Beaucoup des jeunes désœuvrés à Ndjamena, capitale tchadienne, vivent des petits boulots appelés aussi la « débrouillardise ». Aux abords des bassins de rétention d’eau non loin du stade d’Abena, dans le 7e arrondissement, certains jeunes lavent des engins à 2 roues. Ils se servent des eaux de ces mares. Nos reporters sont allés à leur rencontre. Reportage.
Mercredi 6 octobre, le soleil brille très tôt sous un ciel bleu qui illumine N’Djamena, capitale tchadienne, d’un bel éclat de fin de saison pluvieuse. Des jeunes désœuvrés entre 17 et 25 ans lavent chaque jour des motocyclettes et des voitures de toutes les marques et de toutes les couleurs. Ils utilisent les eaux des mares comme ressource. La plupart sont des diplômés sans emplois, d’autres des pères de famille. Chacun joue de son expérience et de sa dextérité pour convaincre les clients. Ces petits boulots assurent leurs quotidiens et celui de leurs maisonnées.
Zacharia Adef, étudiant a l’université Adam Barka d’Abéché est client. Il apprécie le travail de ces jeunes désœuvrés. Selon lui, ces débrouillards font bien leur boulot avec beaucoup de passion. « Souvent les gens me demandent où je fais laver ma moto. Je leur réponds que ce sont de jeunes sans-emploi au niveau de l’hôtel Santana vers Abena qui le font. Je pense qu’il faut encourager ces jeunes. Bravo à eux », dit-il fièrement.
Abdoulaye Issa Yaya est aussi un autre client du lieu. Pour lui, les eaux des mares que ces jeunes utilisent sont sales. Mais ce qui est bien dit-il, ils se servent d’Omo pour laver les engins. « Franchement c’est difficile de les voir dans ces conditions, mais leur survie les oblige. C’est dommage, mais telle est aussi la situation de notre pays », lâche-t-il.
Aidama Abderrahmane, un jeune sans-emploi. Il lave les engins chaque année lors que les étangs remplissent. Il affirme qu’au début, ils étaient nombreux, mais avec les reprises des classes certains sont partis. Il fait ce boulot parce qu’il ne veut pas vivre aux crochets de ses parents. « Je lave au moins une dizaine de motos par jour et je gagne 10 à 15000 FCFA par jour. Je fais au moins 5000 FCFA quand les affaires vont mal. Je déteste le vol et la mendicité. Tant que Dieu me prête vie, je me battrais », explique le jeune homme.
Un autre client Mbaidom Innocent, un habitué. « Ces jeunes souvent sont considérés comme des enfants de rue. Mais parmi eux, il y a ceux qui ont des diplômes de licence et de master. Comme trouver un emploi est difficile, ils se débrouillent avec les ressources de ces étangs », dit M. Mbaidom. D’après lui, certains se prennent en charge, ils sont indépendants, d’autres grâces à leurs recettes font vivre leurs familles.
« Certes il y a de conséquences, même la couleur de l’eau que vous voyez est verte. Ce sont des eaux très sales. L’État doit soutenir ces jeunes comme ceux qui osent. Ils peuvent traiter ces eaux pour les mettre à l’abri des maladies ».
Les motos sont lavées entre 300 à 350 FCFA et les voitures 1000 à 1500 FCFA.
Moyalbaye Nadjasna