Les travaux préparatoires du dialogue national inclusif (DNI) de la commission technique avancent. La rédaction a rencontré ce 3 novembre 2021, Dr Alfred Ramadji, président de la commission technique numéro 2, chargée des réformes de l’État, des institutions et du processus électoral. Il explique la substance de la mission qui leur a été assignée. Reportage.
Selon Dr Alfred Ramadji, président de la commission technique numéro 2, chargée de réformes de l’État, des institutions et du processus électoral, sa commission est constituée d’une cinquantaine de membres. Il précise qu’ils ont commencé a travail depuis un mois. L’expert affirme que dans leur mission est de repenser les bases d’un nouveau Tchad pour l’ensemble des Tchadiens à fonder après le dialogue national inclusif (DNI). Pour lui, la principale question, c’est comment faire pour harmoniser les textes républicains avec les nouvelles institutions étatiques ? Répondre à cette question, c’est accomplir la mission qui leur a été confiée, affirme-t-il.
Le technicien soutient que sa commission est organisée en trois sous-groupes de travail. Le premier s’occupe de réformes constitutionnelle et institutionnelle, le second de la gouvernance locale et de l’administration territoriale et le troisième se charge des partis politiques et du processus électoral. Il précise que leur mandat n’est pas d’écrire une nouvelle constitution, mais de poser essentiellement les balises. L’analyste détaille que dans le chapitre constitution et institutions, ils partent de tout ce qui existe déjà sans inventer la roue. Il soutient que le Tchad a eu des textes et de constitutions (1996, 2018) qu’il suffit juste de faire des retouches à travers une analyse comparative. « Voir pourquoi cela n’a pas marché? Ce qui a été moins fait ou bien fait? Qu’est-ce qu’on peut améliorer, ôter ou changer ? », dit-il. Seulement, ajoute-t-il, en tant qu’experts, ils vont s’inspirer aussi de ce qui se fait ailleurs pour trouver une formule consensuelle.
M. Alfred Ramadji affirme que c’est le même travail qui sera fait au niveau de réformes institutionnelles. Selon lui, les techniciens se soucient d’une chose : mettre des institutions solides pour le Tchad. « Le défaut dans notre pays c’est parce qu’on érige des institutions à la tête des personnes. Cela n’est pas digne pour un pays qui doit survivre. L’essentiel pour nous les Tchadiens, nous devons doter notre pays des institutions fortes et démocratiques », argumente-t-il. Pour les tchadiens sont comme Sisyphe, condamné à rouler de grosse pierre jusqu’au sommet et à chaque fois qu’il fournit l’effort pour y arriver, la pierre retombe. Les Tchadiens sont dans une situation d’éternel recommencement. Il faut d’après lui, éviter de revenir à la case de départ. « On vient de tout bord pour une cause commune. On ne vient pas défendre une chapelle, mais pour diagnostiquer tout ce qui est mauvais et sans passion. Nous devons tirer les conséquences inhérentes, les forces et les faiblesses de nos travaux techniques et proposer de pistes de solutions ».
Pour le président de la commission technique n2, l’engagement des experts surtout pour celle qu’il conduit est encourageant. Il note la volonté et la détermination de son équipe. Selon lui, ils travaillent en plénière chaque jeudi, vendredi et samedi sans relâche pour atteindre leur objectif. Dr Alfred affirme qu’un doyen parmi les experts disait, « je pensais qu’en 1993 au sortir de la conférence nationale souveraine, la question de l’État de droit serait réglée définitivement au Tchad. Malheureusement, 30 ans plus tard, le pays revient au point zéro. » D’après lui, c’est regrettable, mais c’est aussi un défi lancé à tous les Tchadiens de ne plus revenir en arrière. Ce dialogue qui pointe à l’horizon doit être une véritable opportunité pour redresser le Tchad, insiste-t-il. Il martèle que dans sa commission, les experts discutent de manière franche et sans passion afin de faire de bonnes propositions.
« L’œuvre humaine n’est jamais parfaite, mais j’ai espoir que le dialogue à venir va bien se passer. Seulement les Tchadiens doivent comprendre qu’on ne vient pas au dialogue pour arracher le consensus, mais pour le trouver. L’enjeu c’est le Tchad. »
Moyalbaye Nadjasna