Des sources proches de l’ancien président tchadien Goukouni Weddeye, choisi pour mener les négociations avec les politico-militaires, affirment que l’ex-président du Comité technique spécial (CTS), un comité chargé de négocier avec les politico-militaires, ne s’est pas entendu avec le Conseil Militaire de transition, et a fini par jeté l’éponge ce mercredi à N’Djamena. D’autres sources affirment plutôt que le CTS a accompli sa mission. Et qu’il est dans les normes des choses de confier la seconde étape du processus au Comité spécial chargé des négociations avec les politico-militaires (CSCNPM). À moins d’une semaine des pourparlers avec les politico-militaires à Doha au Qatar, cela fait jaser pour la suite du processus pour la tenue du dialogue national inclusif (DNI).
Le président du Comité technique spécial (CTS) relatif à la préparation de la participation des politico-militaires au dialogue national inclusif (DNI) dirigé par l’ancien Président Goukouni Weddeye vient de céder la place au Comité spécial chargé des négociations avec les politico-militaires (CSCNPM). C’est à la suite d’un décret rendu public ce mercredi 9 mars que le public a appris la nouvelle. La précipitation de ce décret interroge sur cet acte à 3 jours de l’ouverture du pré-dialogue de Doha. Démission ou limogeage? Rien n’est tiré au clair.
À moins d’une semaine de la rencontre entre le gouvernement de la transition et les politico-militaires, prévue pour le 13 mars prochain à Doha au Qatar, cette démission ou ce limogeage mettrait certainement en cause la date de la tenue de la première ronde du pré-dialogue qui devrait commencer ce dimanche. L’ancien président Goukouni Weddeye est un homme qui fait l’unanimité de tout le monde pour mener les pourparlers avec les politico-militaires. Sa démission ou son limogeage pour le moment sans explications pourrait constituer une difficulté pour le reste des démarches compte tenu de sa fine connaissance du monde des politico-militaires. Créé par décret présidentiel le 26 avril dernier, le comité spécial est chargé de conduire les pourparlers avec les représentants des groupes de politico-militaires jusqu’à aboutissement d’un accord final.
Pour le Professeur Ahmat Mahamat Hassan, ancien doyen de la faculté de droit de l’université Adam Barka d’Abéché et ancien ministre de la Justice, garde de sceau chargé des droits humains sous Idriss Deby Itno, l’ex-président aurait démissionné. Et la question du dialogue national inclusif et celle du pré-dialogue avec les politico-militaires sont des processus conçus pour légitimer le gouvernement du Conseil militaire de la transition (CMT) par rapport à la méthode de la prise du pouvoir. Selon lui, c’est un exercice de légitimation du pouvoir pour justifier la prise du pouvoir par les militaires. A son avis, le Président Goukouni Weddeye, nommé président du comité technique spécial a compris qu’il n’y a rien de sérieux, il ne s’agit pas de faire une véritable paix, et une réconciliation de cœur et des esprits. L’ancien ministre de la Justice estime que le président Goukouni Weddeye s’est rendu compte par rapport au tâtonnement dans les négociations et il a tiré les conclusions qu’il n’y a rien de sérieux et il a démissionné. Pour le juriste, cette démission annonce les mauvaises choses pour le pays compte tenu de la stature du président Goukouni avec une expérience que tout le monde lui concède. « Il pensait que ce comité technique spécial allait apporter une paix définitive. Mais comme il a compris qu’il n’y a rien de sérieux, il a démissionné », dit-il. Il ajoute que le CMT voulait juste utiliser son statut et sa réputation d’ancien politico-militaire et ancien président de la République pour légitimer un pouvoir pris par la force. L’enseignant chercheur affirme que c’est une mise à nue du pouvoir politico-militaire qui est en place. Et c’est dommage pour le Tchad. Ahmat Mahamat Hassan craint que cette démission risque d’avoir des conséquences indéniables dans la suite du processus prévu le 13 mars prochain à Doha au Qatar.
Le CTS est mort. Il est désormais remplacé par le nouveau Comité spécial chargé des négociations avec les politico-militaires. Le ministre des Affaires étrangères Cherif Mahamat Zène prend la tête de ce comité. Les travaux ouvriront dimanche 13 mars, plusieurs membres des politico-militaires ont reçu leur visa de départ. Ils n’attendent plus que leurs billets d’avion.
Jules Doukoundjé