Les fêtes de fin d’année avancent à grands pas. Mais sur les marchés, l’engouement n’y est pas. Vendeurs et acheteurs se plaignent. Reportage
Au 3e arrondissement de la capitale tchadienne, N'Djamena, le marché central est dans une ambiance morose à l'approche des fêtes de fin d’année. En ce samedi de décembre, tout est au calme après l’ouverture du marché à 10 heures. Les allées et les devantures des boutiques ne grouillent pas de monde. Les commerçants s’ennuient dans sous les arbres en attendant d’éventuels clients. D’autres, fatigués, dorment tranquillement dans leurs boutiques.
Mme Aurélie s’arrête devant une boutique pour enfants. Elle veut une robe pour sa fille. Mais elle peine à en trouver. La cause : flambée des prix. « J’ai fait le tour du marché pour trouver une robe à ma fille, mais le prix n’est pas abordable », affirme-t-elle.
Les prix des articles sont chers, ce que décrient la plupart des clients rencontrés sur les différents marchés de la ville. À l’approche de grandes fêtes, la spéculation sur les prix est devenue une seconde nature chez les commerçants. Pour éviter tous ces désagréments, Mme Irène a choisi d'acheter les cadeaux des enfants avant le 20 décembre. « Je fais mes achats avant le 20 décembre. Même si, à cette date, les prix sont augmentés, ce n’est pas de trop ».
Pour les commerçants, les raisons des augmentations anarchiques des prix des denrées alimentaires et d’autres articles nécessiteux ne sont pas de leur faute. « La fermeture des frontières à cause de la Covid-19 est le refrain que les commerçants nous chantent à longueur des journées », mentionne Mme Irène. Et rajoute, « sinon dans cette boutique, il y a des jolies robes pour les petites filles, mais l'argent fait défaut ».
Les consommateurs ne sont pas les seuls à se plaindre. Les vendeurs aussi. Pour les seconds, la clientèle a déserté. Les marchés sont clairsemés, une atmosphère moins aminée. C’est le cas au marché de Dembé. Mahamat Ali, vendeur des friperies, témoigne, « nous sommes le 19 décembre. On dirait les gens ont oublié les fêtes s’approchent. Jusque-là, pas de client. J'espère que dans les prochains jours cela va changer », souhaite-t-il.
Faire plaisir aux enfants
La pandémie de la Covid-19 a durement éprouvé les ménages. Et les préparatifs des fêtes de fin d’année ne sont pas roses. Comme le cas d’Éléonore Noura. « Cette année, c'est vraiment difficile pour nous. Mon mari a connu un accident. Mais pour la joie des enfants, je suis obligé de me battre pour trouver un complet à chacun pour les fêtes de fin d’année », explique-t-elle.
Faire plaisir aux enfants, tel est la devise de Mme Noura. « Comme la Noël vient une fois par an, je suis obligée d’acheter ces vêtements pour le plaisir de mes enfants ».
Aux coins des rues
Aux coins de certaines rues de la capitale, les préparatifs sont visibles. Exposition des sapins et d’objets de décoration, des jouets, etc. Mais les petits revendeurs aussi se plaignent de la rareté de la clientèle.
Atom Adoum est un petit revendeur de jouets pour enfants, d’arbres de Noël, des jeux de lumière, les guirlandes etc. Pour lui, 2020 est inquiétante. Pas de clients, même les clients flâneurs qui viennent admirer les marchandises. « La crise économique manque fait très mal. Nous les commerçants nous vivons une période difficile. D’habitude c’est en décembre que nous réalisons plus de la moitié de nos chiffres d’affaires au mieux, mais cette année la situation est critique », dit-il, la mine crispée.
Djimadoum Romain vend des chaussures au marché de Dembé. Écharpe au cou, il est inquiet. « Les clients viennent, mais pas assez, c’est difficile de trouver cinq clients par jour. Les articles sont chers parce que nous empruntons chez les grossistes qui nous fixent les prix de gros élevés ».
Djilel-tong Djimrangué
Orthom l’Or