Des jeunes désœuvrés et certains diplômés sans emploi s’adonnent à la vente du sable sur les berges du Chari à N’Djamena. Ces jeunes, la plupart des responsables de famille s’estiment heureux et conseillent les autres d’en faire autant. Ialtchad Presse a visité samedi 11 juin, les activités menées par ces adultes et adolescents. Reportage.
De jeunes gens campent chaque matin et soir non loin de la berge du fleuve Chari, face à l’axe du commissariat du 7e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. Ils vendent du sable. Dingamnadji Moise 30 ans environ est vendeur de sable. Il le ramasse au fond du fleuve Chari depuis 21 ans. Il a commencé cette activité à son jeune âge. Il dit avoir décidé de se battre et ne pas déranger ses parents. Moïse a raté deux fois son baccalauréat, mais son échec n’est pas lié à ses activités. Le jeune homme a réussi à se faire former. Il dit être diplômé en construction métallique. Il n’a pas pu s’insérer encore dans la vie active. « Il n’y a pas de boulot et faute de moyens, je me suis lancé dans l’extraction et la vente du sable ici aux berges du Chari. Nous sommes au nombre de six. Parmi nous se trouvent ceux qui ont un diplôme de licence et/ou de master. Dieu merci quelques-uns ont eu du travail et nous ont quitté, mais nous qui sommes restés nous continuons notre débrouillardise », confie Moise.
Souvent dit-il, les gens les considèrent comme de bon à rien. Moïse affirme également que même des élèves pendant les grandes vacances se débrouillent ici. Le débrouillard relate qu’il ne se plaint pas, avec ce qu’il mène comme activité, il arrive à joindre les deux bouts même si son travail paraît difficile. « Je suis marié et avec ce que je fais, ma famille ne rate pas sa pitance quotidienne. Il n’y a pas de la qualité dans nos plats, mais on ne dort pas affamer », assure-t-il. À en croire Moise, leurs problèmes majeurs c’est le transport. D’après lui, ils louent cher les véhicules pour acheminer leurs produits chez leurs clients en saison des pluies. À son avis, les agents municipaux passent parfois, mais ils ne les dérangent pas. « Ils nous comprennent lorsque nous leur disons que nous sommes des diplômés sans emploi et on se débrouille », exprime ce jeune vendeur du sable. Leurs clients, dit-il, sont à différents niveaux. Il y a des lanceurs des commandes qu’ils déposent le sable chez eux, d’autres des détaillants revendeurs avec de porte-tout. « Les détaillants, nous leur faisons de petites faveurs leur permettant de gagner aussi quelque chose », révèle-t-il. Dingamadji Moise informe que lorsque l’eau reprend son lit, ils prêtent la pirogue pour aller chercher du sable. « Nous plongeons dans l’eau pour sortir le sable. C’est un risque terrible que nous prenons, mais qui ne risque rien n’a rien. Nous partons jusqu’à Ngon-ba pour chercher le sable avec la pirogue », indique-t-il.
Sanné Abdoul est un revendeur détaillant en porte tout. Il est venu acheter du sable avec Moise. « Je suis un vendeur détaillant du sable depuis 10 ans. Je vends au moins cinq porte-tout par jour à raison de 1500 FCFA. Dans nos communautés on dit se débrouiller n’est pas volé. Je conseille aux autres jeunes d’oser, car qui cherche trouve », lance-t-il.
Moyalbaye Nadjasna