Le Tchad enregistre le taux de la mortalité le plus élevé dans la sous-région. Cette mortalité est aussi le résultat d’un nombre insuffisant des médecins cliniciens. Pour faire basculer ce taux trop élevé, l’ordre national des médecins du Tchad (ONMT) suggère à l’État une réelle politique en matière de santé. Reportage.
Le Tchad est l’un des pays qui a un nombre insuffisant de médecins par habitant. Le pays enregistre environ 2000 médecins, dont une cinquantaine décédée et une centaine en formation à l’étranger. Ce nombre insuffisant est l’une des causes de la mortalité la plus élevée dans le pays.
Pour le président de l’ONMT Dr Mbainguinam Dionadji, l’ordre, c’est le garant de la bonne pratique médicale dans le pays et tout médecin qui exerce sur le territoire est censé être inscrit. Selon lui, parmi les médecins qui sont au Tchad, il y’a des médecins expatriés et des médecins nationaux.
Pour l’ONMT, l’essentiel c’est de savoir qui contribue à la couverture sanitaire du pays. Au sujet du nombre des médecins, il précise que l’ordre a une banque des données qui leur permet d’avoir le registre des médecins, donc tout médecin au Tchad est immatriculé. Dr Dionadji estime qu’il y a plus de 2000 immatriculés dont certains sont en formation, certains sont des administrateurs, des médecins qui sont retraités, mais sont toujours actifs. « Tous les médecins ne sont pas les fonctionnaires de l’État, mais tous les médecins contribuent à la couverture sanitaire du pays », dit-il. Le médecin formateur précise qu’il y a environ 1. 400 médecins cliniciens purs. Pour la couverture sanitaire, le président de l’ONMT ajoute qu’en prenant les 1.400 par rapport à la population du pays, c’est-à-dire 16 millions des tchadiens. Selon lui, si l’on voit la fourchette, on serait très loin de ce que préconise l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’OMS préconise 1 médecin pour 1000 habitants, alors le Tchad compte 1 médecin pour environ 15 000 à 20 000 habitants. Il affirme qu’il y a de cela 10 ans, le Tchad avait un médecin pour 28 000 habitants. « On est très loin de la norme voulue par l’OMS, même s’y il y a des avancées en nombre des médecins ces dernières années », regrette Dr Mbainguinam Dionadji.
Concernant le nombre insuffisant des médecins, il estime que le Tchad vient de loin. Selon lui, les gens passent leur temps à se battre pour le pouvoir politique et pour le règne, mais ne se sont pas préoccupés du développement. « On met trop l’accent sur comment faire pour conserver le pouvoir, mais on n’a pas vu l’aspect développement du pays et c’est dommage », critique le président de l’ONMT. Il affirme que notre pays est à la traîne des autres, parce que la formation était mise de côté. Il affirme que pour avoir des médecins, il faut les former. Dr Dionadji reconnaît quand même que l’école de médecine de N’Djamena a contribué à relever de manière substantielle le nombre des médecins. Mais, dit-il, la capacité de la formation relève aussi de la volonté des autorités du pays. Il explique que le pays fait face à un problème de formateurs. Selon lui, c’est ces dernières années le pays a d’enseignant et le plus souvent le pays fait recours aux enseignants étrangers.
Au sujet du taux de mortalité trop élevé au Tchad, le président est formel, il ne faut pas lier le taux de mortalité simplement aux médecins. La santé c’est un tout et le médecin c’est un maillon important, mais lui seul ne suffit pas. Il affirme que la santé est un tout, il faut voir d’une manière globale la question. Selon lui, il y a des mortalités évitables et celles qui sont inévitables . « Il faut que les l’État donne de moyens pour lutter contre les accidents de la route, pour lutter contre les mortalités évitables », propose le médecin formateur. Il évoque aussi le manque du pouvoir d’achat de la population lui permettant de se faire soigner est l’une des causes. Le président balaie d’un revers de la main la gratuité tant criée par les autorités sanitaires. Il ajoute qu’il faut que quelqu’un paye et c’est l’État doit payer, mais refuse de payer. Selon lui, le personnel médical aussi a sa part de responsabilité, il y a ceux qui se donnent pour ce pays. Parlant des spécialistes, il précise qu’ils ne sont pas nombreux. Dr Dionadji dit qu’un spécialiste est un médecin qui travaille avec de moyens conséquents, mais il n’a pas de plateau technique de qualité pour faire correctement son travail. Il estime qu’on peut avoir des spécialistes, mais il faut qu’ils aient du matériel.
Pour résoudre ce problème, il affirme que l’Etat doit cesser de mentir aux populations, et qu’il mette de moyens conséquents pour lutter contre la mortalité trop élevée dans notre pays. Le président exhorte aussi les autorités à ne pas trop parler, mais plutôt agir.
Jules Doukoundjé