Depuis l’ouverture du pré dialogue à Doha au Qatar entre le gouvernement tchadien et les politico-militaires en mars dernier, les deux parties ne cessent de s’accuser mutuellement. Les politico-militaires dénoncent les manigances du gouvernement de la transition qui cherche coute que coute à faire capoter le pré dialogue. Mais le gouvernement nie et rejette la responsabilité sur les politico-militaires en qualifiant de mauvaise foi. Ce climat délétère inquiète les tchadiens. Un analyste décortique ici le jeu entre le gouvernement de la transition et les politico-militaires. Reportage
Les accusations entre le gouvernement de la transition et les politico-militaires sur un éventuel échec du pré-dialogue qui a député depuis le 13 mars dernier à Doha au Qatar, inquiète les tchadiens. Dans un communiqué rendu public, les politico-militaires accusent les autorités de la transition de vouloir planifier l’échec de cette rencontre si importante pour le dialogue national inclusif (DNI). Mais les autorités de la transition balaient à revers de main ces allégations en qualifiant de mauvaise foi les propos des politico-militaires. Ce jeu de passe inquiète bon nombre de nos concitoyens.
Pour l’enseignant chercheur et analyste politique, l’ancien ministre de la justice, garde des sceau, Pr Ahmat Mahamat Hassan, c’est malheureux ce qui se passe à Doha. Selon lui, dès le début le gouvernement de transition était convenu d’organiser un dialogue inclusif et souverain pour que tous les tchadiens, que ce soit ceux qui ont opté pour la voie des armes pour la recherche et l’exercice du pouvoir et autres entités du pays se retrouvent dans une sorte de conférence nationale pour redéfinir les conditions de vivre ensemble. Il souligne qu’il est prévu que la rencontre avec ceux qui ont pris les armes soit prioritaire et primordiale à la tenue du dialogue national inclusif. Le Pr Ahmat Mahamat Hassan ajoute que c’est dans cette optique qu’on a confié l’organisation à un médiateur qui est le Qatar. L’ancien ministre de justice sous le défunt président Idriss Deby Itno précise que cette rencontre de Doha a un seul objectif qui est celui de discuter et de s’accorder sur les conditions sécuritaires et de garantir la participation des politico-militaires au DNI et non de débattre de questions de fond. « Les débats de fond doivent être menés au DNI », insiste-t-il. Le chercheur soutient que les politico-militaires ont fait de propositions au gouvernement et celui-ci a fait de contrepropositions et a remis les deux au médiateur qui devrait être la garantie des éventuels accords qui seront conclus. Mais, dit-il, les politico-militaires ont posé de questions de fond telles que la charte de la transition, la liberté et autres questions qui devraient être en principe de la compétence du DNI. Ahmat Mahamat Hassan argue que le débat actuel est entre un gouvernement de transition qui a une sorte de volonté de conservation du pouvoir par la violence et de l’autre côté, les politico-militaires qui sont des candidats par la violence à la conquête du pouvoir pendant ce moment de flottement. Et cette neutralisation aboutit à ce communiqué et contre communiqué dans les médias. « Ils s’accusent mutuellement et tout cela n’augure pas de bonne choses pour un bon avenir du DNI », ajoute l’ancien ministre de justice. Le Pr Hassan rejoint la conférence épiscopale des évêques du Tchad du mois dernier qui dit que les conditions sincères ne sont pas réunies. Selon lui, on se retrouve malheureusement dans cette situation de blocage et ça n’augure pas un bon climat pour le pays. L’analyste politique affirme que le peuple tchadien est voué au sacrifice comme cela l’a été toujours et c’est dangereux, parce que le dialogue n’aura pas de sens. Cela risquerait d’être une sorte de négociation partisane, au ralliement et de partage de gâteaux. Il craint qu’on occulte les vraies questions de vivre ensemble, de liberté, de démocratie, de l’égalité citoyenne et de la justice sociale. Le Pr soutient que ce tâtonnement donne raison à ceux qui optent pour la partition du pays, parce que personne ne veut être esclave des autres.
Ahmat Mahamat Hassan affirme que c’est la France qui tire les ficelles pour la recherche de ses intérêts et que le maintien du Tchad dans son giron par rapport à son manque de crédibilité et sa perte d’influence en Afrique de l’Ouest. Pour le politologue, cela pose un sérieux problème et le pays vit par le devenir de la géopolitique internationale entre la Russie et la France, quand à la conquête de l’Afrique et ses ressources.
Jules Doukoundjé