Après une semaine d’enrôlement biométrique devant permettre aux retraités, veuves et ayants droit de percevoir les arriérés de leurs pensions et de leurs coupons. Les retraités dénoncent déjà la lenteur du processus et boudent la procédure de paie. Ils réclament le paiement sans condition de leurs arriérés. Mais l’administration calme le jeu et promet de payer les arriérés après la fin de l’enrôlement biométrique. Reportage.
Les retraités, veuves et ayants droit ne sont pas contents du processus d’enrôlement entamé il y’a une semaine. Ils contestent la lenteur et le changement dans le paiement des arriérés. Ils réclament le paiement sans condition de leurs arriérés.
Pour le secrétaire général (SG) à la revendication et suivi des dossiers du syndicat national des retraités du Tchad, Kaywé Saigalé, les retraités ne sont pas contre l’enrôlement biométrique, mais seulement les responsables de la Caisse nationale de retraités du Tchad (CNRT) leur ont dit qu’ils vont leur payer les arriérés plus les coupons. Selon lui, quand ils ont commencé à payer, ils n’ont pas respecté leur engagement. Déçus du non-respect des engagements, les retraités, veuves et ayants droit ont manifesté devant la CNRT pour exiger le paiement de leurs arriérés. « Sans paiement des arriérés, nous refusons l’enregistrement biométrique. S’ils décident de payer les arriérés, nous irons nous faire enregistrer », dit-il.
Mme Monique Deounodji, veuve d’un colonel, ajoute que les retraités sont là parce qu’on a promis de leur payer les arriérés plus un coupon. Mais quand ils sont arrivés, ils leur ont dit qu’il faut un recensement biométrique. Elle précise que les veuves ne sont pas contre le recensement biométrique parce qu’il y a beaucoup de faux à la CNRT. Mme Monique qui s’exprimait avec colère dénonce le fait qu’après le recensement, au lieu de leur payer, on leur remet des bouts de papiers numérotés pour dire qu’il n’y a pas d’argent pour les arriérés et qu’ils doivent revenir prochainement. Elle s’inquiète qu’après la signature, si un autre jour, ils disent qu’ils leur ont payé, et ils auraient tort. Elle dit être choquée par ce comportement des autorités de la CNRT. « La retraite est pour tout le monde, quand tu es fonctionnaire de l’État, tu iras tôt ou tard à la retraite. Qu’ils sachent que demain, ils seront à leur place », dit-elle.
Pour le président du conseil d’administration (PCA) de la CNRT, Mahamat Saleh Yaya, en ce qui concerne le processus de paiement des pensions couplé avec les arriérés, il ne pense pas qu’on les enrôle et ensuite qu’on ne leur paye pas leurs arriérés. Selon lui, ce n’est pas vrai, il peut y avoir peut-être de problèmes techniques une personne ou une autre qu’on n’a pu dans le processus faire valider ses arriérés et on lui demande de revenir le lendemain pour voir c’est quoi le problème technique qui empêche que son payement soit traité dans le système. Il souligne qu’en général, le problème de vol organisé est des opinions et les gens sont libres de s’exprimer et de dire ce qu’ils ressentent. Le PCA précise qu’une institution de l’État ne peut pas officiellement lancer une opération qui est un engagement qui a été pris par le gouvernement par le pacte social, de payer une partie des arriérés et que ce processus démarre et qu’on ne donne pas cet argent. Mahamat Saleh Yaya soutient que tout le monde sait que le gouvernement a donné 13 milliards de F CFA pour payer une partie des arriérés. Il explique que le processus est lancé et il peut y avoir de manquement, de problèmes techniques qu’il faut ajuster au fur et à mesure. Selon lui, c’est un processus nouveau, on ne peut pas être à la perfection en commençant. Il remarque que le problème technique est réglé et qu’à partir de demain, plusieurs guichets seront ouverts pour que tout le monde soit servi rapidement. Le PCA est clair, la CNRT n’a aucun intérêt à faire traîner les gens, ce sont des Tchadiens ces retraités. Il affirme que ceux qui travaillent aujourd’hui seront les retraités de demain et les conditions qu’ils mettent en place aujourd’hui, c’est pour en profiter demain quand ils seront à la retraite. Mahamat Saleh Yaya rassure qu’après enrôlement, les arriérés seront payés ou sont en train d’être payés et seront payés.
Le PCA affirme qu’il y a la bonne volonté des plus hautes autorités jusqu’à la caisse de pouvoir payer les retraités, leurs pensions et une partie de leurs arriérés. Il précise que c’est ce qui a été convenu dans le pacte social et ce qui sera fait effectivement sur le terrain.
Lors de la manifestation de ce mercredi matin devant la CNRT, la police a arrêté deux veuves et un retraité. Au moment où nous rédigeons cet article, ils sont toujours gardés au commissariat du 7e arrondissement.
Jules Doukoundjé
Mariam Mahamat