Les revenus pétroliers ont servi à la construction de beaucoup de lycées publics à N’Djamena comme dans les provinces. Cependant, certains lycées disposent des bibliothèques équipées pendant que d’autres n’en ont pas. Nous entamons une série de reportages sur l’existence des bibliothèques classiques et numériques dans les établissements publics et privés de la capitale et leur moyenne de fréquentation. Nous avons fait le tour de quelques établissements publics. Reportage.
La bibliothèque scolaire est un lieu des livres et des savoirs, mais aussi un espace d’échange pour les élèves. Elle doit occuper une place centrale au sein de l’école afin d’encourager les élèves à s’y rendre régulièrement. Au Tchad, les bibliothèques scolaires classiques et numériques n’existent pratiquement pas. Certains lycées ne possèdent pas de bibliothèques. Au lycée scientifique de Gassi, il existe un bâtiment réservé à la bibliothèque avec une salle de lecture. Mais les livres sont quasi-absents. Pas d’élève dans les salle de lecture. Elle est poussiéreuse.
En 2018, une ONG nommée « Ensemble construisons demain », a offert une collection de livres en chimie, mathématiques, histoire, géographie, anglais et Sciences de la Vie et de la Terre au lycée scientifique de Gassi. Pour le proviseur M. Mbaïrareou Dionmbaye, avoir une bibliothèque est bénéfique pour les élèves et les enseignants, « les enseignants consultent les livres de la bibliothèque scolaire pour préparer les cours, donc une seule collection de livres ne suffit pas. Il lui faut 4 à 5 collections pour avoir un bon cours », dit-il. Selon le proviseur, le ministère de l’Éducation nationale n’a pas doté son établissement en livres. Les enseignants sont obligés d’utiliser les ouvrages achetés par l’établissement ou achètent eux-mêmes des livres pour préparer leurs cours. Le proviseur affirme que le besoin en livre est émis chaque année à la rentrée scolaire et dans les rapports annuels des activités, mais cette préoccupation reste toujours sans suite. « C’est dans ces conditions qu’on a créées des lycées scientifiques. Et quand les résultats des examens ne marchent pas, les autorités crient que le pourcentage de réussite est en baisse. Que le ministère en charge de l’Éducation nous vienne au secours en nous dotant des documents pour faire des recherches », dit-il.
Si au lycée de Gassi, il existe une bibliothèque scolaire classique avec une seule collection, au lycée d’Atrone logé dans l’enceinte du lycée de Gassi, il n’y a pas de bibliothèque. Pour le proviseur Yacoub Zagalo Yacoub, l’administration est même fatiguée d’émettre les mêmes besoins chaque année qui reste sans suite. Il appelle, le gouvernement, les ONG et les personnes de bonne volonté pour leur construire une bibliothèque bien équipée.
Au lycée de N’Djari, la bibliothèque est uniquement numérique. Elle est inaugurée depuis juin dernier par le ministère de l’Éducation nationale à travers le projet PARSEC, mais elle n’est pas encore opérationnelle. L’établissement attend le ministère pour l’ouverture officielle. Pour le bibliothécaire qui parle sous couvert d’anonymat, la bibliothèque numérique a besoin des livres pour les scanner afin que les élèves les consultent, mais aucun ouvrage ne leur est parvenu. Le proviseur achète des livres à son propre compte pour mettre à la disposition des enseignants. Le bibliothécaire pointe du doigt le Centre National des Curricula. « En temps normal, c’est le CNC qui va nous fournir gratuitement des livres à travers la délégation et l’inspection, mais on ne les voit pas. La bibliothèque numérique est sans contenu à part les ordinateurs, le scan et l’imprimante que vous voyez ».
Kouladoum Mireille Modestine