jouissance des individus qui s’en foutent de votre mort, de l’avenir de vos enfants. Cessez d’opprimer le peuple. Ne participez pas à la mauvaise gestion du pouvoir. Si vous les accompagnez, voilà le sort qui sera réservé à vous enfants après votre mort ». Il a émis le vœu de voir en les forces de l’ordre, des citoyens responsables et des forces de l’ordre républicaines. Le chef du PSF déplore la réaction de certaines personnes qui prennent des positions communautaristes face aux évènements d’Abéché et de Sandana. Selon lui, c’est une question nationale et relève de la mauvaise gouvernance. Il invite ses concitoyens à se lever pour combattre le système en place. De même, Yaya Dillo demande aux Tchadiens de cultiver le respect de la différence des uns envers les autres. La marche a été encadrée par les forces de sécurité. Aucun incident n’a été signalé. Une autre marche est annoncée par le président du PSF pour le mois de mars prochain avec un itinéraire à définir.
Kouladoum Mireille Modestine