Les inondations du mois d’août passé l’avaient rendu inhabitable, le carré 41 d’Amtoukoui peine à se reconstruire. Et la plupart de ses résidents ne sont pas revenus bien que le carré se repeuple peu à peu. Ialtchad Presse est allé constater. Reportage.
Après la pluie, le beau temps dit une maxime. On est tenté de dire, après l’inondation, la réinstallation. C’est le cas au carré 41 du quartier Amtoukouin dans le 8e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne.
Ce n’est plus le carré inaccessible avec des rues et maisons inondées de tout bord et vide de ses habitants lorsque Ialtchad Presse a fait une série de reportages, il y a trois mois. Cette fois, le carré 41 est bien sur la terre ferme. Les routes un peu plus fréquentables. Et les maisons ou ce qui en reste, plus ou moins habitables. Les restant des eaux stagnantes se sont évaporées. Mi-août, les eaux de pluie ont plongé les habitants dans un cauchemar. Ils étaient contraints d’abandonner leurs habitations. Aujourd’hui, le carré reprend vie peu à peu et se reconstruit.
Reconstruction
Tout est calme dans le carré 41 ce 17 novembre. Rues et ruelles sont presque vides, quelques passants pressent les pas. Aux devantures de certaines maisons, quelques habitants prennent un bain de soleil. Certaines boutiques également ont ouvert. À l’angle d’une rue, un cabaret a rouvert ses portes. Les clients se font rares. Le carré tente à nouveau de reprendre vie sans toutefois retrouver son rythme d’antan. Dans beaucoup des ménages, c’est encore le vide. La plupart des résidents se sont réfugiés ailleurs. Carré fantôme. Sur place, l’heure est à la reconstruction et à la rénovation.
Djibrine Mahamat avait perdu les 4 chambres de sa modeste demeure lors des inondations. Aujourd’hui, il n’a pas les moyens de les reconstruire. Il s’est démené à construire trois chambres de fortune en tôles recyclées. Un véritable bric-à-brac. Bâtir des maisons en tôles c’est le modèle que plusieurs familles ont choisi en raison de leurs moyens financiers très limités. « Construire une maison nécessite des moyens financiers conséquents. Mais tel que vous me voyez, je ne peux faire qu’avec les moyens de bord pour le moment », dit M. Djibrine. Les familles récupèrent les tôles et les chevrons de ses chambres écroulées à la place des briques. Plusieurs ménages le font.
Devant une maison ravagée par les eaux et clôturée par des tôles, un groupe de jeunes d’une famille se repose. Ils viennent de fabriquer des briques sur les débris de leurs maisons écroulées. Ils ont préféré eux-mêmes constituer la main d’œuvre que de faire dépenser la famille. Avec ces briques en terre battue, ils vont reconstruire leurs toits pour que vive leur famille.
Un peu partout dans le carré, le temps est à la reconstruction et à la rénovation. Ceux qui sont un peu nantis engagent leurs chantiers de reconstruction. Par contre, les mieux lotis et mieux nantis sont dans la rénovation. Renforcer la fondation des maisons et remblayer la cour des concessions.
La réinstallation semble difficile pour certaines familles. Elles déplorent la non-assistance des autorités durant les inondations et après les inondations. « Nous n’avons vu personne ni du gouvernement ni de la commune venir s’enquérir de notre situation », dit une dame installée dans une chambre de fortune sur les débris de sa maison. Selon les retournés, cette situation a obligé plus d’un d’entre eux à choisir exil de leur carré, le temps de se refaire une santé financière et faire face à la reconstruction ou à la rénovation. Toutefois, la plupart des maisons sont restées encore cadenassées.
Prévenir
Pour éviter qu’une autre catastrophe frappe encore le carré 41, un ingénieur en génie civil résident au quartier suggère au gouvernement de commencer déjà à étudier les possibilités de construire les canaux pour évacuer les eaux. « C’est le moment d’engager des ingénieurs pour la levée topographique du quartier. Ce qui s’est produit doit interpeller nos autorités », dit-il.
Christian Alladjim
Orthom L’O