Les magistrats sont en grève sèche et illimitée depuis le 22 mars 2022 sur toute l’étendue du territoire national pour dénoncer l’insécurité dont sont victimes les magistrats dans l’exercice de leur fonction. Cette grève a eu des impacts sur les affaires judiciaires dans toutes les provinces. Cependant, certains magistrats dans les provinces font toujours l’objet de violence à leur domicile et en dehors. Ialtchad Presse est allé au palais de justice de N’Djamena ce matin pour constater. Reportage.
Au moment où le palais de la justice qui autrefois était bondé de monde est désert ce matin. Les salles des audiences sont fermées. Dans la cour, on voit les hommes en treillis et certains en civils circuler avec des casiers judiciaires en main. Comme les magistrats ne travaillent pas, la délivrance de ce papier est devenue un vrai business.
Depuis que cette grève est observée, ils sont de plus en plus en insécurité. À la fin de la semaine passée et ce matin, les magistrats de Kélo Moundou et Bokoro sont violentés par la commission de désarmement. Cette situation inquiète le président du syndicat autonome des magistrats du Tchad Taoka Bruno. Pour lui, les cas d’agression se multiplient, les violences sur les magistrats vont crescendo et les magistrats s’interrogent sur ce qui va se passer. Selon lui, le pouvoir exécutif doit faire quelque chose pour stopper cette violation. « Il est impérieux que le gouvernement à travers son ministère de la défense monte au-devant de la scène pour dire halte. Aujourd’hui, les autres corporations ne sont pas visées, sauf les magistrats. Pourtant, les armes que détiennent les magistrats leur sont conférées par leur statut », a-t-il expliqué. Il souligne qu’il y a des procédures auxquelles la commission de désarmement doit se conformer. Lorsqu’on vient dans une ville pour le désarmement, on commence naturellement par les magistrats parce qu’ils ont cette possibilité de détenir les armes, a-t-il précisé.
L’occasion est toute indiquée pour le président du syndicat autonome des magistrats du Tchad de parler de l’impact que cette grève peut avoir sur les affaires judiciaires. Il affirme que lorsque les magistrats sont à la maison, cela a beaucoup d’impacts négatifs sur l’appareil judiciaire. « Les unités des polices judiciaires sont bondées, les procès-verbaux ne sont plus traités, les délinquants sont gardés dans les commissariats parce qu’ils ne peuvent être envoyés à la maison d’arrêt, etc. Imaginez ce que cela donne ». Tout de même, M. Taoka Bruno est optimiste quant à la recherche des solutions entre l’exécutif et le judiciaire même si celui-ci ne les pas encore appelés pour les écouter. Pour lui, les magistrats ont demandé assez de choses et la question est sérieuse. Et l’exécutif est en train de regarder les choses sérieusement. Il affirme au nom de tous les magistrats que le jour de la discussion arrivera. « Nous avons en face de nous des gens sensibles. Ils vont trouver une solution à ce problème. »
Kouladoum Mireille Modestine